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Full text of "Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpens [Éloge du Comte de Buffon] Tome IV [of his 'Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpens']"

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3/77/ /ft 


i 

I i 


HISTOIRE 

NATURELLE 

DES  SERPENS. 

Par  M.  le  Comte  DE  LA  CEPEDE, 

éGa  Rï)E  du  Cabinet  du  Roi-,  des  Académies  8c 
Sociétés  Royales  de  Dijon,  Lyon,  Bordeaux, 
Touloufe,  Metz,  Agen,  Stockolm,  Hefle- 
Hombourg , Heffe-Caflel , Munich  , &c. 

TOME  QUATRIÈME. 


A PARIS, 

HOTEL  DE  THOU,  RUE  DES  POITEVINS. 
M.  D C C.  X C. 

sous  LE  tmiLEGl  DE  L'ACADEHIE  RQTALE  DES  StlSNCES. 


TABLE 


DES  ARTICLES 


Contenus  dans  ce  Volume, 


La  Sombre  , 

La  Saturnine , 

La  Carenée , 

La  Décolorée, 

Le  Pélie , 

Le  Fil, 

La  Cendrée,' 

La  Muqueufe; 

La  Bleuâtre , 
L’Hydre  , 

La  Cuiraflée, 

La  Dione  , 

Le  Chapelet,' 

Le  Cenchrus , 
L’Afiatique , 

La  Symétrique  J 
La  Jaune  & bleue  ; 


Page  I 

3 

4 


7 

IQ 

H 

H 

17 

19 

21 


24 

2I 

■27 


4'*'  T A 

La  Trois-raies, 
Le  Daboie , 

Le  Situlcj 
Le  Tyrie, 
L’Argus  , 

Le  Pétole , 

La  Domeftique  , 
L’Haje , 

La  Maure , 

Le  Sibon , 

La  Dhara , 

La  Schokarr , 

La  Rouge-gorge 
L'Azurée , 
Nafiqiie  , 
l>a  Grofle-tête  , 
iCa  Courefle , 

La  Mouchetée , 
La  Camufe , 

La  Striée, 

La  Ponétuée , 

Le  Bluet, 

Le  Vampum, 

Le  Cobel , 

La  Tête-noire, 
L’AnnelIée , 
L’Aurore  , 


DES’  ARTICLES.  $ 


I.e  Dard  , 

Page  85 

La  Laphiatî  , 

86 

La  Noire  & fauŸe  , 

88 

La  Chaîne  , 

89 

La  Rubannée , 

91 

La  Mexicaine  , 

9î 

Le  Sipède , 

96 

La  Verte  & bleue  , 

97 

La  Nébuleufe , 

99 

Le  Saurite , 

loi 

Le  Lien  , 

103 

Le  Sirtale , 

106 

La  Blanche  & brune  J 

107 

La  Verdâtre, 

109 

La  Verte, 

III 

Le  Cenco , 

112 

Le  Calmar, 

114 

L’Ovivore  , 

115 

Le  Fer-à-cheval, 

H7 

Llbibe, 

H9 

La  Chatoyante  , 

121 

La  Suifle , 

123 

L’ibiboca , 

126 

La  Tachetée , 

128 

Le  Triangle  , 

130 

Le  Triple-rang , 

131 

La  Réticulaire, 

132 

6 TABLE 

La  Couleuvre  à zones , 

Page  134 

La  Roufîe  , 

136 

La  Large-tête  , 

157 

Second  genre.  Serpens  qui 

ont  de  gran- 

des  plaques  fous  le  corps  & fous  la 

queue.  Boa  , 

140 

Le  Devin  , 

Hid. 

L’Hipnale , 

188 

Le  Bojobi  , 

I9I 

Le  Rativore, 

196 

La  Broderie, 

198 

Le  Groin , 

201 

Le  Cenchris, 

205 

Le  Schytale , 

204 

L*Ophrie  , 

205 

L’Enydre , 

206 

Le  Muet, 

207 

Troifièrne  genre.  Serpens 

à foiînettes. 

Le  Boiquira, 

209 

ibid. 

Le  Miliet, 

243 

Le  Dryinas  , 

24s 

Le  Durifius, 

246 

Le  PiRivore , 

248 

Quatrième  genre.  Anguis 

, 250 

L’Orvet , 

2SS 

L’Eryx 

265 

DES  ’ARTICLRS^  7 

I/a  Peintade  , Page  267 

Le  Rouleau , 269 

Le  Colubrin  , 27 1 

Le  Trait , 272 

Le  Cornu  , 273 

Le  Miguel  , 274 

Le  Réfèau , 275 

Le  Jaune  & brun  , 276 

La  Queue-lancéolée 278 
Le  Rouge  ^ 279 

Le  Long-nez  , 283 

La  Plature  , 285 

Le  Lombric,  287 

Cinquième  genre.  Ampbilbènes  , 292 

L’Enfumé , ibid^ 

Le  Blanchet,  3OO 

Sixième  genre.  L’Ibiare , 301 

Le  Vifqueux  , 303 

Septième  genre.  Langaha  3O4 

Le  Madégaffe,  ibid. 

Huitième  genre.  Acrochordes  j 308 

Accrocborde  de  Java  , ibid. 

Des  Serpens  monftrueux , 3 1 1 

Additions  à l’Hiftoire  Naturelle  des  Qua- 
drupèdes ovipares , 327 

Variété  de  la  Tortue  Grecque,  328 

La  Tortue  à boîte , 329 


8 TJ£LE  DES  MATIERES. 
Addition  à l’article  du  Lézard  gris  i 


Page  3 31 

Le  Lézard  cornu , 333 

Le  Lézard  Tête-rouge  335 

Le  Lézard  Qu etz-Paléo,  337 

Addition  à l’article  de  la.  Salamandre 
terrcftre  , 340 

La  Grenouille  écaiileure,  345 

Table  des  Matières  , 363 


histoire 


HISTOIRE 


NATURELLE 
DES  SERPENS. 

LA  SOMBRE  fa;. 

Suivant  M.  Linné  cettè  Couleuvre 
a beaucoup  de  rapports  , par  fa  eoii- 
formation  , avec  le  Boiga  *,  mais  fes 
couleurs  font  auflî  fombres  & auffi 


(aj  Le  Sombre.  M-  d*Aubenton  y Encydopidit 
méthodique»  *» 

Cül.  Fufcus.  Limu  amphlb.  Serpent. 

Muf  Ad.  fr.  i ,p.  32  J,  tai.  iq  , fig.  i- 

Serpens  , Tome  IV ^ A 


l HiJIoire  Naturelle  j 

rtionotones  que  celles  du  Boîga  font  ! 
Érillàntes  & variées.  Elle  eft  d’un  cendré  ‘ 
mêlé  de  brun , & derrière  chaque  œil , 
on  apperçoit  une  tache  brune  & alongée. 
Elle  a ordinairement  cent  quarante-neuf 
grandes  .plaques  & cent  dix-fept  paires 
de  petites.  , \ .i. 


3 


des  Serpens, 


LA  SATURNINE  (a), 

■La  couxEUH.^  de  cette  Couleuvre  eft 
comme  nuageufe  & mêiée  de  livide  8c 
de  cendré-,  la  tête  eft  couleur  de  plomb, 
fes  yeux  font  grands,  & elle  a ordi- 
nairemeut  cent  quarante-fept  grandes 
plaques  8c  cent  vingt  paires  de  petites. 

Nous  ne  pouvons  rien  dire  des  ba* 
bitiides  naturelles  de  ce  Serpent  ; nous 
lavons  feulement  qu’il  habite  dans  les 
Indes. 


(a)  Le  Saturnin.  M.  d’Juhentoti , Encyclopédie 
méthodique. 

Coi.  Saturninus*  Lîuu»  amphih»  Serpent* 

Muf,  Ai.  fm  ^ P*  $2  i îab.  9 , !• 

Natrix  Saturnina-  154,  Laurenh^  Specimen  Me-, 
dieum. 


4 Hlfcoire  Naturelle 


LA  CARENEE 


Cette  Couleuvré  reflemble  beaucoup 
à;Ia  Saturnine  3 par  les  diverfes  nuances 
qu’eile  pré  fente.  Chacune  des  écailles  qui 
garnifîentle  deflus  de  fon  corps  eft  cou- 
leur de  plomb  & bordée  de  blanc-,  le 
deflbiîs  de  fon  corps  eft  blanchâtre. 
Elle  habite  dans  les  Indes,  comme  la. 
Saturnine  y mais  un  de  fes  Caraétèrés 
diftinékifs  eft  d'avoir  le  dès  relevé  en 
carène  -,  & dc-là  vient  le  nom  que  lui 
a donné  M.  Linné.  Elle  a communément 
çent  cinquante-fept  grandes  plaques  & 
cent  quinze  paires  de  petite^. 


(a)  Le  Caréné.  M*  d*Auèenton  ^ Encyclopédie 
méthQiiqüe> 

Col.  Carinatus»  Linn*  amphih.  Serpent. 

Miif.  Ad-  fr-  p. 


des  Serpens. 


f 


LA  DÉCOLORÉE  (a). 

Cette  Couleuvre  rcffemble  beaucoup 
au  Borga  par  fa  conformation , ainfî 
que  la  Sombre  *,  mais  elle  n^a  point, 
non  plus  que  cette  dernière  , les  couleurs 
éclatantes  ni  la  riche  parure  du  Boiga. 
Ses  nuances  font  cependant  agréables  ; 
elle  eft  duin  bleu  clair  mêlé  de  cendré, 
& les  écailles  qui  recouvrent  fes  mâ- 
choires font  blanches.  On  la  trouve 
dans  les  Indes  , de  même  que  le  Borga 
& la  Sombre.  Elle  a ordinairement 
cent  quarcante-fept  grandes  plaques  & 
cent  trente-deux  paires  de  petites. 


faj  Le  Décoîoré*  M»  à*Jabsnton,.  Encyclopédie 
méthodisue, 

CoL  Exoîetus.  Liniu  amphih*  Serpent. 

Mrif  Ad.  fr.  l , p-  , tah-  lo,  f.g.  i- 
Natrix  Exoîeta,  160,  Laurenti,  Spedmeu  Me- 
dicum. 


A îij 


Hijîoire  Naturelle 


6 


LE  PÉLIE  (4 


M.  Linné  a fait  connoître  cette  cfpccc 
de  Couleuvre , dont  un  individu  faifoit 
partie  de  la  çollçÉtron  de  M.  le  Baron 
de  Géer.  Elle  eft  brune  derrière  le 
fommet  de  la  tête  & les  yeiix^  & noire 
dans  le.  relie  du  delîus  du  corps  *,  îe 
deflbus  du  ventre  eft  vert  & bordé  de 
chaque  côté  d'une  ligne  jaune.  Ce 
Serpent  préfente  donc  une  diftributron 
de  couleurs  différente  de  celle  que  Ton 
remarque  dans  la  plupart  des  autres 
Couleuvres,  dont  les  nuances  les  plus 
brillantes  parent  la  partie  fupérieure 
de  leur  corps.  Le  Pélie  fe  trouve  dans 
les  Indes  , il  a.  ordinairement  cent 
quatre- vingt-fept  grandes  plaques , & 
cent  trois,  paires  de  petites. 


fa)  Le  Pélie  iVf»  d^Juhenton  , Encyclopédie  méthù" 
diqut, 

CoU  Peiias.  Llnn*  amphîh  Serpent 


csa 


des  Serpens, 


7 


LE  FIL  (a). 

Ce  Serpent  eft  un  de  ceux  dont  îë 
corps  eft  îe  plus  délié  ; auffi  fe  roule-t-ii 
avec  facilité  autour  des  divers  arbres , 
& parcourt-il  avec  vîtefle  les  branches 
les  plus  élevées  •,  on  le  trouve  dans  les 
Indes,  tant  orientales  qu’occidentales,, 
& on  l’f  voit  fouvent  dans  les  bois 
de  palmier  , fe  fufpendre  aux  rameaux , 
en  diftérens  feus , s’étendre  d’un  arbre  à 
l’autre,  ou  fe  coler  , pour  ainft  dire  , Il 
intimement  contre  le  tronc  qu’il  entoure, 
qu’on  l’a  comparé  aux  lianes  qui  s’at- 
tachent ainft  aux  arbres  & aux  arbrif- 
féaux , & qu’un  individu  de  cette  efpèce 
a été  envoyé  au  Cabinet  du  Roi,  fous 
le  nom  de  Serpent  à liane , d’Amériqtie, 


(^a)  Le  Fil  d'juhenton  , Encyclopédit  mi* 
thoâique» 

Col.  Fiîiformîs,  LZ/m.  amphih,  Serpenu, 

Ad*  fr*  36,  tab*  iq  ^ fig*  2. 

Natrix  Fiiitbrmis  ^ 159,  Lauranij  Spécimen  Me* 
dlcum- 

A iv 


s liljîoire  'Naturelle 

Ses  yeux  font  gros , il  n'a  point  de 
crochets  mobiles , & n'eft  dangereux  en 
aucune  manière le  deffus  de  fi  tête 
qui  eft  très-grofîe , à proportion  du 
corps , eft  garni  de  neuf  grandes  écailles, 
& celles  de  fon  dos  font  en  îofange  , 
& relevées  par  une  arête. 

Si  la  forme  de  cette  Couleuvre  eft 
fvelte  & agréable , fes  cduleurs  ne  font 
pas  brillantes  *,  le  deffus  de  fon  corps  eft 
iioir,  ou  d'un  livide  plus  ou  moins 
foncé,  & le  defîoiis  blanc  ou  blanchâtre. 
Il  a ordinairement  cent  foixante-cinq 
grandes  plaques,  & cent  cinquante-huit 
paires  de  petites.  L'individu  que  nous 
avons  décrit,  a un  pied  fix  lignes  de 
longueur  totale , & quatre  pouces  fîx 
dignes  , depuis  l'anus  jufqu'à  l'extrémité 
de  di' queue. 

M.  Laurent  a vu  une  Couleuvre  qu'il 
a' regardée,  avec  raifon,  comme  une 
variété  de  cette  efpèce  , & qui  n'en 
.différait  que  par  deux  raies  brunes  qui 
partcicnt  des  yeux,  & s'étendoient  fur 
le  dos,  où  elles  devenoiént  deux  rangées 
de  petites  taches  obliques. 

C'eft  peut-être  aiifli  à la  Couleuvre 


des  Serpens.  9 

h Fil,  qu’il  faut  rapporter  le  Serpent 
de  la  Caroline,  figuré  dans  Catefby 
(vol.  2,  pl.  54).  Ce  Reptile  (a)  eft 
d’une  couleur  brune,  parvient  quel- 
quefois à la  longueur  de  plufieurs 
pieds , reffemble  beaucoup  au  Fil , par 
fa  conformation , a de  même  le  corps 
très-menu  j & a été  comparé  à un  fouet , 
à caufe  de  fa  forme  très-déliée,  & de 
îa  vîtefle  de  fes  mouvemens. 


(a)  Anguis  FlagelUformis.  Catesiy  fVol.  2)pag.  54. 
The  Coach-W&ip  Snake. 


10 


Hijlotfe  Naturelle 


LA  CENDRÉE 


On  PEUT  fe  repréfenter  bien  aifément 
îes  CQulciirs  de  cette  Couleuvre  , elle 
cft  grife , avec  le  ventre  blatic , & les 
écailles  de  la  queue  font  bordées  d'iuie 
couleur  qui  approche  de  celle  du  fer*. 
C'cft  M.  Linné  qui  Ta  fait  connoitreî 
elle  habite  drais  les  Indes.  5.  8c  elle 
a - cominunément  deux  cens  grandes* 
plaques,  & cent  trente-fept  paires  Je 
petites. 


CaJ  Le  Cendré.  M*  d'Juhcîmn  , Eucycîopiàlf 
mith&diqu&. 

Coi.  Cinereus.  Limu  amphih,  Strptnt* 

Mup  Ad.  fr.  1 J 37. 


des  Serpetis. 


tt 


LA  MUQUEUSE  (a). 

Cette  Couleuvre  eft  du  grand 
nombre  de  celles  que  M.  Linné  a fait 
connoître  v & > fuivant  ce  grand  Natu- 
raiifte>  elle  fe  trouve  dans  les  Indes, 
Sa  tête  eft  bleuâtre^  & les  angles  en 
font  très-marqués.  Elle  a de  grands 
yeux-,  Ton  voit  de  petites  rares  noires 
fur  les  écailles  qui  couvrent  Tes  mâchoires  ^ 
& le  deflus  de  fon  corps  prélente  des 
raies  tranfverfaies  j placées  obliquement  ^ 
& comme  nuageufes.  Elle  a ordinaire- 
ment deux  cent  grandes  plaques^  & 
cent  quarante  paires  de  petites^ 


faj  Le  Muqueux.  M.  d*Juhenton  ^ Encychpédit 
méthodique. 

Coi.  Mueufous.  Linn.  amphlb.  Serp». 

Mnf-  Ai.  fr.  l , peg.  37  , tab.  32  , fig.  I. 
Natrix  Mucoia,  3 5<J,  LauTînti,  Spicimea  Mt- 

diCtiUU 


Av 


1 2 HiJIoire  Naturelle 


A 


LA  BLEUATRE  (aj. 

Cette  Couleuvre  a deux  cent  quinze 
grandes  plaques,  & cent  foixante-dix 
paires  de  petites*,  c"eft  une  de  celles  qui 
en  'a  le  pins  grand  nonabre,  & ccr 
pendant  il  s"en  faut  de  beaucoup  que 
ce  foit  une  des  plus  grandes.  C^eft  que 
la  largeur  des  grandes  & des  petites 
plaques  varie  beaucoup  , dans  les 
Reptiles  , non-feulement  fuivant  les 
efpèccs 5 mais  même  fuivant  lage  ou  le 
fexe  des  individus  -,  & voilà  pourquoi 
deux  Serpens  peuvent  avoir . le  même 
nombre  de  grandes  & de  petites  plaques , 
ribn-feiilement  fans  préfenter  la  même 
longueur  tptale,  mais  même  fans  que 
la  même  proportion  fe  trouve  entre 


(a)  Le  Bleuâtre*  M.  à*AühentOtt^  Encydoj^àU 

Vïétiïodique» 

Coi.  CaeruîefcôRS,  Li/ï//.  amphib.  Serpent, 

Natrix  CærufefceRS*  L57 , Launnti , SpeeimeM 


des  Serpens.  i 3 

la  longueur  du  corps,  & celle  de  la 
queue. 

Le  nom  de  la  bleuâtre  défigne  la 
couleur  du  deffus  de  fon  corps,  qui 
ordinairement  ne  prérente  pas  de  tache, 
& qui  eft  garni  d’écailles  unies  j fa  tête 
eft  couleur  de  plomb  -,  c^eft  des 
Indes  que  cette  Couleuvre  a été  ap- 
portée. 


, Hijîoire  Naturelle 


L’HYDRE  (a). 

X>'est  a M.  Pallas  que  nous  devons 
k defcription  de  cette  Couleuvre,  dont 
ies  habitudes  rapprochent  , pour  ainfi 
dire.  Tordre  des  Serpens  de  celui  des 
poiflons.  L'Hydre  iTa  jamais  été  vue, 
en  effet,  que  dans  Teau , fuivant  le  fa  vaut 
Naturalifte  de  Péterfbourg , & Ton  doit 
préfumer  , d'après  cela,  qu'elle  ne  va 
à terre  que  très-rarement,  ou  pendant  la 
nuit  pour  s'accoupler , pondre  fes  œufs  , 
ou  mettre  bas  fes  petits , & chercher  la 
nourriture  qu'elle  ne  trouve  pas  dans 
les  fleuves.  C'eft  aux  environs  de  la  mer 
Cafpienne  qu'elle  a été  obfervée,  & 
elle  habite  non-feulement  les  rivières 
qui  sy  jettent,  mais  les  eaux  mêmes  de 
cette  Méditerranée.  Elle  ne  doit  pas 


(a)  Coî.  Hydrus*  Voyage  de  M.  Pallas  en 
différentes  ProviuQei  de  CEmpue  de  RttJJie , vol,  i , 
appeüdiXf 


dès  Serpens.  i f 

Bè^ncoup  s’éloigner  des  rivages  de  cette 
mer,  quelquefois  très-orageufe , non- 
feuleraent  parce  qu’elle  ne  pourroit 
pas  réfifter  aux  efforts  d’une  violente 
tempête  , mais  encore , parce  que  në 
pouvant  pas  fe  pafler  de  refpirer  affez 
fréquemment  l’air  de  l’athmofphère , & 
par  conféquent,  étant  prefque  toujours 
obligée  de  nager  à la  furfacè  de  l’eau, 
elle  a fouvent  befoin  de  fe  repofer 
fur  les  divers  endroits  élevés  au-deffus 
des  flots. 

Elle  parvient  ordinairement  à la  lon- 
gueur de  deux  ou  trois  pieds  •,  fa  tête 
eft  petite*,  elle  n’a  point  de  crochets 
mobiles*,  fa  langue  eft  noire  & très- 
longue,  & l’iris  de  fes  yeux  jaune*, 
le  deffus  de  fon  corps  eft  d’une  cou- 
leur olivâtre,  mêlée  de  cendré,  & pré- 
fente quatre  rangs-  longitudinaux  de 
taches  noirâtres,  difpofées  en  quinconce  : 
on  voit  auflî,  fur  le  derrière  de  la 
tête,  quatre  taches  noirâtres,  alongées, 
& dont  deux  fe  réunifient,  en  formant 
un  angle  plus  ou  moins  ouvert.  Le 
deffous  du  corps  eft  tacheté  de  jaunâ- 
tre & de  noirâtre  qui  domine  vers 


ï (j  mjloire  Naturelle 

' Tanns , & fur-tout  au-dçflous  de  la 

^iteue.  Eile  a cent  qviatre-viugt  grandes 
plaques  ( fans  compter  quatre  écailles 
qui  garnifîent  le  bord  antérieur  de  l’anus) 
èc  foixante-fix  paires  de  petites. 


des  Serpens. 


17 


LA  CUIRASSÉE  (aj. 

Cette  Couleuvre  , que  M.  FaMas  a 
décrite,  a beaucoup  de  rapports  avec 
la  Couleuvre  à collier,  non-feulement 
par  fa  conformation,  mais,  encore  par 
fes  habitudes.  Elle  pal&  fouvent  un 
temps  très-long  dans  i'eaii , ou  fur  le 
bord  des  rivières,  mais  elle  fe  tient 
aufïï  très-fouvent  fur  les  terres  sèches 
& élevées.  C'cft  fur  les  bords  du  Jailc, 
fleuve  qui  fépare  la  Tartarie  du  Tur- 
keftcîn,  & qiîi  fe  jptte  dans  1%  mer 
Cafpienne,  qu'elle  a été  obfer/ée.  Elle 
parvient  quelquefois  à la  longueur  de 
quatre  pieds  elle  n'a  point  de  crochets 
mobiies  , Vins  de  fes  yeux  paroît 
brun  5 tout  le  defliis  de  fon  corps  eft 
noir  & le  deffous , qui  eft  de  la 
même  couleur  , préfente  des  taches 
d’un  jaune  blanchâtre,  prefqiie  quarrées. 


faj  Coî.  Scutatus.  Fbyoge  déjà  ciîéde  M.  PalUi} 
voL  1 , appeudix. 


I 8 Hijîoire  Naturelle 

placées  alternativement  à droite  & à 
gauche , & en  très-petit  nombre  fous 
la  quelle.  Les  grandes  plaques  qui  recoin 
vrent  fon  ventre  font  au  nombre  de  cent 
quatre-vingt-dix  5 leur  longueur  eft  affez 
confidérablc  pour  qu’elles  embrallent 
prefque  les  deux  tiers  de  la  circonfé- 
rence du  corps  5 & voilà  ’ pourquoi 
M,  Pallas  a donné  à cette  Couleuvre 
Tépithete  de  Scutata , que  nous  avons 
cru  devoir  remplacer  par  celle  de  Cui- 
nilféè  ^ les  grandes  plaques  formant  en 
ed'et  comme  les  lames  d’une  longue 
cuirafle  qui  revêtiroit  le  ventre  du 
Se^Deiit. 

^ * La  queue  préfente  la  forme  d’une 

Ï pyramide  triangulaire  très-alongée  j & 
e deflbiis  en  eft  garni  ordinairement 
de  cinquante  paires  de  petites  plaques. 


des  Serpéns.  19 


LA  DIGNE  (a). 


Il  semble  que  c’eft  à la  déeffe  de  la 
beauté  que  M.  Pallas  a voulu,  pour 
ainfi  dire,  confacrer  cette  Couleuvre, 
dont  il  a le  premier  publié  la  defcrip- 
tion-,  il-  lui  a donné,  en  effet  , un 
des  noms  de  cette  Déeffe,  & cette  dé- 
nomination étoit  due,  en  quelque  forte, 
à l’élégance  de  la  parure . de  ce  Ser- 
pent, à la  légèreté  de  fes  mouvemens, 
& à la  douceur  de  fes  habitudes.  La 
çotilçur  dn  deffus  du  çgrps  de  la  Dionc 
eft  d’un  gris  très-agréable  à la  vue , 
dit  M.  Pallas,  & qui  fouvent  appro- 
che du  bleu*,  elle  eft  relevée  par  trois 
raies  longitudinales  d’un  blanc  très-écla- 
tant,  que  font  refîortir  des  raies  brun.es 
placées  alternativement  entre  les  raies 


Coî.  Dione»  M.  Pallas  , voU  2 j 

(jpfendix» 

Ak-Dshifen  J par  piafieurs  Peuples  de  P Empire  de 


20 


Hijîoire  Naturelle 

blanches,  & les  diverfes  teintes  de  ces 
couleurs  doivent  être  bien  afîorties , 
puirqiïc  M.  Pâllas,  en  faifant  allulîon 
à fes  nuances,  donne  à la  Dione  Té- 
pithète  de  très-élégante  {elegantijjiina). 
Le  deiîoiis  de  fon  corps  eft  blanchâtre 
avec  de  petites  raies  d’un  brun  clair, 
& fouvent  de  petits  points  rougeâtres. 

La  Dionei,  parvient  à la  iongiieur 
totale  de  trois  pieds,  & . alors  fa  queue 
a communément  fix  pouces  de  longueur. 
Son  corps  eft  délié  *,  le  deiTus  de  fa 
tête  eft  .couvert  de  grandes  écailles  *, 
elle  ne  contient  aucun  venin  , & elle 
èft  aiîfli  douce  & aiiffi  peu  dangereufe 
que  fes  . coiueurs  font , belles  . à voir. 
Êile  ^ habite  les  environs  ; de  la  .mer 
Cafiaienne;,  on  la  trouve  dans  les  dé- 
ferts;  qui  énvirpnnent  cette  mer*,  & 
dont  la  terre  eft,  pour  ainfi  dire,  im- 
prégnée de  fel.  Elle  fe  plaît  auffi  fur 
les  collines  arides  & filées  qui  font  près 
de  firtish  {a). 

fa)  La  Diane  a ordinairement  depuis  cent 
quatre-vingt-dix  jufqiVh  deux  cent  fix  grandes 
plaques,  & depuis  cinquante-huit  jurqu'à  Ibixante- 
lîx  paires  de  petites. 


PI.  l.  A 


<&■ 


J.  LE  CHAI’ELET.a.  le  CEXCHRUS 


des  Serpens.  ' 1 1 


LE  chapelet  (nj. 

ï . . _ :i:-  .c‘.n;;no 

^..  'id  fi: lu. .« 

JN  cN-SEULSMENt  iès  co^Ieürs  di^  Çh^ 
pclft  ibfit  très-ag^éa]^I^f4i)^9ff 
1 entent  i-es  nuaçjces 
mais  elles  offrent  encore  ;un  arrange*^ 
ment  & une  fymmétrie  que  > eft 
tenté  de  prendre  pouf  un  iopy^ager:;C^ 
i'art,  ^ qui  fuffiroieiit  feul^:p9uit^^^f^ 
reconnoître  ^ cette  Coiileuvre.  ■ Le  dçffgj^ 
de  fqn  corps  eft  bleu  ;&  ■ pré fentp^tr^ 
raies  îongitiidinalcsy  le§;j(^einc  ,raiç$  4<?g 
côtés  font  blanches,  celiie:  du  milieu 
eft  noire  Sc  chargée -4e:  petites  .taçhe? 
blanches  parfaiteipenf  pvalçs , & aJtçrT 
nativement-  meléès  avec . des  ypoints 
blancs.  De  chaque., côté^^  de  L tête  on 
\ - - - -u^  -.y  - :>i-> 

fy  11  ne  faüt  pas  confondre  ce  Serpenft  avec 
une  Couleuvre  de  la  Caroiine , ^ iaqueUe/Cac^sby 
a donné  le  nom  de  Chapelet,  & dont  nous,  par- 
lerons, dans  cet  Ouvragé,''£ous  le  rio'm‘*üe  Côaï- 
leiivre  fmuchetée.  •-  i • b - j , 


2 2 Hijioire  Naturelle 

voit  trois  & quelquefois  quatre  taches 
S- peu-près  de  ia  grandeur  des  yetix , 
& formant  une  ligne  longitudinale  dont 
ie  prqlongemçnt  pade  par  Tendroit  de 
ces  organes.  Le  defliis  de  la  tête  offre 
auffi  des  taches  d\in  bleu  clair  boçj 
dées-^  de  noir  êl:  trèS'l^mmétriquemeht 
placées.  L6'*'déflbus  dit  corps  èft  blanc  ^ 
êc  à Tèxtréthité  de  chaque  grande  pla- 
qué ’ • bn  Vbit'  un  très-petit  point  noir , 
ce  qui  formé  deux  rangées  de  points 
noirs  fous  le  ventre. 

Telles  font  les  couleurs  de  la  Cou- 
leuvre à Chapelet  V fon  corps  eft  d’ail- 
leurs très-délié  : lé$  écailles  qui  garniflent 
fon  dos  font  unies  & en  lofange;  neuf 
grandes  écailles  couvrent  le  fommet  de 
îa  tête,  qui  eft  grande  en  proportion 
du  corps,  &' aplatie  par-defflis  ainfi  que 
par  les  côtés. ' Le  Chapelet  n’a  point 
Hé  crochets  mobiles.  Nous  avons  dé- 
crit cette  elpèce  j fur^  laquelle  nous  n’a- 
vons trouvé  aucune  obfervation  dans 
les  Naturaliftes,  d’après  un  individu 
confervé  au  Cabinet  du  Roi.  Ce  Ser- 
pent a cent  foixante-fix  grandes  pla- 
ques, cent  trois  paires  de  petites,  u» 


des  Serpens.  25 

pied  cinq  pouces  fix  iignes  de  longueur 
totale,  & cinq  pouces  fix  lignes  de- 
puis i’anus  jufqu’à  rextréraité  ; de  la 
queue. 


2 4 Ilifiotre  Naturelh 


LE  CE  NC  HR  US. 


v>*EST  fous  ce  nom  que  cette  Couleuvre 
a été  envoyée  au  Cabinet  du  Roi*,  elle 
fe  trouve  en  A(îe*,  elle  n^a  point  de 
crochets  mobiles,  le  delîiis  de  A tête 
eft  couvert  de  neuf  grandes  écailles 
placées  fur  quatre  rangs , le  dos  feft 
de  petites  écailles  unies  & hexagones*, 
le  deffiis  du  corps,  marbré  de  brun  & de 
blanchâtre,  préfente  des  bandes  tranf- 
verlales^  irrégulières,  étroites  & blan- 
châtres*, & le  delîôiîs  eft  varié  de  blan- 
châtre & de  brub,  Lindtvidu  que  nous 
avons  décrit  a deux  pieds  de  longueur 
totale,  trois  pouces  fept  lignes  depuis 
Tanus  jufqif à Textrémité  de  la  queue , 
cent  cinquante-trois  grandes  plaques  & 
qiiarante-fept  paires  de  petites. 


L’ASIATIQUE. 


des  Serpens.  2j 


L’  A S I A T I Q U E. 

C’est  de  l’Asie  , & peut-être  de  l’ifle 
de  Ceylaii.,  que  l’on  a envoyé  cette 
Couleuvre  au  Cabinet  du  Roi.  Des 
raies,  dont  la  couleur  a été  altérée  par 
î’efprit-de-vin , dans  lequel  on  a confervé 
l’animal,  s’étendent  le  long  du  dos  de 
ce  Serpent  •,  les  écailles  qui  garnilîent  le 
deiïus  de  fon  corps , font  bordées  de 
blanchâtre  rhomboïdales  & unies.  Le 
fommet  de  fa  tête  eft  couvert  de  neuf 
grandes  écailles*,  il  n’a  point  de  crochets 
mobiles  ; fa  Jonglieur  totale  eft  d’un 
pied , & celle  de  fa  queue  de  deux 
pouces  trois  lignes  •,  il  a cent  quatre- 
vingt-fept  grandes  plaques,  & foixante^ 
feize  paires  de  petites.  H paroît,  par 
des  notes  manufcrites  envoyées  avec  ce 
Reptile  ,'  qu’il  a reçu  dans  plufîeurs 
contrées  de  1 Inde,  le  nom  de  Malpoloriy 
qui  y a été  donné  à plulîeurs  efpèces 
de  Serpens,  & que  nous  avons  confervé, 
avec  M.  d’Aubenton,  à une  Couleuvre 
dont  nous  avons  déjà  parié»^ 

Serpens  , Tome  IV.  B 


l6  Hyiolre  Naturelle 


LA  SYMMÉTRIQ'UE. 

Le  nom  de  cette  Couleuvre  défigne 
l’arrangement  très-régulier  de  fes  cou- 
ieurs.  Le  defîus  de  fon  corps  eft  brun , 
& de  chaque  côté  du  dos , l’on  voit 
une  rangée  de  petites  taches  noirâtres, 
qui  s’étend  jufqu’au  tiers  de  la  longueur 
du  corps.  Le  deflbus  de  la  queue  eft 
blanc-,  le  deftous  du  ventre  eft  de  la 
même  couleur , mais  préfente  des  bandes 
& des  demi-bandes  tranfverfales  & bru- 
nes, placées  avec  beaucoup  de  lymmétrie. 

Cette  Couleuvre  n’eft  pas  venimeufe  i 
elle  a neuf  grandes  écailles  fur  la  têtes 
& des  écailles  plus  petites , unies  & 
ov^des  , garnilTent  fon  dos  -,  l’individu 
que  nous  avons  décrit , & qui  fait 
partie  de  la  colleétion  du  Roi , a cent 
quarante-deux  grandes  plaques,  & vingt- 
fix  paires  de  petites  {a). 

On  trouve  la  fymmétrique  dans  l’ille 
<de  Ceylan. 

(a)  La  longueur  totale  de  cet  individu  eft  d"un 
pied  cinq  pouces  fix  lignes,  & ççlie  de  U queutt 
de  deux  pouces  trois  lignes^* 


des  Serpens, 


27 


LA  JAUNE  ET  BLEUE  (a). 

C’est  une  très-belle,  8c  en  même- 
temps  très-grande  Couleuvre  de  Tille 
de  Java-,  les  habitans  de  cette  Ille  la 
nomment  Oularfawa,  Serpent  des  champs 
de  Rii  , apparemment  parce  quelle 
fe  plaît  dans  ces  champs.  Elle  y par- 
vient jufqiTà  la  longueur  de  neuf  pieds  i 
lirais  les  individus  de  cette  efpèce,  qui, 
au  lieu  d’habiter  dans  les  baffes  plan- 
tations, préfèrent  de  demeurer  dans  les 
bois  touffus,  & fur  les  terreins  élevés, 
ont  une  grandeur  bien  plus  conlîdérable, 
& leur  longueur  a été  comparée  à la 
hauteur  d’un  arbre.  Lorfqué  la  Jaune 
& Bleue  a atteint  ainli  tout  fon  déve- 
loppement, elle  eft  dangereufe  par  la 
force  , quoiqu’elle  ne  contienne  aucun 
poifon  -,  & non-feulement  elle  fe  nourrit 


^rt^OuIar-Sawa,  par  les  habitans  de  l’ifle  ie  Java 
Grande  Couleuvre  de  l’Ifie  de  Java.  Mémoire 
de  M.  U Baron  de  IVurrnb  , dans  leux  de  la  SociéU 
Âe  Batavia  , ^ 

B y 


2^  Hijîelre  Naturelle 

d oifeaux , ou  de  rats  & de  fouris  , 
mais  des  animaux  même  affez  gros  ne 
peuvent  quelquefois  échapper  à fa 
pôurfuite  , & deviennent  fa  proie.  Sa 
tête  eft  plate  & large,  le  fommet  en 
éft  garni  de  grandes  écailles , & il 
paroît  5 par  la  defcriptioxi  qui  en  a été 
donnée  dans  les  Mémoires  de  la  Société 
de  Batavia  , que  ces  écailles  font  au 
nombre  de  neuf,  & dilpofées  fur  quatre 
rangs  , comme  dans  la  Verte  & Jaune. 
Les  mâchoires  ne  font  pas  armées  de 
crochets  mobiles  , mais  de  deux  rangs 
de  dents  pointues,  recourbées  en  arrière, 
& dont  les  plus  grandes  font  le  plus 
près  du  mufeau.  Ce  très-grand  Serpent 
a riris  jaune*,  le  defliis  de  fa  tête  eft 
d^in  gris  mêlé  de  bleu  *,  Ton  voit  deux 
rares  d\in  bleii  foncé  commencer  der- 
rière  les  yeux,  s'étejtidre  au-defllis  du 
cou , & S y réunir  en  arc , à un  pouce 
de  diftaiîce  de  la  tête.  Une  troifième 
raie  de  la  même  couleur,  règne  depuis 
le  mufeau  jufqifà  Tocciput , où  elle  fe 
divife  en  deux  pour  embrafter  une  taphe 
jaiin^, chargée  de  quelques  points  bleus. 

' Le  deifus  du  corps  préfente  des  efpèces 


des  Serpens*  2'9 

d*e  Gbmparttmens  très-agréables  vil  patoît 
comme  divifé  eh  un  très-grand  nombre 
de  carrèarjx , & repréfente  un  treillis 
formé  par  plufieurs  raies  qui  fe  croifent. 
Ces  raies  font  d’un  bleu  éclatant,  êc 
bordées  d’un  jaune  couleur  d’or.  Le 
milieu  des  carreaux  eft , Utr  le  dos 
d’un  gris  changeant  en  jaune , en  bleu 
& en  vert , fuivant  la  manière  dont  il 
réfléchit  la  lumière  •,  il  efi:  d’un  gris  plus 
clair  fur  les  côtés  du  corps  , ainlî  que 
liir  la  queue,  où  les  carreaux  font  plus 
petits  que  fur  le  dos  *,  & chaque  côté 
du  corps  préfehte  une  rangée  longitu- 
dinale de  taches  blanches , placées  aux 
endroits  où  les  raies  bleues  fe  croifent. 

Il  eft  ai-fé  de  voir  , d’après  cette  deb 
cription  , que  les  couleurs  qui  dominent 
dans  ce  beair  Serpent , font  le  bleu  & 
le  jaune*,  & c’eft  ce  qui  nous  a fait 
préférer  le  nom  que  nous  avons  cru 
devoir  lui  donner.  Il  a quelquefois  trois 
cent  douze  plaques  , & quatre-vingt- 
treize  paires  de  petites. 

'%Jf 

B iij 


Hijioire  Naturelle 


3^ 


LA  TROI.S-RAIES. 

^otrs  DONNONS  ce  nom  à une  Cou- 
ïeuvre  d’Afrique , dont  ie  deffiis  du 
corps  préfente , en  effet , trois  raies, 
longitudinales  elles  partent  du  mufeau  , 
& s’étendent  jufqu’au-deflus  de  la  queue  v 
ia  couleur  du  fond,  qu’elles  parcourent, 
cft  d’un  roux  plus  ou  moins  clair.. 
Neuf  grandes  écailles  garniffent  le 
fommet  de  la  têtej  les  mâchoires  ne 
font  pas  armées  de  crochets  mobiles , 
& les  écailles  du  dos  font  en  lofange 
Sc  unies.  Un  individu  de  cette  efpèce, 
confervé  au  Cabinet  du  Roi , a un  pied 
cinq  pouces  fix  lignes  de  longueur 
totale  , deux  pouces  huit  lignes , depuis 
l’anus,  jufqu’à  l’extrlmité  de  la  queue, 
cent  foixante-neuf  grandes  plaques , & 
trente-qiiatre  paires  de  petites. 


I.  LA  TROIS  -RAIES  . ;2.  . LE  DABOIE 


des  Serpens, 


3* 


LE  DAB  OIE  (a). 

V^oici  une  de  ces  efpèces  remarquables 
de  Serpent , que  la  fuperftition  a divi- 
nifées.  C’eft  dans  le  Royaume  de  Juida, 
fur  les  côtes  occidentales  d’Afrique  , ou 
elle  eft  répandue  en  très-grand  nombre, 
qu’on  lui  a érigé  des  autels  -,  & il  femble 
que  ce  n’eft  pas  la  terreur  qui  courbe 
la  tête  du  Nègre  devant  ce  Reptile, 
puifqu’il  n’eft  redoutable , ni  par  fa 
force,  ni  par  aucune  humeur  venimeufe. 
Selon  plufieurs  Voyageurs  , le  Daboie 
eft  remarquable  par  la  vivacité  de  fes 
couleurs  & par  l’éclat  de  fes  écailles. 
Le  deflus  du  corps  eft  blanchâtre  , & 
couvert  de  grandes  taches  ovales  , plus 
ou  moins  rouftes  , bordées  de  noir  ou 
de  brun  , & qui  s’étendent  fur  trois 
rangs,  depuis  la  tête  jufqu’au-defrus  de 
la  queue.  Suivant  le  Voyageur  Bofman, 


fa)  Le  Serpent  Idole.  Defiriftion  du  Cabinet  ii 
Dufdcy  pax.Liknhurg,  1755. 

B iv 


3 l Utjîoire  NatureUe 

Je  Daboîe  cft  rayé  de  blanc  ^ de  jaune 
& de  brun  •,  & fui  van  t des  Marchais  , 
le  dos  de  ce  Serpent  préfentc  un  mé- 
lange agréable  de  blanchâtre  qui  en 
fait  le  fond  , & de  taches  ou  de  raies 
jaunes  , brunes  & bleues , ce  qui  fe 
rapproche  beaucoup  des  teintes  indiquées. 
par  Bofman  , & ce  qui  pourroit  bien 
ii'être  qifune  mauvaife  exprellîon  d’une 
diftribution  , & de  nuances  de  couleurs 
très-peu  différentes  de  celles  que  nous 
Venons  d’indiquen 

La  tête  du  Daboie  eft  couverte  d’é- 
cailles  ovales , relevées  par  une  arête  y 
Sc  fembkbles  à celles  du  dos  (^2),  il 
parvient  quelquefois  à la  longueur  de 
plufieiirs  pieds  (b)  ^ rindividu  que  nous 


fa)  Nous  avons  déjà  remarqué  dans  d’autres 
articles  , que  le  Daboie , quoique  dépourvu  de 
crochets  mobiles,  avoit,  comme  le  plus  grand 
nombre  de  Serpens  venimeux , le  fommet  de  fa 
tête  couvert  d’écailles  femblables  à celles  du  dos, 
fèj  Defcriptîon  du  Cabinet  royal  de  Drefde^  par 
Lilenhurg^  1755-  -Au  refte  , il  a dCi  être  afiez  dif-- 
fteile,  pendant  long  temps  , d’avoir  des  Daboie  en 
Europe  i les  Rois  Nègres,  par  rerpeét  pour  ces  Rep- 


d^es  Se  f péris,  3 j 

avôns  décrit  , & qiii  eft  confervé  au 
Cabinet  du  Roi , a trois  pieds  cinq 
pouces  de  longueur  totale  , & la  queue, 
cinq  pouces  neuf  lignes  ( a ). 

Les  habitudes  du  DaBoie  fon:t  d’au^ 
tant  plus  douces,  qu’il  n’eft  prefque 
jamais  obligé  de  fe  défendre.  Il  a 
peu  d’ennemis  à craindre  dans  un  pays 
où  il  eft  fervi  avec  un  refpeét  religieux, 
8c  d’où  l’on  tâche  d’écarter  tous  ceux 
qui  pourroient  lui  nuire.  Les  animaux 
même  qui  feroient  les  plus  utiles , font 
exclus  des  contrées  où  l’on  adore  le 
Serpent  DaBoie  , à caufe  dè  la  guerre 
qu’ils  lui  feroient  -,  le  cochon  parti- 
culièrement , qui  fait  fa  proie  de  plu- 
lîeurs  efpèces  de  Reptiles,  & qui  attaque 
impunément,  fuivant  quelques  Voya- 
geurs, les  Serpens  les  plus  venimeux , eft 
pourfuivi  , dans^  le  Rcyaume  de  Juida, 

■ 1111  1 .1  I I ^ 

tiîes , ayant  dëfendu , fous  peine  de  mort,  à îeuts^ 
fujets,  de  tranfporter  ces  Serpens  hors  de  PAfri- 
que , ou  de  livrer  leur  dépouille  aux  étrangers. 

(a)  Nous  avons  compté  cent  foixante  - neuf 
grandes  plaques  lous  le  ventre  de  çet  individu  ^ 
& quarante-fix  paires  de  petites  plaques  fous  iGi. 
queuer 

B ^ 


;5  4 Hijioire  Naturelle 

Comme  un-  ennemi  public-,  &,  malgré 
tous  les  avantages  que  les  Nègres 
pourroicnt  en  retirer,  ils  ne  voient  y 
dans  cet  animal , que  celui  qui  dévore 
leur  Dieu. 

Bien  loin  de  chercher  à nuire 
l’homme  , le  Daboie  eft  fi  familier, 
qu’il  fe  laide  aifément  prendre  & 
manier,  & qu’on  peut  jouer  avec  lui, 
fans  courir  aucun  danger.  On  diroit 
qu’il  réferve  toute  fa  force  pour  le 
bien  de  la  contrée  qui  le  révère.  Il 
n’attaque  que  les  Serpens  venimeux, 
dont  le  Royaume  de  Juida  eft  infefté; 
il  ne  détruit  que  ces  Reptiles  funeftes  , 
& les  infeéles  , ou  les  vers  qui  dévaftent 
les  campagnes.  C’eft  fans  doute  ce  fer- 
vice  qui  i’a  rendu  cher  aux  premiers 
habitans  du  pays  où  on  l’adore  -,  on 
n’aura  rien  négligé  pour  multiplier  , 
ou  du  moins  conferver  une  efpèce  auffi 
précieufe  j on  aura  attaché  la  plus  grande 
importance  aux  foins  qu’on  aura  pris  de 
cet  animal  utile  -,  on  l’aura  regardé  com- 
me le  fauveur  de  ces  contrées,  fi 
fouvent  ravagées  par  des.  légions 
d’infcétes,  ou  des  troupes  de  Reptiles 


des  S erp  en  s.  $f 

Venimeux  •,  & bientôt  la  fuperftition, 
aidée  du  temps  & de  l’ignorance,  aura 
altéré  l’ouvrage  de  la  feconnoilîance  , & 
celui  du  befoin  {a). 


fa)  _On  pourroit  croire  auffî  que  quelque  éve'- 
Rement  extraordinaire  aura  léduit  l'imagination 
des  Nègres  & enchaîné  leur  raifon  , & voici  ce 
que  rapporte  à^cefujet  le  Voyageur  des  Marchais* 
♦1  L'armée  de  Juida  étant  prête  à livrer  bataille  k 
>>  celle  d'Ardra  > ü tbrtit  de  celle-ci  un  groS’ 
Serpent  qui  fe  retira  dans  l’autre  ; non-feuie- 
» ment  fa  forme  n’avbit  rien  d'effrayant,  mais 
» ii  parut  fi  doux  & fi  privé,  que  tout  le  monde 
» fut  porté  à le  carefi^r.  Le  grand  Sacrificateur  î® 
prit  dans  fes  bras  & le  leva  pour  le  faire  voir 
à toute  i'armée-'La  vue  de  ce  prodige  fit  tombef 
tous  les  Nègres  à genoux  ; ils  adorèrent' leur 
» nouvelle  Divinité,  & fondant  fur  leurs  ennemis 
n avec  un  redoublement  de  courage , ils  rem- 
» portèrent  une  victoire  complète.  Toute  la  nation 
ne  manqua  point  d'attribuer  un  fuccés  fi  me-» 
» morable  à la  vertu  du  Serpent  : il  fut  rapporté 
n avec  toute  forte  d'honneurs;  on  lui  bâtit  un 
J5  Temple , on  alïigna  un  fond  pour  fa  fubfi fiance, 
I)  & bientôt  ce  nouveau  Fétiche  prit  i'afcendant 
fi  fur  toutes  les  anciennes  Divinités  : fon  culte  ne 
fit  enfüite  qu'augmenter  k proportion  des  faveurs 
ij  donc  on  fe  crut  redevable  à fâ  protection.  Les 
y»  trois  anciens  Fétiches  avoient  leur  départemenc 
a féparé  : on  s'adreflbit  à la  mer  pour  obtenir 
n une  heureufe  pêche,  aux  arbres  pour  la  fancéy 


3^^  Hijîoire  Naturelle 

Le  culte  des  animaux  qui  ont  infpîre 
une  vive  terreur , n'a  été  que  trop  fou- 
vent  fangurnafre  , on  n'a  facrifié  que  trop 
fouvent  des  hommes  dans  leurs  Temples*, 
îe  Serpent-Dieu  des  Nègres,  n'ayant  ja** 
mais  fait  éprouver  une  grande  crainte, 
n'a  obtenu  que  des  facrifices  plus  doux , 
mais  que  fes  Prêtres  ne  ceffent  de  com- 
mander avec  une  autorité  defpotique. 
L'on  n'immole  point  des  hommes  devant 
le  Serpent-Daboie , mais  on  livre  à fes 
JMLiniftres  les  plus  belles  des  jeunes 


» & à PAgoye  pour  fes  confeifs;  mafs  le  Serpenr 
» préfide  au  commerce,  à la  guerre,  à l’agricuî- 
99  ture,  aux  maladies,  à fa  ftériiité,  &c.  Le  pre- 
99  mier  édificé  qu’on  avoir  bâti  pour  fe  recevoir 
99  parut  bientôt  trop  petit;  on  prit  le  parti  de  fui 
99  élever  un  nouveau  Tempfe,  avec  de  grandès 
99  cours  & des  appartemens  fpacieux  ; on  établit 
99  un  grand  Pontife  & des  Prêtres  pour  le  fervir. 
w Tous  fes  ans,  on  choifit  quelques  belles  fillès 
99  quP  fui  font  confacrées.  Ce  qu’il  y a de  plus 
99  remarquable  , c’eft  que  les  Nègres  de  Juidà 
99  font  perfuadés  que  le  Serpent  qu'ils  adorent 
99  aujqiKd’fîui , elt  le  même  qui  fut  apporté  par 
99  îe>!fs  ancêtres,  & qui  leur  fit  gagner  une  gîo- 
99  neufe  viétoire.  99  Hlfioire  générale  des  V^oyages^ 
liv*  10,  édit*  in- 12,  tom^  14;  3^9  o*  fuiv^ 


des  Serperrs.  5 f 

fîlïes  du  Royaume  de  Juida.  Le  prétendit 
Dieu , queTon  nomme  le  Serpent  Fétiche^ 
ce  qui  fignifie  l’Etre  confirvateur , a 
un  Temple  auffi  magnifique  que  le  peut 
être  un  bâtiment  élevé  par  l’art  greffier 
des  Nègres  ( U ).  Il  y reçoit  de  riches 
offrandes  •,  on  lui  préfente  des  étoffes  de 
foie,  des  bijoux,  les  mets  les  plus 
délicats  du  pays  , & même  des  trou- 
peaux ■,  auffi  les  Prêtres  qui  le  fervent', 
jouiffent-ils  d’un  revenu  confidérable', 
pofsèdent-ils  des  terres  immenfes',  & com- 
mandent-ils à un  graadnombred’efclaves.' 

Afin  que  rien  ne  manque  à leurs 
plaifirs,  ils  forcent  les  Prêtrefles  à 
parcourir,  chaque  année,  & vers  le 
temps  où  le  mais  commence  à verdir, 
la  ville  de  Juida  , & les  bourgades 
voifines.  Armées  d’une  grolTe  mafllie  ,. 
& fécondées  par  les  Prêtres  , elles 
afîommeroient  fans  pitié  ceux  qui 
oferoient  leur  réfifterv  elles  forcent  les 
Négrefles  les  plus  jolies  à les  fuivrë 
dans  le  Temple  & le  poids  de  la 


5 s Hijîoire  Naîufelïe 

crédulité  rupeiftitieufe  pèfe  fi  fort  fiif 
la  tête  des  Nègres  , qu’ils  croient 
qu’elles  vont  être  honorées  des  ap' 
proches  du  Serpent  proteéleur , & que 
e’eft  à fon  airour  qu’elles  vont  être 
livrées.  Ils  reçoivent  avec  refpeét  cette 
fav  eiir  lîgiiaiée  & divine.  On  commence 
par  inftruire  les  jeunes  filles  à chanter 
des  hymnes  5 & à danfer  en  l'honneur  du 
Serpent,  & lorfqu elles  font  près  du- 
temps  oiï  elles  doivent  être  admifes 
auprès  de  la  prétendue  Divinité,  on 
les  foumet  à une  cérémonie  douloureuse 

6 barbare , car  la  cruauté  naît  prefque 
toujours  de  la  fiipeiftition.  On  leur 
imprime  fur  k peau,  dans  toutes  les 
parties  du  corps , & avec  des  poinçons 
de  fer,  des  figures  de  fleurs^  d'animaux, 
& fur-tout  de  Serpens  les  PrêtreiTes 
les  eonfacrent  ainfi  au  fervice  de  leur 
Dieu  5 & c'efi:  envain  que  leurs  mal'* 
heureiifes  vidimes  jettent  les  cris  les 
plus  plaintifs  que  leur  arrache  le 
tourment  qu  elles  éprouvent , rien  n'ar- 
rête leur  zèle  inhumain.  Lorfque  la 
peau  de  ces  infortunées  eft  guérie  , 
elle  reffemble  , dit-on , à un  fatin  noir 


des  Serpens.  jff 

à fleurs , & elle  les  rend  à jamais 

l’objet  de  la  vénération  des  Nègres. 

Le  moment  où  le  Serpent  doit 
.recevoir  la  Négrefle  favorite  arrive 
enfin  -,  on  la  fait  delèendre  dans  un 
fouterrain  obfcur  , pendant  que  les 
Prêtreffes  & les  autres  jeunes  filles 
célèbrent  fa  deftinée  par  des  danfes  & 
des  chants  quelles  accompagnent  du 
bruit  de  plufieurs  inftrumens  retentiffans. 
Lorfque  la  jeune  Négrefle  fort  de 
l’antre  facré  , elle  reçoit  le  titre  de 
Femme  du  Serpent ^ elle  ne  devient 
pas  moins  la  femme  du  Nègre  qui 
parvient  à lui  plaire,  mais  auquel  elle 
infpire  à jamais  la  fonmiffion  la  plus 
aveugle  , ainfi  que  le  plus  grand- 
refpeéi. 

Si  quelqu’une  des  femmes  du  Ser- 
pent trahit  le  fecret  des  plaifirs  des 
-Prêtres,  en  révélant  les  myftères  du 
fouterrain  , elle  eft  auffitôt  enlevée  & 
mife  à mort  ,&  l’on  croit  que  le  grand 
Serpent  eft  venu  lui-même  exercer  fa 
vengeance,  en  l’emportant  pour  la  faire 
brûler.  Mais , arrêtons-nous  -,  l’hiftoire 
de  la  fuperftitioH  n’eft  point  celle  de 


4©  Hîjîoire  Naïurdîe 

ia  nature.  Elle  eft  trop  lice  cepentiant 
avec  les  phénomènes  que  produit  cette 
nature  puiflante  & merveilleufe,  pour 
être  tout  - à - fait  étrangère  à l’hiP 
toire  des  animaux  qiii  en  ont  été- 
l’objet. 


des  Serpens. 


41 


LE  SI  T U LE  (a). 

Ce  Serpent  fe  trouve  en  Egypte , où 
il  a été  obfervé  par  M.  Haflelqriifl;  i 
la  couleur  eft  grife , & il  préfénte  une 
bande  longitudinale , bordée  de  noir. 
Il  a communément  deux  cent  trente-fix 
grandes  plaques  J & quarante-cinq  paires 
de  petites. 


(a)  Le  Situle.  M,  d'Aubinton , Encyclopédie  me-. 
Aodiqut- 

Col.  Situla.  Linn.  amphib’  Serp» 

Muf.  Ad.  P’  2 , p. 


HiJIoire  Naturelle 


41 


LE  T Y RIE  CaJ. 

Les  terres  de  l’Egypte,  périodique- 
ment arrofées  par  les  eaux  d’un  grand 
fleuve,  & échaudées  par  les  rayons  d’un 
foleii  très-ardent, préfentent  auxdiverfes 
efpèces  de  Serpens,  au  moins  pendant 
une  grande  partie  de  l’année , cette 
humidité  chaude , qui  convient  fi  bien 
à la  nature  de  ces  Reptiles.  Nous  ne 
devons  donc  pas  être  étonnés  qu’on  y 
en  ait  obfervé  un  grand  nombre.  Parmi 
ces  Serpens  d’Egypte  nous  devons 
compter  le  Tyrie,  que  M.  Haflelquift 
a fait  connoître  j il  a ordinairement 
deux  cent  dix  grandes  plaques  & quatre- 
vingt-trois  paires  de  petites  •,  il  n’eft 
point  venimeux,  & le  deflus  de  fon 
^ corps,  qui  eft  blanchâtre,  préfente  trois 


Le  Tyrie.  M.  d*Auheuton , Encyclopédie  mé^ 
ihodigtie. 

Cof.  Tyria.  Limu  amphih»  Serpenta 
yiufi  Ad.  fr,  2 J pag,  45. 


des  Serpens.  4 ^ 

rangs  longitudinaux  de  taches  rhomboï- 
daies  & brunes. 

li  paroît  que  c’eft  au  Tyrie  qu’il 
faut  rapporter  îe  Serpent  que  M.  Forskal 
a décrit  fous  ie  nom  de  Couleuvre 
mouchetée  {Col.  Guttatus)  (a),  qu’il 
a vu  en  Egypte,  & que  les  Arabes 
nomment  Tce  Æben. 


(a)  Col.,  Gutta'.us,  7 , Dtfcriit.  animal.  Pctà 
Forskal.  Amphibia. 


44 


WJIoire  Naturelle 


L’  A R G U S (a). 

Ce  Serpent  d’Afrique  eft  reiuarqüàbîe 
par  la  forme  de  fa  tête  5 le  derrièi'e 
de  cette  partie  eft  relevé  par  deux 
efpèces  de  bofles  ou  d'^émineiices  très- 
fenfibles.  Les  écailles,  qui  garniflenfle 
dos  de  ce  Serpent , préfeiitent  chacune 
une  tache  blanche*,  mais  d'aiircurs-  on 
voit  fur  fon  corps  plufieurs  rangs  de 
taches  blanches  , rondes , rouges  dans 
leur  centre  , bordées  de  rouge , ref- 
femblant  à des  y eux  y & c'eft  ce  qui 
lui  a fait  donner  le  nom  d' Argus , par 
les  Naturaliftes  (^).. 


('aj  L*Argu5*  M*  â^Jubenton  ^ Encyclopédie  mé- 
Modique* 

Coî.  Argus.  Linn.  amphlb>  Serp, 

Séba , muf  2 , tab*  103.,  i* 

(b)  Gn  ne  connoît  point  le  nombre  des  grande^ 
ai  des  petites  plaques  de  cette  Couleuvre. 


des  Serpens. 


4f 


LE  PET  OLE  fa/. 

G'est  au  milieu  des  contrées  ardentes 
de  TAfrique  , que  Ton  trouve  cette 
Couleuvre  , la  couleur  du  deffus  de 
fon  corps  eft  ordinairement  d'un  gris 
livite,  relevé  par  des  bandes  tranfverfales 
rougeâtres*,  le  deffous  du  corps  eft  d'iiii 
blanc  mêlé  de  jaune,  & préfente  quel- 
quefois des  bandes  tranrverfales  , d'une 
eouleiir  rougeâtre  ou  très-brune.  Le 
fommet  de  la  tête  eft  garni  de  neuf 


(a)  Le  Pétole.  M.  d*Aahenton^  Encyclopédie  mé^ 
thodiqui* 

Col.  Petoîa.  Linth  ampJùh  Serpent* 

Coluber  Scutis  abdominalibus , 208  ; Squamis 
caudaiibus , 90.  Luu  Ammit,  Surin.  grilL  p.  505  ^ 

Cofuber  Scutis  abdominalibus  , 207;  caudaîibas, 
85.'  Id.  amphib.  Gylknb.  p.  534,  8» 

Anguis  Scutis  abdominalibus , 209  ; Squamis 
caudaiibus,  90.  Idem.  Muf.  Priuc.  p,  ^ 36. 

Coronella  Petola,  189,  Laurenti,  Speciiim 
dicunj. 

:Séb^^  muf.  Ij  îah  54,  4» 


Hijloirt  Naturelle  " 

grandes  écailfes , & le  dos  d'écaîlles 
ovales  & unies.  Cette  Couleuvre  n'a 
point  de  crochets  mobiles  : on  ignore 
quelles  font  fes  habitudes  ^ elle  a le 
plus  fouvent  deux  cent  neuf  grandes 
plaques  , & quatre-vingt-dix  paires  de 
petites. 


dts  Serpens. 


47 


LA  DOMESTIQUE  (a). 

Le  nom  de  cette  Couleuvre  aj>nonce 
ia  douceur  de  fes  habitudes  j c’effc  en 
Barbarie  qu’on  la  trouve,  & e’eft  dans 
les  maifons  qu’elle  habite  -,  elle  7 eft 
dans  une  elpèce  d’état  de  domefticité 
volontaire,  puifqu’eîle  n’y  a point  été 
amenée  par  la  force,  & qu’elle  la’y  eft 
retenue  par  aucune  contrainte  ; c’eft 
d’elle-même  qu’elle  a choifi  la  demeure 
de  l’homme  pour  fon  afyle.  L’on  voudroit 
qvt’une  forte  d’afFeélion  l’eût  ainfi  con» 
duite  fous  le  toit  qu’elle  partage  ; 
qu’une  forte  de  fentiment  l’empêchât 
de  s’en  éloigner , & qu’elle  montrât 
' fur  ces  côtes  de  Barbarie  , fi  fouvent 
arrofées  de  lang , le  contrafte  fingulier 
d’un  Serpent  aulïï  affeéfcionné  , auflî 
fidèle,' que  doux  & familier,  avec  le 


Cl  Le  Serpent  Domeftique.  M-  d’Aubenlon 
Elticyclopédie  méthodique. 

Çol.  Dgmeftiçus.  Liiuit  amphib, 


4^  Hijîoire  Naturelle 

fpedtacle  cruel  de  rhommq  gémÜTaut 
fous  les  chaînes  dont  l’accable  fon 
femblabl^.  Mais  le  befoin  feul  attire  la 
Couleuvre  domeftique  dans  les  maifons , 
& elle  n’y  demeure  , que  parce  qu’elle 
y trouve , avec  plus  de  facilité , les 
petits  rats  & les  infpéles  dont  elle  fe 
pourrit.  Sa  couleur  eft  fouvent  d’un 
gris  pâle , avec  des  taches  brunes  j elle 
a entre  les  deux  yeux  une  bande  qui 
fe  divife  en  deux,  & préfente  deux 
taches  noires.  Ses  grandes  plaques  font 
ordinairement  au  nombre  de  deux  cent 
quarante-cinq  •,  & elle  a quatre-vingt- 
quatorze  paires  de  petites  plaques. 


L’HAIT. 


des  Serpens. 


L’  H A J E (a). 


Cette  Couleuvre  devient  très-gnindej; 
fiîivant  M.  Linné  -,  elle  fe  trouve  en 
Egypte  , où  elle  a été  obfervée  par 
M.  Haffelquift.  Ses  couleurs  font  le  noir 
& le  blanc-,  la  moitié  de  chaque  écaille 
eft  blanche  V il  y a d’ailleurs,  fur  le 
dos  , des  bandes  blanches,  placées  obli- 
quement-, tout  le  refte  du  deffus  du 
coi'ps  eft  noir  (b). 

Ce  Serpent  n’étant  pas  venimeux  , 
félon  M.  Linné,  ne  doit  pas  être  con- 
fondu avec  une  Couleuvre  d’Egypte  , 
qui  porte  auffi  le  nom  d’Haje  , & qui 
contient  un  poifon  très-aélif.  La  force 


(a)  L’Haje-  M.  i'AnbenîQv  ^ Encyclopédie  mé^ 
thodiqm, 

Cot^  Haje  Liiw*  ampkih.  Serpenta 
Coiuber  Scutis  abdominalibus , 206,  Squamîs 
caudalibiis,  60.  HaJJèfqwJîy  ir..  g 12, 7/.®  62. 

fkj  M.  Linné  a écrit  que  l^Haje  avoit  deux  cent 
fept  grandes  plaques  5 & cent  neuf  paires  ds 
petites. 

Serpens , Tome  /El 


C 


jO  Hijîoire  Naturelle 

de  ce  venin  a reconnue  par 

M.  Forskal  *,  mars  ce  Naturaiifte  n"a 
point  donné  ia  defcription  de  THaje  , 
dont  ii  a parlé  [a)* 


(a)  Coluber  Haje-Nafcher , j7ar /es  Def- 

crijftiones  animoLium  F?  Forskal,  amphib,  8^ 


5* 


des  Serpens. 


LA  MAURE  (a). 

Elle  a ^té  ainsi  appell^e  , à caufe 
de  fes  couleurs , & parce  qu’elle  fe 
trouve  aux  environs  d’Alger,  M.  Brander 
envoya  à M.  Linné  un  individu  de  cette 
efpèce.  Le  deffùs  de  fon  corps  eft  brun, 
avec  deux  raies  longitudinales',  plufieurs 
bandes  tranfverfales  & noires  s’étendent 
depuis  ces  raies , jufqu’au-deffous  du 
corps  , qui  eft  noir. 

La  Maure  n’a  point  de  crochets 
mobiles  -,  on  voit  fur  la  tête  neuf 
grandes  écailles , & fur  fon  dos , des 
écailles  plus  petites  & ovales  : ces  écailles 
du  dos  font  relevées  par  une  arête  , 
dans  un  individu  de  cette  efpèce,  qui 
fait  partie  de  la  colleâion  de  Sa 
Majefté  (/»). 

’ " ■ '""ï  “ ""  ' - ■ 

Le  Maure.  M.  Auhuxtm  ^ EncyclopédU  me- 
thodique* 

Col.  Maurus.  Linn*  amphib.  Serp, 

(b)  QtVit  Couleuvre  a commune'ment  cent  cîn-o 
quante-deux  grandes  plaques  & foixante-fix  paires 
de  petites. 

C ij 


j Z Hijiôirâ  Naturelle 


LE  S IB  O N (a:). 

Les  Hottentots  ont  nommé  ainfi  uti 
Serpent  qui  fe  trouve  dans  ie  pays, 
qu’ils  habitent , arnfii  que  dans  plufieurs, 
autres  contrées  d’Afrique.  Le  defliis  du 
corps  de  cette- Couleuvre  eft  d’une 
couleur  brune , mélée  de  bleu  ; & le 
deflous  eft  blanc , tacheté  de  brun.  Des< 
écailles  rhomboïdales  garnirent  fon  dosj 
fa  queue  eft  courte  & menue.  Cette 
Couleuvre  a ordinairement  cent  quatrsT 
vingt  grandes  plaques , & quatre-vingt- 
cinq-  paires  de  petites. 

■ ■ J.  ^ : I - - ■ I I . - -r  . - .,1.», 

(a)  Le  Sibon*  M*  d^Auhenton,  EncydopédU  mé* 
tkodiqae. 

Coi.  Sibon*  Lîiw,  amphlb,  Serp, 

Lin.  Ama^nit-  Mnf.  Princip-  p. 

Coluber  Sibon*  210.  Laurmti  ^ . Spécimen 
dicum.  ^ 

Le  Siben*  Diàiounaire  d*hifl*  mtur^  par  M*  Vcdmont 
ie  Bomare, 

‘$éba<^  inuf  1 9 tab’  14  7^^.  4. 


dès  Serpcns, 


H 


i n nii  ■■  ii  » 

L A DH  ARA  (a). 

C EST  dans  îa  partie  de  l'Arabie  , qu’oli 
a nommée  heureufe,  c’eft  dans  les  fertiles 
contrées  de  l'Yémen , que  fe  trouve 
cette  Couleuvre.  Sa  tête  eft  couverte 
de  neuf  grandes  écailles,  dilpofées  fur 
quatre  rangs  •,  fon  mufeau  eft  arrondi  j 
fon  corps  eft  menu  -,  & toutes  fes  pro- 
portions paroifieut  aulîî  fveltes  qu’elle 
eft  innocente  & douce.  Elle  n’a  point 
de  couleurs  brillantes , mais  celles  qu’elle 
préfente  , font  agréalîles.  Le  delTus  de 
fon  corps  eft  d’un  gris  un  peu  cuivré; 
toutes  les  écailles  font  bordées  de  blanc  ; 
& c’eft  aulîî  le  blanc  qui  eft  la  cou- 
leur du  deftoiis  de  fon  corps.  M.  ForskaI 
l’a  fait  connoître  : l'individu  qu’il  avoit 
obfervé , n’avoit  pas  deux  pieds  de 


(a)  Dhara  , par  les  Arabes. 

Coîuber  Dhara.  ' Dafcriptioues  animalium  Pétri 
Ferskal  Amphibia. 

Ç iij 


5!4  Hijîoire  Naturelk 

longueur  -,  mais  le  Vojageur  Danois 
ibupçonna  que  la  queue  de  cet  animal 
avoit  été  tronquée  ; il  compta  deux  cent 
trente  - cinq  grandes  plaques  , 6c  qua- 
rante-huit paires  de  petites  fous  le  corps, 
de  cette  Couleuvre. 


I 


des  Serpens,  j j 


LA  SCHOKARI  (aj. 


Cette  CoxJ L E uvRE  fe  trouve  dans 
i’Yémen  ainfi  que  la  Dliara*,  elle.fc 
plaît  dans  les  bois  qui  croiffent  fur 
les  lieux  élevés.  Sa  morfure  n’eft  point 
dangereufe , êc  M.  Forskal,  qui  Ta 
décrite , n’a  vu  fes  mâchoires  garnies 
d’aucun  crochet  mobile.  Son  corps  eft 
menu  -,  elle  parvient  ordinairement  à 
la  longueur  d’un  ou  deux  pieds , & fa 
queue  n’a  guère  alors  que  la  longueur 
de  cinq  ou  fix  pouces •,  fa  tête  eft  cou- 
verte de  neuf  grandes  écailles  , dif- 
pofées  fur  quatre  rangs.  Le  deffus  de 
fon  corps  efl:  d’un  cendré  brun , & 
préfente  de  chaque  côté  deux  raies 
longitudinales  blanches  , dont  une  eft 
bordée  de  noir.  On  voit  quelquefois , 
fur  le  milieu  du  dos , des  grands 


fa)  y par  les  Arabes* 

Col.  Schpkari.  Dejcriptiones  animalium  Pétri 
Forskal  y amphibia, 

C iv 


jô  Hijioire  Naturelle 

individus,  une  efpèce  de  petite  raie; 
conipofée  de  très-petites  taches  blanches. 
Le  deffous  du  corps  eft  blanchâtre , 
mêlé  de  jaune , & pointillé  de  brun 
vers  îe  gofier.  La  Schokari , a cent 
quatre-vingt-trois  grandes  plaques,  & 
eent  quarante-quatre  paires  de  petites. 

Nous  joignons  ici  la  notice  de  trois 
Couleuvres  dont  il  eft  fait  mention 
dans  rOuvrage  de  M.  Forslcal , à la 
fuite  de  la  Schekari  , mais  dont  la 
delcription  eft  trop  peu  détaillée  pour 
que  nous  puiffious  décider  à quelle 
efpèce  elles  appartiennent. 

La  première  fe  nomme  Bœtæn  ; 
elle  eft  tachetée  de  blanc  & de  noir  j 
elle  a un  pied  de  longueur , & près 
d’un  demi-pouce  d’épailTeur  •,  elle  eft 
ovipare  , & cependant,  ditM.  Forskal, 
fa  morfure  donne  la  mort  dans  un 
inîrant. 

La  fécondé , appellée  Hojleik  , eft 
toute  rouge  -,  fa  longueur  eft  d’un  pied  -, 
elle  pond  des  œufs  plus  ou  moins 
gros-,  fa  morfure  ne  donne  pas  la  mort, 
mais  caufe  une  enflure  accompagnée 
de  beaucoup  de  chaleur  ; les  Arabes 


des  Serpens.  57 

©nt  cru  que  fon  haleine  feule  pouvoit 
faire  pourrir  les  chairs  fur  lefquelles 
cette  vapeur  s’étendoit. 

La  troifième  , nommée  Hàtinarck 
^ÆJîiced  J eft  toute  noire , ovipare , & 
de  la  longueur  d’un  pied,  ou  environ. 
Sa  morfure  n’eft  pas  dangereufe,  mais 
produit  un  peu  d’enflure  -,  on  arrête^ 
par  des  ligatures  la  propagation  da 
venin-,  on  fuce  la  plaie-,  on  emploie 
diverfes  plantes  comme  fpécifiques  , 
& les  Arabes  racontent  gravement  que 
ce  Serpent  entre  quelquefois  , par 
un  côté  , dans  le  corps  des  chameaux , 
qu’il  en  fort  par  l’autre  côté , & 
que  le  chameau  en  meurt,  fi  on  ne 
brûle  pas  la  bleflure  avec  un  fer 
rouge. 

Nous  invitons  les  Voyageurs  qiu 
iront  en  Arabie  , non-feulement  à 
décrire  ces  trois  Couleuvres,  mais  même 
à rechercher  l’origine  des  contes 
d’Arabes , auxquels  elles  ont  donné 
lieu , car  il  y a bien  peu  de  fables 
qui  n’aient  pour  fondement  quelque 
yérité. 


5?  îîijîoire  Naturelle 


LA  ROUGE-GORGE  (a), 

O N PEUT  reconnoître  aifément  cette 
Couleuvre , qui  fe  trouve  eu  Egypte. 
Elle  eft  touté  noire,  excepté  la  gorge 
qui  eft  couleur- de  fang^  elle  a com- 
munément cent  quatre  - vingt  - quinze 
grandes  plaques , & cent  deux  paires 
de  petites.  M.  Haflelquift  l’a  obr 
fervée. 


(a)  Le  Rouge-gorge.  M.  i’Aubenton  , Encyclopédie 

tnéthodiqm. 

Col.  Jugularis.  Linn,  ampJiib^ 

Muf  Ad,  fr.  2^  p.  45. 


des  Serpens, 


L’  A Z U R É E. 

On  trouve  cette  Couleuvre  aux 
environs  du  Cap  Vert.  Son  nom 
indique  fa  couleur-,  elle  eO;  d’un  très- 
beau  bleu,  quelquefois  foncé  fur  le 
dos , très-clair , & prefque  blanchâtre 
fous  le  ventre  & fous  la  queue.  Elle 
n’a  point  de  crochets  mobiles  -,  le 
fbnimet  de  la  tête  eft  garni  dê  neuf 
grandes  écailles,  difpofées  fur  quatre 
rangs  -,  êc  celles  que  l’on  voit  fur  le 
dos  , font  ovales  & unies.  Un  individu 
de  cette  efpèce,  confervé  au  Cabinet 
Roi , a deux  pieds  de  longueur  totale , 
cinq  pouces  trois  lignes,  depuis  l’anUs 
jufqu’à  l’extrémité  de  la  queue  , cent 
loixante  - onze  grandes  plaques  , ëc 
ioixante- quatre  paires  de  petites. 


C V j 


i. 


6 O Hi/îoire  Naturelle 




LA  N ASIQUE  (a). 

Nous  DONNONS  ce  nom  à une  Cou- 
leuvre, dont  le  miifeaii  eft  en  effet 
très-alongé,  & qffil  eft  très- facile  de 
diftinguer  par-là  des  Serpens  de  fon 
genre  , connus  jufqu  à préfent.  Elle  a 
le  devant  de  la  tête  très-alongé,  très- 
étroit  , très-aplati , pardeffus  8c.  par- 
deffous,  ainfi  que  des  deux  côtés,  8c 
terminé  en  pointe  de  manière  à 
repréfenter  une  petite  pyramide  à quatre 
faces  , dont  les  arêtes  feroient  très- 
marquées.  Le  deffus  de  la  tête  efb 


Cà)  Le  Nez-retrouffé*  M.  i'^Aahenton  , Emy* 
tlopédit  mèthodiqm. 

Col*  Myderizatîs  Linn,  amphib,  Serpt, 

Muf.  Ad.  fr»  1 y p,  zi  tab,  ^ ^ ^9^ 

fs-  I- 

Séba  y muf.  2 , tabu.  23  , fig»  2. 

Gronovius  y muf  z^p,  59,  iV.'^  19. 

Catesbyj  Carol,  2 , p-  47,  tab>  47. 

Watrix  Myderizans  , 162  ; Natrix  Flagellé 
Fermis*  Laumtty  Specimm 


des  Serpens.  6î 

recouvert  de  neuf  grandes  écaillés  , 
placées  fur  quatre  rangs.  La  mâchoire 
inférieure  eft  arrondie  plus  large  8c 
plus  courte  que  la  fupérieure’,  les  yeux 
font  gros,  ronds  , & placés  fur  les 
côtés  de  la  tête  •,  & l’on  voit , à l’ex- 
trêmité  du  mufeau  , Un  petit  prolon- 
gement écailleux  , un  peu  relevé  , & 
compofé  d’une  feule  pièce  qui  paroît 
comme,  plilfée.  C’eft  apparemment  de 
ce  prolongement , que  Catefby  a voulu 
parler  , lorlqu’ii  a dit  que  le  Serpent 
dont  il  eft  ici  queftion , avoit  le  nez 
, retroulTé  i & c’eft  peut-être  en  faifant 
allufion  à l’air  fihgulier,  que  cette 
conformation  donne  à ce  Reptile,  que 
M.  Linné  l’a  défigné  par  le  nom  de 
Myciérifans  , qui  ngnifie  moqueur. 

Les  deux  mâchoires  font  garnies  de 
fortes  dents , qui  ne  diftillent  aucun 
poifon  , fuivant  Gronovius  ; Catefby  dit 
aufli  que  la  Nalrque  n’eft  point  dan- 
gereufe , & nous  n’avons  trouvé  de 
crochets  mobiles  dans  aucun  des  in- 
dividus de  cette  efpèce  que  nous  avons 
examinés.  Cependant  nous  devons 
prévenir  que  M,  linné  a écrit  qu’elle 


6 1 HiJIoire  Naturelle 

étoît  veiîimeufe.  Le  deffous  de  îa  tête 
blanchâtre,  & toutes  les  autres  parties 
de  ce  Serpent,  préfentent communément 
une  couleur  verdâtre  , relevée  par 
quatre  raies  blanchâtres  , qui  s'étendent 
de  chaque  côté  du  corps , prefque 
jufqu'à  iextrémité  de  la  queue , & par 
deux  autres  raies  longitudinales  placées 
fur  le  ventre  {à}*  Les  écailles  du  dos  font 
rhomboïdales  & unies  ordinairement 
la  queue  n'eft  pas  aufîî  longue  que  là 
moitié  du  corps,  qui  eft  très-mince  en 
proportion  de  fa  longueur.  L'individu 
que  nous  avons  décrit,  & qui  eft  canfervé 
au  Cabinet  du  Roi , n'avoit , en  quel- 
ques endroits  de  fon  corps  , que  cinq 
ou  fix  lignes  de  diamètre , & cependant 
il  avoit  quatre  pieds  neuf  pouces  ' de 
longueur  (b).  Nous  avons  compté  cent 
foixante-treize  grandes  plaques  fous 
fon  corps  , & cent  cinquante  - fept 
paires  de  petites  plaques  lous  fa 
queue. 


(aj  lï  paroït  que  îa  diftribution  des  couleurs- 
de  ia  Nalique  varie  aflez  fouvent. 

(b)  La  queue  étoit  io’jgue  d"un  pied  onze 
pouces.. 


des  SerpenS^  j 

On  a écrit  que , malgré  fa  petiteffe  ^ 
îa  Nafique  fe  nourriiîoit  de  rats  ( <2  ) j 
mais  quoique  fon  go  fier  & fon  eftomac 
piiiflent  s’étendre  aifément , ainfi  que 
ceux  des  autres  Serpens , nous  avons 
peine  à croire  qu’elle  puifle  dévorer 
des  rats , même  les  plus  petits  *,  elle  doit 
vivre  de  fcarabées  ou  d’autres  infeétes , 
dont  on  a dit  en  effet  quelle  faifoit 
fa  proie  •,  & elle  les  faifit  avec  d’autant 
plus  de  facilité , que  , fuivant  Catefby , 
elle  pafîe  la  vie  fur  les  arbres,  cachée 
fous  les  feuilles  & entortillée  autour  des 
rameaux,  qu’elle  peut  parcourir  avec 
rapidité.  Elle  n’attaque  point  l’homme ,, 
&:  on  la  trouve  dans  l’Ifle  de  Ceylan, 
en  Guinée , ainfi  que  dans  la  Caroline 
& plufieurs  autres  contrées  chaudes 
,du  nouveau  Monde. 


(a)  Siba  pol-  2 , pi-  24. 


^4  Mijloire  Naturelle 


LA  GROSSE^TÉTE. 

Nous  DONNONS  ce  nom  à une  Cou- 
ieuvre  d’Amérique  qui , en  effet , a 
la  tête  beaucoup  plus  greffe  que  la. 
partie  antérieure  du  corps.  Elle  n’a 
point  de  crochets  mobiles-,  neuf  grandes 
écailles  , difpofées  fur  quatre  rangs , 
couvrent  le  lommet  de  fa  tête,  & celles 
qui  garniflent  fon  dos  font  ovales  & 
unies. 

Un  individu  de  cette  elpèce  , con- 
fervé  au  Cabinet  du  Roi , a deux  pieds 
cinq  pouces  fix  lignes  de  longueur 
totale,  & fix  pouces  trois  lignes  depuis 
l’anus  jufqu’à  l’extrémité  de  la  queue, 
qui  fe  termine  par  une  pointe  très- 
déliée. 

Nous  avons  compté  cent  quatre- 
vingt-treize  grandes  plaques  & foixante- 
dix-fept  paires  de  petites. 

Le  deflus  du  corps,  de  la  Grofle- 
tête  eft  d’une  couleur  foncée,  relevée 
par  des  bandes  tranfiverfales  & irré- 


’ ifeve^  Jel'i  C^Hautitard' 

i.  LA  éKOSSE  - TLTE  , 2 LA  COURESSE 


ny.JJ^. 


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' Sâ'; , 


des  Serpens.  6^ 

giiîières  d’une  couleur  plus  claire  -,  mais 
i’individu  que  nous  avons  décrit  étoit 
trop  altéré  par  Tefprit  - de  - vin , dans 
lequel  H avoit  été  confervé,  pour  que 
nous  puiffions  rien  dire  de  plus 
relativement  aux  couleurs  de  cette 
elpèce. 


Hijloire  Naturelle 


■".■U  Ml, II"  .Iii.r.....iw 

LA  COURESSE. 

C EST  de  la  Martinique  que  cette  Cou- 
leuvre a été  envoyée  au  Cabinet  du 
Roi  5 par  feu  M.  de  Chanvalon.  Ses 
couleurs  font  belles,  le  deflus  de  fon 
corps  eft  verdâtre , préfente  deux  rangées 
longitudinales  de  petites  taches  blancÉes 
& alongéesy  le  dçflous  & les  côtés  du 
corps  font  blanchâtres# 

Cette  Couleuvre  n^a  point  de  cro- 
chets mobiles.  Le  fommet  de  fa  tête 
eft  garni  de  grandes  écailles,  & le  dos 
Teft  d' écailles  ovales  & unies.  L^indi- 
vidu  que  nous  avons  décrit,  avoit  deux 
pieds  dix  pouces  fept  lignes  de  lon- 
gueur totale,  neuf  pouces  fept  lignes^ 
depuis  Tamis  jufqiTà  Textrémité  de  la 
queue  y cent  quatre-vingt-cinq  grandes 
plaques,  & cent  cinq  paires  de  pe- 
tites. 

La  Courefte  eft  auflî  timide  que  peu 
dangereufe*,  elle  fe  cache  ordinairement 
lorfqu'elle  apperçoit  quelqu^in  , ou  s'en- 


dts  Serpens.  6 j 

fuit  avec  tant  de  précipitation  que 
c'eft  de-là  que  vient  fon  nom  de  Cou- 
rejfet  ou  Courerejfe  (û). 


(à)  Rochifort  ^ hijl*  iu  Aittiîlit,  Lyw  « l66j  f 
vol*  I i ap4. 


6 8 HiJÎQire  Naturelle 


LA  MOUCHETÉE  (a). 

C’est  un  très-beau  Serpent , & dont 
les  habitudes  diffèrent  beaucoup  de 
celles  de  la  Nalique,  du  Boiga , & 
d’autres  Couleuvres  qui  fe  tiennent  fur 
les  arbres  : il  paffe  fa  vie  dans  des 
trous  fouterrains , où  il  trouve  apparem- 
ment, avec  plus  de  facilité  qu’ailleurs, 
les  vers  & les  infeétes  dont  il  fe  nour- 
rit. C’eft  dans  la  Caroline  qu’il  a été 
obfervé  par  MM.  Catefby  & Garden, 
& iorfqite , dans  les  mois  de  Septembre 
& d'Oéfobre,  on  fait,'  dans  cette  con- 
trée, la  récolte,  des  patates  on  le 
trouve,  fouvent  dans  des  cavités  auprès 


(«)  Le  Moucheté.  M,  d’Aubenton,  Encychpéiit 

ViéthodiquQ. 

Cel.  Guttatus.  Linn.  amp/ilh*  Ssrpetit, 

Le  Serpent  à Chapelet.  Catesby^  hifl.  natur,  ie 
la  Caroline^  vol,  2 , planche  6c.  Nous  avons  déjà 
prévenu  qu^ilné  faüoit  pas  confondre  cette  et'pèce 
avec  celle  à iaqtielie  nous  avons  donné  ie  nom  de 
Chapelet, 


/ 


des  Serpens. 

âcs  racines  de  ces  plantés  qui,  peut-être, 
fervent  de  nourriture  à û petite  proie 
Son  corps  eft  cependant  très-menu  en 
proportion  dé  fa  longueur , & il  eft 
en  tout  conformé,  de  manière  à pou- 
voir parcourir  les  rameaux  des  arbres 
les  plus  élevés  , avec  autant  de  rapidité, 
que  la  plupart  des  Couleuvres  qui  vi- 
vent dans  les  forêts  & fur  les  plus  hau- 
tes branches,  tant  il  eft  vrai  que  les 
habitudes  des  animaux  font  le  réful- 
tat , nonrfeiilement  de  leur  conforma- 
matîon^  mais  de  plufîeurs  circonftances 
qif il  eft  fouvent  très-difticiie  de  devi-- 
ner. 

Le  deffus  du  corps  de  la  Mouchetée , 
eft  d\m  gris  livide , & préfente  de 
grandes  taches  d'un  rouge  très- vif, 
arrangées  longitudinalement  -,  on  voit  dé 
chaque  côté  un  rang  de  taches  jaunes, 
qui  eorrefpondent  aux  intervalles  des 
taches  rouges,  & fouvent  une  bande 
longitudinale  noire.  Le  deiîous  du 
corps  préfente  des  taçhes  noires,  quar^ 

Opw  ,1  iiii  I I 

faj  Çates^/  p vol*  2 p 6o, 


JO  HiJIoîre  Naturelle 

rées , & placées  alternativement  à droite 
& à gauche. 

Cette  efpèce  n^’eft  pas  venimeufe; 
elle  a ordinairement  deux  cent  vingt- 
fept  grandes  plaques,  & foixante  paires 
de  petites. 


/ 


des  Serpens, 


7* 


LA  CAMUSE  (a), 

M.  tE  Docteur  Garder  a fait  con* 
noître  cette  efpèce , qu’il  a obfervée 
dans  la  Caroline,  & dont  il  a envoyé 
un  individu  à M.  Linné.  Elle  a la  tête 
arrondie , relevée  en  bofle  , & . le  mu- 
feau  court,  ce  qui  l’a  fait  nommer  par 
M.  Linné  , Coluher  fimus  , Couleuvre 
Camufe.  On  voit,  entre  les  yeux  de 
ce  Serpent  , une  petite  bande  noire  & 
courbée  fur  le  fomraet  de  fa  tête , 
paroît  une  croix  blanche,  marquée  au 
milieu  d’un  point  noir.  Le  deflus  du 
corps  eft  varié  de  noir  & de  blanc, 
avec  des  bandes  tranfverfales  de  cette 
dernière  couleur,  & le  deflous  du  corps 
eft-  noir. 

Cette  efpèce  à cent  vingt-quatre  gran- 
des plaques  & qaàranterfix  paires  de 
petites. 


Le  Camus.  M,  d” Aubenton , EHcydojiédie 
thodiqtie. 

Coi.  Simus.  Liiiii.  (impUb.  Serpentes, 


HiJIoire  Naturelle 


LA  STRIÉE  (a). 

Nous  NE  coNNoissoNS  ccttc  Coiileuvre 
que  par  ce  qu’en  a dit  M.  Linné’,  le 
nom  qu’elîe  porte  lui  a été  donné  à 
caufe  des  diverfes  ftries  que  préfente  fon 
dos  , & qui  doivent  être  produites 
par  la  forme  des  écailles , relevées  vrar- 
femblablement  par  une  arête  longitu- 
dinale. Ce  Serpent  ne  parvient  point  à 
une  grandeur  confidérable  le  deffus 
de  Ton  corps  eft  brun  & le  deflbus 
d’une  couleur  pâle  ’,  fa  tête  eft  couverte 
d’écailles  liftes.  On  le  trouve  à la 
Caroline, & c’eft  M.  le  Dofteur  Garden 
qui  a envoyé  à M.  Linné  des  individus 
de  cette  efpèce  ( b ). 

Il  fe  pourroit  qu’on  dût  regarder 


(fl)  Le  Strié.  M.  EncyclopéiU  mé^ 

thodiqut. 

Coi*  Strialuîus.  Litm»  amphip.  Scrp» 

(b)  La  Striée  a cent  vingt- fîx  grandes  pîaques  & 
qjLiarante'Cinq  paires  de  petites. 


comme 


des  Serpens.  75 

fomme  une  Couleuvre  Striée  , un  Ser- 
pent de  la  Caroline  figuré  dans  Catelby 
(vol.  2,  planche  46)  (û)f  ce  Serpent 
a,  en  effet,  les  écailles  du  dos  relevées 
par  une  arête , le  fommet  de  fa  tête 
•garni  de  neuf  grandes  écailles  liffes , le 
rieflus  de  fon  corps  brun,  & le  dclî'ous 
d'un  roüge  de  cuivre , altéré  par  l’ef- 
prif-de-vin  nu  par  quelqu’autfe  caufe  » 
peut  aifément  devenir , après  la  mort 
'de  l’animal  , la  couleur  pâle  indi- 
quée par  M.  Linné  pour  le  délfous  du 
corps  de  la  Striée.  Ce  Serpent  figuré 
dans  Catesby  , - fe  tient  fouvent  dans 
reau,  &,  fuivant  ce  Naturalifte,  doit 
fe  nourrir  de  poifîons  •,  il  dévore  aufïï 
les  oifeaux  & les  autres  petits  animaux 
dont  il  peut  fe  rendre- maître;  fa  har- 
‘dielîe  eft  'aufîi  grande  que  fes  mouve- 
mens  font  agiles.;  il  entre  dans  les  baf- 
fe-cours,‘y  mange  la  Réunie  volaille, 
& y fuce  les  œufs , mais  il  n'eft  point 
venimeux. 


(a)  The  Copper-Belly  Snalce.  Serpent  à ventre 
couleur  de  cuivre.  Çausby,  hift.  naiHu  de  la  Caro- 
litiCy  uol.  2 , pag»  46- 

Serpens,  Tome  IV.  D 


74  Hifoit*e  Naturelle 


LA  PONCTUÉE 

Cette  CotTLEt7VB.E  préfente  ordinaire?* 
ment  trois  couleurs*,  le  deflus  de  fon 
corps  eft  d\iH  gris  cendré , le  deffous 
jaune , & , fous  le  ventre , on  voit 
neuf  petites  taphes  ou  points  nops; 
difpofés  fur  trois  rangs  de  trois  points 
chacun.  Cette  efpèce  habite  la  CarOf 
line,  OÙ  elle  a été  obfervée  par  M.  le 
Dofteur  Cardin. 

La  Ponétuée  a cent  trente- lïx  grandes 
plaques  , & quarante-trois  paires  des 
petites,  ■ 

■l-ii  I.  ( I *11  I l W I»  Mil 

(a)  Le  Ponctué.  M.  d*  Jabenton  , Encyclopédie 
méthodique» 

Col*  Punétatus*  Lîmu  amphihia  Scrp^ 


15 


des  Serpens. 


LE  B LUE  T (a). 

G"e$t  en  Amérique  qu'on  trouve  ce 
Serpent,  dont  les  couleurs  préfentent 
un  aflortîment  agréable  &,  pour  ainfî 
dire,  élégant.  Le  defllis  de  fon  corps 
eft  blanc,  & les  écailles  qui  garniiTent 
le  dos  de  cette  Couleuvre,  font  ovales 
& prefque  mi-parties  de  blanc  & de 
bleu,  le  fommet  delà  tête  eft  bleuâtre; 
ïa  queue , très-déliée , fur-tout  vers  foa 
extrémité,  d'une  couleur  bleue,  plus 
foncée  que  celle  du  corps,  & fans  au^. 
cune  tache  (b). 


fa)  Le  Bluet.  M,  d'Auhcnton,  Encyclopédie  mâ* 
thodique. 

Qo\,  CdCï\x\Qm.  Limi.  amphih.  Serpent, 

Amæih  acad.  p>  585,  31. 

Sélfa  , 2 » tab-  13  , pg»  3. 

(b)Lt  Biueta  cent foixante-cinq grandes pîaqnes 
jSî  vingt-quatre  paires  de  petites* 

D if 


7 (S  Hijîoire  Naturelle 


LE  VAMPUM  (a). 

Tel  est  le  nom  que  ce  Serpent  porte 
dans  la  Caroline  & dans  la  Virginie, 
füivant  Catcfby,  & il  a été  donné  à 
cette  Couleuvre,  à caufe  du  rapport 
que  les  nuances  & la  difpofition  de 
fes  couleurs  ont  avec  une  monnoie  des 
Indiens  , nommée  JVampwn.  Cette 
monnoie  eft  compofée  de  petites  co- 
quilles taillées  d’une  manière  régulière, 
& enfilées  avec  un  cordon  bleu  & 
blanc.  Le  deflus  du  corps  du  Serpent 
eft:  d’un  bleu  plus  ou  moins  foncé , 
& quelquefois  prefque  noir  fur  le  dos, 
avec  des  bandes  blanches  tranfverfales  , 
& partagées  en  deux  fur  les  côtés-,  le 
deflbus  du  corps  eft  d’un  bleu  plus 
clair , avec  une  petite  bande  tranf- 


(a)  Le  Vtmpum*  M-  d*Aubenton,  Encyclopédie 
méthodique^ 

Col.  Fafcîatus.  Lînn.  amphih»  Serpent* 

Cüicsèy , vol*  planche  58* 


des  Serptns.  77 

verfale  brune  fur  chaque  grande  pla- 
que *,  & de  toute  cette  difpofition  de 
couleurs,  il  réfulte  des  efpèces  de  ta- 
ches , dont  la  forme  approche  de  celle 
des  coquilles  taillées,  qui  fervent  de 
iiionnoie  aux  Indiens. 

La  Vampum  parvient  jufqu’à  cinq 
pieds  de  longueur  -,  il  n’eft  point  veni- 
meux, mais  vorace,  & il  dévore  tous 
les  petits  animaux , trop  foibles  pour 
lui  rélîfter.  Sa  tête  eft  petite,  en  pro- 
portion de  fon  corps',  elle  eft  couverte 
de  neuf  grandes  écailles,  & celles  du 
dos  font  ovales  & relevée  par  une 
arête  (a). 


(a)  Le  Vampum  a cent  vingt- huit  grandei 
plaques  & foixante-fept  paires  de  petites.  Un  jeune 
individu  de  cette  eipèce  , confervé  au  Cabinet 
du  Roi,  a un  pied  dix  pouces  de  longueur  totaJe, 
& fa  queue  eft  longue  de  fix  pouces. 


7 8 Hijîoire  Naturelle 


LE  CO  B E L (a). 


Cetts  Couleuvre  fe  trouve  en  très-* 
grand  nombre  en  Amérique.  Elle  eft 
d\in  gris  cendré , & prélente  un  grandi 
nombre  de  petites  raies  blanches,  & 
placées  obliquement  , relativement  à 
3’épine  du  dos.  Quelquefois  elle  pré- 
sente aufli  des  bandes  tranfverfales  & 
fjlanchâtres.  Le  deflous  du  corps  eft 
blanc*,  le  ventre  traverfé  par  un  grand 
.nombre  de  bandes  noirâtres  , & iné- 
égaies,  cpiant  à leur  largeur*,  & bon 
:Voit  derrière  chaque  œil , une  tache 
r 

fa)  Le  Cobe!«  M.  d^Auhùnton^  Encyclopédie,  mi’* 
^jdujuC' 

Cüi.  Cübella*  Linn.  amphih^  Serpefît. 

Jmanit.  jead.  505,  14  ; 531-,  4 , 583, 

£8. 

Cerafies  Cobella , 172,  Laurenti , Spteimm  Me- 
iicum» 


ies  Serpens. 

S’une  couleur  un  peu  livide,  & placée 
obliquement  comme  les  petites  raies 
du  dos.  ■ 

Le  fommet  dé  la  tête  eft  couvert 
de  neuf  grandes  écailles  difpofées  fur 
quatre  rangs,  & cette  Couleuvre  a 
cent  cinquante  grandes  plaques , Sc 
cinquante-quatre  paires  de  petites.  Un 
individu  de  cette  efpèce , que  nous 
avons  décrit , avoit  un  pied  quatre 
pouces  neuf  lignes  de  longueur  totale, 
& fa  queue  étoit  longue  de  trois  pou^ 
•es  dix  lignes. 


P 17 


s 6 Hiftvire  Naturelle 


LA  TÊTE-NOIRE  (a). 

Ce  Serpent  a , en  effet , la  tête  noire , 
& le  deflus  du  corps  brun  -,  il  préfente 
quelquefois  des  taches  blanchâtres,  Sc 
placées  tranfverfalement.  Le  defllis  du 
corps  eft  varié  de  blanchâtre,  & d'une 
couleur  très-foncée,  par  taches , dont 
la  plupart  font  placées , tranfverfalement 
& ont  la  forme  d’un  parallélogramme. 
Les  écailles  qui  couvrant  la  tête , font 
grandes  au  nombre  de  neuf,  & difpo- 
lées  fur  quatre  rangs.  Celles  qui  gar- 
niflent  le  dos,  font  ovales  & unies. 
La  Tête-Noire  fe  trouve  en  Amérique, 
& elle  a ordinairement  cent  quarante 
grandes  plaques,  & foixante-deux  paires 
de  petites  (b). 

(a)  La  Têce-nofr£-  M.  d’Aubenton  , Encyclopédit 

mcthodiïjuff* 

Col.  Melanocephalus.  Linih  amphib.  Serp* 

Muf,  Jd-  fr-  I,  24,  tabu,  15  ,fig* 

(b)  Un  individu  de  cette  efpèee,  confervd  au 
Cabinet  du  Roi,  a deux  pieds  un  pouce  fept 
lignes  de  longueur  totale  , & quatre  pouces  iîx 
lignes  depuis  Panus  jufqiEà  l’extrémité  de 
queue* 


des  Serpens. 


îi 


JL’ANNELLÉE 

Cette.  Couleuvre  habite  la  Caroline,’ 
ainh  que  Saint-Domingue , d’oû  xui 
individu  de  cette  efpèce  a été  envoyé 
au  Cabinet  du  Roi.  Ces  noms  de  di- 
verfes  parties  de  l’Amérique,  voi fines 
des  Tropiques,  retracent  toujours  l’image 
de  terres  fécondes,  qu’une  humidité 
abondante  & les  rayons  vivifiants  du 
folcil  couvrent  fans  celle  de  nouvelles 
prodiK^ions  bien  plus  précieufes  & moins 
funeftes , que  les  métaux  trop  recher- 
chés quelles  cachent  dans  leur  fein. 
L’art  de  l’homme  ne  doit , pour  airiiï 
dire,  dans  ces  terres  fertiles,  que  mo- 
dérer les  forces  de  la  Nature.  Ce  qui 
■appartient  à ces  climats  favorifés,  atti- 
rera donc  toujours  l’attentiony,  nous 
n’avons  pas  befoin  de  chercher  à i’en- 


(aj  L’Anneilée.  M,  d'/iuèenton Sncyclojiâis 
mièthodiqui. 

4Iol.  DcJiatus.  Limh  amphibn  Serp, 

D T 


8 2 Hijîoire  Naturette 

yironner  d'ornemens  étrangers  5 pour 
faire  defîrer  de  îe  connoître,  & les 
perfonnes  même  qui  n'auront  pas  ré- 
foiu  de  fuivre  THiftoire  naturelle  ]\\C- 
ques  dans  fes  petits  rameaux/  feront 
toujours  bien  aifes  d'obferver,  en  quel- 
que forte  5 de  près  tous  les  objets  que 
î'on  rencontre  dans  ces  belles  & loin- 
taines contrées. 

L'Anneliée  eft  d'un  blanc  ordinaire- 
ment affez  éclatant , & préfente  des 
bandes  trahfverfales  noires,  ou  prefqiie 
noires,  qui  s'étendent  fur  le  ventre, 
& forment  des  anneaux  autour  du 
corps*,  mais  la  partie  fupérieure  & la 
^partie  inférieure  de  ces  anneaux  ne  fe 
correfpondent  pas  exaélement.  Quel- 
quefois une  petite  bande  longitudinale, 
d'une  couleur  très-foncée  , règne  le 
long  du  dos  *,  le  cou  eft  blanc  , le 
deifus  de  la  tête^  prefque  noir,  & 
garni  de  neuf  grandes  écailles  & le 
dos  eft  couvert  d'écailles  unies  & en 
lofange.  Un  individu  de  cette  efpèce, 
qui  fait  partie  de  la  colleétion  du 
Roi  3 a fept  pouces  quatre  lignes  de 
longueur  totale , & un  pouce  cinq 


ies  Serpens,  S 3 

îignes  depuis  l’anus  jufqu’à  l’extrémité 
de  la  queue. 

L’Annellée  n’a  point  de.  crochets 
mobiles  {a). 


(a)  Elle  a le  plus  fouvent  cent  foixante  quatre 
grandes  plaques  & quarante-trois  paires  de  petites* 


s 4 HiJIoire  Naturtïïe 


LVAURORE  (a). 

ILes  couiEURS  de  cette  Couleuvre 
peuvent  la  faire  diftinguer  de  loin  ; 
aine  bande  longitudinale , d’un  beau 
jaune  , règne  au  - deflus  de  fon  corps , 
Sc  paroît  d’autant  plus  vive,  que  le 
fond  de  la  couleur  du  dos  eft  d’un 
gris  pale,  & que  fouvent,  chaque  écaille 
«comprife  dans  la  bande , eft  bordée 
d’orangé.  Le  deflus  delà  tête  eft  jaune, 
avec  des  points  rouges , & -c’eft  ce 
mélange  d’orangé  , de  rouge  & de 
jaune,  qui  a fait  donner  à la  Cou- 
îeuvre  Aurore  le  nom  qu’elle  porte. 
Ce  Serpent  fe  trouve  en  Amérique, 
& a cent  foixante-dix-neuf  grandes 
plaques  , & trente-fept  paires  de  pe- 
tites. 

(a)  L’Aurore-  Af-  d' Aubenton , Encydoféiie  ntt- 
^hoiiquz- 

Goî.  Aurora-  Lirui>  amphih»  Serpent» 

Muf,  Ai»  fr»  Pt  25,  tab.  ï. 

Ceraftes  Aurora.  169,  Laurenti  ^ Specimen  Me- 

Æcum^ 

J.aculu^  ^éba^  muf  2,  tab»  78  , fig»  g- 


des  s erpens. 


LE  DARD  (a). 

Cette  Couieuvre  a beaucoup  de  rap- 
ports , fuivant  M.  Linné , avec  la 
rayée.  Elle  eft  d’un  gris  cendré,  avec 
une  bande  noirâtre,  dont  les  bords  font 
d’un  noir  foncé , & qui  s’étend  au- 
deffus  du  dos  , depuis  le  nuifeau  jufqu’à 
l’extrémité  de  la  queue.  Une  bande 
femblable , mais  plus  étroite  , règne  de 
chaque  côté  du  corps , dent  le  deflbus 
eft  blanchâtre.  Ce  Serpent  a été  vu  à 
Surinam  {b).  Il  eft  bon  d’obferver  que 
ce  nom  de  Dard  ( Jacuius  ) a été  donné 
à plufieurs  Serpcns  , tant  de  l’ancien 
que  du  nouveau  Monde , à caufo  de  la 
faculté  qu’ils  ont  de  s’élancer  , pour 
ainfî  dire , avec  la  rapidité  d’une  flèche. 


(a)  Le  Dard.  M.  i’Aahmtm , Encyclopédie  mé- 
tàodique* 

Co!.  Jacuîatrix.,  Linn.  amjjhib.  Serj)ejit* 

Gronov»  muf  63  9 iV.°  26. 

Xequipües.  Séèa^  muf  29  tab*  1 9 figo  9* 

QJ  Le  Dard  a cent  foixante-trois  grandes  plaque* 
& ibixante-dix-fept  paires  de  petites. 


Hijioire  Naturelle 


Î6 


LA  LAPHIATI  (a). 

Tel  est  Le  nom  que  Ton  a donné, 
dans  rAmérîque  mérîdionale  y à cette 
Couleuvre  du  Bréfil , dont  les  couleurs 
font  très-belles , fuivant  Séba.  M.  Linné 
qui  fa  décrite,  lui  en  attribue  de  moins 
brillantes  mars  , peut-être , les  nuances 
de  rindividu  qu'il  a cbfervé  , avoient- 
elles  été  altérées;  Selon  ce  Naturalifte,” 
la  Laphiatf  eft  grife,  avec  des  bandes 
tranfverfales  blanches , qui  fe  divifcnt 
en  deux  de  chaque  côté.  Si  les  quatre 
extrémités  de  ces  bandes  fe  réuniflent 
avec  celles  des  bandes  voifines , la 
diftribution  de  couleurs  indiquée  par 
M.  Linné , fera  à-peu-près  femblable 
à celle  dont  parle  Séba  : mais  ce 


(a)  La  Lofange.  M.  d*Jubentoii  , Encychpéik 
thodigue» 

Col.  Auîicus.  Liim.  amphib.  Serp. 

Muf  AdoL  fr.  p.  Î29  , tabu.  12  , fig,  2. 
Natrix  Aulica,  148  , Laurenti  Specimm 
Séba,  mitf,  i , tab,  91  > 5» 


des  Serpens,  8 7 

dernier  Auteur  fuppofe  du  roux  à k 
place  du  gris  ^ & du  jaunâtre  à k 
place  du  blanc. 

Le  fommet  de  k tête  de  k Laphiati 
efl  blanc.  Cette  Couleuvre  a cent  quatre- 
vingt-quatre  grandes  plaques , & foixante 
paires  de  petites^ 


5 8 Hyîotrc  Naturelle 


LA  NOIRE  ET  FAUVE  (a). 

Le  nom  de  cette  Couleuvre  défigne 
fes  couleurs  > fon  corps  eft  entouré , 
en  effet,  de  bandes  traûfverfales  noires, 
ordinairement  au  nombre  de  vingt-deux, 
& d'autant  de  bandes  fauves , bordées 
de  blanc  ^ & tachetées  de  brun  , placées 
-alternativement.  Le  mufeau , & la  partie 
fupérieure  de  la  tête , font  quelquefois 
noirâtres.  La  queue  de  ce  Serpent  eft 
très-courte,  & n'a  guères  de  longueur, 
que  le  douzième  de  la  longueur  du 
corps.  On  trouve  la  Noire  & Fauve  à 
la  Caroline  , ou  elle  a été  obfcrvée 
par  M.  Garden.  Elle  a deux  cent  dix- 
huit  grandes  plaques  , & trente-une 
paires  de  petites  {b). 


(a)  Le  Noîr  & Fauve- M.  d* Aubtnton  Eacyclo^ 
,pédie  méthodique, 

îÆaî.  Fulvus.  Linn.  amp hlL  Serpent. 

(b)  Le  fommet  de  fa  tête  eft  garni  de  neuf 
grandes  écailles^  fon  dosl’eft  d’écailles  hexagones 
ék  unies.  Une  Noire  & Fauve  confervée  au  Cabinet 
du  Roi , a un  pied  onze  pouces  de  longueur  totale ^ 
& .fa  queue  eft  iongue  de  deux  pouces. 


des  Serpens. 


«9 


LA  CHAINE  (aj, 

Catesby  a donné  la  figure  de  ce  Ser- 
pent qu’il  a vu  dans  la  Caroline , & 
qui  y a été  enfuite  obfervé  par  M.  le 
Doéteur  Garden.  Le  defl’us  du  corps 
de  cette  Couleuvre  eft  d’un  bleu  prefque 
noir,  avec  des  bandes  jaunes  tranfvcrfales 
très-étroites  , & compofées  de  petites 
taches , qui  leur  donnent  l’apparence 
d’une  petite  chaîne.  Le  deflous  du 
corps  eft  de  la  même  couleur  bleue  , 
avec  de  petites  taches  jaunes , prefque 
quarrées. 

La  longueur  de  la  queue  de  ce 
Serpent  n’eft  ordinairement  qu’un  cin- 
quième de  celle  du  corps  j l’individu 


faj  La  Chaîne.  M.  i‘Aubtnun , Encytlojpidit  mi- 
thediquê. 

CoL  Gctuîus-  Limu  amphib»  Serpent* 

The  Chain  Snake>  Serpent  à chaîne-  Cateshy^ 
ioL  2 , planche  50- 


5 O Mijîoire  Naturette 

décrit,  pat  Catefby  , avoit  à-peu-prés 
deux  pieds  &:  demi  de  longueur 
totale  {a)* 


(a)  La  Ch^ne  a «ieux  cent  quinae  grandtl 
plaques  & quarante  paires  de  petites*' 


àes  Serpens, 


^ ï 


LA  RUB ANNÉE  (a). 

Plusieurs  raies  en  forme  de  rubans , 
& d\ine  couleur  noire,  ou  très-foncée, 
s'étendent  aiudefllis  du  corps  de  cette 
Couleuvre  , fur  un  fond  blanchâtre  •, 
les  grandes  plaques  qui  revêtent  le 
deffous  du  ventre , font  bordées  de 
brun  -,  & l'on  voit  , fous  Ir  queue  , 
une  petite  bande  longitudinale  blanche 
& dentelée.  La  tête  eft  noire  , avec  de 
petites  lignes  blanches  & tortiieiifes  ; 
elle  eft  d'ailleurs  très-alongée  , large 
parderrière , 8c  femblable , en  petit  , à 
la  tête  d'un  chien  , de  même  que  celle 
du  molure,  de  la  Couleuvre  Double- 


fa)  Le  Moqueur.  M»  d^Aubenton , Encyclopédie 
méthodique. 

Cof«  Vittatus.  Lîm.  amphïb>  SerpenU 
Muf  Aâ<  fr<  P*  26  , tab,  l8  , 2. 

Groiiovius  j miif^  2 > iV.^ 

Natrix  Vittata.  147.  Laurenti^  Specimen  Medieim^ 
Séba,  muf  2,  tab.  45,  fig.  5^  6»  tak*  6®,  2^ 

^ 3* 


9 1 Hijîoire  Naturelle 

Tache  , & de  plufieurs  Boa.  Les  écailles 
qui  recouvrent  ie  dos , font  ovales  & 
petites  {a). 

La  Rubannée  fait  entendre  un  lïf- 
flement  plus  fort  que  celui  de  plufieurs 
autres  Couleuvres , lorfqu’elle  eft  effrayée 
par  la  préfence  foudaine  de  quelque 
objet  *,  c’eff  ce  fifïlement  que  quelques 
Voyageurs  ont  appellé  une  forte  de 
rire  moqueur , ou  l’expreflion  d’un  defir 
affez  vif  d’être  regardée  & admirée 
pour  ïes  couleurs  {b)\  & c’efl:  pour 
indiquer  quelle  efpèce  avoit  donné  lieu 
à cette  erreur , que  M.  d’Aubenton  a 
appliqué  à la  Rubannée , le  nom  de 
Serpent  moqueur , dont  on  s’étoit  déjà 
fervî  pour  défigner  plufieurs  Serpens. 
La  Rubannée  fe  trouve  en  Amérique, 
& peut-être  auffi  en  Afie. 


(a)  Cette  Couleuvre  a ordinairement  cent  qua^ 
rante-deuat  grandes  plaques  3e  foixante-dix-huit 
paires  de  petites. 

(bj  Séha,  2,  fag. 


des  S erpens. 


m 


LA  MEXICAINE  fûj. 

M.  Linné  a nommé  ainlî  une  Cou- 
leuvre dont  il  a parlé  le  premier.  Elle 
fe  trouve  en  Amérique,  & vraifembla- 
blement  au  Mexique.  Elle  d®it,  comme 
les  autres  petits  Serpens  , y fervir  de 
proie  à l’hoazin  , efpèce  de  faifan , 
qui  habite  les  contrées  de  l’Amérique 
feptentrionale  , voifines  des  Tropiques  , 
& qui  fait  la  guerre  aux  Serpens  , de 
meme  que  les  aigles , les  ibis  , les 
cigognes  , & plufieurs  autres  oifeaux. 
Dans  les  pays  encore  très-peu  habités, 
où  une  chaleur  très-forte , & des  eaux 
ftagaantes  , fources  de  beaucoup  d’hu- 
midité , favorifent  la  multiplication  des 
divers  Reptiles , il  efl:  avantageux , 
fans  doute,  que  les  Serpens  venimeux, 
& dont  la  morfure  peut  donner  la 


('aj  Le  Mexicain.  M.  J^jiuéeneortf  Encyclopiâit 
méthodique. 

Col*  Mexicanus.  Lian*  amphiL  Scrp^ 


P 4 Hi/!oire  Naturelle 

mort  5 foient  détruits  en  très-grand 
iionibre-,  on  devroit  dcfirer  de  voir 
anéantir  ces  efpèces  funeftes  ^ & il  n"eft 
point  furprenant  que  les  oileaux  qui 
en  font  leur  pâture , que  les  ibi$  , en 
Egypte  ^ les  cigognes^  dans  prefquc 
toutes  les  contrées , & particulièrement 
'en  Theflalie  {a)  y aient  été  regar'dés 
comme  des  animaux  tutélaires,  & que 
îa  Religion  & les  Loix  fe  foient  réunies 
pour  les  rendre , en  quelque  forte , 
facrés.  Mais  pourquoi  ne  pas  laifler 
fubfifter  les  efpèces,  qui,  ne  contenant 
aucun  poifon,  & ne  jouiflant  pas  d'une 
grande  force  , ne  peuvent  être  dange- 
reufes  ? Pourquoi  ne  pas  les  laifler  mul- 
tiplier^ fur-tout  auprès  des  campagnes 
cultivées  , qu'elles  délivreroient  d\in 
grand  nombre  d’infeétes  nuifibles,  8c 
où  elles  ne  pourroient  faire  aucun 
dégât  , puifqu'elles  ne  fe  nourriflent 
pas  des  plantes  qui  font  l'efpoir  des 
Cultivateurs  ^ 

Parmi  ces  efpèces  , plus  utiles  qu'on 
ne  l'a  cru  jufqu'à  préfent , l'on  doit 


(aj  Plim,  Uv-  ïo,  chap.  ^3, 


des  Sefpens. 

tbmpter  la  Mexicaine,  puifqite,  fuîvant 
M.  Linné,  ellè  n’eft  point  venimeufe, 
& qu'elle  ne  parvient  pas  à une  grandeur 
confldérable.  Elle  a cent  trente-quatre 
grandes  plaques  , foixante-dix-fept 
paires  de  petites.  C'eft  tout  ce  que 
M.  Linné  a publié,  de  la  conformatioa 
de  ce  Serpent,. 


HiJIoire  Naturelle 


LE  SIPÈDE  (a). 

Ce  Serpent  a été  obfervé  par  M.  Kalm  , 
dans  l’Amérique  feptentrionale.  Sa  cou- 
leur eft  brune,  & il  a ordinairement 
eent  quarante-quatre  grandes  plaques, 
& foixante-treize  paires  de  petites. 


(aj  Le  Sipède*  M>  d* uhenton , Encyclopédie 
thodicjm» 

Cal.  Sipedon.  Linn.  amphïhuu  Scrp. 


I; 


LA  VERTE  ET  BLEUE. 


des  Strpens. 


LA  VERTE  ET  BLEUE  (a). 

Cette  C oul eut re  refTemble beau- 
coup 5 par  fa  conformation  , an  Boiga; 
elle  en  a les  proportions  légères*,  mais 
elle  n’en  préfente  pas  les  couleurs  bril- 
lantes. Celles  qu’elle  ofîte  , font  ce- 
pendant très-agréables.  Le  deffus  de  fou 
corps  eft  d’un  bleu  foncé  fans  aucune 
tache  ^ &Je  deflous  , d’un  vert  pâle. 

Ce  Serpent  ne  parvient  pas  ordinai- 
rement à une  longueur  coniidérable. 
Sa  longueur  totale  eft  communément 
de  deux  pieds,  & celle  de  fa  queue, 
de  fix  pouces.  II  a le  fommet  de  la 
tête  gani’  de  grandes  écailles  , le  dos 
couvert  d écaillés  ovales  & unies,  cent 
dix-neuf  grandes  plaques,  & cent  dix 
paires  de  petites. 


fa)  Le  Vert  & Blçu.  M,  d*J[uhent9ii , Encych% 
pidk  méthodique* 

CoL  ÇyaneuSi  Lbm*  amphih.  SerpenL 
Lit!*  Am.ttuL  Surinam*  grill*  ic. 

Séb*  Jiwf,  2 , tab.  43  ,^0  2. 

Sepens.  Tome  IV.  E 


^8  Hijïoire  Naturelle 

On  trouve  la  Verte  & Bleue  en 
Axnérique.  M.  Linné  l’a  placée  par- 
mi les  Couleuvres  qui  n’ont  pas  de 
venin. 


des  Serpens, 


99 


LA  NÉBULEUSE  (a). 

Les  couleurs  de  cette  Couleuvre  ne 
font  pas  très-agréables,  & c’eft  une  de 
celles  que  Ton  doit  voir  avec  le  moins 
de  plaifir.  Elle  a le  defliis  du  corps 
nué  de  brun  & de  cendré,  le  délions 
varié  de  brun  & de  blanc.  C’efl;  donc 
le  brun  qui  domine  dans  les  couleurs 
qu’elle  préfente , fans  qu’aucune  diftri- 
bution  fymmétrique  , ou  qu’aucun  con- 
trafte  de  nuances , compenfe  l’elFet  des 
teintes  obfcures  que  l’on  voit  fur  ce 
Serpent. 

La  Nébuleufe  habite  l’Amérique  ; 
& elle  a ordinairement  cent  quatre-vingt- 
cinq  grandes  plaques , & quatre-vingt-, 
une  paires  de  petites. 


fa)  Le  Nébuleux.  M^  d*  A ub  ai  ton  , EncyclopédU 
méthodique. 

Coi.  Nebuîatus.  Limu  amphib^  Serpent* 

Muf  Jd*fr.p*  32,  ta  b.  24,  I. 

Ceraftes  Nebuiatus,  174,  Laureuti  Sptcimcn 
dicum* 

Eij 


loo  Hijfeire  Naturelle 

Elîe  n’eft  point  venimeufe , fiiivant 
M.  Linné-,  mais  il  arrive  quelquefois, 
que  lorfqu’on  pafle  trop  près  d'elie, 
& qu’on  l’excite  ou  l’effraie,  ellç  fe 
dreflê,  s’entortille  autour  des  jambes,- 
& les  ferre  aflez  fortement  (a). 


(a)  Voyez,  à ce  fujet,  Laurent,  à l’endiçài 
cité, 


dès  Sejfms4 


to^ 


LE  S A U RITE  (û)4 


Ce  Se rpînt  a beaucoup  de  rapports 
avec  les  lézards  gris  & les  lézards  verts  ^ 
non-feulement  par  les  nuances  de  fes 
couleurs 5 mais  encore  par  fon  agilité^ 
& voilà  pourquoi  il  a été  nommé 
Saurite  , qui  vient  du  mot  grec  Sauras 
(lézard).  Son  corps  ell  très-délié;  les 
proportions  font  agréables , & on  doit 
le  rencontrer  avec  d'autant  plus  de 
plaifîrj>  qu'étant  très-aélif,  il  réjouit  la 
vue  par  la  rapidité  & la  fréquence  de 
fes  mouvemens. 

Le  Saurite  eft  d'un  brun  foncé  avec 
trois  raies  lonaitudinaîes  blanches  ou 
vertes , qui  s’étendent  depuis  la  tête 
jufqu  au-defîus  de  la  queue-,  il  a le 


("nJ  Le  Saurite.  M.  d*Juhentoii , Encyclopédie  ni^ 
thodique, 

GoL  Saurita»  Linn,  amphib*  Serpent* 

Catesbyy  yoL  2 , planch*  52* 


lOi 


Hijloire  Naturelle 

Ventre  blanc,  cent  cinquante-fix  grandes 
plaques , & cent  vingt-&-une  paires  de 
petites. 

On  le  trouve  dans  la  Caroline",  il 
n’eft  point  venimeux. 


iîs  Serpens, 


iô3 


LE  LIEN  (a). 

C/ETtE  ESPÈCE  de  Serpent  eft  très^ 
répandue  dans  la  Caroline  , & dans  la 
Virginie , où  elle  a été  obTervée  par 
MM.  Catefby  & Smyth.  Elle  a le  def- 
fus  du  corps  d’iin  noir  très-foncé  & 
très-éclatant  ; le  deflb us  d’une  couleur 
bronzée  ou  bleuâtre  , quelquefois  la 
gorge  blanche,  & les  yeux  étincela  ns. 
Cette  Couleuvre  parvient  à la  longueur 
de  fîx  ou  fept  pieds.  Elle  n’eft  point 
venimeufe , mais  très-forte,  fe  défend 
avec  obftination  lorfqu’on  l’attaque , 
faute  même  contre  ceux  qui  l’irritent , 
s’entortille  autour  de  leur  corps  ou 
de  leurs  jambes,  & les  mord  avec 


^aj  Le  Serpent  Lien.  M.  d*Aubenton^  Èncyelo- 
pèdie  méthoiique* 

Col*  Conftriétor.  Liiiih  ampklb*  Serpent- 
Catesby , Carol.  2,  planche  48. 

Kaim,  it*  ^ , p.  136. 

S y tlu  Voyage  dans  les  Etats 'Unis  de  l*  Amérique 
feptentrionak^ 

E iv 


104  Hijloire  Islûturelîe 

acharnement  y mais  fa  morfiire  n’eü: 
point  dangereufe.  Elle  dévore  des  ani- 
maux aflez  gros  , tels  que  des  écureuils*, 
elle  avale  même  quelquefois  les  petites 
grenouilles  tout  entières  , & comme 
elles  font  très- vivaces,  on  la  vue  en 
jrejeter  en  vie  (a).  Elle  fe  bat  avec 
avantage  contre  d'autres  efpèces  de 
iSerpens  aflez  grands,  & particulière- 
ment  contre  les  Serpens  à fonnettes, 
auxquels  elle  donne  la  mort  , en  fe 
pliant  en  fpirale  autour  de  leur  corps, 
fe  contraftant  avec  force,  & les  fer-* 
Tant  julqu  à les  étouffer. 

La  Couleuvre  Lien  fait  auflî  la  guerre 
aux  rats  & aux  fouris,  dont  elle  pa- 
roît  fe  nourrir  avec  beaucoup  d'avi- 
dité , & qu'elle  pourfuit  avec  une  très- 
grande  vîtefle , jufques  fur  les  toits 
des  maifons  & des  granges.  Elle  eft 
par-là  très-utile  aux  habitans  de  la 
Caroline  & de  la  Virginie  *,  elle  fert 
même  plus  que  les  chats  à délivrer 
leurs  demeures  des  petits  animaux 
deftruéleurs  qui  les  dévafteroient , parce 


{^ij  M,  Sinythy  à V endroit  déjà 


des  Serpens.  lo^ 

que  fa  forme  très-alongée,  & fa  fou* 
plefle , lui  permettent  de  pénétrer  dans 
ies  petits  trous , qui  fervent  d’afyle 
aux  fouris  ou  aux  rats.  Auffi  plufîeurs 
Américains  cherchent-ils  à conferver  ^ 
& même  à multiplier  cette  efpèce  {a). 


(aj  Le  Lien  a cent  quatr-e-vingt-fix  grandes 
plaques,  & quatre-vingt-deux  paires <le  petites. 


Et 


ïO(?  Hijloirc  NûturtlU 


LE  SIRTALE  (a). 


M.  Kai.m  a obfervé,  dans  !e  Canada, 
Cette  efpèce  de  Couleurre,  dont  les 
Couleurs,  fans  être  très-brrllantes , font 
allez  agréables,  & relîemblent  beau- 
coup à celles  du  Saurite^  elle  a le 
delîus  du  corps  brun , avec  trois  raies 
longitudinales,  d’un  vert  changeant  en 
bleu.  Le  dos  paroît  légèrement  ftrié, 
fuivant  M.  Linné,  ce  qui  fuppofe  que 
les  écailles  qui  le  couvrent,  font  rele- 
vées par  une  arête. 

Le  Sirtale  a cent  cinquante  grandes 
plaques , & cent  quatorze  paires  de 
petites.  * 


(a)  Le  Sirtale.  M.  d’Juhmm , Encychpidit  mé- 

ihod'ique, 

Ct)i*,SirtaUs.  Linn.  amphib.  Serpent, 


des  Serpens.  107 


LA  BLANCHE  ET  BRUNE  {d). 

Cette  Couleuvre  habite  rAmérique. 
Le  deffiis  de  fon  corps  eft  d\ine  cou- 
leur blanchâtre,  avec  des  taches  bru- 
nes , arrondies , & réunies  deux  ou 
trois  enfemble , en  plufieurs  endroits  ; 
on  en  voit  deux  derrière  les  yeux.  Le 
deflous  de  fon  corps  eft  d’un  blanc , 
tirant  plus  ou  moins  fur  le  roux.  Elle 
a le  fommet  de  la  tête  garni  de  neuf 
grandes  écailles,  difpofées  fur  quatre 
rangs,  le  dos  couvert  d’écailles  liftes  & 
ovales , cent  quatre-vingt-dix  grandes 
plaques,  & quatre-vingt-feize  paires  de 
petites. 

La  Blanche  & Brune  n’a  point  de 


(a)  Le  Bai-rouge.  M.  d’Jubenm , F.ncyclofiik 
méthodique. 

Ccîi.  Annulîatus.  Linu>  amphib.  Serpent, 

Id,  Amxnit-  amphlb.  Gilleiib.  p,  534  ? 9}  muf^^ 
jprâc.  586,  34. 

Séba , o',uf.  2 , tab.  38  j fg.  2. 

E vj 


loâ  lîi^mre  Naturelle 

crochets  mobiles.  Un  individu  de  cette 
cfpèce , confervé  au  Cabinet  du  Roi , 
a un  pied  fix  pouces  de  longueur  to- 
tale, & fa  queue  eft  longue  de  quatre 
pouces  fix  lignes. 


des  Serpens.  105 


A 


LA  VERDATRE  (a). 

Leî  couleurs  de  cette  Couleuvre 
font  très-agréables,  mais  fa  douceur  eft 
encore  plus  remarquable.  Le  defloiis  de 
fon  corps  cft  d\in  vert  plus  ou  moins 
clair, ou  plus  ou  moins  mêlé  de  jaunes 
le  defîiis  eft  bleu,  fuivant  M.  Linné (^)5 
& vert,  fuivant  Catefby  , qui  Vz 
obfervée  dans  le  pays  quelle  habite. 
C'eftdans  la  Caroline  qu'on  la  rencontre. 
Auffi  déliée,  aiiffi  agile  que  le  Bcaiga, 
elle  peut , comme  lui , parcourir  les 
plus  légers  rameaux  des  arbres  les  plus 
élevés  •,  & c'eft  fur  les  branches  qif elle 
paiîe  fa  vie,  occupée  à pourfiiivre  les 


(a)  Le  Verdâtre.  M.  d' Aubenton  , Encyclopédie 
méthodique» 

Côl.  Æftivus.  Limi,  amphih.  Serpent. 

, The  Green  Snake,le  Serpent  vert.  Catesby^ 
CaroL  2 ^ planche  57* 

(i)  M.  Linné  cite,  au  fujet  de  cette  Couîeuvre:, 
M.  le  Doéteur  Garden^  qui  l a vue  dans  la  Ca- 
roline* 


I I O Hijîoire  Naturelle 

mouches  & îes  petits  infedes  dont  elle 
fe  nourrit  Elle  eft  fi  familière , & l'on 
fiit  fi  bien,  dans  la  Caroline,  combien 
peu  elle  eft  dangereufe,  que,  fuivant 
Catefby,  on  fe  plaît  à la  manier,  & 
que  plufieurs  perfonnes  la  portent  fans 
crainte  dans  leur  fein.  N'étant  vue 
qu'avec  plaifir  , on  ne  cherche  pas  à 
la  détruire  *,  auffi  eft-eile  très-commune 
dans  la  plupart  des  endroits  garnis 
d arbres  ou  de^  buifibns-,  & ce  doit 
être  un  fpeétacle  agréable,  que  de  voir 
les  innocens  animaux  qui  compofent 
cette  efpèce  , entortillés  autour  des 
branches  , fufpendus  aux  rameaux  , 
& formant,  pour  ainfi  dire,  des 
guirlandes  animées  au  milieu  de  la 
verdure  & des  fleurs , dont  Téclat 
ii’efFace  point  celui  de  leurs  belles 
écailles. 

La  Verdâtre  a cent  cinquante -cinq 
grandes  plaques  , & cent  quarante- 
quatre  paires  de  petites.  La  longueur 
âe  la  queue  eft  ordinairement  un  tiers 
de  la  longueur  du  corps  -,  & les  écailles 
du  dos  ne  font  point  relevées  par 
une  arête. 


des  Serpens. 


ï 1 1 


LA  VERTE  (a). 

CjE  nom  défigne  très-exaélement  îa  cou- 
leur de  cette  Couleuvre , dont  le  deflus 
& le  deflous  du  corps  font  en  effet  d’un 
beau  vert , plus  clair  fous  le  ventre  que 
fur  le  dos.  Ce  Serpent  a le  fommet  de 
la  tête  couvert  de  neuf  grandes  écailles , 
difpofées  fur  quatre  rangs  -,  le  delfus 
du  corps  garni  d’écailles  ovales  & unies; 
deux  cent  dix-fept  grandes  plaques,  & 
cent  vingt-deux  paires  de  petites.  Ses 
mâchoires  ne  font  point  armées  de 
crochets  mobiles,  & un  individu  de  cette 
efpèce , confervé  au  Cabinet  du  Roi, 
a deux  pieds  deux  pouces  neuf  lignes 
de  longueur  totale , & fept  pouces  une 
ligne  depuis  l’anus  jufqu’à  l’extrémité 
de  la  queue. 


(a)  Le  Vert.  JM.  â*Auhentofi  , Encyclopédie  mé^ 
thodiq^e 

Col.  Viridiflimus.  Lhin.  amphth.  Serp. 

Nuf  Ad.  fro  2,  p. 


i î i HiJIoire  Naturelle 


LE  CE  NC  O (a). 


Ce  Serpent  a la  tête  tres-groffe  à 
proportion  du  corps  : elle  eft  d'ailleurs 
prefque  globiileufe , fe  angles  étant 
peu  marqués,  & la  couleur  de  cette 
partie  eft  blanche  , panachée  de  nôîr. 
Le  Cenco  parvient  quelquefois  à la 
îongueur  de  quatre  pieds , fans  que  fon 
corps  , qui  eft  très-délié  , fort  alors 
beaucoup  plus  gros  qu'une  plume  de 
cygne*  La  longueur  de  la  queue  eft 
ordinairement  ég  le  au  tiers  de  celte 
du  corps*  Le  Cenco  a le  fommet  de  latcte 
couvert  de  neuf  grandes  écailles^  le 
dos  garni  d'écailles  ovales  & iixnes, 
îe  deffus  du  corps  brun , avec  des  taches 


(a)  Le  Cenco*  M.  d^Auhenton , Eticydo^dik  *««- 
Modique. 

Col.  Cenchoa.  Linn,  amphlh»  Serpent* 

Id,  Amicnit^  p.  588  ^ 37. 

Cencoatl  , Teconde  efpèce.  Dictionnaire  d*àifi* 
ftatuT.  P T M.  Valmont  de  Bomare, 

Séba^  miif.  2,  (aô,  16  y fig.  26*  3, 


(û)  Il  â deux  cent  vingt  grandes  plaques  ^ & 
cent  vingt  quatre  paires  de  petitts» 


blanchâtres  , ou  d'üii  brun  ferrughieuxs 
accompagnées,  dans  quelques  individus 5 
d'autres  taches  plus  petites , mais  de  la 
même  CGiileur  , & quelquefois  avec 
plufieurs  bandes tranfverfales  & blanches. 
Î1  le  trouve  en  Amérique , & il  y vit 
de  v^ers  & de  fourmis  (a). 


I I 4 Hîjtoire  Naturelle 


LE  CALMAR  (a). 

Cette  Cox.ti,Eüvii.E  eft  d’une  couleur 
livide,  avec  des  bandes  tranfverfales 
brunes , & des  points  de  k même 
couleur,  difpofés  de  manière  à former 
des  lignes.  Le  deflous  de  fon  corps 
préfente  des  taches  brunes , comme  les 
points  & les  bandes  tranfverfales , pref- 
que  carrées,  & placées  fymmétriquement. 
On  voit  fur  la  queue  une  raie  lon- 
gitudinale, & couleur  de  fer. 

Ce  Serpent  qui  n’eft  remarquable, 
ni  par  fa  conformation , ni  par  fes 
couleurs , habite  en  Amérique , & a 
cent  quarante  grandes  plaques  , & 
vingt- deux  paires  de  petites. 


(û)  Le  Calmar^  JSL  d*  J ah  ton  , Encyclopédu 
méthodique. 

Col.  Calamarius.  Lîun,  amphib.  Scrpenu 
Muf  Ad.  fr,  1%  p,  23  ^ îab.  6,  fis;.  3. 

Anguis  Calamaria , 127,  Launnti , Spedmen  Mc- 
ilcum* 


des  Serpens.  1 1 j 


L’OVIVORE  (a). 


M.  Linné  a donné  ce  nom  à une 
Couleuvre  d’Améj-îquc , dont  il  n'a  fait 
connoître  que  le  nombre  des  plaques*, 
elle  en  a deux  cent  trois,  & foixante- 
treize  paires  de  petites.  II  cite,  au  fujet 
de  ce  Serpent , Kalm  , faas  indiquer  au- 
cun des  Ouvrages  de  ce  Naturaiifte , & 
Pifon  , qui , félon  lui  , a nommé 
l’Ovivore  Guinpuaguara  , dans  Ton 
Ouvrage  intitulé  : Medicina  Brajilienfis. 
Pifcn  y dit,  en  effet,  que  Ton  trouve, 
dans  l’Amérique  méridionale , un  Ser- 
pent qui  fe  nomme  Guinpuaguara  i 
mais  on  ne  voit,  dans  Pifon,  ni  dans 
Marcgrave,  fon  Continuateur,  aucune 
defcription  de  ce  Reptile , ni  aucun 
détail  relatif  à lés  habitudes.  M.  Linné 


(a)  Le  Guimpe.  M.  d^Jubenm  , Encycîopéiie 
méthodique* 

Col.  Ovivorus.  Lim^  amphib*  Serp, 


1 1 d Hyioire  Naturelle 

a vraifemblableilientjîomirié  cette  Coiï- 
leuVre  Oyivoie  ^ pour  montrer  <ju’eîîe 
fe  nourrit  d'œufs  , ainfî  que  piuiîeurs 
autres  Serpens  & quelle  en  eft  même 
plus  avide. 


dts  Serpens, 


117 


LE  FER-A^CHEVAL 

On  voit,  fur  le  corps  de  cette  Cou- 
ieiivre , un  grand  nombre  de  taches 
ronfles,  difpofées  fur  un  fond  de  cou- 
ieur  livide.  Le  defîus  de  la  tête  pré- 
fente des  taches  en  croiffant , l’entre- 
deux  des  yeux  une  bande  tranfverfale 
& brune , & l’occiput  une  grande 
tache  en  forme  d’arc  ou  de  fer -à-cheval. 
Telles  font  les  couleurs  de  ce  Serpent 
d’Amérique  , qui  a deux  cent  trente- 
deux  grandes  plaques  & quatre-vingt 
paires  de  petites. 

L’on  cenferve,  au  Cabinet  du  Roi,' 
une  Couleuvre  qui  a beaucoup  de 
rapports  avec  le  Fer-à-cheval.  JElle  a 


(a)  Le  Pep-à“çhevaî»  Mf  d^jiuhenten  y Encyclof  édit 
méthadique» 

Col.  Hipp ocrepis.  Xin«.  Serpent. 

Mujl  Jd.  fr-  l , P*  36  , tabf  l6 , fig*  2* 

Nâuix  Hippocrepis , 155*  Laurent^  ^ Specimm 
Medicum^ 


1 1 8 Hijîolre  Naturelle 

ic  fommet  de  la  tête  garni  de  neuf 
grandes  écailles*,  le  dos  couvert  d^écailles 
rhomboïdales  & unies  *,  le  deffus  du 
corps  livide  avec  des  tacSies  brunes*, 
quatre  taches  noirâtres  & alongées  de 
chaque  côté  de  la  partie  antérieure  du 
corps  *,  quatre  autres  taches  noirâtres, 
également  alongées,  placées  fur  le  cou, 
& dont  les  deux  extérieures  font 
inclinées  & fe  rapppchent  vers  Toc- 
ciput  *,  un  pied  dix  pouces  de  longueur 
totale  •,  quatre  pouces  fix  lignes  depuis 
î’anus  jufquà  Textrémité  de  la  queue*, 
deux  cent  quarante-une  grandes  pla-  i 
ques , & foixante-dix-neuf  paires  de 
petites  -,  elle  n’eft  pas  venimeufe  non 
plus  que  le  Fer*à-chevaL 


des  Serpens. 


iip 


L’  I B I B E (a). 

Nous  CONSERVERONS  à ccttc  Couleiivrc 
îe  nom  à’ibibe  qui  lui  a été  dpnné 
par  M,  d’Aubenton , & qui  eft  une 
abréviation  du  nom  Ibiboca^  fous  le- 
quel elle  eft  décrite  dans  Séba.  Ce 
Serpent  a été  obfervé,  dans  la  Caro- 
line, par  MM.  Catefby  & Garden -,  il 
eft  d’un  vert  tacheté,  iuivant  Catefby, 
& bleu,  fuivaut  M.  Linné,  avec  des 
taches  noires  comme  nuageufes.  On 
voit,  de  chaque  côté  du  corps,  une 
rangée,  de  points  noirs,  placés  ordi- 
nairement à l’extrémité  des  grandes 
plaques  & quelquefois  une  raie  d’un 
vert  foncé , ou  , au  contraire , d’une 


{cl)  L'Ibibe*  M*  aAnhenwij  Encyclopédie  mé^ 
thodique» 

Coi»  Ordinatus.  Lum,  amphih*  Serp- 
Camby^  Carol.  i^p:p;^  ytab*  53, 

Gronovins  ^ muf.  37* 

^éba , muf,  z , tab.  2Q  , 2- 


X2Q  HifiOire  Naturelle 

couleur  aflez  claire , s'étend  le  long 
du  dos. 

Ulbibe  a le  fommet  de  la  tête  garni 
de  neuf  grandes  écailles-,  le  defliis  du 
corps  couvert  d’écailles  ovales,  & re- 
levées par  une  arête  -,  cent  trente-huit 
grandes  plaques  , & foixante- douze  pai- 
res de  petites. 

Un  individu  de  cette  efpèce , qui 
fait  partie  de  la  colleétion  de  Sa  Ma-» 
jefté,  a deux  pieds  de  longueur  totale, 
& fa  queue  eft  longue  de  quatre  pou- 
ces dix  lignes.  La  difpofition  des  gran- 
des écailles,  qui  couvrent  le  dedous 
de  fa  queue , n'eft  pas  la  même  que 
dans  les  autres  efpèces  de  Couleuvres-, 
il  préfente  quatre  grandes  plaques  en- 
tre fanus  ôc  les  premières  paires  de 
petites. 

Llbibe  n’eft  point  venimeux-,  il  fe 
glide  quelquefois  dans  les  bafle-cours  , 
il  y caffe  & fuce  les  œufs,  mais  il 
n'eft  pas  ordinairement  aflez  grand  pour 
dévorer  même  la  plus  petite  voUille, 


LA  CHATOYANTE. 


des  Servtns,  i i î 

i 


LA  CHATOYANTE  (a). 


M*  LE  Comte  de  Rasoümowsky 
nomme  ainfi  une  petite  Couleuvre,  qui 
fe  trouve  aux  environs  de  Laufanne. 
Eile  parvient  à un  pied  & demi  de 
longueur , & a la  grofleiir  d’une  plume 
d’oie  ou  de  cy'gne-,  elle  eft  luifante 
comme  fi  elle  étoit  enduite  d’huile; 
le  defTus  de  fon  corps  eft  d’un  gris 
cendré,  avec  une  bande  longitudinale, 
brune  , formée  de  petites  raies  tranf- 
verfales,  & dilpofées  en  zig-zag;  les 
grandes  & les  petites  plaques  font  d’ua 
rouge  brun  , tachetées  de  blanc  & 
bordées  de  bleuâtre  du  côté  de  l’ex- 
trémité de  la  queqq,^iCç$  plaques  font 
chatoyantes  au  graf|d|[jp,ft ; & produifent 
des  reflets  d’un  be^'^bleu.  Les  écailles 
du  dos  le  font  aufîî , mais  beauccàp 


(aj  L2l  Chatoyante*  HiJI*  natur,  du  Jorat  6*  de  Je% 
enuirons^par  U Comte  de  Rafoumowsky,  Laufanne  f 
1789  J voU  I , pag*  122  y planche  6 , lettres  a ht 

&q>eiis , Tome  IV,  F 


12  2 


Hijioire  Naturelle 

moins.  Une  tache  brune,  un  peu  en 
forme  de  cœur,  eft  placée  fur  le  fom> 
met  de  la  tête,  qui  eft  couvert  de 
neuf  grandes  écailles  (a).  Les  yeux  font 
noirs , petits , animés  , & l’iris  eft 
rouge. 

On  a rencontré  la  Chatoyante  auprès 
des  eaux  ou  dans  des  foliés  humides, 
M.  le  Comte  de  Raloumowslcy  ne  la 
regarde  pas  comme  venimeufe. 


('aj  La  Chatoyante  a depuis  cent  cinquante-fix 
jufqu’à  cent  foixante-une  grandes  plaques,  Sç  cent 
treixe  paires  de  petites. 


des  Serpens,  1^5 


LA  SUISSE  (d). 


C’est  M.  LE  Comte  de  Rasoumowsky 
qui  a fait  connoître  cette  Couleuvre  ; 
ii  l’a  nommée  Couleuvre  vulgaire;  mais, 
comme  cette  épithète  de  vulgaire  a été 
donnée  à plufieurs  efpèces  de  Serpens, 
nous  avons  cru  ne  pouvoir  éviter  toute 
confusion,  qu’en  défignant,  par  un 
autre  nom,  le  Reptile  dont  nous  trai- 
tons dans  cet  article.  Nous  l’indiquons 
par  celui  du  pays  où  il  a été  obfervé. 
Il  eft  d’un  gris  cendré,  avec  de  petites 
raies  noires  fur  les  côtés;  & l’on  voit 
fur  le  dos  une  bande  longitudinale , 
compofée  de  petites  raies  tranfverfales, 
plus  étroites  & d’une  couleur  plus  pâle  ; 
le  deflous  du  corps  eft  noir  avec  des 
taches  d’un  blanc  bleuâtre,  beaucoup 


(a)  La  Couleuvre  vulgaire.  Uijî-  imtur.  du  Mont- 
Jorat  £5*  de  fes  environs , par  M,  ie  Comte  de  Rafoii- 
mQumky , tom»  i , p*  121 , ^ p-  288- 

F ij 


124  Hijloire  Naturelle 

plus  grandes  fous  le  ventre  que  fous  la 
queue  [a). 

La  Couleuvre  Suifîe  parvient  jufqu’à 
trois  pieds  de  longueur  -,  elle  paroît  ai- 
mer îe  voifinage  des  eaux  & les  om- 
bres épaifles-,  on  la  trouve  dans  les 
foliés  & dans  les  huilions  qui  croit- 
fent  fur  un  terrain  humide  i & on  la 
rencontre  aulïi  dans  les  bois  du  Jorat. 
Elle  dépofe  fes  œufs , en  été , dans  des 
endroits  chauds,  & fur-tout  dans  du 
fumier  où  elle  les  abandonne^  on  a 
alTuré  à M.  Rafoumowsky  qu’ils  étoient 
attachés  enfemble , & au  nombre  de 
quarante-deux  ou  plusj  ils  font  renfer- 
més dans  une  membrane  blanche  , 
mince  comme  du  papier,  & qui  fe 
déchire  facilement.  Lé  ferpenteau  eft 
plein  de  force  & d’agilité  en  fortant 
de  l’œuf-,  il  a quelquefois  alors  plus 
d’un  demi-pied  de  longueur,  & fes 
couleurs  font  plus  claires  que  celles  des 


(a)  Les  écailles  du  dos  de  la  Couleuvre  SuilTe 
font  ovales  & relevées  par  une  arête;  elle  a juf- 
qu’à  cent  foixante-dix  grandes  plaques , & cent 
vingt-fept  paires  de  petites- 


des  ôerpens.  î2j 

Couïelîvi'es  Siiifîes  adultes.  Le  peuple 
regarde  ces  Serpens  comme  venimeux  (a)  *, 
mais  ils  , n’ont  point  de  crochets  mobi- 
les leur  mâchoire  fupérieure  eft 
garnie  de  chaque  côté  d’un  double 
rang  de  petites  dents  aigues  & fer- 
rées. Ib). 


fa)  Hifi.  natUT.  du  Mont’Jmt , f.  125' 

(ij  ldm,ibid- 


Il 6 Hijloire  Naturelle 


L’  I B I B O C A (a). 

Ce  nom  d’Ibiboca  a été  donné  pat 
ïes  voyageurs  & les  Naturaliftes  à plu- 
fieurs  efpèces  de  Serpens , très-différentes 
Tune  de  l’autre  ; nous  le  réfervons  à 
la  Couleuvre  dont  il  eft  qpieftion  dans 
cet  article,  & qui  a été  envoyée  fous 
ce  nom  au  Cabinet  du  Roi.  C’eft  dans 
le  Bréfil  qu’on  la  trouve-,  elle  n’eft 
point  venimeufe , & nous  allons  la  dé- 
crire d’après  l’individu  qui  fait  partie 
de  la  colleélion  de  Sa  Majefté. 

Elle  a le  deflus  de  la  tête  garni  de 
neuf  grandes  écailles  y le  dos  couvert 
d’écailies  rhomboïdales , unies,  grilatres 
&■  bordées  de  blanc  {b)--,  cinq  pieds 
einq  pouces  fix  lignes  de  longueur  to- 
tale-, un  pied  fept  pouces  une  ligne 
depuis  l’anus  jufqu’à  l’extrémité  de  la 


(a)  Cobra  de  Corais,  au  Bréfil* 
(^Zr^Lesécaüfesdudos  font, en  plufieurs endroits^ 
un  peu  réparées  les  unes  de»  autres. 


des  Serpens,  itj 

queue,  cent  foixante-feize  grandes  pla- 
ques 5 & cent  vingt-&-une  paires  de  pe- 
tites 4^). 


/a)  L’individu  du  Cabinet  du  Roi  étoit  m^le; 
i!  avoit  été  mis  dans  Pefpriude-vin  pendant  qut 
fes  deux  verges  fortoient  par  fon  anus  : chacune 
eft  longue  de  fix  lignes  & a fix  lignes  de  dia- 
mètre; lorfqu’elle  s-épanouit,  l’extrémité,  qu’on 
pourroit  comparer  à une  fleur  radiée,  préfente 
cinq  cercles  concentriques  de  membranes  piiiTées 
6c  frangées , autour  defquels  on  voit  quatre  autres 
cercles  de  piquans  de  nature  un  peu  écailleufe  & 
longs  de  deux  lignes  : la  furface  extérieure  eû 
bériflée  de  petits  piquans  prefqu’imperceptiUes, 


'•  in  r 


F ir 


12  8 Hijioire  Naturelle 


LA  TACHETÉE. 

N ou  s DONNONS  cc  nom  à une  Cou- 
leuvre de  îa  Louifiane,  dont  le  defllis 
du  corps  eft  blanchâtre , îtvec  de  grandes 
taches  en  forme  de  lofange,  quelque- 
fois irrégulières , d’un  roux  plife  ou 
moins  rougeâtre,  & bordées  de  noir 
ou  d’une  couleur  très- foncée.  On  voit 
fouvent,  depuis  le  cou  jufqu’au  quart 
delà  longueur  du  corps,  une  double 
rangée  de  ces  taches , difpofées  de 
manière  à former  une  raie  en  zig-zag-, 
le  ventre  eft  blanchâtre  & quelquefois 
tacheté. 

Cette  Couleuvre  n’eft  point  veni- 
meufev  elle  a neuf  grandes  écailles  fur 
le  fommet  de  la  tête  j des  écailles 
hexagones,  & relevées  par  une  arête 
fur  le  dos  -,  cent  dix-neuf  grandes 
plaques  & foixante-dix  paires  de 
petites  {a). 


/aj  Une  Couieuvre  Tachetée  , confervée  au, 


des  Serpens.  129 

II  paroît  qu’elle  eft  de  la  même 
elpèce  que  . le  Serpent  figuré  dans 
Catefby  (tom.  2,  planche  55).  Ce 
Reptile  fe  trouve  dans  la  Virginie  & 
dans  la  Caroline,  où  on  l’appelle 
Serpent  de,  hledj  à caufe  de  la  ref 
femblance  de  fes  couleurs  avec  celles 
d’une  efpèce  de  maïs  ou  de  bled  d’Inde, 
& ou  il  pénètre  quelquefois  dans  les 
bafîe- cours  pour  fucer  les  œufs. 


Cabinet  du  Roi,  a deux  pieds  de  longueur  totale, 
& la  queue  eft  Ipngue  de  cinq  pouces  quatre 
lignes. 


îjo  Hijloire  Naturelle 


LE  TRIANGLE. 

Nous  NOMMONS  ainfi  cette  efpèce  de 
Couleuvre  , parce  qu'on  voit  fur  le 
fommet  de  fa  tête , qui  eft  garni  de 
neuf  grandes  écailles  , une  tache 
triangulaire  , chargée,  dans  le  milieu, 
d’une  autre  tache  triangulaire  plus 
petite  , & d’une  Couleur  beaucoup 

plus  claire  ou  quelquefois  plus  foncée. 
Des  écailles  unies  & en  lofange  cou- 
vrèrtt  le  delîùs  du  corps  qui  eft  blan- 
châtre , avec  des  taches  rouffes , irré- 
gulières , & bordées  de  noir.  On  voit 
un  rang  de  petites  taches  de  chaque 
côté  du  dos,  & une  tache  noire  , 
alongée , & placée  obliquement  der- 
rière chaque  œil. 

Le  Triangle  fe  trouve  en  Amérique  j 
& n’eft  point  venimeux.  Un  individu 
de  cette  efpèce  , envoyé  au  Cabinet  du 
Roi,  a deux  pieds  fept  pouces  deux 
lignes  de  longueur  totale,  trois  pouces 
depuis  l’anus  jufqu’à  l’extrémité  de  la 
queue , deux  cent  treize  grandes  plaques,, 
& quarante  - huit  paires  de  petites. 


LE  TRIPLE-RANG. 


Le  nom  que  nous  avons  cru  devoir 
donner  à cette  Couleuvre  défigne  la 
difpofîtion  de  fes  couleurs.  Le  deffus 
de  fon  corps  eft  blanchâtre,  avec  trois 
rangées  longitudinales  de  taches  d’une 
couleur  foncée  j & le  defîous  eft  varié 
de  blanchâtre  & de  brun.  Elle  n’eft 
point  venimeufe-,  elle  a neuf  grandes 
écailles  fur  le  fommet  de  la  tête  , des 
écaillés  ovales  , & relevées  par  une  arête 
fur  le  dos  j cent  cinquante  grandes 
plaques,  & cinquante-deux  paires  de 
petites  ( â ) •,  elle  habite  en  Amérique. 


faj  Un  îndividu  de  cette  efpèce , envoyé  au 
Cabinet  du  Roi,  a un  pied  dix  pouces  de  longueur 
totale,  & la  <|ueue  eft  longue  de  quatre  pouces^ 


Hifioire  Naturelle 


IJZ 


LA  RÉTICULAIRE.. 

Cetté  CoutEUVRE  de  îa  Louifiane 
reflemble  beaucoup  par  fes  couleurs  à 
ribiboca  i les  écailles  que  l’on  voit  fur 
îa  partie  fupérieiire  de  fon  corps,  font 
blancMtres  , & bordées  de  blanc  ^ 

comme  les  bordures  fe  touchent,  elles 
forment  une  forte  de  réfeau  blanc  au 
travers  duquel  on  vérroit  le  corps  de 
l’animal  -,  & voilà  pourquoi  nous  l’avons 
nommée  la  Réticulaire.  Elle  eft  dil^ 
tinguée  de  l’Ibiboca  par  plufieurs  carac- 
tères, & fur-tout  par  le  nombre  de  fes 
plaques  , trop  différent  de  celui  des 
plaques  de  ce  dernier  Serpent  , pour 
que  ces  deux  Couleuvres  appartiennent 
à la  même  elpèce.  Parmi  les  Rétir 
cuîaires  que  nous  avons  décrites  , 
nous  en  avons  vu  une  qui  eft  confer- 
vée  au  Cabinet  du  Roi  , & qui  a 
trois  pieds  onze  pouces  de  longueur 
totale  , & dix  pouces  depuis  l’anus 


I 

m.jr.  FLir.  Pc^  ■ . 


.A  RETlCUIAmE  a LA  COITLEUVRE^  TROIS  RATTOS 


/ 


( 


J. 


v1 


jufqii’à 


la  queue 


Les  mâchoires  de  fa  Réticuîaire  ne  font 
point  armées  de  crochets  mobiles;  eife  a fa  tête 
couverte  de  neuf  grandes  écaiiles;  ie  dos  gar 
d’écaiifes  unies  ëc  en  lofange;  detix  cent  dix-hi 
grandes  plaques,  & quatre-vingt 


1^4  Hijioire  Naturelle 


LA  COULEUVRE 

A ZONES. 

Ce  Serpent  eft  blanc  par-deiïus  ic 
par-deflous , avec  des  bandes  tranfver- 
Taies  plus  ou  moins  larges,  d’une  cou* 
leur  très  -jfoncée  qui  , comme  autant 
de  Zones , le  ceignent  &:  font  le  tour 
de  fon  corps.  On  voit , dans  les  inter- 
valles blancs , quelques  écailles  tache- 
tées de  rouflitre  à leur  extrémité  -,  & 
toutes  celles  qui  garniffent  les  lèvres 
ou  le  deffus  de  la  tête , font  blan- 
châtres , Sc  bordées  de  roux  ou  de 
brun. 

La  Couleuvre  à Zones  a beaucoup 
de  rapports  avec  l’Annellée , Sc  avec 
la  Noire  & Fauve  •,  mais  , indépen- 
damment d’autres  différences  , elle  eft 
féparée  de  la  première  par  la  difpoff- 
tion  de  fes  couleurs , & de  la  fécondé 
par  le  nombre  de  fes  plaques. 


des  Serpens. 

JEIIe  n’eft  pas  venimeufe  (a). 


(aj  Une  Couleuvre  à Zones,  qui  fak  partie  de 
la  colledtion  du  Roi,  a neuf  grandes  écailles  fur  îe 
fommet  dn  la  tête,  des  écailles  rhomboïdales  Ss 
unies  fur  le  dos,  un  pied  de  longueur  totale, 
un  pouce  fix  lignes  depuis  Panus  jufqu^à 
^extrémité  de  la  queue , cent  foixante-cinq  grandes 
plaques > & trente-cinq  paires  de  petites^ 


tj  6 Hijîoire  Naturelle 


LA  ROUSSE. 

Cette  Couleuvre  a îe  deflus  du  corps 
d’un  roux  plus  ou  moins  foncé , & 
îe  deffous  blanchâtre^  c’eft  de  la  cou- 
leur de  Ton  dos  que  vient  le  nom  que 
nous  avons  cru  devoir  lui  donner,  elle 
n'eft  point  venimeufe^  mais  nous  igno- 
rons quelles  font  Tes  habitudes  naturel- 
îes.  Nous  avons  décrit  cette  efpcce  d’a- 
près un  individu  confervé  au  Cabinet  du 
Roi,  & qui  a un  pied  einq-pouces 
quatre  lignes  de  longueur  totale , & 
trois  pouces  depuis  l'anus  jufqu'à  Tex- 
trémité  de  la  queue. 

La  Rouffe  a neuf  grandes  écailles 
fur  la  partie  fupérieiire  de  la  tête,  le 
dos  couvert  d’éca^lles  rhomboïdales  & 
unies,  deux  cent  vingt-quatre  grandes 
plaques  & foixante-buit  paires  de  peti- 
tes. Nous  lie  favons  pas  quel  eft  le 
pays  où  on  la  trouve. 


â»s  Serpms. 


137 


LA  LARGE-TÊTE. 

Nous  NOMMONS  ainfi  cette  Couleuvre 
parce  que  fa  tête , un  peu  aplatie  par- 
defîus  &'  par-deffous , eft  très-large  à 
proportion  du  corps.  C’eft  M.  Dombey 
qui  Ta  apportée  de  l’Amérique  méri- 
dionale au  Cabinet  du  Roi..  La  couleur 
du  delîus  du  corps  de  ce  Serpent  eft 
blanchâtre,  avec  de  grandes  taches  irré- 
gulières, d’une  couleur  très -foncée, 
&:  qui  fe  réunifient  en  plufieurs  en- 
droits le  long  du  dos  , & fur-tout  vers 
la  tête  ainfi  que  vers  la  queue;  le 
defîous  du  corps  eft  également  blanchâ- 
tre, mais  avec  des  taches  plus  petites,  plus 
éloignées  l’une  de  l’autre , & difpofées 
longitudinalement  de  chaque  coté  du 
ventre. 

Le  mufeau  de  cette  Couleuvre  eft 
terminé  comme  celui  de  plufieurs  Vi- 
pères venimeufes,  par  une  grande  écaille 
relevée,  prefque  verticale , pointue  par 
le  haut , & cchancrée  pai'  le  bas,  ; ce- 


I 5 8 Uijîoire  Naturelle 

pendant  elle  n’a  point  de  crochets  mo- 
biles J & le  fommet  de  fa  tête  eft  garni 
de  neuf  grandes  écailles  •,  celles  qui  re- 
vêtent le  dos  font  ovales , unies , & un 
peu  féparées  l’une  de  l’autre  vers  la  tête 
comme  fur  le  Naja. 

L’individu  que  nous  avons  décrit  avoit 
quatre  pieds  neuf  pouces  de  longueur 
totale , fept  pouces  depuis  l’anus  juf- 
qu’à  l’extrémité  de  la  queue , deux  cent 
dix-huit  grandes  plaques , & cinquante- 
deux  paires  de  petites. 

Avant  de  palfer  au  genre  des  BoUj 
il  nous  refteroit  à parler  de  quinze 
Couleuvres  dont  Gronovius  a fait 
mention  {a)\  mais,  comme  il  n’eft 
entré  dans  prefque  aucun  détail  rela- 
tivement à ces  Reptiles  , & que  nous 
ne  les  avons  pas  vus , nous  avons  cru 
ne  devoir  pas  en  traiter  dans  des  articles 
particuliers,  ic  ne  pouvoir  meme  rien 
décider  relativement  à l’identité  ou  à li 
diftérence  de  leurs  efpèces  avec  celles 
que  nous  avons  décrites.  Nous  nous 
fommes  contentés  de  les  placer  à leur 


(aj  Gnnof-  muf’ 


des  Serpens.  139 

rang  dans  notre  table  méthodique,  en 
y rapportant  le  petit  n&mbre  de  carac- 
tères indiqués  par  Gronovius,  en  ren- 
voyant aux  planches  qu'il  a citées,  en 
délîgnant  uniquement  ces  Couleuvres 
par  le  numéro  des  articles  de  Gronovius 
où  il  en  eft  qucftion  , & en  ne  leur 
donnant  aucun  nom  jufqu'à  ce  qu’elles 
foient  mieux  connues. 


140  Hifioiré  Naturelle 

SECOND  GENRE. 


SERPENS 

Qui  ont  de  grandes  plaques  fous 
le  corps  & fous  la  queue. 


BOA, 

^ 

L E D E V I N (a). 

Nous  AVONS  CONSIDÉRÉ  à la  tête  da 
genre  des  Couleuvres , les  (Jiverfes 
efpèces  de  Vipères  , ces  animaux  fu- 


faj  Le  Devin,  au  Mexique. 

Xaxathua,  Xalxalhua  , VEm^txz\xx  ^imkm^ 


/ 1^0  . 


reve,Del^\ 


LE  DEVIT^ 


Jp^jcicrcicuv,  S zzel. 

»,  L'HIPNALE  2^1^. iâ3. 


des  Serpens,  1 4 1 

nettes  & d’autant  plus  dangereux  que  , 
diftillant  fans  ceiîe  ie  venin  le  plus 


Tamacuiiîa  huilia,  dans  autres  contrées  deVAmi-^ 
rique, 

Caçadora  ou  Couleuvre  chafTeufe , aux  environ^ 
de  V Orenoqu^e. 

Jurucucu , dans  le  BrefiU 

Boiguacu^  Giboya  ou  Jiboya,  & fa  Reine  des 
Serpens,  ainû  que  Jauca  Acanga,  au  BréfiL 

La  manda  , qui  veut  dire  Roi  des  Serpens  , 
à Jaua» 

Mambaifa  & Poionga,  à Ceyïatu 
Ciarende. 

Gerende^ 

Gorende. 

Fedagofo  & Co^ra  de  Vcado  j par  les  Portugais, 
Serpent  Impérial. 

Dépone,  dans  plujïeurs  contrées» 

Le  Devin.  M.  d*~Aubeiitoii  , Encyclopédie  mi^ 
$hodique. 

Boa  conftricftor.  Linn.  amphih.  Serpent^ 

Cenrhris.  Gronop*  muf,  2 , p.  69,  n,  43- 
L^Empereur*  Séha,  muf  1 , tab^  36  > fig-  5, 
tah.  53^  I , tab-  62  , % I , 2 ; G'  muf.  2, 

tah.  77^  4 iy  5,  îab^  98,  fe-  I , taS.  99  , 

I > 2 , tah,  lOO,  I,  tah.  104,  fig,  l. 
Con(triétor  formofiffimus , 235.  Confîriftor  ReX 
Serpentum,  236.  Confîri<ftor  Aulpex , 237.  ConG 
triétor  Diviniïoquus,  238*  Laurent f Specimen  Mc- 
dicum. 

Job,  Ladolphn  Comtnmtdr,  ad  hifioriam  Æthiopicam^ 
foL  j66* 


141  Hijîoire  Naturelle 

fubtil , ils  ' mafquent  leur  approche  , 
déguifent  leurs  attaques  , le  replient 
en  cercle  , fe  cachent , pour  ainlî  dire, 
en  eux-mêmes  , comme  pour  dérober 
leur  préfence  à leurs viâimes,  s’élancent 
fur  elles  par  des  fauts  auflî  rapides 
qu’inattendus  , ne  parviennent  à les 
vaincre  que  par  leurs  poifons  mortels, 
& n’emploient  que  cette  arme  traîtrelîe 
qui  pénètre  comme  un  trait  invilîble , 
& dont  la  valeur  ni  la  puilTance  ne 
peuvent  fe  garantir.  Nous  allons  parler 
maintenant  d’un  genre  plus  noble  i nous 
allons  traiter  des  Boa , des  plus  grands 
& des  plus  forts  des  Serpens,  de  ceux 
qui,  ne  contenant  aucun  venin,  n’at- 
taquent que  par  befoin , ne  combattent 


Draco*  Divus  Hyeroiiimus  in  vità  fanÔti  HUaridnis, 
Boiguacu  , Ray,  Synopjis  Strptntini  generis^ p,  325. 
Xaxathua  & Boiguacu.  Af-  Valmont  dt  Romare* 
Serpens  Peregrinus.  Car,  Clujias^  txoticorum , lib. 
5,  p.  113,  ei/.  1605.  . 

' Amphitheatrum  Zootomkum  Micb,  Bern,  Valentin, 
iaè>  ^5  8- 

Boiguacu.  Pifon^  de  meâicina  BrafiUenfi,  lié»  3* 

/(?/.  41. 

Boiguacu.  Georg*  Marcgram^  hift*  rtium  naturalium 
Mrajîli<ey  lib*  6,  cap^  2 19. 


des  Serpens.  145 

qii’avec  audace,  ne  domptent  que  pa/ 
leur  puiflance  \ & contre  lefquels  on 
peut  oppofer  les  armes  aux  armes , le 
courage  au  courage  , la  force  à la 
force , fans  craindre  de  recevoir , par 
une  piqûre  infenfîble , une  mort  auflî 
cruelle  qu  imprévue. 

Parmi  ces  premières  efpèces , parmi 
ce  genre  diftingué  dans  l'ordre  des 
Serpens,  le  Devin  occupe  la  première 
place-  La  Nature  l'en  a fait  Roi  par 
la  fupériorité  des  dons  qu'elle  lui  a 
prodigués.  Elle  lui  a accordé  la  beauté, 
la  grandeur  , l’agilité,  la  force,  l'in- 
duftrie  *,  elle  lui  a en  quelque  forte 
tout  donné , hors  ce  funefte  poifon 
départi  à certaines  efpèces  de  Serpens , 
prefque  toujours  aux  plus  petites , & 
qui  a fait  regarder  l’ordre  entier  de 
ces  animaux  comme  des  objets  d'une 
grande  terreur. 

Le  Devin  eft  donc  parmi  les  Serpens, 
comme  l’Eléphant  ou  le  Lion  parmi 
les  Quadrupèdes.  Il  furpafle  les  animaux 
de  fon  ordre,  par  fa  grandeur  comme 
le  premier , & par  fa  force  comme  le 
fécond  -,  il  parvient  communément  à 


144  Hijioire  Naturelle 

îa  longueur  de  plus  de  vingt  pieds-, 
&,  en  réunifiant  les  témoignages  des 
Vopgeurs,  il  paroît  que  c’eft  à cette 
efpèce  qu’il  faut  rapporter  les  individus 
de  quai:ante  ou  cinquante  pieds  de 
îong , qui  habitent , fuivant  cès  mêmes 
yoyageurs  , les  défer ts  brûîans  où 
l’homme  ne  pénètre  qu’avec  peine  [a). 


(ja)  Gronovins  avoit  dans  fon  Cabinet , une 
dépoüiiïe  d'un  Serpent  Devin  qui  avoit  fix  pieds 
de  iongueur  ; il  a écrit  en  avoir  vu  dans  plu- 
lieurs  Cabinets,  dont  la  longueur  étoit  de  vingt 
pieds.  P*  70,  Mufœum  Grouomi , Leyde  j 1754, 
iH'-folio*  Sans. parler  du  fameux  Serpent  de  Nor- 
vège, qui,  fuivant  Olaüs  Magnus  (//p.  21,  chap* 
4g  ),  avoit  plus  de  deux  cens  pieds  de  longueur 
avec  une  épaifleur  de  vingt  pieds,  & dont  il  faut 
ranger  fhiftoire  parmi  les  fables,  l'on  peut  citer, 
entre  plufieurs  témoignages  , celui  de  George 
Anderfon  , qui , dans  le  fixiéme  chapitre  de  fou 
Voyage  en  Oiient,  dit  que,  dans  iqiîe  de  Java, 
il  y a des  Serpens  allez  grands  pour  avaler  des 
hommes  entiers.  Le  Voyageur  Iverfen  tua  lui- 
même  un  Serpent  de  vingt-trois  pieds  de  longueur; 
voyez  fon  Voyage  dans  les  contrées  orientales, 
chapitre  4.'^  Baïdæus , dans  fa  defcription  de  Pifle 
de  Ceyian  , chap.  22  , dit  qu'on  y trouve  des 
Serpens  de  huit,  neuf  & dix  aune^de  long,  mais 
qu'il  y en  a de  plus  grands  dans  l'Ifle  de  Java , 
ainfi  que  dans  celle  de  Banda;  qu'on  y en  avoit 

C’eft 


des  Serpens.  14  j 

C’eft  aufli  à cette  efpèce  qu’appar- 


pris  un  qui  avoit  dévoré  un  cerf  ^ & un  fecoiiit 
qui  avoit  englouti  une  femme  tout  entière. 

€t  Nous  üfons  qu^auprès  de  Batavia,  Etabiif^ 

» fement  HoIIandois  dans  fes  Indes  orientales,  il 
y a des  Serpens  de  cinquante  pieds  de  Ion- 
M gueur»  fi  Ejjay  fur  r/iljîoire  naturelle  des  Serpens  f 
par  Charles  Ow en.  Londres , i’]^2^pag»  15. 

Dans  Plfle  de  Carajan  on  voit,  fuivant  Mare 
Paul,  /iV-  2 , ch»  40,  de  très-grands  Serpens  qui 
ont  dix  pas  de  longueur  & une  épaifîeur  de  dix 
palmes. 

Nous  croyons  devoir  auffi  rapporter  le  paflage 
fuivant,  extrait  de  îa  Defcription  du  Mufeumdu 
P.  Kircher,  dans  laquelle  il  elt  queltion  de  Devins  * 
de  quarante  palmes  de  longueur, 

**  Ilium  (Serpentem)  in  paludibus  Braliliæ  in- 
colse  venantur  ad  vefcendum , licuti  itaü  an- 
f*  guillas.  Palmor um  duodecim  longitu  dine m æq  u a 
fed  ad  palmos  g uadraglnta  hiijuLmodi  Serpentera 
♦»  eXtendi  jdiquando  fenificavit  noftræ  Societatis 
» Mîlïionaxius  in  Braûiïâ,  & in  fpiras  contortum 
t»  vitulum  dev incire  , . quem  fuétu  paulatim  devo^ 

« rat,  ut  Bufones  aîiqui  Serpentes  degfutiunr. 
w Cæterum  veneno  caret,  & dentibus  minutif.* 
f*  fimis  ejus  os  munitur.  Coîlum.  anguftum  elt, 
n & caudam  verfus  paulatim  in  anguftum  con- 
n trahitur.  Tota  peilis  fquamis  teéta  ferie  pulchrâ 
difpofîtis,  pronâ  parte  minortbus,  fupinâ  ma- 

rr  joribus,  coîorum  varietateeleganti  ; nam  dorfunt 
9i  à capite  ad  extremam  caudam  conrinuo  ordine 
» fecundûm  longitudinem  nigricantibus,  qu.,-^ 

Serpens,  Tome  IV.  G 


I4<î  Uijloire  Naturelle 

tenoit  ce  Serpent  énorme  dont  Pline  à 


99  cîypeîformibns  maculis  ornatur  ; extrema  vero 
99  cauda  ovalis  formæ  maculis  nîgricantibus  dif- 
99  tinda  ; iatera  alterius  formæ  macufis,  inftar 
« foliorum  mali,  depida  funt  fpecie  venuftû  , 
99  colore  fubfufco.  Talem  Serpeutem  fub  nomine 
99  Serpentis  Americaui  retuiitWormius,  pag.  263, 
99  Illîusetiam  mentionem  fecit  Andréas  Cleyerus^ 
99  in  obrerv.  7^  decuriæ  2,tom.  2 , Ephemerid. 
99  Germanicarum , pag.  18.  (Voyez  les  notes  lui- 
99  vantes.  ) Qui  ilium  ait  degere  in  Ambona  Mo- 
99  lucarum.  Infula.  In  Braülia  I^oiguacu  vocsid  aiunt, 
99  atque  inprimis  in  eo  Regno  nafcuntur  fimiles 
99  Serpentes»  » 

Hujus  J vel  fimiiis  Serpentis  mentionem  fecit  in 
fuo  Commentario  ad  hiitoriam  Æthyopicam  Jobus 
Ludülphus,  pag.  166  ,aitqueillnm  in  Italiaquoque 
olim  notum  5 lcribente  Plinio,  lib*  8 , cap.  14. 
Aluntur  primo  hôuii  la&is  ftidiu  , undà  nomen 
traxere.  D.  tamen  Hyeronimus  in  vitâ  fandi  Hiîa- 
rionis  : Draco  inquit , miræ  magnkudinis  ( qnos 
Géntili  fermone  Boas  vocant),  ab  eo,  quod  tara 
grandes  fint,  ut  boves  glutire  foleant  , omnem 
iate  vaftabat  Provinciam  , &c.  Mufxum  Kirçheria-^ 
imm^  Romœ,  1773  ? clajjis  feçunda  , foi»  33. 

if  les  Couleuvres  qiPon  appelle  Cacadoras  on 
99  chalfeules,  font  de  la  grolTeur  des  Bujos(  aux- 
99  quels  i’Auieuv  attribue  une  longueur  de  huit 
99  aunes  ou  environ  ) ; mais  elles  for^tplus  longues 
99  de  plulieurs  aunes  ; & l'on  ne  peut  voir , fans 
t>  étonnement  , la  légèreté  avec  laquelle  elles 
>9  courent  après  la  proie  qu'elles  ont  apperçue., 


. des  s erpens,  147 

parlé,  & qui  arrêta,  pour  ainfî  dire 


w & qu’eîles  attrapent  fans  qu^eîfe  puifTe  leur 
w échapper,  »>  HiJIoifc  naturelle  de  i*Orénoque^  par 
le  P.  Jofeph  Gumilla^  traduite  de  l*Efpagnol  pat 
Èidous.  Jinpnon , 1758  , voh  3 , pag.  75* 

« Dans  le  Royaume  de  Congo  , il  y a des 
f5  Serpehs  de  vingt-cinq  pieds  de  long  qui  avalent 
w une  brebis  ; ils  s’étendent  ordinairement  au 
5?  foleil  pour  digérer  ce  qu’ils  ont  mangé  : lorfque 
V)  les  Nègres  s’en  apperçoivent , ils  les  tuent, 
»>  leur  coupent  la  tête  & la  queue , les  éventrent 
& les  mangent  ; on  les  trouve  ordinairement; 
gras  comme  des  cochons.  » Colledt,  acaiém» 
partie  étrange  volume  3 , p^  4^5* 

U Suivant  le  Voyageur  Artus,  les  Serpens  de  la 
w Côte  d’Or  ont  ordinairement  vingt  pieds  de  lon- 
»>  gue.ur , & cinq  oif hx  de  largeur  ( apparemment  de 
99  circonférence  ) , mais  il  s’en  trouve  de  beaucoup 
fl  plus  grands.  Il  en  vit  un  qui,  fans  avoir  plus 
» de  trois  pieds  de  longueur,,  étoit  afléz  gros 
99  pour  faire  la  charge  de  fix  hommes,  f»  Hifl, 
générale  des  Voy-  édit,  in- 12  , vol,  14  ^ p,  213. 
«<  Bofman  s’étend  comme  Artus,  fur  la  grandeur 
f)  des  Serpens  de  la  Côte  d’Or  : le  plus  monf- 
}>  trùeiix  qu’il  ait  vu  n’âvoit  pas  moins  de  vingt 
f>‘  pieds  de  longueur;  mais  il  ajoute  qu’il  s.’en 
f»  trouve  de  beaucoup  plus  grands  dans  l’intérieur 
» des  terres.  Les  HoUandois,  dit-il^  ont  fouvent 
f>  trouvé  dans  leurs  entrailles,  non-feulement  des 
99  animaux,  mais  des  hommes  entiers.  » Idem, 
page  214.  V Les  Nègres  d’Axim  tuèrent  un  Ser-f 
y peut  long  de  vingt-deux  pieds , dans  le  ventre 


148  Hijloire  NaturiU& 

l'armée  Romaine  auprès  des  côtes  fep- 


M duquel  on  troura  un  daiih  entier.  Vers  îe  mémo 
temps  on  trouva  dans  un  autre  , à Boutriji 
Jés  re^es  d’un  Nègre  qu’if  avoit  dévoré. 
Id^m ‘i  pag^  216. 

Pluüeurs  Serpens  du  Royaume  de  Kayor  ont 
#♦  jufqu^k  vingt-cinq  pieds  de  long  fur  un  pied 
9*  Ik  demi  de  diamètre.  » Voyages  du  Jîenr  Bme» 
Hifl.  ^éitér^  des  Voyages , édiu  in^ia  , vqU  7 ^ 
460. 

Mr  Sur  îa  rivière  de  îCurbalî , auprès  des  côte» 
9»  occidentales  de  PAfrique  y on  voit  des  Serpens 
»•  de  trente  pieds  qui  feroient  capables  d^avaleç 
n un  bœuf,  n Voy*  de  Lahaty  vol*  p*  249. 

On  trouve  aux  Mofuques,  de  grandes  Cou-< 
»♦  îeuvres  qui  ont  plus  de  trente  pieds  de  long,  & 
»»  qui  font  d^une  groffeur  proportionnée  ; elles 
H rampent  pefamment  ; on  n^a  jamais  reconnu 
»#  qu^elfes  loient  venîmeufes*  Ceux  qui  les  ont 
ï»  vues  alTurent  que  , lorfqiPcIles  manquent  de 
nQurriture,  elfes  mâchent  d'une  certaine  h erbo 
#»  dont  elles  doivent  la  connoïfîance  à I’inftin<â  de 
M fa  Nature  ; après  quoi  elles  montent  fur  les 
*»  arbres  au  bord  de  la  mer,  où  elles  dégorgent 
w ce  qu^elies,  ont  mâchéj  auflS-tôt  divers  poilfons 
9t  Pavaient,  ôc,  tombant  dans  une  forte  œivreffe 
>•  qui  les  fait  demeurer  fms  mouvement  fur  la 
f»  furface  de  Peau  , ils  deviennent  la  proie  des 
9»  Couleuvres.»  Hiftoire  natux.  des  Moluquesy  Hif* 
tsire,  des  Voyages  y édit*  in-ia  , kv.  ly  touu  31, 
loy» 

^4*  L'animai  îe  plus  rate  & fe  plus  finguliar  d« 


des  Serpenst  145 

tentrîonales  de  rAfrique  ( a ).  Sans 
doute  il . 7 a de  l'exagération  dans  I# 
longueur  attribuée  à ce  monftrueuX 
animal  -,  fans  doute  il  n'avoit  point  cent 
vingt  pieds  de  long  comme  le  rapporte 
leNaturalifte  Romain  ^ mais  Pline  ajoute 
que  la  dépouille  de  ce  Serpent  demeura 
long-temps  fufpcndue  dans  un  Temple 
de  Rome  5 à une  époque  allez  peu 
éloignée  de  celle  où  il  ccrivoit  ; & à 
moins  de  renoncer  à tous  les  témoi- 
gnages de  Thiftoire,  on  eft  obligé  d'ad- 
mettre Texiftence  d'un  énorme  Serpent, 
qui,  preffé  par  la  faim  , fe  jetoit  flir  les 


f9  genre  des  Reptiles,  eft  un  grand  Serpent  am- 
'ff  phibie  de  vingt-cinq  ou  trente  pieds  deîong,& 
%9  de  plus  d^un  pied  de  grofleur,  que  les  Indiens 
» nomment  Ÿticti-Mama  , c^eft-à-dire  , Mère  dû 
99  Veau  , & qui  habite  ordinairement  , dit-on  , 
« les  grands  lacs  formés  par  l’épancHement  dcâ 
99  eaux  du  fleuve  au-devant  des  terres.  « 
naturelle  des  euplrons  dû  V Amazone , Hifi.  genér,  dês 
Fayages,  tom.  53  , p-  445. 

(a)  « Nota  eft,  in  punicis  beliis,  ad  fîumen 
w Bagradam , à Regulo  Imperatore  baîfiftis,  tor- 
99  mentifque  , ut  oppidum  aliquod  , expugnata 
99  Serpens  120  pedum  iongitudinis.  Pellis  ejus 
99  maxillseque  iifquè  ad  beîiuni  Numantinusn  du- 
H ravere  in  tempio.  Pim  y liy^  28,  cha^^  14. 


î J ô Hijîoire  Naturelle 

foldats  Romains  lorfqu'ils  s^écartoîènf 
de  leur  camp  , & qu'on  ne  put  mettre 
à mort  qu'en  employant  contre  lui  un 
corps  de  troupes  , & en  Técrafant  fous 
les  mêrnes  machines  militaires  qui  fer- 
voient  à ces  vainqueurs  du  monde  à 
renverfer  les  murs  ennemis.  C'étoit  au- 
près des  plaines  fablonneufes  d'Afrique 
qu'eut  lieu  ce  combat  remarquable  , le 
Serpent  Devin  fe  trouve  aufli  dans  cette 
partie  du  monde  , & comme  c'eft  le 
plus  grand  des  Serpens,  c'eft  un  indi-» 
yidu  de  fon  efpèce  , qui  doit  avoir  luté 
contre  les  armées  Romaines.  Ce  mot  dé 
Rome  antique,  défigne  toujours  la  piirf- 
fance  & la  vidoire-,  c'eft  donc  la  plus 
grande  preuve  que  l'on  puiffe  rapporter 
en  faveur  de  la  force  du  Serpent  dont 
nous  écrivons  Thiftoire , que  d'expofer 
les  moyens  employés  par  les  conquérans 
de  la  terre , pour  le  foumettre  & luF 
donner  la  mort. 

Le  Devin  eft  remarquible  par  la 
forme  de  fa  tête , qui  annonce , pout 
ainfi  dire^  la  fupériorité  de  fa  force, 
& que  l'on  a comparée,  avec  alTcz  de 
raifon , à celle  des  chiens  de  chafle , 


des  Serpe  ns.  i 5 r 

appelés  chiens  couchans  {a).  Le  fommet 
en  eft  élargi  -,  le  front  élevé  & divifé 
par  un  fillon  longitudinal  ^ les  orbites 
font  Taillantes,  & les  yeux  très-gros-, 
le  niufeau  eft  alongé , & terminé  par 
une  grande  écaille  blanchâtre  , tachetée 
de  jaune,  placée  prefqtie  verticalement, 
& échancrée  par  le  bas  pour  laifler  palier 
la  langue-,  l’ouverture  de  la  gueule  tr^-s- 
grande-,  les  dents  font  très-longues  (^), 


(fl)  Séùa,  — M.  Laurent^  &c* 

(b)  « J^ai  vu  des  Couleuvres  Chafîeufes  ( des 
J)  Devins)  vivantes,  & d’autres  mortes,  & leur 
w ai  trouvé  des  dents  aulli  grofies  que  celles  du 

9f  meilleur  levrier Quelles  armes  plus 

99  redoutables  que  leur  vîtefle  , jointe  à l’ûpi- 
99  niâtreté  avec  laquelle  elles  mordent  ? Dan* 
99  le  temps  que  j’étois  en  Amérique,  une  de 
99  ces  Couleuvres  faifit  un  Laboureur  par  le 
99  talon  & la  cheville  du  pied  , comme  ri  dtoit 
99  homme  de  courage,  il  fe  failit  du  premier  arbre 
99  qui  fe  préfenta,  & rembrada  du  mieux  qu’i£ 
w put  en  jetant  des  cris  horribles  ; on  accourut 
M pour  le  fecourir,  & le  Serpent  le  voyant  preO^, 
99  ferra  les  dents,  lui  coupa  le  talon,  & s’enfuit 
avec  la  vîtefle  d’un  trait.  » Hift»  dt  l'Orénoqut^ 
déjà  citée,  voU  3 , 76* 

Cleyerus , ( Lettre  déjà  citée  ) rapporte  que , 
eberchant  à avoir  le  fquelette  d’un  de  ces  grand* 
Serpens^  fes  domeftiques  en  firent  cuire  les  chairs 

G iy 


ï 5 Z Hijîoire  Naturelle 

mais  îe  Devin  n"a  point  de  crrocîieB 
mobiles*,  quarante-quatre  grandes  écailles 
couvrent  ordinairement  la  lèvre  fupé- 
rieure  & cinquante-trois  la  lèvre  infé- 
rieure *,  la  queue  eft  très-courte  en  prt5- 
portion  du  corps  qui  eft  ordinaircmenf 
neuf  fois  auffi  long  que  cette  partie 5 
mais  elle  eft  très-dure  3c  très-forte  {a)* 


dans  de  l’eau  où  l’on  avoit  mis  de  la  chaux  vîvcu 
Un  d’eux  voulant  nettoyer  fa  tête  du  Serpent 
dont  la  cuifTon  avoit  détaché  les  chairs , fe  blcfla 
au  doigt  contre  les  grolTes  dents  de  l’animal  Cet 
•aecident  fut  fuivi  d*une  enflure  avec  inflammation 
dans  la  partie  affeétée^  d^une  fièvre  continue  & 
de  délire,  qui  ne  cefsèrent  qu’après  qu’on  eut 
employé  les  remèdes  convenables,  & partieuHè-’ 
rement  une  compofition  appellée  lapis  Serpeminus^ 
& que  les  Jéfiiites  faifoient  alors  dans  l’Inde^ 
Toute  véjicule  & toute  chair  avoient  été  emportées 
par  la  chaux  vive , obferve  l’Auteur  ; par  con- 
féquent  on  ne  doit  attribuer  à aucune  forte  ds 
venin  les  accidens  dont  il  parle  ; & ce  fait  ne 
peut  pas  détruire  les  obfervations  plufieurs  fois 
répétées , qui  prouvent  que  le  Devin  n’eft  point 
venimeux  : d’aiileurs  iîous  venons  de  voir  que  fa 
gueule  nè  renferme  point  de  crochets  mobiles,  ainfi 
que  nous  nous  en  fbmmes  affurés  nous-mêmes. 

(a)  Le  fommet  de  la  tête  du  Devin  eft  couvert 
d’écailJes  hexagones , petites  > unies  & femblables  à 
Celles  du  dos^  deux  rangées  longitudinales  degrandes 


à^s  Serpens.  15  5 

Ce  Serpent  énorme  eft  d’ailleurs  aiifli 
diftingué  par  la  beauté  des  écailles  qui 
ie  couvrent  & la  vivacité  des  couleurs 
dont  il  efè  peinî,  que  par  fa  longueur 
prodigieufe.  Les  nuances  de  ces  couleurs 
s’effacent  bientôt  lorfqu’il  eft  mort.  Elles 
dilparoiffent  plus  ou  luoins,  fuivant  la 
manière  dont  il  eft  confervé , & le  degré 
d’altération  qu’il  peut  fubir.  -Il  n’eft  pas 
lurprenant  d’après  cela  qu’elles  aient 
été  décrites  li  diverfement  par  les  Au- 
teurs, Sc  qu’il  ait  été  repréfenté  dans 
des  planches , de  manière  que  les  difîérens 
individus  de  cette  elpèce  aient  paru  former 
jufqu’à  neuf  efpèces  différentes  (a).  Mais 
ily  a plus  : les  couleurs  du  Serpçnt  Devin 
varient  beaucoup  fuivant  le  climat  qu’il 
habite,  & apparemment  fuivant  iage,  le 
fexe , &c.  Aufïï , croyons-nous  très-inutile 
de  décrire,  dans  les  plus  petits  détails. 


écailles  s’étendent  de  chaque  côté  des  grandes 
plaques,  qui  font  moins  longues  que  dans  fa 
plupart  des  Couleuvres , & dont  on  compte  deux 
cent  quarante-lix  fousie  corps  & cinquante-quatre 
Ibus  la  queue. 

(ij  _Siba , à l’iüitoit  iéj4  cité, 

G y 


I J 4 Uijlaire  Naturelte 

celles  dont  il  eft  paré.  Nous  penfon* 
devoir  nous  contenter  de  dire  qu’il  ^ 
communément  fur  la  tête  une  grande 
tache , d’une  couleur  noire  ou  rouffe 
très-foncée,  qui  repréfente  une  forte  de 
croix  dont  la  traverfe  eft  quelquefois 
fupprimée.  Tout  le  deilus  de  fon  dos 
eft  parfemé  de  belles  & grandes  taches 
ovales  qui  ont  ordinairement  deux  ou 
trois  pouces  de  longueur  , qui  font 
très-fouvent  échancrées  à chaque  bout 
en  forme  de  demi-cercle  , & autour 
defquelles  l’on  voit  d’autres  taches  plus 
petites  de  différentes  formes.  Toutes 
font  placées  avec  autant  de  fymmétrie, 
& la  plupart  font  fî  diftînguées  du 
fond  par  des  bordlires  fombres  qui , 
en  imitant  des  ombres  , les  détachent 
& les  font  refîbrtir  que , lorfqu’on  voit 
la  dépouille  d’un  de  ces  Sei'pens , on  croit 
moins  avoir  fous  les  yeux  un  ouvrage 
de  la  Nature  qu’une  produélion  de 
l’Art  Gompaflee  avec  le  plus  de  foin. 

Toutes  ces  belles  taches , tant  celles 
qui  font  ovales  que  les  taches  plus 
petites  qui  les  environnent,  préfentent 
ics  couleurs  les  plus  agréablement 


des  Serpens.  ij  | 

fiées  & quelquefois  les  plus  rives,.  Les 
taches  ovales  font  ordinairement  d’un 
Lui  ve  doré,  quelquefois  noires  ou  rouges 
& bordées  de  blanc  -,  8c  les  autres  d’un 
châtain  plus  ou  moins  clair  , ou  d’un 
rouge  très-vif,  femé  de  points  noirs  ou 
roux , offrent  fouvent , d’efpace  en  ef- 
pace,  ces  marques  brillantes  que  l’on 
voit  refplendir  fur  la  queue  du  paon 
ou  fur  les  ailes  des  beaux  papillons  , & 
qu’on  a nommées  desyeux , parce  qu’elles 
font  compofées  d’un  point  entouré  d’un 
cercle  plus  clair  ou  plus  obfcur. 

Le  deffous  du  corps  du  Devin  eff 
d’un  cendré  jaunâtre  , marbré  ou  tacheté 
de  noir. 

On  a allez  rarement  l’animaî  entier 
dans  les  coileélions  d’Hiftoire  naturelle  i 
mais  il  n’eft  guère  aucun  Cabinet  ou  la 
peau  de  ce  Serpent , féparée  des  plaqites 
du  deffous  de  fon  corps , ne  foit  éten- 
due en  forme  de  larges  bandes.  On  leur 
a donné  divers  noms  fuivant  la  grandeur 
des  individus,  les  pays  d’où  on  les  a 
reçus , les  variétés  de  leurs  couleurs , 8c 
les  différences  qui  peuvent  fe  trouver 
(JuiS  les  petites  taches  placées  autour 


I j 6 Hijloire  Naturelle 

des  taches  ovales.  Mais  quelques  foient 
ces  variétés  d’âge , de  fexe  ou  de  pays  , 
c’eft  toujours  au  Serpent  Devin  qu’il 
faudra  rapporter  ces  belles  peaux  \ & 
jiifqu’à  préfent  on  ne  connoît  point 
d’autre  Serpent  que  ce  dernier  qui  foit 
doué  d’un  taille  trcs-confidérable , & 
qui  ait  en  même  - tems  fur  îe  dos  des 
taches  ovales  femblables  à celles  que 
nous  venons  d’indiquer. 

Lorfque  i’on  confidère  la  taille  dé- 
mefiirée  du  Serpent  Devin  , l’on  ne 
doit  pas  être  étonné  de  la  force  pro- 
digieufe  dont  il  jouit.  Indépendamment 
de  la  roideur  de  fes  mufcles,  il  eft  aifé 
de  concevoir  comment  un  animal  qui 
a quelquefois  trente  pieds  de  long  , 
peut  5 avec  facilité  , étouffer  & écrafer 
de  très-gros  animaux  dans  les  replis  mul- 
tipliés de  fon  corps  dont  tous  les  points 
agifîent  , de  dont  tous  les  contours  fai- 
fiflent^la  proie  3 s’appliquent  intimement 
à fa  furfâce,  & en  fiiivent  toutes  les 
irrégularités. 

Cette  grande  puilTance  3 cette  force 
redoutable,  fa  longueur  gigantefque  , 
i’éclat  de  fes  écailles  3 la  beauté  de  fes 


des  Serpens,  157 

couleurs  ont  infpiré  une  forte  d'admi- 
ration 5 mêlée  d'effroi,  à plufieurs  peuples 
encore  peu  éloignés  de  l'état  lauvage  v 
& , comme  tout  ce  qui  produit  la  ter- 
reur & Tadmiration , tout  ce  qui  paroît 
avoir  une  grande  fupériorité  fur  les 
autres  êtres  eft  bien  près  de  faire  naître  5 
dans  des  têtes  peu  éclairées , l'idée  d'un 
agent  furnatiirel , ce  n'eft  qu'avec  une 
crainte  religieufe  que  les  anciens  habi- 
ta ns  du  Mexique  ont  vu  le  Serpent 
Devin.  Soit  qu'ils  aient  penfé  qu'une 
maffe  confidérable  , exécutant  des  mou- 
vemens  auffi  rapides , ne  pouvoit  être 
mue  que  par  un  fouffle  divin , ou  qu'ils 
n'aient  regardé  ce  Serpent  que  comme 
un  miniftre  de  la  toute  puiflance  célefte  , 
il  eft  devenu  l'objet  de  leur  culte.  Iis 
Tont  fuï'Aommé Empereur défigner 
la  prééminence  de  fes  qualités.  Objet 
ds  leur  adoration  , il  a dû  être  celui  de 
îeiir  attention  particulière  ^ aucun  de 
fes  mouvemens  ne  leur  a , pour  ainff 
dire , échappé , aucune  de  fes  aétions 
ne  pouvoit  leur  être  indifférente  ils 
if  ont  écouté  qu'avec  un  frémiflement reli- 
gieux les  fifflmens  longs  & aigus  qu'il 


158  HiJIoire  Naturelle 

fait  entendre,  iîs  ont  cru  que  ccs  fiffle- 
mens  , que  ces  fignes  des  diverfes  affec- 
tions d'un  être  qu'ils  ne  voyoient  que 
comme  merveilleux  & divin  dévoient 
être  liés  avec  leur  deftinée.  Le  hafard 
a fait  que  ces  fifflemens  ont  été  fouvent 
beaucoup  plus  forts  ou  plus  fréquens 
dans  les  tems  qui  ont  précédé  les  grandes 
tempêtes  , les  maladies  peftilentielles  , 
les  guerres  cruelles  ou  les  autres  cala- 
mités publiques  -,  d'ailleurs  les  grands 
maux  phyfiques  font  fouvent  précédés 
par  une  chaleur  violente  , une  féche- 
refle  extrême,  un  état  particulier  de 
l'atmofphère  , une  éleékricité  abondante 
dans  l'air  qui  doivent  agiter  les  Serpens  , 
& leur  faire  pouffer  des  fîfïlemens  plus 
forts  qu'à  l'ordinaire  ; auflî  les  Mexicains 
n'ont  regardé  ceux  du  Serpent  Devin 
que  comme  l'annonce  des  plus  grands 
malheurs  , & ce  n'eft  qffavec  confier- 
nation  qu'ils  les  ont  entendus. 

Mais  ce  n'eft  pas  feulement  un  culte 
doux  & pacifique  qu'il  a obtenu  chez 
les  plus  anciens  habitans  du  nouveau 
monde.  Son  image  y a été  vénérée  , 
non -feulement  au  milieu  des  nuages 


des  Serpsns.  i j 9 

dVncens , mais  même  de  flots  de  fang 
humain  ^ verfé  pour  honorer  dieu 
auquel  ils  Favoient  confacré,  & qiFiis 
avoicnt  fait  cruel  {a).  Nous  ne  rappel- 
ions qiFen  frémifl'ant  le  nombre  im- 
menfe  de  viéiimes  humaines  que  la 
hache  fanglante  d"iin  fanatifme  aveugle 
& barbare  a immolées  fur  les  autels  de 
la  divinité  qiFil  avoit  inventée.  Nous 
ne  penfons  qu'gavée  horreur  aux  mon- 
ceaux de  têtes  & de  triftes  offemens , 
trouvés  par  les  Européens  autour  des 
temples  où  le  Serpent  fembloit  parta- 
ger les  hommages  de  la  crainte  {h) , & tant 
il  faut  de  tems  dans  tous  les  pays  pour  que 
la  raifon  brille  de  tout  fon  éclata  la  ftp- 
perftition  qui  a , pour  ainli  dire  y divi- 


(û) LaDîvinîté  fuprême  (îesMexîeaîns  ,iiômiBée 
Vitxilipuxüi ^ étoit  repréfentée  tenant  dans  fa  maia 
droite  un  Serpent,  par  iequei  nous  devons  croire, 
d'après  tout  ce  que  nous  venons  de  dire>  qu’ils 
vonioient  défigner  l’efpèce  du  Serpent  Devin- Les 
Tempies  & ies  Autels  de  cette  Divinité , à iaquelle 
ils  faiioient  desfacrifices  barbares,  offroient  i'imag.e 
da  Serpent,  ifij?*  V^oyaÿss  ^ édit*  in-isfej 

t<0me  48. 

/éj  ibid. 


i6q  Hijîoire  Naturelle 

nifé  le  Devin,  n"a  pas  feulement  régné 
en  Amérique.  Aulïi  grand , aulîî  puiflant , 
auflî  redoutable  dans  les  contrées  ar^ 
dentes  de  TAfrique,  il  y a infpiré  la 
même  terreur  , y a paru  aullî  merveil- 
leux , y a été  également  regardé  par  des 
cfprits  encore  trop  peu  élevés  au-deffus  de 
la  brute,  comme  le  fouverain  Difpenfateur 
des  biens  & des  mawx.  On  fy  a éga- 
lement adoré , on  en  a fait  un  dieu  fur 
les  côtes,  brûlantes  du  Mozambique, 
comme  auprès  du  lac  de  Mexico,  & il 
paroît  même  que  le  Japonois  s'eft  prot 
terné  devant  lui.  {a). 

Mais  fi  Topinion  religieufe  ne  Ta  pa^ 
fait  régner  fur  Thomme  dans  toutes  les 
contrées  équatoriales  , tant  de  Tancien 
que  du  nouveau  continent , il  n"en  eft 
prefque  aucune  où  il  n"ait  excercé  fur 
îes  animaux  Tempire  de  fa  force.  Il 
habite  en  effet  prefque  tous  les  pays 
©ù  il  a trouvé  aflez  de  chaleur  pour  ne 
rien  perdre  de  fon  aétivité;,  aflez  de  proie 
pour  fe  nourrir , & aflez  d’efpace  pour 


{aj  Simon  de  FrUs,  cité  dans 


des  Serpens.  i€i 

lî'être  pas  trop  fouvent  tourmenté  par 
fes  ennemis  -,  il  vit  dans  les  Indes  orien- 
tales & dans  les  grandes  ifles  de  TAfie , 
ainfî  qtae  dans  les  parties  de  l’Amérique 
voilines  des  deux  Tropiques  (a)  il  paroît 
même  qu’autrefois  il  habitoit  à des  lati- 
tudes plus  éloignées  de  la  ligne , & qu’il 
vivoit  dans  le  Pontj  lorlque  eette  con- 
trée , plus  remplie  de  bois  , de  marais 
& moins  peuplée , lui  préfentoit  une 
furface  plus  libre  ou  plus  analogue  à 
fes  habitudes  & à fes  appétits.  Les  relâi- 
tions  des  Anciens  doivent  donner  une 
bien  grande  idée  de  l’haleine  empeftée 
qui  s’exhaloit  de  fa  gueule , puifque 
Métrodore  a écrit  que  l’immenfe  Ser- 


fa)  Il  fe  pourroit  que  îe  Serpent  de  la  Jamaïque 
déiigné  dans  Brown  par  la  phrafe  Suivante,  Ce/i- 
chris  tariigrada  major  lutta  , maculis  aigris  mtata  ; 
cauââ  briviori  & cr  (fiori  , appelle  en  Anglois  the 
Yellow  Suake^  8c  qui  parvient  ordinairement  à îa 
longueur  de  feize  ou  vingt  pieds , fut  de  l’efpèce 
du  Devin ^ & qu^on  ne  lui  eût  donné  Tepithète 
de  lent  (^tardigrada)  que  parce  qu’on  l’auroit  vu. 
dans  le  temps  de  fa  digeftion,  ou  dans  un  eom'* 
mencement  d’engourdiliement.  Brown ^ Hijl,  natur* 
ât  la  Jamaïque , 46 


1 6i  Hijîoire  Naturelle 

pent  qu'il  a placé  dans  cette  contrée  du 
Font  5 & qui  devoit  être  le  Devin  , avoit 
lepouvoir  d'attirer  dans  fa  gueule  béante^ 
les  oifeaux  qui  voloient  au-deflus  de  fa 
tête  5 même  à une  alfez  grande  hau- 
teur (^2),  Ce  pouvoir  n'a  confifté  fans 
doute  que  dans  la  corruption  de  i'haleine 
du  Serpent  qui  ^ viciant  l'air  à une  très- 
petite  diftance  ^ & l'imprégnant  de  miaf- 
ines  putrides  & délétères  ^ a pu  , dans 
certaines  circonftances  , étourdir  des 
oifeaux  , leur  ôter  leurs  forces  , les 
plonger  dans  une  forte  d'afphixie  , & 
les  contraindre  à tomber  dans  la  gueule 
énorme  , ouverte  pour  les  recevoir  ; 
mais  quelque  exagéré  que  foit  le  fait 
rapporté  par  Métrodore , il  prouve  la 
grandeur  du  Serpent  auquel  il  Ta  attri- 
bué , & confirme  notre  conjeélure  au 
fujet  de  l'identité  de  fon  efpèce  avec 
celle  du  Devin. 

D'un  autre  côté , peu  de  temps  avant 


(a)  « Metrodorus circa  rhyndacum  am- 

M nem  in  Ponto  , ut  iuper  volantes  quamvis  a!te 
perniciterque  alites  hauûa  raptas  abforbeaat, 
Pàiic,  28;  14* 


des  Sêrpens.  16} 

«eîui  ou  PIme  a écrit , & fous  l’empire 
de  Claude,  on  tua,  auprès  de  Rome, 
fuivant  ce  Naturalifte  , un  très-grand 
Serpent  du  genre  des  Boa , dans  le 
ventre  duquel  on  trouva  le  corps  en- 
tier d’un  petit  enfant , & qui  pouvoit 
bien  être  de  l’elpèce  du  Devin  (a).  J’ai 
fouvent  oui  dire  auflî  à plufieurs  habi- 
tans  des  provinces  méridionales  deFrance , 
que  dans  quelques  parties  de  ces  pro- 
vinces, moins  peuplées,  plus  couvertes! 
de  bois , plus  entrecoupées  par  des 
collines  , d’un  accès  plus  difficile , & 
préfèntant  plus  de  cavernes  & d’anfrac- 
tuofités,  oir  avoit  vu  des  Serpens  d’une 
longueur  très-confidérable , qu’on  auroit 
dû  peut-être  rapporter  à refpèce  ou  du 
moins  au  genre  du  Devin  (b). 


fa)  « Faciunt  his  fidem  in  Icaüa  appeüatæ 
» Boæ;  in  tancam  •ainpiitudinum  exeuntes  ut 
y>  divo  Claudio  Principe , occifæ  in  Vaticano  fo- 
»»  iidus  in  al vo fpeétatus  fit  infans.  » Pliiie,lif~2Zf 
thap.  I 4. 

(4)  Schwenckfeld  dit,  dans  fon  hiftoire  des 
Reptiles  de  la  Siléfie  , qu’un  homme  digne  de 
foi  lui  avoit  affiiré  qu’on  trouvoit  dans  cette 
Province,  des  Serpens  longs  de  huit  coudées  & de 


1(^4  Hijîoire  Naturelle 

Mais  c'eft  fur-tout  dans  les  défert§ 
brulans  de  i'x4frique  , qu'exerçant  une 
domination  moins  troublée , il  parvient 
à une  longueur  plus  confidërable.  On 
frémit  lorfqu'on  lit , dans  les  Relations 
des  Voyageurs  qui  ont  pénétré  dans 
rintérieur  de  cette  partie  du  monde,  la 
manière  dont  l'énorme  Serpent  Devin 
6'avânce  au  milieu  des  herbes  hautes  & 
des  brouiîailles , ayant  quelquefois  plus 
de  dix-huit  pouces  de  diamètre  , & fem- 


la  groffeur  du  bras;  il  les  appelîe  Bea^  Natrlx 
iomêflicaj  Serpais  palujtris  ^ Serpens  sguatilis , Angms> 
Boa^  Draco  Serp&ns»  H eft  dit  dans  les  Mémoires 
des  Curieux  de  îa  Nature,  pour  tannée  1682, 
que  peu  de  temps  auparavant  on  avoit  pris , 
auprès  de  Laufanne  en  Suifîe  ^ un  fi  grand  Serpent, 
que  fa  circonférence  égafoit  celle  de  deux  atiÿès  très- 
grojjès.  La  relation  ajoutoit  que  ce  Serpent  étoit 
monftrueux,  & qu’il  avoit  des  oreilles;  & if  elt 
à remarquer  que  , dans  prefque  tous  les  récits 
vagues  & peu  circonfianciés^que  Ton  a faits  con- 
cernant les  énormes  Serpens  des  Provinces  méri- 
dronales  de  France,  ©n  leur  a toujours  fuppofé 
des  oreilles  , quoiqu’aucune  efpéce  de  Serpent 
îi’ait  même  d’ouverture  apparente  pour  l’organe 
de  l’ouïe-  Voyez  les  Mélanges  des  Curieux  de  la 
Nature  de  Vienne,  Décnr»  2,  an*  1682,  oèfery^ 
de  Char!  Offr&di,  p*  317» 


des  Sefpens, 

feiable  à une  longue  & groflê  poutre  qu’on 
reraueroit  avec  vîteffe.  On  apperçoit  de 
loin , par  le  mouvement  des  plantes 
qui  s’inclinent  fous  fon  paflage  , l’ef- 
jjèce  de  (illon  que  tracent  les  diverfes 
ondulations  de  fon  corps;  on  voit  fuir 
.devant  lui  les  troupeaux  de  gazèles  & 
d’autres  animaux  dont  il  fait  fa  proie; 
& le  feul  parti  qui  refte  à prendre 
dans  ces  folitudcs  immenfes  pour  fe  ga- 
rantir de  fa  dent  meurtrière  & de  fa 
force  funefte , eft  de  mettre  le  feu  aux 
herbes  déjà  à demi-brâlées  par  l'ardeur 
du  foleil,  Xe  fer  ne  fujïît  pas  contre 
ce  dangereux  Serpent , lorfqu’il  eft  par- 
venu à toute  fa  longueur,  & fur-tout 
lorfqu’il  eft  irrité  par  la  faim.  L’on  ne 
peut  éviter  la  mort  qu’en  couvrant  un 
pays  immenfe  de  flammes  qui  fe  pro- 
pagent avec  vîteffe  au  milieu  de  végétaux 
prefqu'entiçfement  defléchés  , en  exci- 
tant ainft  un  vafte  incendie,.  & en  éle- 
vant , pour  ainli  dire , un  rempart  de 
feu  contre  la  pourfuitc  de  cet  énorme, 
animal.  Il  ne  peut  être,  en  effet,  arrêté 
ni  par  les  fleuves  qu’il  rencontre,  ni  par  les 
Jjras  de  mer  dont  il  fréquente  fojuveat  ïei 


ï66  Hijîoire  Naturelle 

bords,  car  il  nage  avec  facilité,  même 
au  milieu  des  ondes  agitées  {a)  -,  & c’efl: 
envain , d’un  autre  côté , qu’on  voudroit 
chercher  un  abri  fur  de  grands  arbres 


(a)  U Le  Paraguay  a ^es  Serpens  qu’on  nomme 
ChüjjcuTs  ( c'eft  Pefpèce  du  Devin,  à JaqutHé 
»»  on  a donné  ce  nom  en  plufieurs  contrées 
qui  montent  fur  les  arbres  pour  découvrir  ieur 
î»  proie,  & qui  s’élançant  deflus  quand  elfe  s’ap- 
>9  proche,  la  ferrent  avec  tant  de  force ,'*qu’e Hé 
ne  peut  fe  remuer  , & la  dévorent  toute 
vivante:  mais  lorfqu’ils  ont  avalé  des  bêtes  en- 
tiéres,  ils  deviennent  li  pefans , qui!  ne  peu- 
vent  plus  fe  traîner......  Pluliéurs  dé  ces 

•n  monftrueux  Reptiles  vivent  de  poiffbny  & le 
Pere  de  Montoya  raconte  qu’il  vit  un  jour  une 
Couleuvre  dont  la  tête  étoit  de  La^roflTeur  d’un 
» veau , de  qui  pêchoitfur  le  bord  d’une  rivière; 
» elle  commençoit  par  jeter  de  fa  gueule  beau- 
>1  coup  d’écume  dans  Peau  , enfuite  y plongeant 
>>  la  tête , & demeurant  quelque  temps  immo- 
5»  bile,  elle  ouvroit  tout-d’un-coup  , la  gueule 
?»  pour  avaler  quantité  de  poitTbns  que  i’écumé 
?»  fembloit  attirer.  Une  autrefois  le  même  Mif- 
?»  fidnnaire  vit  ifn  Indien- de  la  plus  grande  taille; 
>»  qui,  étant  dans  Peau  jufqu’à  la  ceinture,  oc- 
?f  cupé  de  la  pêche,,  fut  englouti  par  une  Cou- 
?»  leuvre  qui , le  lendemain  , le  rejeta  tout'entier.  m 
Nijioire  générale  des  Voyages^  édit»  in-I2,  tom,  55/ 
y an»  420  '6*  fuiv» 


des  Serpens.  i6j 

il  fc  roule,  avec  promptitude,  jufqu’à 
^extrémité  des  cimes  les  plus  hautes  {à)  ; 
aiiffi  vit-il  fouvent  dans  les  forêts.  En- 
veloppant les  tiges  dans  les  divers  replis 
de  fon  corps  , il  fe  fixe  fur  les  arbres 
à différentes  hauteurs  , & 7 demeure 
fouvent  long-temps  en  embufcade  , at- 
tendant patiemment  le  paâàge  de  fa 
proie.  Lorfque , pour  Tatteindre  ou  pour 
fauter  fur  un  arbre  voifîn  , il  a une  trop 
grande  diftance  à franchir , il  entortille 


fa)  M.  Saimon  nous  apprend  que,  dans  Plfîe 
V deMacaffar,  il  y a des  linges,  auffi féroces  que 
»>  !es  chats  fauvages,  qui  attaquent  les  voyageurs  y 
fur- tout  les  femmes  , & les  mangent  après 
9^  les  avoir  mis  en  pièces  ; de  forte  qu’on  eft 
99  obligé  , pour  s’en  défendre  , d’aller  toujours 
99  armé.  Il  ajoute  que  ces  finges  ne  craignent 
99  d’autres  bêtes  que  les  Serpens,  qui  les  pour- 
99  fuivent  avec  une  vîteffe  extraordinaire  & vont 
99  les  chercher  jufques  fur  les  arbres,  ce  qui  les 
99  oblige  d’aller  en  troupes  pour  s’en  garantir  , 
99  ce  qui  n’empêche  pas  qu’ils  ne  les  attaquent 
M & ne  les  avalent  tout  en  vie , lorfqu’ils  peuvent 
99  les  attraper.  »»  Hifi*  vatuu  de  FOrenoque,  vqU  3 , 
fag,  78.  Les  récits  des  autres  Voyageurs  nous 
portent  à croire  que  l’efpèce  de  Serpent  dont  a 
parlé  M.  Saimon  eit  celle  du  Devin. 


1^8  Hijîoire  Naturelle 

fa  queue  autour  d’une  branche , 8c  ruf 
pendant  fon  corps  alongé  à cette  efpèce 
d’anneau  , fe  balançant  & tout  d’un 
coup  , s’élançant  avec  force  , il  fe  jette 
comme  un  trait  fur  fa  viétime,  ou  contre 
Tarbrc  auquel  il  veut  s’attacher. 

Il  fe  retire  auflî  quelquefois  dans  les 
cavernes  des  montagnes,  8c  dans  d’autres 
antres  profonds  où  il  a moins  à crain- 
dre les  attaques  des  ennemis,  & où  il 
cherche  un  afyle  contre  les  températures 
froides , les  pluies  trop  abondantes , & 
les  autres  accidens  de  l’atmofphère  qui 
lui  font  contraires. 

Il  efl:  connu  fous  le  nom  trivial  de  grande 
Couleuvre  y fur  les  rivage*  noyés  de  la 
Gtiyanne  : il  y parvient  communément 
à la  grandeur  de  trente  pieds,  & même, 
dans  certains  endroits  , à celle  de  qua- 
rante. Comme  le  nom  qu’il  y porte  y 
eft  donaé  à prefque  tous  les  Serpens  qui 
joignent  une  grande  force  à une  lon- 
gueur confidérable,  & qui,  en  même- 
terns  , n’ont  point  de  venin  , & font 
dépourvus  des  crochets  mobiles  qu’on  re- 
marque dans  les  Vipères  *,  on  eft  alfez  em- 
ifearralîé  pour  diftinguer  parmi  les  divers 

faits 


des  Serpens.  i (Çp 

faits  rapportés  par  les  Vofâgeurs,  tou- 
chant îes  Serpens , ceux  qui  convieii-i 
nent  au  Devin.  II  paroît  bien  conftaté 
cependant  qu’il  y jouit  d’une  force  aflez: 
grande,  pour  qu’un  feul  coup  de  fa 
queue  renverfe  un  animal  aflez  gros , & 
même  l’homme  le  plus  vigoureux.  Il  y, 
attaque  le  gibier  le  plus  difficile  à vaincre; 
on  l’y  a vu  avaler  des  chèvres  & étoiifler 
des  cougars  , ces  repréfentans  du  tigre 
dans  le  nouveau  monde.  II  dévore  quel- 
quefois , dans  les  Indes  orientales,  des 
animaux  encore  plus  Confîdérables , ou 
mieux  défendus,  tels  que  des  porc- épies, 
des  cerfs  & des  taureaux  (a)  •,  & ce  fait 


(a)  if  Ces  Serpens  (ceux  dont  parle icil’Auteur 
»»  font  évidemment  des  Serpens  Devins)  ont  pFus 
» de  vingt  cinq  pieds  de  longueur;  & quoiqu’ils 
>»  ne  paroiffent  pas  pouvoir  avaler  de  gros  ani- 
« maux , l’expérience  prouve  le  contraire-  l’ache- 
**  tai  d’un  chafîéur  un  de  ces  Serpens  , que  jé 
*»  dill'équai,  & dans  le  ventre  duquel  je  trouvât 
>1  un  cerf  entier  de  moyen-âge  & revêtu  encorè 
>»  de  fa  peau;  j’en  achetai  un  autre  qui  avoit  dé- 
»»  voté  un  bouc  fauvage , malgréle?  grandes  corne* 
« dont  il  étüit  armé;  & je  tirai  du  ventre  d’uit 
» troifième,  un  porc-épie  entier  & garni  de  fes 
»»  piquans.  Da’’S  l’ifle  d’Amboi.ne,  une.  femme 

Serpens , Tome  IV,  H 


170  Hijloire  Naturelle 

effrayant  étoit  déjà  connu  des  An- 
ciens (^2).  * 

Lorfqu’il  apperçoit  un  ennemi  dange- 
reux , ce  n’eft  point  avec  fes  dents  qu'il 
commence  un  combat  qui  alors  feroit 
trop  défavantageux  pour  lui  y mais  il  fe 
précipite  avec  tant  de  rapidité  fur  fa 
maiheureufe  viélime , l’enveloppe  dans 
tant  de  contours , la  ferre  avec  tant  de 
force  , fait  craquer  fes  os  avec  tant  de 
violence , que , ne  pouvant  ni  s’échapper , 
ni  ufer  de  fes  armes , & réduite  à pouffer 
de  vains  mais  d’affreux  hurlemens , elle 
eft  bientôt  étouffée  fous  les  efforts  mul- 
tipliés du  monftrueux  Reptile. 

Si  le  volume  de  l’animal  expiré  eft 
trop  confidérable  pour  que  le  Devin 
puiffe  l’avaler,  malgré  la  grande  ouve»- 
ture  de  fa  gueule  , la  facilité  qu’il  a dç 


j>  grofle  fut  un  jour  avalée  toute  entière  par  un 
5»  de  ces  Serpens.  » Extrait  d’une  Lettre  d’Jndri 
Cléyerus , écrite  de  Batavia  à Mentiélius , Ephémiridei 
des  Curieux  delà  Nature.  Nurembergy  1684,  Décade  2, 
an.  2, 1683  , p.  18. 

(a)  Megafthenes  feribit,  in  India  Serpentes  in 
tantam  magnitudinem  adolefcere,  ut  lolidos  hau- 
ïjant  cexvQS  taurofque.  Pline,  liv  28,  chap.  14- 


des  Serpens,  tyi 

Vagraiidir  , & rextenllon  dont  prefqué 
tout  fon  corps  eft  filfceptible , il  con- 
tinue de  prefîer  fa  proie  liaife  à mort  -, 
il  en  écrafe  les  parties  les  plus  cora- 
paéfces-,  & , lorfqu  il  ne  peut  point  les 
brifer  avec  facilité,  il  l’entraîne  en  fe 
roulant  avec  elle  auprès  d un  gros  arbre , 
dont  il  renferme  le  tronc  dans  fes  replis  j 
il  place  fa  proie  entre  l’arbre  & fou 
corps  -,  il  les  environne  l’un  Sc  l’autre 
de  fes  nœuds  vigoureux -,  Sc,  fe  fervarit 
de  la  tige  noueufe  comme  d’une  forte 
de  levier  , il  redouble  fes  efforts , & 
parvient  bientôt  à comprimer  en  tout 
îens  , 8c  à moudre , pour  ainfi  dire  , le 
corps  de  l’animal  qu’il  a immolé  {a). 
liorfqu’il  a donné  ainfi  à fa  proie 

("aj  Lettre  d' André  Cléyerus,  déjà  citée*  UAuteur 
^oute  : « dans  le  Royaume  d^Aracan  , fur  les 
confins  de  celui  de  Bengale,  on  a vu  un  Serpent 
?»  ( un  Devin  ) démefuré  fe  jeter  , auprès  âes  bords 
??  d’un  fleuve  , fur  un  très-grand  urus  ( bœuf 
?»  fauvage^,  de  donner  un  fpeètacle  affreux  par  fou 
n combat  avec  ce  terrible  animal  ; on  pouvoit 
entendre , à la  diftnnce  d^une  portée  de  canon 
d’un  très-grand  calibre  , le  craquement  des  os. 
diel’urus,  brifès  par  les  efforts. de  fon  ennemû^a®? 

Hi* 


?» 

ff 


172  Hijloire  Naturelle 

toute  ia  fouplefle  qui  lui  eft  néceffaire  , 
il  Talonge  en  continuant  de  la  prelîer, 
& diminue  d’autant  la  grofleur-,  il  l’im- 
bibe de  fa  faiive  ou  d’une  forte  d’humeur 
analogue  qu’il  répand  en  abondance  •, 
il  pétrit , pour  ainfi  dire , à l’aide  de  fes 
replis , cette  malle  devenue  informe , 
ce  corps  qui  n’eft  plus  qu’un  compofé 
confus  de  chairs  ramollies  & d’os  con- 
calîés  (^2).  C’eft  alors  qu’il  l’avale , en  la 
prenant  par  la  tête  , en  l’attirant  à lui , 
& en  l’entraînant  daps  fon  ventre  par  de 
fortes  afpirations  plulieurs  fois  répétées  *, 
mais  , malgré  cette  préparation  , fa  proie 
eft  quelquefois  lî  volumineufe  qu’il  ne 
peut  l’engloutir  qu’à  demi  •,  il  faut  qu’il 
ait  digéré  au  moins  en  partie  la  portion 
qu’il  a déjà  fait  entrer  dans  fbn  corps, 
pour  pouvoir  y faire  pénétrer  l’autre  5 
8c  l’on  a fouvent  vu  le  Serpent  Devin 
la  gueule  horriblement  ouverte,  & rem-  1 
plie  d’une  proie  à demi-dévorée,  étendu 
à terre  , & dans  une  forte  d’inertie  qui 


(a)  Note  communiquée  par  M*  de  la  Bordç^  Çonef* 
pondant  du  Cabinet  du  Roi, 
h^ttve  d* André  CUyeru&s 


des  Serpens.  if$, 

accompagne  prefqiie  toujours  fk  di»- 
geftion  (a). 

Lorfqu'en  effet  il  à affouvi  fon  appéttt 
vioient , & rempli  fon  ventre  de,  la 
nourriture  nécelîaîre  à Tentretien  de  ïa 
grande  maffe  , il  perd  , pour  un  temps  , 
fon  agilité  & fa  force*,  il  eft  plongé  dans 
une  efpèce  de  fommeil  ^ il  gît  fans  mou- 
vement, comme  un  lourd  fardeau , le 
corps  prodrgieufement  enflé  *,  & cet  en- 
gourdiffement  , qui  dure  quelquefois 
cinq  ou  fix  jours,  doit  être  aflez  pro- 
fond j car , malgré  tout  ce  qu’il  faut 
retrancher  des  divers  récits  touchant 
ce  Serpent,  il  paroît  que,  dans  différens 
pays , particulièrement  aux  environs  de 
l’Iftme  de  Panama  en  Amérique  , des 
Voyageurs , rencontrant  le  Devin  à 
demi  - caché  fous  l’herbe  épaiffe  des 
forêts  qu’ils  traverfoient , ont  plufieurs 
fois  marché  fur  lui  dans  le  temps  où  la 
digellion  ie  tenoit  dans  une  efpèce  de 
torpeur.  Ils  fe  font  même  rèpofés 
. a - 1 - on  écrit , fur  fon  corps  giffant  k 
terre , & qu’ils  prenoient , à caufe  des 


(d)  Laurenti , Svecinieu  Medicum^ 

H iij 


174  Naturelle 

feuilkges  dont  il  étoit  couvert  , pour 
un  tronc  d'arbre  renverfé , fans  faire 
faire  aucun  mouvement  au  Serpent  , 
afloupi  par  les  alimens  qu'il  avoit  avalés , 
ou  peut-être  engourdi  par  la  fraîcheur 
de  la  faiforr.  Ce  n'eft  que  , lorfqu'allu- 
mant  du  feu  trop  près  de  l'énorme  ani- 
mal , ils  lui  ont  redonné  , par  cette  cha- 
leur^ affez  d'aéfcivité  5 pour  qu'il  recom- 
mençât à fe  mouvoir  , qu'ils  fe  font 
apperçus  de  la  préfence  du  grand  Rép- 
tde  5 qui  les  a glacés  d'effroi , & loin 
duquel  ils  fe  font  précipités  {a). 


fa)  « On  ne  fera  pas  furpris  que  ces  fortes  Je 
» Couîeuvres  ( les  Couleuvres  Chaffeufes  ou  les 
w Devins) parviennent  à une  grofieur  fi  démefu- 
» rée , fi  l’on  fe  rappelle  que  ces  pays  font  déferts 
& couverts  de  forêts  immenfes. . ....  Le  Père 

» Simon  rapporte  que  dix-huit  Efpagnols  étant 
arrivés  dans  le  bois  de  Coro , dans  la  Province 
^ ih  de  VtmxudcLy  & fe  trouvant  fatigués  de  fa 
99  marche  qu^ils  avoient  faite  , ils  s’aflirent  fur  une 
de  ces  Couleuvres^,  croyant  que  ce  fût  un  vieux 
99  tronc  d'arbre  abatu^ôt  que  lorfqu'ils  s’y  atten- 
99  doient  le  moins , Pànimal  commença  à marcher  , 
99  ce  qui  leur  caufa  une  furprife  extrême,  w Itft. 
mtur.  de  l^Oreuoque  y par  le  P,  Gfimilla  , vol.  2 , 
pag.  77. 

« On  trouve  encore  une  efpèce  de  Serpen» 


des  Serpe  fis,  17/ 

Ce  long  état  de  torpeuf  a fait  croire 

fort  extraordinaires,  longs  de  quinze  U vingt 
99  pieds,  & fi  gros  , qu’ils  peuvent  avaler  ua 
55  homme*  Ils  ne  paflfent  pas  cependant  pour  les 
55  plus  dangereux  , parce  que  leur  monftrueufe 
55  grolTeur  les  fait  découvrir  de  loin  & donne  plus 
55  de  facilité  à les  éviter.  On  n’en  rencofitre  guère 
55  que  dans  les  lieux  inhabités^  Delion  en  vit 
55  plufieurs  fois  de  morts,  àprès  de  grandes  inon- 
55  dations  qui  les  avoient  fait  périr , & qui  les 
55  avoient  entraînés  dans  les  campagnes  ou  fur  le 
>5  rivage  de  la  mer  ; k quelque  difiance  on  les 
» auroit  pris  pour  des  troncs  d’arbres  abattus  ou 
55  defféchés.  Mais  il  les  peint  beaucoup  mieux 
^5  dans  le  récit  d^un  accident  dont  on  ne  peut 
55  douter  fur  fon  témoignage  , & qui  confirme 
w ce  qu’on  a lu  dans  d’autres  relations  fur  {a 
>5  voracité  de  quelques  Serpens  des  Indes* 

55  Pendant  la  récolte  du  riz,  quelques  Chré- 
>5  tiens  qui  avoient  été  Gentils , étant  ailé  Cra^ 

^5  vailfer  à fa  terre  , un  jeune  enfant  qu'ils  avoierrt 
>9  laifie  feul  & malade  à lamaifon,  en  fortit  pour 
» s’aller  coucher  à quelques  pas  de  la  porte,  fuè 
1»  des  feuilles  de  palmier,  où  il  s’endormît  jufjÉjl 
n qu’au  foir-  Ses  pare  ns  ^ qui  revinrent  fatigué^^ 
99  du  travail^  le  virent  dans  cet  état  ; mais^ 
w ne  penfant  qu’à  préparer  leur  nourriture,  ils 
99  attendirent  qu’elle  fût  prête  pour  l’aller  éveiller. 

99  Bientôt  ils  lui  entendirent  pouflor  des  cris  à 
99  denti-écouffés  qu’ils  attribuèrent  à fon  indif- 
” pofition  ; cependant,  comme  il  continuoit  de 
99  fe  plaindre , quelqu’un  fortit  & vit , en  s^api 

H iy 


ï J 6 ITiJloire  Naturelle 
à quelques  Voyageurs  que  le  Serpent 


prêchant  , qu^une  de  xes  greffes  Couîeuvres 
J»  avoit  commencé  à Pavaler.  L'embarras  du  père 
^ & de  la  mère  fut  âufii  grand  que  leur  douleur; 
9 on  n’ofoit  irriter  fa  Couleuvre , de  peur  qu'avec 
i»  fes  dents  elle  ne  coupât  l'enfant  en  deux  , ou 
» qu'eîfe  n'achevât  de  l'engloutir  ; enfin  , de 
pfulieurs  expédiens , on  préféra  celui  de  fa  couper 
par  fe  milieu  du  corps,  ce  que  le  plus  adroit 
» & fe  plus  hardi  exéciua  fort  heureufement  d'un 
feul  coup  de  fabre  ; mais  comme  elfe  ne 
mourut  pas  d’abord  , quoique  féparée  en  deux^ 
» elle  ferra  de  fes  dents  le  corps  tendre  de 

l^enfant & il  expira  peu  de  momens 

après. 

V Schouten  donne  h ces  monftres  affamés,  le 
9^  nom  de  Polpogs.  Us  ont,  dit-il,  la  tête  affreufe 
ny  & prefque  femblabl  cà  celle  du  fanglier  ; leur 
^ gueule  & leur  gofier  s'ouvrent  jufqu'à  l'èfto- 
yy  mac , lorfqu'ils  voyent  une  groffe  pièce  à dé-* 
9y  vorer  ; leur  avidité  doit  être  extrême,  car  ifs 
99  s'étranglent  ordinairement  lorfqu'ils  dévorent 
99  un  homme  ou  quelqu'animal.  On  prétend 
d'ailleurs  que  l'efpèce  n’eft  pas  venimeufe.  U 
yy  eft  vrai  que  nos  foidats,  prelfés  de  la  faim, 
yy  en  ayant  quelquefois  trouvé  qui  venoient  de 
yy  crever  pour  avoir  avalé  une  trop  grofle  pièce, 
yy  tel  qu'un  veau,  les  ont  ouverts,  en  ont  tiré  la 
yy  bête  qu'ils  avoient  dévorée,  fans  qu'il  leur  en 
yy  foit  arrivé  le  moindre  mal.  »»  Defeription  du 
Malabar  t g/nér*  des  Voyages^  édit»  in-ia 

roi- 45  J 545' 


des  Serpens.  177 

Devin  avaloit  quelquefois  des  animaux 
d'un  volume  Ci  confîdérable  qu'il  étoit 
étouffé  en  les  dévorant  Sc  c'eft  ce 
temps  d'engourdiflement  que  choififlent 
les  habitans  des  pays  qu'il  fréquente  , 
pour  lui  faire  la  guerre,  & lui  donner 
la  mort.  Car , quoique  le  Devin  ne  con- 
tienne aucun  poifon  , il  a befoin  de  tant 
confommer,  que  fon  voifinage  eft  dan- 
gereux pour  l'homme,  Sc  fur-tout  pour 
la  plupart  des  animaux  domeftiques  & 
utiles.  Les  habitans  de  l'Inde , les  Nègres 
de  l’Afrique , les  Sauvages  du  nouveau 
Monde  fe  réuniffênt  plufieurs  autour 
de  l'habitation  du  Serpent  Devin.  Ils 
attendent  le  moment  où  il  a dévoré  La 
proie,  Sc  hâtent  même  quelquefois  cet 
inftant , en  attachant  auprès  de  l'antre 
du  Serpent  quelque  gros  animal  qu'ils 
facrifient,  Sc  fur  lequel  le  Devin  ne 
manque  pas  de  s’élancer.  Lorfqu’il  efl:  * 
repu' il  tombe  dans  cet  affaiflement  & 
cette  infenfibilité  dont  nous  venons  de 
parler  ; Sc  c’eft  alors  qu’i's  fe  jettent  fur 
lui , Sc  lui  donnent  la  mort  fans  crainte 
comme  fans  danger.  Ils  ofent , armés 
d’un  (impie  lac,  s’approcher  de  lui -^80 


178  Hifioire  Naturelle 

rétranglcr,  ou  iîs  Taflomment  à coups 
de  branches  d'arbres  (a).  Le  defîr  de  fe 


{aj  Lettre  André  CUyerus, 

Nous  croyons  qu’on  verra  ici  avec  plàifir  îe 
récit  de  îa  manière  dont,  fuivant  Diodore  de 
Sicile,  on  prit,  en  Egypte  & fous  un  Ptolomée, 
un  Serpent  énorme  qui,  à caufe  de  fa  grandeur, 
ne  peut  être  rapporté  qu’à  l’efpèce  du  Devin. 
Plufieurs  chalfeurs,  encouragés  par  îa  muni- 
ficencé  de  Ptolomée,  réfolurent  de  îui  amener 
y»  à Alexandrie  un  des  plus  grands  Serpens.  Get 
9}  énorme  Reptile,  long  de  trente  coudées^  vivoit 
ip  fur  îe  bord-  des  eaux,  il  y demeuroit  immobile, 
couché  à terre  & fon  corps  replié  en  cercle; 
99  mais  lorfqu’iî  voyoit  quelqu’animat  approcher 
79  du  rivage  qu’il  habitoit , il  fe  jettoit  fur  lui 
99  avec  impétuofité,  le  faifilToit  avec  fa  gueule, 
99  ou  l’enveloppoit  dans  les  replis  de  fa  queue. 
99  Les  chalfeurs  l’ayant  apperçu  de  loin,  imagi- 
99  nèrent  qu’ils  pourroient  aifément  le  prendre 
99  dans  des  lacs  & l’entourer  de  chaînes  ; iis  s’avan- 
99  cèrent  avec  courage,  mais  lorfqu’ils  furent  plus 
.99  près  de  ce  Ssrpent  démefuré,  l’éclat  de-  fes 
99  yeux  étinceîans  y fan  dos  hérilfé  d’écailies,  le 
V ÎDruit  qu’il  faifoit  en  s’agitant,  fa  gueule  ouverte 
î9  & armée  de  dents  longues  & crochues,  fon 
99  regard  terrible  & féroce , les  glacèrent  d’effroi  C 
99  ils  osèrent  cependant  s’avancer  pas  à pas , & 
,79  jeter  de  forts  liens  fur  fa  queue;  mais  à peine 
.99  ces  liens  eurent-i's  touché  le  monftrueux  ani- 
99  mal,  que  fe  retournant  avec  vivacité,  & faifanx 
91  entendre  des  iifflemens,  aigu^  , il  d !Vora  le 


des  Scrpens.  179 

délivrer  d’un  animal  deftruéleur , n’eft 


9)  chafFeur  qui  fe  trouva  îe  plus  près  de  lui,  en 
»»  tua  un  fécond  d'un  coup  de  fa  queue , & mit 
» îes  autres  en  fuite*  Ces  derniers  ne  voulant 
9»  cependant  pas  renoncer  à la  récompenfe  qui 
>>  les  attendoit  ÿ & imaginant  un  nouveau  moyen  ^ 
9»  firent  faire  un  rêt  compofé  de  cordes  très- 
99  grofles , §£  proportionné  à la  grandeur  de  l'an.t- 
9»  mal  : ifs  le  placèrent  auprès  de  la  caverne  du 
99  Serpent  y & ayant  bien  obfervé  le  temps  de 
99  fa  fortie  & de  là  rentrée , ils  profitèrent  de 
99  celui  où  l^énorfiie  Reptile  étoit  allé  chercher 
99  fa  proie , pour  boucher  avec  des  pierres  l'en- 
99  trée  de  fon  repaire-  Lorfque  le  Serpent  revint, 
99  iis  fe  montrèrent  tous-à-la-fois  avec  plufieurs 
9»  hommes  armés  d'arcs  & des  frondes , plufieurs 
^9  autres  à cheval , & d'autres  qui  faifoient  ré- 
99  fonner  à grand  bruit  des  tromipettes  & d'autres 
99  initrumens  retentiifans  ; ce  Serpent  fè  voyant 
99  entouré  de  cette  multitude  ^ fe  redrefîbit  & 
99  jetoit  l'effroi,  par  fes  horribles  fifflemens , parm][ 
9>  ceux  quil'environnoient;  mais  effrayé  lui-même 
99  par  les  dards  qu'on  lui  lançoit,  la  vue  des 
99  chevaux  , le  grand  nombre  de  chiens  qui 
99  aboyoient.,  êt  le  bruit  aigu  des  trompettes  ^ 
99  il  fe  précipita  vers  l'entrée  ordinaire  de 
99  caverne;  la  trouvant  fermée  , toujours  trou-r 
99  blé  de  plus  en  plus  par  le  bruit  des  trompettes 
99  des  chiens  ôc  des  chaffeurs  , il  fe  jeta  dans  \% 
99  rêt,  où  il  fit  entendre  des  fifflmens  de  rage 5 
V mais  tous  fes  efforts  furent  vains , & fa  fore» 
fi  cédant  à tous  ks  coups  dont  on  l'aflaillit,  & à 


1 8 O îJiJloire  Naturelle 

pas  îe  feûl  motif  qu’on  ait  pour  en  faire 
îa  chafle.  Les  habitans  de  Tifle.  de  Java , 
îes  Nègres  de  la  Côte  d’Or  & plufîeurs 
autres  peuples  mangent  fa  chair,  qui  efc 
pour  eux  un  mets  agréable  {a)  dans 


toutes  îes  chaînes  dont  on  îe  îiâ,  on  le  con- 
yy  duifit  à Alexandrie,  où  une  longue  diète  apaifa 
99  fa  férocité,  m 

U Les  Nègres  de  îa  Côte  d^Or  mangent 
99  îa  chair  de  ces  grands  S^pens , & îa  préfèrent 
99  à îa  meilîeiire  volaiüe.  « génér.  des  Voyages ^ 
édit.  in-ï2,  vol.  J4>  pag*  ‘ai^»99  Quelques  do- 
99  meftiques  Nègres  de  lîofman  apperçurent , 
99  près  de  Mauri  (fur  la  Côte  d'Or)>  un  Serpent 
99  de  dix-fcpt  pieds  de  long  & d’une  grolfeur  pro^ 
99  portionnée.  I!  étoit  au  bord  d’un  truu  rempli 
99  d’eau  , entre  deux  porc-épics,  avec  lefquels 

99  iî  s’engagea  un  combat  fort  animé 

99  Les  Negres  terminèrent  la  bataiiîe  en  tuant  îes 
99  trois  champions  à coups  de  fufii  ; ils  îes  ap- 
99  portèrent  à Mauri^  où,  raflfemblant  leurs  ca- 
99  marades , ils  en  firent  enfemble  un  feftin  dé- 
99  licieux  99  Ibid,  pag  216. 

« Lopez  parie  d’un  Serpent  d’excefiive  gran- 
99  deur  qui  a quelquefois,  dk-iî , vingt-cinq 
empas  de  long  fur  cinq  de  large,  & dont  fa 
99  gueule  & îe  ventre  font  fi  vaftes  , qu’it  eft 
99  capable  d’avaler  un  cerf  entier.  Les  Nègres 
99  î’appeifent  , dans  leur  langue  , le  grand 
99  Serpent  d’eau  , ou  îe  grand  Hydre.  Il  vit, 

99  en  eîfet,  für  les  rivières,  mais  ii  cherche  fa 


des  Serpens,  i § i 

d’autres  pays , fa  peau  fert  de  parure  ; 
les  habitans  du  Mexique  fe  revêtoient 

» proie  fqr  terre,  & monte  fur  quelque  arbre, 
99  d’où  il  guette  les  beftiaux;  s’il  en  voit  un  qu’iï 
99  puilTe  failir,  il  fe  iailTe  toniber  delfûs,  s’entor- 
99  tille  autour  de  lui,  le  ferre  de  fa  queue,  & 
99  Payant  mis  hors  d’état  'de  fe  défendre,  il  le 
99  tue  par  fes  morfures,  enfuite  il  le  traîne  dans 
99  quelque  lieu  écarté,  où  il  le  dévore  à fon  alTe  ; 
99  peau , dit  l’Auteur,  os  & cornes.  Lorfqu’ii  s’elt 
99  bien  rempli,il  tombe  dans  une  efpèce  de  ftupidité 
99  OU  de  fommeil  fi  profond , qu’un  enfant  feroit 
99  capable  de  le  tuer.  Il  demeure  dans  cet  état 
99  l’efpace  de  cinq  à fix  jours,  à la  fin  defquels 
99  il  revient  à lui-même.  Cette  redoutable  efpèce 
99  de  Serpent  change  de  peau  dans  la  faifon 
99  ordinaire,  & quelquefois  après  s’être  monf- 
99  trueufement  raflafiée.  Ceux  qui  la  trouvent  ne 
99  manquent  pas  de  la  montrer  en  fpedacîe.  La 
99  chair  de  cet  animal  palfe,  entre  les  Nègres, 
99  pour  un  mets  plus  délicieux  que  la  volaille, 
w Lorfqu’il  leur  arrive  de  mettre  le  feu  à quelque 
99  bois  épais  , ils  y trouvent  quantité  de  ces  Serpens 
tout  rôtis,  dont  ils  font  un  admirable  feftin>> 
99  Ce  récit  eft  confirmé  par  Carli;  il  raconte  qu’un 
99  jour , étant  à fe  promener  fous  des  arbres  , près 
99  de  Kolumgo,  les  Nègres  de  fa  compagnie  dé- 
99  couvrirent  un  grand  Serpent  qui  traverfoit  la 
99  rivière  de  Quanza;  ils  s’efforcèrent  de  le  faire 
» retourner  fur  fes  traces  en  pou  fiant  des  cris 
« & en  lui  jetant  des  mottes  de  terre,  car  il 
99  ne  fe  trouve  point  de  pierres  dans  le  pays  ; 
99  mais  rien  ne  put  l’empêcher  de  gagner  le  rivage 


1 8 Z Hijloire  Naturelle 

de  fa  belle  dépouille  -,  & dans  ces  temps 
antiques  où  des  monftres  de  toute  efpèce 
Xâvageoient  des  contrées  de  Tancien  con- 
tinent , que  Tart  de  rhoiiime  eommen- 
çoit  à peine  d'atracher  à la  nature , com* 
biert  de  héros  portèrent  la  peau  de 
grands  Serpens  qu'ils  avoient  mis  à 


» & de  prendre  pofte  dans  un  petit  bois  afîez 
« près  de  fa  maifon.  Il  fe  trouve  de  ces  Serpens, 
dit  le  même  Auteur,  qui  ont  vingt-cinq  pieds 
>>  de  long  & qui  font  de  la  grofleur  d’un  poulain* 
Ils  ne  font  qu’un  morceau  d’une  brebis  auffitôt 
» qu’ils  l’ont  avalée  , ils  vont  faire  leur  digeftion 
» au  foleil  ; les  Nègres  ^ qui  connoiffent  leurs 
V5  ufages,.  apportent  beaucoup  de  foin  à les  ob- 
w ferver,  & les  tuent  facilement  dans  cet  état, 
» pour  le  feui  plaiûr  d’en  manger  la  chair.  Us 
>9  les  écorchent  & ne  jettent  que  la  queue,  la 
tête  & les  entrailles.  Ce  Serpent  paroît  être  le 
» même  qui  porte  , fuivant  Dapper  , le  nom 
99  à^Embamma  dans  le  Royaume  d’Angola;  & 
99  celui  de  Mi/fm  dans  le  pays  de  Quojas,  Sa  gueule, 
99  aj oute  cet  Ecrivan , eft  d'une  grandeur  fi  extraor- 
9f  dinaire,  qu’il  peut  avaler  un  bouc^  ou  même 
99  un  cerf  entier.  H s’étend  dans  les  chemins 
99  comme  une  pièce  de  bois  mort,  àc  d’un  mou- 
» vement  fort  léger,  il  fe  jette  fur  les  paflTans^ 
99  hommes  ou  animaux.  *»  Wfloire  tiaturelle  de  Congn^ 
Angola  & de  Bengutla.  Hifloire  générale  des  Voyages^^ 
édit*  in-i2,/;V,  13  , tom^  17  , pag>  249 


Serpens.  1 8 j 

mort,  & qui  étoient  vraifembiablement 
de  refpèce  ou  du  genre  du  Devin  , 
comme  des  marques  de  îetir  valeur  & 
des  trophées  de  leur  viâoire.* 

C^eft  lorfque  la  faifon  des  pluies  eft 
paflée  dans  les  contrées  équàtoriales , 
que  le  Devin  fe  dépouille  de  fa  peau 
altérée  par  la  difette  qifil  éprouve  quel- 
quefois , ou  par  raétron-  de  fatmolphère, 
par  le  frottement  de  divers  corps  j St 
par  toutes  les  autres  caufes  extérieures 
qui  peuvent  la  dénaturer.  Le  plus  fou- 
vent  il  fe  tient  caché  pendant  que  fa 
nouvelle  peau  n^eft  pas  encore  endurcie, 
& qu^il  n'oppoferok  à la  pourfuite  de 
fes  ennemis  qifun  corps  foible  & dé- 
pourvu de  fon  armure.  Il  doit  demeurer 
alors  renfermé  ou  dans  le  pkis  épais  des 
forêts , ou  dans  les  antres  profonds  qui 
lui  fervent  de  retraite.  Nous  penfons  , 
au  refte , qif  ordinairement  il  ne  s'en- 
gourdit complètement  dans  aucune  faifon 
de  l'année.  Il  ne  fe  trouve , en  effet , 
que  dans  les  contrées  très-voifines  des 
Tropiques  où  la  faifon  des  pluies  n'amène 
jamais  une  température  allez  froide  pour 
fufpendre  fes  mouvemens  vitaux.  Et 


î 8 4 Hîfioire  Naturelle 

comme  cette  faifon  des  pluies  varie 
beaucoup  dans  les  différentes  Contrées 
équatoriales  de  l’ancien  & du  nouveau 
Continent  , & qu’elle  dépend  de  la'haU' 
teur  des  montagnes , de  leur  fituation , 
des  vents , de  la  pofîtion  des  lieux  , en- 
deçà  5 ou  au-delà  de  la  ligne , &c.  le 
tems  du  renouvellement  de  la  peau  & 
des  forces  du  Serpent , doit  varier  quel- 
quefois de  plufieurs  mois  & même 
dune  demi-année.  Mais  c’eft  toujours 
lorfque  le  foleil  du  printemps  redonne 
Tadivité  à la  Nature  , que  le  Serpent 
Devin  rajeuni , pour  ainfi  dire  , plus 
fort,  plus  agile,  plus  ardent  que  jamais, 
revêtu  d’une  peau  nouvelle  , fort  des 
retraites  cachées  où  il  a dépouillé  fa 
vieill^ile  , & s’avance  Tceii  em  feu  fur 
une  terre  cmbrâfée  des  nouveaux  rayons 
d’un  foleil  plus  aâif.  Il  agite  fa  grande 
niafle  en  ondes  finueufes  au  milieu  des 
bois  parés  d’une  verdure  plus  fraîche 
faifant  entendre  au  loin  fon  fifflement 
d’amour,  redrcfiant  avec  fierté  fa  tête, 
impatient  de  la  nouvelle  flamme  qu’il 
éprouve,  s’élançant  avec  impétuofité,  il 
appelle,  pour  ainfi  dire,  fa  compagne 


des  Serpens,  i 8 j 

à laquelle  il  s’unit  par  des  liens  fi  étroits , 
que  leurs  deux  corps  ne  paroiffent  plus 
en  former  qu’un  feul.  La  fureur  avec 
laquelle  le  Devin  fe  jette  alors  fur  ceux 
qui  l’approchent  & le  troublent  dans 
fes  plaifirs  , ou  le  courage  avec  lequel 
il  demeure  uni  à fa  femelle  malgré  la 
pourhiite  de  fes  ennemis  & les  blelfures 
qu’il  peut  recevoir , paroiiîent  être  les 
effets  d’une  union  auffi  vivement  fentie 
qu’elle  eft  ardemment  recherchée  : point 
de  confiance  cependant  dans  leur  affec- 
tion ; lorfque  leurs  defirs  font  fatisfaits, 
le  mâle  & la  femelle  feféparenti  bien- 
tôt ils  ne  fe  connoiflent  plus,  & la  fe- 
melle va  feule,  au  bout  d’un  temps, 
dont  on  ignore  la  durée , dépofer  fes 
ceufs  fur  le  fable  ou  fous  des  feuillages. 

C’efl  ici  fesemple  le  plus  frappant 
d’une  grande  différence  entre  la  grof- 
feur  de  l’œuf  ôc  la  grandeur  à laquelle 
parvient  l’animal  qui  en  fort.  Les  œufs 
du  Devin  n’ont,  en  effet,  que  deux  ou 
trois  pouces  dans  leur  plus  grand  dia- 
mètre. Toute  la  matière  dans  laquelle  le 
fœtus  eft  renfermé  n’eft  donc  que  de 
quelques  pouces  cubes -,  & cependant  le 


1 8 5 Uijtûire  Naturelle 

Serpent , lorfqit’H  a atteint  tout  fon  dé-' 
veloppem'ent,  he  cbntient-ii  pas  quarante 
Oïl  cinquante  pieds  cubes  de  matière. 

Ces  œufs  ne  font  point  couvés  par  la 
femelle  j la  chaleur  de  l^atmofphère  les 
fait  feule  éclore-,  ou  tout  au  plus  dans 
certaines  contrées  comme  celles  , par 
exemple  y où  l’humidité  domine  trop 
fur  la  chaleur,  la  femelle  a le  foin  de 
pondre  danÿ  quelques  endroits  plus 
abrités,  & où  des  fubftances  fermenta- 
tives  & ramalTées  augmentent  ,•  par  la 
chaleur  qu’elles  produifent , l’effet  <ie 
celle  de  l’atmofjphère.  On  ignore  com- 
bien de  jours  les  œufs  demeurent  expofés 
à cette  chaleur , avant  que  les  petite 
Serpens  édofent. 

La  grande  différence  qu’il  y a entré 
îa  petitefle  du  Serpent  contenu  dans  fon 
œuf , & la  grandeur  démefurée  du  Ser- 
pent adulte , doit  faire  préfumer  que 
ce  n’eft  qu’au  bout  d’un  temps  très- 
long  , que  le  Devin  eft  entièrement  dé- 
veloppé -,  & n’eft  - ce  pas  une  preuve 
que  ce  Serpent  vit"  un  allez  grand 
nombre  d’années  ? Le  nombre  de  ceS 
années  doit  eu  eâet  être  d’autant  plits 


des  Serpens.  i S 7 

eonfîdérable  , que  le  Devin  eft  auflî 
vivace  que  la  plupaat  des  autres  Serpens. 
Ses  différentes  parties  jouiffent  de  quel- 
ques mouvemens  vitaux , même  après 
qu’elles  ont  été  entièrement  féparées  du 
refte  du  corps  {à).  On  a vu,  par  exem- 
ple, la  tête  d’un  Dévin  coupée  dans  le 
moment  où  le  Serpent  mordoit  avec 
fureur , continuer  de  mordre  pendant 
quelques  inftans  , & ferrer  même  alors 
avec  plus  de  force , la  proie  qu’il  avoit 
faille , les  deux  mâch®ires  fe  rappro- 
chant par  un  effet  de  k contraction 
que  les  mufcles  éprouvoient  encore. 
Lorfque  cette  contraéRon  eut  entière* 
ment  ceffé  y on  eut  de  la  peine  à def- 
ferrer  les  mâchoires  , tant  les  parties 
de  la  tête  étoient  devenues  roides  *,  ce 
qui  fît  croire  qu’elle  conferVoit  quelque 
aétion , lorfque  cependant  il  ne  lui  en 
refte  plus  aucune  {b). 

(a)  Voyez,  à ce  fujet,  Maregrave  , à l^endrort 
déjà  cité. 

(bj  Ce  fait  m^a  été  confirmé , reîàtivement  au 
Devin  ou  à d’autre«  grands  Serpens,  par  piufieurs 
Voyageurs  qui  étoient  ailés  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale, & particulièrement  par  M.  le  Baron  dô 
WiderCpach,,  Correfpondànt  du  Cabinet  du  Ito# 


1 8 § Hijlôire  Ndturelle 


L’HIPNALE  (a). 


C’est  un  assez  beau  Serpent  qui  , 
ainfi  que  le  Devin  , appartient  au  genre 
des  Boa  , & a de  grandes  plaques  fous 
îa  queue  ainfi  que  fous  ie  corps  , mais 
qui  lui  eft  bien  inférieur  par  fa  lon- 
gueur & par  fa  force.  On  le  trouve 
dans  le  Royaume  de  Siam.  Le  plus 
grand  nombre  des  individus  de  cette 
efpèce , qui  ont  été  confervés  dans  les 
Cabinets , n’avoient  guère  qu’un  pouce 
& demi  de  circonférence  & deux  ou 
trois  pieds  de  longueur,  & telles  étoient 
à-peu-près  les  dimenfions  de  ceux  qui 
font  décrits  dans  Séba  (b).  Ce  Serpent 


(a)  L’Hipnaîe.  M»  (TAubenton  , Encyclopédit 
'méthodique* 

Boa  Hipnaîe.  Linn*  amphib.  Serpent, 

Séba^  muf  2 j tab*  34  , l 2. 

Boa  Exigua,  195.  Laurenti^  Speclmea  Mtiicum, 

(b)  Un  Hipnale  qui  fait  partie  de  fa  coHedion 
du  Roi,  a un  pied  onze  pouces  de  longueur 
totale  9 ôc  fa  queue  e&  longue  de  trois  pouces. 


des  Serpens.  i 8 9 

eft  d’un  blanc  jaunâtre  tirant  plus  ou 
moins  fur  le  roux  -,  le  deflous  du  corps 
eft  d'une  couleur  plus  claire,  & Séba 
dit  qu’on  y remarque  des  taches  noi- 
râtres •,  mais  nous  n'en  avons  vu  aucun 
veftige  fur  l'individu  qui  eft  confervé 
dans  l'efprit- de-vin  au  Cabinet  du  Roi. 
Le  dos  eft  parfemé  de  vaches  blanchâtres 
bordées  d’un  brun  prefque  noir.  Malgré 
leur  irrégularité,  ces  taches  font  répan- 
dues fur  le  corps  de  i’Hipnale  de  ma- 
nière à le  varier  de  couleurs  agréables 
à la  vue , & à r^préfenter  aflez  bien 
une  riche  étoffe  brodée.  Suivant  Séba, 
la  femelle  ne  diffère  du  mâle  que  par 
fa  tête  qui  eft  plus  large.  L'un  & l’autre- 
l'ont  allez  grande  fans  que  cependant 
elle  paroiffê  difproportionnée.  Le  tour 
de  la  gueule  préfente  ijne  forte  de  bor- 
dure remarquable  que  l’on  obferve  dans 
plufieurs  Boa , mais  qui  eft  ordinaire- 
ment plus  fenfible  dans  l’Bffpnale  à pro- 
portion de  fa  grandeur  5 elle  eft  com-^ 
pofée  de  grandes  écailles  trèl-courbées,‘ 
concaves  à l’extérieur  & qui  étant  ainfi 
comme  creufées , forme  une  forte  de 
petit  canal  qui  borde  les  deux  mâchoires^ 


I ^ ® Hijîoire  Naturelle 

On  a mis  ce  Serpent  au  nombre  des 
Céraftes  (a)  ou  Serpens  cornus  \ il  leur 
reflemble  , en  effet  , par  fes  propor- 
tions, mais  les  Céraftes  ont  deux  rangées 
de  petites  plaques  fous  la  queue,  & d'ail- 
leurs il  n'a  aucune  apparence  de  corne^ 

II  fe  nourrit  de  chenilles,  d'araignées, 
& d'autres  petits  infeétes*,  & comme  il 
eft  très-agréable  par  fes  couleurs  fans  être 
dangereux , on  doit  le  voir  avec  plaifir 
venir  dans  les  environs  des  habitations , 
les  délivrer  d'uniè  vermine  toujours  trcp 
abondante  dans  les  pays  très- chauds.  II 
a ordinairement  cent  foixante-dix-neuf 
grandes  plaques  fous  le  corps , & cent 
vingt  fous  la  queue.  Les  écailles  qui  re- 
couvrent fa  tête  font  femblables  à celles 
du  dos  , mais  le  deffus  du  mufeaii  pré- 
fente quatorze  écailles  un  peu  plus 


(fl)  Séha , fl  r&ndroit  déjà  cité» 


LE  BOJORI . , LA  BRODERIE  . 7^, 


des  Serpens.  191 


■ LE  B O J G B I (d). 


{Quoique  ie  Bojopi  n’égale  point  le 
Serpent  Devin  par  fa  force , fa  grandeur 
ni  la  magnificence  de  fa  parure  , quoi^- 
qu’il  cède  en  tout  à ce  roi  des  Serpens , 
il  n’en  occupe  pas  moins  ufie  place  dif- 
tinguée  parmi  ces  animaux-,  & peut-être 
le  premier  rairg  lui  appaxtiendroit , fi 
l’efpèce  du  Devin  étoit  détruite.  La 
longueur  à laquelle  ij  peut  parvenir  eft 
affez  confidérable  -,  & il  ne  faut  pas  en 
fixer  les  limites  d’après  celles  que  pré- 
fêntent  les  individus  de  cette  efpèce, 
coafervés  dans  les  Cabinets  (è).  II  doit  ^ 
être  bien  plus  grand  lorfqu’il  a acquis 
tout  fon  déyeioppemeot  : & s’il  faiit 

(d)  Tetrauchoalt  Tieoa. 

. Le  Bojobi.  M,  d*Aubenton , Encyclopédie  méthodique^ 
Boa  Canina,  Linn,  amphiL  Serpent, 

Séba  ^muf,  0,  , tab,  8 1 , 1,6’  tah.  96  , fig,  2. 

Boa  Aurantiaca,  194.  Boa  Thalaiïina,  193.  Lan* 
rtnti^  Spécimen  Medicam, 

(b)  L'individu  que  nous  avons  décrit,  & qui 
fait  partie  de  la  colleétion  de  Sa  Majefté,  a deux 
pieds  onze  pbuces  de  longueur  totale,  & à-peu^ 
près  fept  pouces  depuis  l'anus  jufqu'à  l'extrémité 
ip  la  queue. 


Hijioire  Naturelle 

rapporter  à ce  qu'on  a écrit  de  ce  Boa,’ 
fa  longueur  ne  doit  pas  être  très-infé- 
rieure à celle  du  Serpent  Devin.  L'on 
a dit  qu'il  fe  jetoit  fur  des  chiens  & 
d'autres  gros  animaux , & qu'il  les  dévo- 
roit  {a)  \ & à moins  qu'on  ne  lui  ait  at- 
tribué des  faits  qui  appartiennent  au 
Devin  , le  Bojobi  doit  avoir  une  lon- 
gueur & une  force  confidérables  pour 
pouvoir  mettre  à mort , & avaler  des 
chiens  & d'autres  animaux  alfez  gros. 

Ce  Serpent  , qui  ne  fe  trouve  que 
dans  les  contrées  équatoriales , habite 
également  l'ancien  & le  nouveau  monde*, 
mais  il  offre , dans  les  grandes  Indes  8c 
en  Amérique  , le  figne  de  la  différence 
du  climat , dans  Ie$  diverfes  nuances 
qu'il  préfente  , quoique  d^illeurs  le 
Bojobi  de  l'Amérique  & celui  des  Indes 
fe  refîemblent  par  la  place  des  taches , 
la  proportion  du  corps,  la  forme  de  la 
tête,  des  dents,  des  écailles  , par  tout  ce 
qui  peut  conftituef  l’identité  d'efpèce. 

(a)  M-  Linné  paroît  avoir  adopté  cette  opiniom 
en  donnant  au  Bojobi  f’épithète  de  canina  ^ de 
même  qu'il  a donné  celle  de  murina  à un  Boa  qui 
le  nourrit  de  rats. 

Le  Bojobi 


des  Serpens.  ' j.  1 1 

Le  BôjoBi  du  Bréfil  eft  d’un  beau  vert 
de  mer  plus  ou  moins  foncé , qui>  s’étend 
depuis  le  fommet  de  la  tête  jufqu’à  l’ex- 
trémité de  la  queue , & fur  lequel  font 
placées,  d’efpace  en  efpace,  des  taches 
blanches  irrégulières  , dont  quelques- 
unes  approchent  un  peu  d’une  lozangé 
& qui  font  toutes  alfez  clair-femées  & 
diftribuées  avec  affez  d’élégance  pour 
former  fur  le  corps  du  Bojobi  un  des 
plus  beaux  aflortimens  de  couleurs.  Ses 
écailles  font  d’ailleurs  extrêmement  polies 
& luifantes  (à)  •,  elles  réfléchiffent  û 
vivement  la  lumière  qu’on  lui  a donné  , 
ainfi  qu’au  Serpent  Devin i,  le  ;:pom  In- 
dien de  Tleoa , qui  veut  dire  Sferpeut 
de  feu  : auffi  , lorfque  le  Bdjbbi:  brille 
aux  rayons  du  foleil , êf  qu’il  étale  la 
croupe  refplendilTante  d’un  beau  vert 
& d’un  blanc  éclatant , on  croiroit  voir^ 
une  longue  chaîne  d’émeraudes,  au  mi- 
lieu de  laquelle  on  auroit  dîftrihué  des 
diamansj  & ces  nuances  font  relevées 
par  la  couleur  jaune  du  deffous  de  fo»; 
ventre,  qui , à certains  alpeéls,  encadre,* 


(a)  Ellés  font  rhomboïdales. 

K ^rpens  J Tome  ÏVy  ■»  <1 


154  NaturèUe 

pour  aiiîfî  dire,  dans  de  J’of:,;fe  iveft  =S 
îe  Hane  ;du  dos.  ; - , 

Le  Bojobi  des  grandes  Iiades  né  prcr 
fente  pas  iet  afleinblage  de  vert  & de 
bJanc^  mais  il  réunit  l’édat  dç  i’or  à 
celui  des  rubi|.  Le  vert  eft  remplacé  par 
de  l’orangé  j & les  taches  du  dos  font 
Jaunâtres  & bordées  d’un  rouge  tresrvif. 
Voilà  donc  les  deux  variétés  du  Bojobi  ^ 
qui  ont  reçu,  l’une  & l’autre  , une  pamrè 
éclatante  d’autant  plus  agréable  à l’œil, 
que  le  deflêin  en  eft  fimple  & par  coui 
'feqUient  facilement  failî.  j 

On  doit  confidérer  ces  Serpens  avec 
'd’autant  plus  de  plaifîr , qu’il  parôjt  qu’ils 
ne  fqnt  point  aîoiimeux  , qu’ils  ne  crair 
gtiéitriipat  l'hdmme , Sc  qd’ils  ne  cherchent 
pas  à lui  nuire  y s’ils  n^ont  pas  une  forte 
de  familiarité  avec  lui  comme  plufieurs 
Couleuvres  , s’ils  ne  fouffrent  pas  fes 
câredes,  ils  ne  fuient  pas  fa  demeure  ; 
ils  vont  fouvent  dans  les  habitations  i ils 
fie  font;  de  mal  à perfonne  fi  on  ne  les 
attaque  poiht  5 mais  on  ne  les  irrite 
pas  envain  ; ils  mordent  alors  avec  force 
4c  même  leur  morfure  eft  quelquefois, 
fuivie  d’une  inflammation  confîdérahie 
^ui , aij^mentée  par  la  crainte  du  bhSèf 


pfeûî , dît^on  , donner  Ir  mort , fi  oa 
n Y apporte  point  un  prompt  remède  , 
en  nétoyant  la  plaie  , ea  coupant  ia 
partie  mordue , &c.  Néanmoins  , &i- 
yant  les  Voyageurs  qui  attribuent  des 
fuites  funcftes  à la  morfiire  du  Bojobi , 
ces  accidcns  ne  doivent  pas  dépendre 
d^in  veidn  quil  ne  paroît  pas  contenir-,. 
& ce  n'eft  que  parce  que  fes  dents  font 
très-acérées  \a) , qu'elles  font  des  blef- 
fiires  dangereufes,  de  meme  que  toutes 
les  efpèces  de  pointes  ou  armes  trop 
effilées  {b), 


, (a)  H y a d^i\%  ratîgs  de  4eats  à h ixiâchoîfe 
fupérieure  ; les  plus  voiüncs  du  mufeau  font  longues 
& recourbées  comme  les  crochets  à venin  de  la 
vipère,  mais  elles  ne  font  ni  mobiles  ni  creufes- 
(IfJ  Le  Bojobi  a ordinairement  deux  cent  trojs 
grandes  plaques  fous  le  corps,  & foixante-dix-fept 
fous  la  queue.  Le  deffus  de  fa  tête  eft  garni  d’écailles 
femblables  à celles  du  dos.  Les  deux  os,  qui  corn- 
pofent  chaque  mâchoire  , font  très-féparés  Lun 
de  Lsutre  dans  la  parue  du  mufeau,  & ainfi  qu'on 
le  voit  dans  la  vipère  commune.  Les  lèvres  font 
couvertes  de  grandès  écailles,  fur  lefquelfes  on 
obferve  un  fiUon  aiîez  profond , & qui  font  com- 
munément au  nombre  de  vingt-trois  fur  la. 
choire  fupérieure,  & de  vingt-cinq  fur  Linfé'* 


19^  Hijîeire  Naturelle 


5-1  !'!L ■■■»—?» 

LE  RATIVORE  (a). 

On  trouve  en  Amérique  , ainfi  qu’aux 
grandes  Indes,  ce  Boa,  dovnt  k tête  eft 
conformée  à-peu-près  comme  celle  du 
Devin , & couverte  d’écarlles  rhomboï- 
dales,  unies  ainii  que  celles  du  dos  > 
& à-peu-près  de  la  même  grandeur*  Il 
nk  point  de  crochets  à venin , & fes 
lèvres^^font  bordées  de  grandes  écailles* 

t4f  deiîüs  du  corps  de  ce  Boa  eft 
blahcbâtre,  ou  d'un  vert  de  mer,  avec 
cinq  rangées  longitudinales  de  taches  ^ 
la  rangée  du  milieu  eft  compofée  de  taches 
ronfles , irrégulières  , blanches  dans  leur 
centre  , placées  très-près  rune  de  l'autre, 
& fe  touchant  en  plufieurs  endroits  ^ 
les  deux  raies  fuivantes  font  formées  de 
taches  roiiiTâtres  , chargées  d'un  demif^ 


{a)  Le  Mai’tgeur  de  rats.  Mn  i^Aubeum  , &- 
cyclopédit  métkodiqtie* 

Boa  Murina^  ampbib.  Serpmu 
Gromieius  muf*  2,  p*  70,  Af.°  44- 
S^ba , muf,  2 , ub,  tg  # 


âts  Serpats,  i fj 

cercle  blanchâtre,  du  côté  de  rintérieiir, 
ce  qui  leur  donne  l’apparence  de5  taches 
appellées  yeux  fur  les  ailes  des  papillons; 
les  deux  rangées  extérietires  préfentent 
enfin  des  taches  rouffes , qiii  correfpon- 
■dent  aux  intervalles  de*  rangées  dont  les 
taches^  reffembient  à des  yeux.  Ori  voit  * 
fur  le  derrière  de  la  tête  , cinq  autres 
taches  rondes  & alongées,  dont  les  deux 
extérieures  s’étendent  jufqu’au  yeux  du 
Serpent, 

Le  Rativore  a ordinairement  deux 
cent  cinquante- quatre  grandes  plaques 
fous  le  corps , & foixante-cinq  fous  la 
queue.  Un  individu  de  cette  efpèce , 
apporté  de  Ternate  au  Cabinet  du  Roi  , 
a deux  pieds  fix  pouces  do  longueur  , 
& fa  queue  eft  longue  de  quatoe  pouces 
deux  lignes. 

Il  fe  nourrit  de  rats  & d’autres  petit» 
animaux  , ainfî  que  plufieurs  autres 
Serpens, 


1 9 8 HiJIoîre  Naturelle 


LA  BRODERIE,  (a). 

Novs  NOMMONS  iaitîfi  le  Boa  dont  îl  eft 
^neftion  dans  cet  article , parce  qu’en 
effet  on  voit  régner  aii-defî’us  de  fon 
corps  & de  fa  quene , une  chaîne  de 
taches  de  idifîérentcs  formes  , de  dif-^ 
férentes  grandeurs,  nuées  de  bai-hriin, 
de  châtain-pourpre  * & de  cendré  blan- 
châtre , qiïi  repréfentcnt  une  broderie 
d’autant  plus  riche  que  lorfque  le  foleil 
darde  fes  rayons  fur  les  écailles  lui- 
fantes  du  Serpent,  elles  réfléchiffent  un 
éclat  très-vif;  Voilà  pourquoi  appareni- 
ment  ce  Boa  a été  appellë  dans  la  nou- 
velle Efpagne  , ainfi  que  le  Devin,  le 
Bojobr,  & pltiiieurs  autres  Reptiles  , 
'Tkhua  ou  Tleoa  , c’eft-à-dire , Serpent 


(a)  Le  Parterre*  M»  d'Juhenm,  Encyclopédie 
méthodiqut,  ' [ 

Boa  Hortuîana.  Linn,  amphib»  Serpent. 

Séba  t mil  P 2,  îab»  74,  fig.  I,  £?*  tab.  84  > 

fis-  I- 


des  Serpens.  15$ 

' âe  Peu  : mais  c’éft  fur  fa  tête  qué  cette 
brillante  broderie,  eompofée  dé  taches 
& de  raies  plus  petites  j & fouvent  plus 
entrelacées , prcfente  nn  delîein  plus 
varié,  M.  Linné  , comparant  éé  riche 
atTortiment  & cette  difpofitiorf  agréable 
de  couleurs  à la  diffiributioii  de  celles 
qui  décore  un  parterre , a donné  l’épi- 
thète de  Hortuland  , au  Boa  dont  nous 
parlons  (u)’,  mais  nous  avons  préféré  le 
uom  de  Broderie  , comme  défignant 
d’une  manière  plus  exaéte , l’arrangev 
ment  & l’éclat  des  belles  couleurs  de  ce 
Serpênt. 

Il  fe  trouve  au  Paraguay  dans  l’Amé- 
rique Méridionale,  ainfi  que  dans  la 
nouvelle  Elpagne.  Comme  il  n’a  encore 
été  décrit  que  dans  les  Cabinets , & que 
fes  couleurs  ont  dâ  être  pliis  au  moins 
altérées  par  les  moyens  employés  poitr 
l’y  conferver , on  ne  peut  point  déter* 
miner  la  vraie  nuancé  du  fond  fur  lequel 
s’étend  la  broderie  remarquable  qui  le 
diftingue  -,  il  paroît  feulement  que  le 


(aj  M’  Linné  , à l’endroit  déjà  tité, 

I iv 


tco  Hijloire  Naturelle 


€Îps  çft  bleuâtre  -,  le  ventre  eft  blanchâtre 
& tacheté  d’un  roux  plus  ou  moins  foncé  -, 
i individu  qui  fait  partie  de  ïa  colleétion 
du  Roi , a deux  pieds  trois  pouces  fix 
lignes  de  longueur  totale , & fa  queue 
eft  longue  de  fept  pouces  {a). 


/fl/Le  Boa  Broderie  a le  deffus  de  la  tête  couver® 
d’écaiiies  rhomboïdales  , unies  & femblables  à 
celles  du  dos,  deux  cent  quatre-vingt-dix  grande» 
plaques  fous  le  corps , & cent  vingt-huit  fous  ^ 
queue,  li  u’a  point  de  crochets  à veoia. 


àes  Serpent, 


±ài 


LE  GROIN  {a). 

XjA  forme  de  la  tête  de  ce  Boa , lui  a 
fait  donner  par  M.  d’Aubenton  , le  nom 
que  nous  lut  confervons  ici  •,  ientufeau  eft 
en  effet  terminé  par  une  grande  écaille 
relevée  -,  la  tête  eft  d’ailleurs  très-large, 
très-convexe  & couverte  d’écailles  fera- 
blables  à celles  du  dos , ainfî  que  dans 
îe  plats  grand  nombre  de  Boa. 

Le  Groin  fe  trouve  dans  la  Caroline, 
où  il  a été  obfervé  par  MM.  Catefby  & 
Garden.  Ni  M.  Catefby,  ni  M.  Linné, 
à qui  M.  Garden  avoit  envoyé  des  indi- 
vidus de  cette  efpèce , n’ont  vu  les  mâ- 
choires du  Boa  Groin  , garnies  de  cro- 
chets mobiles  Sc  à venin  -,  mais  cependant 
M.  Linné  dit  pofilivement  qu’en  difTé- 


(a)  Le  <jXom.  M»  d^Auhtnton , Encyclofédit  mé^ 

thûdiqut. 

Boa  Contortrîx-  Linn»  amphilh  Serpent* 

The  Hog-Nofe  Snake- 

C^tby , CmL  a , tab,  56. 

I ▼. 


202  Hijîoire  Naturelle 

quant  ce  Serpent , il  a trouvé  les  véfi- 
lîcules  qui  contieurrent  k-  liqueur  véné- 
neufe. 

Le  deffus  du  corps  du  Groin  eft  cendré 
ou  brun  avec  des  taches  noires  difpofées 
régulièrement , & des  taches  tranfverfales 
jaunes  versk  queue.  Le  deflous  préfente 
des  taches  noires.,  plus  petites,  lur  urr 
fond  blanchâtre. 

Ce  Boa  ne  parvient  ordinairement  qu’à 
k longueur  d’un  ou  deux  pieds  , fuivant 
Catcfby,  & celle  de  k queue  égale  le 
plus  fouvent  le  tiers  de  k longueur  du 
corps  (û).. 


(a)  Le  Groin  a cent  cinquante  grandes  plaques, 
fous  le  corps  & quarante  fous  la  queue.  ' 


dés  Serpens,  i©} 

LE  CEN  CHRIS  (a). 

Ce  Boa  fe  trouve  à Surinam  : eft? 

d’un  jaune  clair  V avec  des  taches  blan- 
châtres, grifes  dans  leur  centre,  ^ qui 
imitent  des  yeux  comme,  celles  que  l’on 
voit  ftir  les  plumes  de  plufîeurs  ôifeaux  , 
ou  fur  les  ailes  de  plufieurs  papillons.  Il 
a,  fiiivant  Linné , qui. eii  a parlé  le 
premier , deux  cent  foixante-cinq  grandes 
plaques  fous  le  corps  , Sc  cinquante-fep.t 
fous  la  queue.. 


f'aj  Le  Cenchrfô.  M-  d^Aulenton , Encycîo-péih 
méthodique. 

Boa  Cenchria.  Linn^  amyhih*  Stfpinu  , 


2;o4  Hijloire  Naturelle 


LE  SCHYTALE  (a). 

Ce  Boa  doit  parvenir, à une  grandeiif 
très-confidérable,  & jouir  de  beaucoup 
de  force  ^ puifque , félon  M.  Linné , il 
écrafe  & engloutit , dans  fa  gueule, 
des  btebis  & des  chèvres.  Le  deflus  de 
fon  corps  eft  d'un  gris  mêlé  de  vert  y 
où  voit  des  tâches  noires  & arrondies 
le  long  du  dos , cTaùtfes  taches  noires  vers 
leurs  bords , blanches  dans  leur  centre , 
& difpofées  des  deux  côtés  dû  corps  le 
Ventre  en  préfente  d’autre  de  la  même 
couleur  , mais  alongées , & comme  cem»- 
pofées  de  plülieurs  points  noirs  réunis 
enfemble» 

On  le  trouve  en  Amérique.  Il  a deux 
•cent  cinquante  grandes  plaques  fous  le 
corps , & foixante-dix  fous  la  queue. 


fa^  Le  Schytale.  M-  i' jimhtnton , EsteyeUfiitt 
mithoiiqttt. 

Boa  Schytaïe-  Lim.  ëtnphih,  Scrpmh 
^chtüch.  SacT,  tah,  737  f fig^  !• 

Gronoft.  muf  BS  ^ 


âes  Serptns.  26 f 


L’OPHRIE  (a). 

Un  individu  de  cette  efpèce  faifoit 
partie  de  la  colledron  de  M.  le  Baron 
de  Géer , & a été  décrit , pour  la  pre- 
miète  fois,  par  M.  Linné.  L’Ophrie  a 
beaucoup  de  rapports,  par  fa  confor- 
mation , avec  îe  Devin  , mais  il  en  dif- 
fère par  fa  couleur , qui  eft  brune , & 
par  le  nombre  de  fes  grandes  plaques  y 
il  en  a deux  cent  quatre-vingt-une  fous 
ic  ventre  , Sc  foixante-quatre  fous  la 
queue. 


(a)  yOphrie.  M*  d*Jnhe»ton  , Ençychpé£i 
tMiqne, 

Boa  Ophrias,  Lim,  &mpkiè*  Serpmt* 


lûS  Hîjîoire  Nafurelté 


L’EN  Y DRE  (^>. 

L'on  coNNoÎT.peu  de  ehofes  relativement 
à cette  efpèce  de  Boa  , qite  M.  Linné 
a décrite  ie  premier,  & dont  un  individu 
faifoit  partie  de  la  colîeélion  de  M.  le 
Baron  de  Géen 

L'Enydre  eft  d'itne  couleur  grife , mais 
qiti  préfente  plufieurs  nuances^  allez  dif- 
férentes l'une  de  rautre.  Il  paroît par 
ce  qu'en  dit  M.  Linné  > que  les  dents 
de  la  mâchoire  inférieure  de  ce  Serpent  ^ 
font  plus  longues,  en  proportion  de  fa 
grandeur  de  l'animal  5 que  dans  la  plupart 
de  autres  noa. 

On  trouve  l'Enydre  en  Amériques  il 
a deux  cent  foixante-dix  grandes  plaques 
fous  le  corps^ , & cent  quinze  fous  la 
queue. 


(a)  L^Enydre*  AL  d*Auhenton  , Ensydopédit 
méthodique. 

Boa  Enydris.  Linn-  amphih*  Serpent, 


des  Serf  eus.  2©f 


L EMU  E T 

M.  liiNNE  a donné  ce  nom  à un  grand 
Serpent  de  Surinam,  qui!  a placé  dans 
ïe  genre  des  Serpens  à fonnette  , 
caiife  des  grands  rapports  de  confoimia- 
tion  qui  le  rapprochent  de  ces  Reptiles  ^ 
mais  que  nous  comprenons  dans  le  genv^ 
des  Boa , parce  qu’il  a de  grandes  plaques 
fous  le  corps  & lotis  la  queue,  comme  ces 
derniers , & qti’il  n’a  pointla  queue  termi- 
née par  une  otiplufîeurs  grandes  pièces, 
de  nature  écailleure  , comme  les  Serpens 
à fonnette.  C eft  à caufe  de  ce  défaut  de 
pièces  mobile^  & fonores  , que  M.  Liniré 
î’a  nommé  le  Muet.  Ce  Reptile  a l’extré- 
mité de  la  queue  garnie  par-deffous  de 
quatre  rangs  de  petites  écailles  dont  les 
angles  font  très - aigus.  Les  crochets  à 
venin , que  l’on  voit  à fa  mlchorre  fupé- 


^a)  Le  Muet.  M.  d^Aubentdn  Eneycibpédie  mi^ 
thodique» 

Crotal*  Mutus.  Li/m»  ampMb.  Serpmu 


\mrt  Naturelle 


rieure , font  efFrayartS  par  leur  grandeur-, 
félon  M.  Linné  fon  dos  préfente  des 
tacites  noires  rhomboïdaies  & réunies 
les  unes  aux  autres  •,  il  a deux  cent  dix- 
fept  grandes  plaques  fous  le  ventre , & 
trente-quatre  fous  la  queue. 


J^OLO  îhe 


I,  LE  BOIQURA.  Ser^eTi^à^Jon/i^^e^^ MILLET..^. 2^^.? 
S.  LE  DURI S SUS  .7%?'. 


Ton2y>J7^ 


1 1.  /W . . Z 


êes  Serpens,  *09 
TROISIÈME  GENRE. 


SERPENS 

Qui  ont  le  feutre  couvert  de  grandes 
plaques  y & la  queue  terminée  par  une 
grande  pièce  de  nature  écailleufe , ou 
par  plufieurs  grandes  pièces  articulées 
les  unes  dans  les  autres  j mobiles  ^ 
bruyantes. 

SERPENS  A SONNETTE. 



LE  BOIQUIRA  (a). 

Uk  Voyageur  égaré  au  milieu  des 
folitudes  brûlantes  de  l’Afrique  , accablé 
pus  la  chaleur  du  midi , entendant  de 


(ûf)  Boicininga  & Boîcinininga* 

Ecacoati.  . 

Cafea  vela  ou  Cafcavel  ^ par  les  Portugais^ 


11^  Miroir e Natufélte 

îoiiî  le  nigifletiicnt  du  tigre  en  furêùif 
qui  cherche  urie' proie,  & rie  Tachant 
comment  éviter  fa  dent  meQrttère;^  ne 
doit  pas  éprouver  un  frérriilTement  plus 
grand  que  ceux  qui  parcourant  les  im- 
menfes  forêts  des  contrées  chaudes  & 
humides  du  nouveau  Monde-,'  féduits 
par  la  beauté  des  feuillage»  & des-fleurs , 
entraînés  , comme  par  une  efpèce  d'en- 
chantement au  milieu  de  ces  retraites 


Tange^or , par  les  Efpagnols, 

The  Rattle  Snake,  par  les  Av^oU* 

Le  Büiqüira.  M.  d^Aubentoo^  Encyclopédie 
îhoâiquz. 

Crotal.  Harridivs.  Linp.  ami^hïh^  Serpein^ 

Bradl^  Tiatuf^  tab.  ‘ . 

Séba,  Muf,  2 , ï. 

Caudifona  Terrîfîca  , *03,  Lmrmî  ^ SpetmiH 
Meiumtr. 

Teuhttacot  Zauhqm,  L e,  Regina  Serpentumy 

tlernandei* 

Vipera  Caudifona  > & Anguis  Crotaîophorus** 
Bay  , Synopfis , pag»  291. 

Vipera  Brafdiae  Caudifona.  Mufœam  Kircheria^ 
mm  J fom.  1773  » 355  9»  4j* 

Bokinininga.  P^yo// y c/e Brafilicnfi, 

/•  , . . , . 

Boicinininga , Eoiquira,  Aÿug.  Gcorg,  Marcgrapi,- 
hifi.  rcrum  naturaliam  Brafilï<z , lib*  6 y p,  240. 


2 1 } 


Serpens. 

riantes^  mais  perfides,  fentent,  toiit-à- 
coup  , l’odeiîr  fétide  qu'exhale  le  Boi- 
quira  (a)  ^ recoiïnoiffant  le  Émit  de  la 
fonnette  qui  termiae  fa  queue  , & Ïq 
voient  prêt  à s^ëlaiicer  fur  fux. 

Ce  terrible  Reptile  renferme  en  effet 
un  poi Ton  mortel*,  &,  fans  excepter  le 
Naja  5 il  n'eft  peut-^être  aucune  efpèce 
de  Serpent,  qui  Gontienne  un  venin  plus 
aétif. 

Le  Boiquira  parvient  quelquefois  à la 
longueur  de  fix  pieds  ^.  & fa  circonfé- 
rence eft  alors  de  dixyhuit  pouces  (^).- 


• fa)  U .Vodeur.des  Serpensà  fonnette  eCt  très-mait- 

Taife , fur-tout  iorfqu’ils  fe  chauffent  au  foleif  oa 
f>  qu^iîs  font  en  coière;  on  tes  fént  queiquefois 
» avant  de  fes  voir  & de  les  entendr  e : lés  chevaux 
99  & les  bœufs  les  découvrent  par  Podqrat  fêc  s’enr 
99  fuient  très-loin:  mais  lorfque  le  vent  ernporte 
n l’exh^aifon  du  Serpent  vêts  ïe  côté  oppolé  à la 
n route  que  tient  le  cheval  ou  le  bœuf,  celui-ci 
» va  quefquefois  jiifques  fur  le  Serpent  mêmer 
« fana  eiv  avoir  connoilîanee.  KaLnu  Mém.  de 
Sukde  Colle&>  académ-  part,  étrangère  , tome  ri  , 

(b)  Hernandez  ne  lui  donne  que  quatre  pieds 
de  longueur  ; Maregrave  un  peu  pius  de  quatre 
pieds  y & Pifon  cinq;  mais  Kaïm  a écrit  que  les 


/ 


St  t i Hijïoire  Naturelle 

L’individu  que  nous  avons  décrit  , 8c 
qui  eft  confervé  au  Cabinet  du  Roi , a 
quatre  pieds  dix  lignes  de  long , en  y 
comprenant  la  queue  qui  a quatre  pouces, 
& qui,  dans  cette  efpèce,  ainfi  que  dans 
ies  autres  Serpensà  fonnette  déjà  connus, 
eft  très-courte  à proportion  du  corps. 

Sa  tête  aplatie  eft  couverte,  auprès  du 
mufeau,  de  fix  écailles  plus  grandes  que 
leurs  voifines  , & difpofées  fur  trois 
rangs  tranfverfaux  , chacun  de  deux 
écailles. 

Les  yeux  paroiflent  étincelans,  & lui- 
fent  même  dans  les  ténèbres , comme  ceux 
de  plufieurs  autres  Reptiles,  en  laiflant 
échapper  la  lumière  dont  ils  ont  été 
pénétrés  pendant  le  jour  & ils  font 
garnis  d’une  membrane  clignotante  , 
éiiivant  le  favant  Anatomifte  Tyfon  , 
qui  a donné  une  defcription  très-éten- 


p!us  gros  Boiqùira  qu’on  ait  vus  dans  l’Amérique 
feptentrionaie  étoient  longs  de  fiX  pieds.  Mémoires 
de  l’Académie  de  Stotkolm,  Suivant  Catesby  , le» 
plus  grands  Serpehs  à fonnette  ont  près  de  neuf 
pieds  de  longueur-  Hifl-  nat.  de  la  Cuolim,  vol.  s, 
pa^.41. 


des  Serptens.  215 

due  , tai)t  des  parties  extérieures  que 
des  parties  intérieures  du  Boiquira  (a). 

La  gueule  préfente  une  grande  ou* 
verture  -,  & le  contour  en  eft  de  quatre 
pouces  , dans  l’individu  de  la  colleétion 
du  Roi.,  La  langue  eft  noire , déliée  , 
partagée  en  deux  j renfermée  en  partie 
dans  une  gaine , & prefque  toujours 
l’animal  l’étend  & l’agite  avec  vîteffe. 
Les  deux  os  qui  forment  les  deux  côtés 
de  la  mâchoire  inférieure  ne  font  pas 
réunis  pardevant , mais  féparés  par  un 
intervalle  affez  conlidérable  que  le  Ser- 
pent peut  agrandir  , lorfqu’il  étend  la 
peau  de  fa  bouche  pour  avaler  une  proie 
volumineufe.  Chacun  de  ces  os  eft  garni 
de  plulieurs  dents  crochues,  tournées  en 
arrière, d’autant  plus  grandes  qu’elles  font 
plus  près  du  mufeau , & qui , par  une 
fuite  de  cette  difpofition  , ne  peuvent 
point  lâcher  la  proie  qu’elles  ont  faifie, 
& la  retiennent  dans  la  gueule  du  Boi- 
quira , pendant  qu’il  l’infeéte  du  venin 
qui  tombe  de  fa  mâchoire  fiipérieure. 
C’eft,  en  effet,  fous  la  peau  qui  re- 

(9)  Tranpiftms  N-” 


i 1 4 Hijîoire  Naturelle 

couvre  eette  mâchoire , & de  chaque 
côté , que  nous  avons  vu  les  véficùîes  oi\ 
îe  poifon  fe  ramaffe.  Lorfque  le  Serpent 
comprime  ces  véfiçules , le  venin  fe 
porte  à la  balè  de  deux  crochets  très-^ 
longs  & très-apparens  , attachés  lii-de» 
vant  : de  la  mâchoire  fiipérieure  ^ ceS 
criôchets  , enveloppés  en  paffié  dâhs  une 
èlpèce  de  gaîne",  d'ou  iis  fortent  lorfque 
î’animal  les  redreffe  , font  creux  dans 
pref^e  toute  leur  longueur-,  lé  venin 
y pénètre  par  tpi  trou  dont  ilsïbftt  pércés 
à leur  bafé  , au-ddfoiis  dé  la  gaîne,  & en 
fort  par  une  fente  longitudinale  que 
l’on  voit  vers  leur  pointé  ’ (û).  Gette 
fente  a plus  d’urte  ligne'  de  longueur 
dans  l’individu  conferyé  au  Cabinet  du 
Roi,  & les  çrophets  font  longs  de  fix 


' (a)  Lorfqu’on  prefle  (a  racine  de  ces  crocfaets, 
il  coule  aboijdammeitt  de  leur  extrémité j iiôf 
matière  verte  quieft  le  venin-  Xa/ra,,  Mémwet  df 
l’Académie  de  Stockolm-  Ce  venin  donne  une  cou- 
Jeur  verte  au  linge  fur  lequel  on  ie  -répand , & 
plus  on  leffive  ce  linge , & plus  il  devient  vert. 
hdamifcrit  de  M...GaKÙei.,  que,  M-  de  Fou- 

geroux  de  Bmiaroy  , de  l’Académie  Royale  des  ^cipifcs , 
et  bien  voulu  ine  communiquer’ 


. des  s erpms,  iij 

lignes.  Iiidépendaiîirtjent  de  ces  cfochetsi 
qui,  paroiiîent  appartenir  à toutes  les 
efpèces  de  Serpens  venimeux  -,  & que 
nous  avons  vus , en  effet,  dans  les  Vi’- 
pères  > JjCS . Céreftes , les  Naja  , &c.  la 
mâchoire  fiiperieure  eft  garnie  d’autres 
/dents  plus  petites  & pltis;  veifines  du 
goffer  vers,  lequel  .eîlJs  . fpnt  Itouîr 
fiées  , qui-  fervent  , ainff  que  celles 
dé  la  mâchoire  inférieure  ^ à retenir  la 
viétime  que  les  crpehets  percent  & im-!- 
biherit  de  venin,  ; ’ : 

Les  écailles  du  dos  font , ovales  & 
relevées  dans  le.  milieu  par  une  arête 
qui  s’étend  dans  le  Cens  de  leur  plus 
g^and  diamètre.  On  a écrit  qu’elles  font 
articulées  fî  librement que  Tahimal , 
lorfqu’il  eft  en  colère , peut  les  redreffer  j 
mais  le  mouvement  qu’il  leur  donne 
doititre  peu  confidérable , puifque  nous 
nous  femmes  afliirés  qu’elles  tiennent 
à la  pcâU  dans  prefque  toute  leur  loru 
gueur  & toute  leur  largeur  (a).  Le 


. (a)  Chacune  de  ces  pfaqiies  eft  mue  par  un 
mufeie  particulier  dont  une  extrémité  s-attachê 
f}x  bord  fupérieur  de  la  phque  inférieure , 5^ 


Z i a Hijîoire  Naturelle^ 

deflbiis  du  corps,  ainfî  que  le  dei- 
fous  de  la  queue  , font  revêtus  d un 
feul  rang  de  grandes  plaques  comme 
dans  le  genre  des  Boa  -,  nous  én  avons 
compté  vingt-fept  fous  la  queue,  & cent 
quatre-vingt-deux  fous  le  ventre  de  Tin- 
dividu  qui  fait  partie  de  la  colle(^ion 
du  Roi.  îl.  Linné  en  a compté  cent 
foixante-fept  fous  le  corps  , & vingt- 
trois  fous  la  queue  de  celui  qu'il  a 
décrit  {a). 

La  couleur  du  dos  eft  d’un  gris  mêlé  de 
Jaunâtre,  & fur  ce  fond,  on  voit  s’éten- 
dre une  rangée  longitudinale  de  taches 
noires , bordées  de  blanc  {b). 


l'autre  à-peu-près  au  milieu  de  îa  face  interne 
de  la  plaque  fupérieure.  D’ailleurs  chaque  plaque 
aient,  partes  deux  bouts,  à l’extrémité  des  côtes, 
êc  cette  extrémité  elt  un  ferme  point  d’appui  fur 
lequel  porte  la  plaque,  & qui  fert  à l’animal  à 
élever  ou  à abaiffer  cette  plaque  avec  force , par 
le  moyen  du  mufcle  dont  nous  venons  de  parler. 
Oifirv.  d’Etiu'.  Tyjon , Tranf.  phi/ofij).  2V.®  I44. 

(aj  Tyfon  en  a trouvé  cent  foixante-huit  fous 
le  .corps  & dix-neuf  fous  la  queue  du  Boiquira 
qu’il  3 décrit.  TranfaBions philo fophiques^  JV.®  144. 

(h)  Le  Poiâeur  Tyfon  a très-bien  fait  connoitre 

Sa  queue 


des  Serpens.  1 1 7 

Sa  queue  eft  terminée , cofmme  dans 
prcfque  tous  l^s  Serpens  de  fon  genre  , 
par  un  affemmage  d'écailles  fonores  qiiî 
s'emboîtent  les  unes  dans  les  autres,  & 
que  nous  croyons  d'autant  plus  devoir 
décrire  ici  en  détail , que  la  confîdé- 
ration  attentive  de  leur  forme  & de 
leur  pofition  peut  nous  éclairer  relati- 
vement à leur  produélion  ainfi  qu'à  leur 
accroiflement. 

Cette  fonnette  du  Boiquira  efl  corn- 
pofëe  de  plufieurs  pièces , dont  le  nombre 
varie  depuis  un  jiifqu'à  trente  & même 
au-delà  (a).  Toutes  ces  pièces  font  en- 
tièrement femblables  les  unes  aux  autres, 
non-feulement  par  leur  forme  , mais 
fouvent  par  leur  grandeur  5 elles  font 
toutes  d'une  matière  caflante  , élaftique , 


deux  petites  gîanJes,  qui  s^ouvrent  dans  îe  rec- 
tum du  Boiquira  auprès  de  l'anus,  & qui  con- 
tiennent une  liqueur  un  peu  épaifi'e  & d’une 
odeur  forte  & très-défagréable. 

(aj  Pour  bien  entendre  ce  que  nous  allons  dire, 
on  pourra  jeter  les  yeux  fur  la  pianche  où  nous 
avons  fait  repréfenter  une  fonnette,  fa  coupe  lon- 
gitudinale, & une  des  pièces  qui  la  compofent  vue 
feparément. 

Serpens  J Tome  IKé  K 


Z I 8 Hijïoire  Naturelle 

demi^tranfpareiite , & de  la  mêaie  nature 
que  celle  des,  écailles,  La  pièce  la  plus 
voifine  du  corps , & qui  le  touche  im- 
Kiédiatement , forme , comme  toutes  les 
autres , une  forte  de  pyramide  à quatre 
faces  5 dont  deux  faces  oppofées  font 
beaucoup  plus  larges  que  les  deux 
autres  *,  on  peut  la  regarder  comme 
une  efpèce  de  petit  étui  terminé  en 
pointe , & qui  enveloppe  les  dernières 
vertèbres  de  la  queue.  Elle  eft  moulée 
fur  CCS  dernières  vertèbres , dont  elle 
n'eft  féparée  que  par  une  membrane 
très-mince,  & auxquelles  elle  eft  appli- 
quée de  manière  qifelle  fuit  toutes  les 
inégalités  de  leurs  élévations.  Elle  pré- 
fente trois  bourlets  circulaires  qui  ré- 
pondent à trois  de  ces  élévations  *,  leur 
furfâce  eft  raboteufe  comme  celle  de 
ces  éminences  fur  lefquelles  ils  fe  font 
moulés  ) ils  font  creux  , ainfi  que  le 
refte  de  la  pièce  \ le  premier  boiurlet , 
c'eft-à-dire,  le  plus  proche  de  Couver- 
ture de  la  pièce,  a le  plus  grand  dia- 
mètre *,  & le  plus  petit  diamètre  eft  celui 
du  troifîème  bourlet. 

Toutes  les  pièces  de  la  fonnette  font, 


êks  Serpens,  215 

«mboîtées  Tune  dans  l’autre , de  maniéré 
<jiie  les  deux  tiers  de  ehague  pièce  font 
f enfermés  dans  la  pièce  qui  la  fuit  , à 
coiiimencer  du  côté  du  corps.  Des  trois 
bôuxlets  que  préfente  chaque  pièce  j 
deux  font  cachés  par  la  pièce  fuivante  ji 
le  premier  hourlet  eft  le  feul  qui  pa- 
roiîle.  La  pièce , fituée  au  bout  de  la 
fonnette , oppofé  au  corps , eft  la  feule 
dont  lés  trois  bourlets  foient  vifibles, 
>&  qui  montre  fa  vraie  forme  en  fon 
entier  & la  fonnette  neft  compofée , 
à l’extérieur,  que  de  cette  piète,  8c 
des  premiers  bourlets  do  toutes  le» 
autres. 

Les  deux  derniers  bourlets  de  chaque 
pièce  , qui  ne  peuvent  pas  être  vus , 
ïbnt  placés  fous  les  deux  premier»  de 
la  pièce  fuivante.  Ils  en  occupent  le 
creux •,  ils  retiennent  cette  pièce,  & l’em- 
pêchént  de  fe  fépàrer  du  refte  de  la 
fonnette  -,  mais , comme  leur  diamètre 
eft  moins  grand  que  celui  des  premiers 
bourlets  de  la  pièce  fuivante , chaque 
pièce  joue  librement  autour  de  celle 
quelle  enveloppe & qui  îa  retient, 
l4ucune  pièce , excepté  la  plus  voifinç 


2 20  Hifloire  Naturelle 

du  corps , n’eft  liée  avec  la  peau  de 
ranimai,  ne  tient  au  corps  du  Serpent 
par  aucun  mufcle , par  aucun  nerf,  par 
aucun  vaifleau  {a) , ne  peut  recevoir  par 
çonfequent  ni  accroiflement , ni  nour- 
riture , & n^eft  qu’une  enveloppe  exté- 
rieure qui  fc  remue  lorfque  Ranimai 
agite  Textrémité  de  fa  queue , mais  qui 
fe  meut  uniquement , comme  fe  mouvroit 
tout  corps  étranger  qu’on  auroit  attaché, 
à la  queue  du  Serpent  (b). 

Cette  conformation  de  la  fonnette 
femble  très-extraordinaire  au  premier 
coup^d’oèil  cependant  elle  ceffera  de 


(a)  On  a écrit  le  contraire  (voyez  Séba)  ; mais 
nous  nous  fommes  aflurés  de  la  conformation  que 
nous  décrivons  ici- 

(b)  La  fonnette  du  Boîquira  eft  placée  de  ma- 
nière que  fes  côtés  !es  pfus  larges  font  verticale- 
ment lorfque  le  Serpent  efi  fur  fon  ventre  ; elle, 
ne  touche  pas  immédiatement  aux  grandes  plaques 
qui  garnilfent  le  défions  de  la  queue  mais  entre 
ces  grandes  plaques  & le  bord  de  la  première 
pièce , on  voit  une  rangée  de  petites  écailles  fem- 
blables  à celles  du  dos.  La  fonnette  de  l’individu 
cônfervé  au  Cabinet  du  Roi , a neuf  lignes  de 
hauteur , un  pouce  neuf  lignes  de  longueur  ^ & efi; 
f ompof^  de  fix  pièces. 


Zll 


des  Serpens. 

le  paroître  5 fi  Ion  veut  en  déduire 
avec  nous  la  manière  dont  la  fonnette 
a dû  être  produite. 

Les  difFérentes  pièces  qui  la  compo- 
fient  5 n'ont  été  formées  que  fiucceflîve- 
ment*,  lorfique  chacune  de  ces  pièces  a 
pris  ion  accroiflement  ^ elle  tenoit  à la 
peau  de  la  queue  \ elle  n'auroit  pas  pu 
recevoir  fians  cela  la  matière  néceflaire  à 
fion  développement , & d'ailleurs  on  voit 
fiouvent  5 fiur  les  bords  des  pièces  qui  ne 
tiennent  pas  immédiatement  au  corps  du 
Serpent , des  reftes  de  la  peau  de  la  qüeue , 
à laquelle  elles  étoient  attachées. 

Quand  uns  pièce  eft  formée  , il  fie 
produit  au-deffous  une  nouvelle  pièce 
entièrement  fiemblable  à l'ancienne  , & 
qui  tend  à la  détacher  de  Textrémité 
de  la  queue.  L'ancienne  pièce  ne  le 
fiépare  pas  cependant  tout  - à - fait  du 
corps  du  Serpent  -,  elle  eft  feulement 
repoulTée  en  arrière  *,  elle  laifle  entre 
fion  bord  & la  peau  de  la  queue  , un 
intervalle  occupé  par  le  premier  bourlet 
de  la  nouvelle  pièce  -,  mais  elle  enve- 
loppe toujours  le  fécond  & le  troifième 
bourlets  de  cette  nouvelle  pièce , & elle 

K iij 


2 22 


Hijloire  Naturelle 

joue  lîbremetit  autoür  de  cês  I>oiirIett 
qui  lia  retieiment. 

LorfqiMl  fe  forme  une  troifième  pièce^ 
elle  fe  produit  au-deffoiis  de  la  fcconde, 
de  la  même  manière  que  la  fécondé  au- 
defidiis  de  la  première  -,  elle  détache 
également  de  Textrémité  de  la  queue 
ia  fécondé  pièce  qivelle  fait  reculer, 
mais  quelle  retient  par  fes  bourlets. 

Si  les-  dernières  vertèbres  de  la  queue 
n’ont  pas  grplîî  pendant  ^iie  la  fonnette 
s’efc  formée  , chaque,  pièce  qui  s’efl: 
nioulée  fur  ces  vertèbres  , a le  même 
diamètre  , & la.  fonnette  paroît  d'une 
égale  largeur  jufqu'à  la  pièce  qui  la  ter- 
mine; fi,  au  contraire,  les  vertèbres 
ont  pris  de  raccroifi’ement  pendant  la 
formation  de  la  .fonnette,.  les  bourlets 
de  la  nouvelle  pièce  font  plus  grands 
que  ceux  de  la; pièce  plus  ancienne,  & 
le  diamètre  de  la;  fonnette  diminue  vers 
la  pointe.  Daîis  les  divers  Serpens  à 
fonnette  qui  font  confervés  au  Cabinet 
du  Roi,  la  fonnette  eft  d’un  égal  dra- 
mètrç  vérc  .f-  pointe  & à Ton  origine; 
mais , dans  pluüeurs  ibnnettes  détachées 
du  corps  du  Serpent  , & qui  font  aulïî 


dès  Serpetts.  223 

partie  de  la  collection  de  Sa  Majefté  , 
nous  avons  vu  les  pièces  diminuer  de 
grandeur  vers  l’extrémité  de  la  fonnette. 

Il  eft  évident,  d’après  ce  que  nous, 
venons  de  dire  , qu  il  ne  peut  fe  former 
qifiine  pièce  à chaque  mue  particulière 
que  le  Serpent  éprouve  vers  l’extrémité 
de  fa  queue.  Le  nombre  des  pièces  eft 
donc  égal  à celui  de  ces  mues  particii*» 
hères,  mais,  comme  l’on  ignore  jfî  la 
mue  particulière  arrive  dans  le  même- 
temps  que  la  mue  générale  du  corps  & 
de  la  queue  , fi  elle  a lieu  une  fois  ou 
plufieurs  fois  par  an  le  nombre  des 
pièces  , non-feulement  ne  prouve  rien 
pour  la  reflembiance  ou  la  différence 
des  efpèces,  mais  ne  peut  rien  indiquer 
relativement  à Tâge  du  Serpent,  ainfî 
qu’on  l’a  écrit  {a)  Une  nourriture  plus 
abondante,  & une  température  plus  ou 
moins  chaude  , peuvent  d’ailleurs  aug- 
menter ou  diminuer  le  nombre  des  mues. 


(^a)  Voyez  Séba,  rHiftoire  naturelle  de  POre** 
noque,  tradn&.  franc-  ï.yon^  1758  , fom,  3,  pag-  78, 
& Kay , Synopjis  quadrupedum  & Serpentini  generis  * 
pag.  281. 

Kir 


^14  Hijîoire  Naturelle 

dans  la  même  année  \ 8c  voilà  pourquoi , 
dans  certains  individus  j la  fonnctte  eft 
par-tout  d’un  égal  diamètre  , parce  que, 
pendant  le  temps  de  fa  prodiiélion  , ies 
dernières  vertèbres  n’ont  pas  groflî  d’une 
manière  fenlible  , tandis  que  ^ dans 
d’autres  individus , les  mues  ont  été 
afîez  éloignées  pour  que  les  vertèbres 
aient  eu  le  temps  de  croître  entre  la 
formation  d'une  pièce  & ceile  d’une 
autre.  II  pourroit  donc  fe  faire  que  la 
fonnette  d’un  individu  qui , dans  diffé-^ 
rentes  années , auroit  éprouvé  des  acci- 
dens  très-différens  5 fût  d’un  égal  dia- 
mètre dans  quelques-unes defes  portions, 
& allât , en  diminuant , dans  d’autres. 
D’un  autre  côté , on  verroit  de  vieux 
Serpens  avoir  des  fonnettes  d’une  lon- 
gueur prodigieufe  , & prefqu’égales  à 
la  longueur  du  corps  (a) , fi  les  pièces 


(a)  « On  prétend  que  îes  anneaux  qui  fe 
>>  trouvent  à la  fonnette  indiquent  , par  leur 
« nombre  , celui  des  années  du  Serpent.  Les 
w plus  jeunes  n^ont  ordinairement  qu’un  feul 
99  anneau,  ceux  que  l’on  tue  maintenant  dans  les 
« Colonies  Angloifes  en  ont  depuis  un  jufqu’à 
99  douze.  Quelques  perfonnes  âgées  difent  ea 


des  Scrpens.  iif 

qui  les  compofent  ne  fe  defléchoient 
pas  promptement  ; mars , comme  elles 
ne  tirent  aucune  nourriture  de  Tanimal , 
& ne  font  abreuvées  par  aucun  fuc  , 
elles  deviennent  très-fragiles  , fe  brifent 
& fe  féparent  fouvent  par  Tefïet  d\in 
frottement  affez  peu  confidérable.  Voilà 
pourquoi  le  nombre  des  pièces  n'indique 
jamais  le  nombre  de  toutes  les  mîtes 
particulières  que  ranimai  peut  avoir 
éprouvées  à l'extrémité  de  fa  queue.  Si 
même,  dans  la  mue  générale  des  Ser- 
pens  à fonnette , qui  doit  s'opérer  de 
la  même  manière  que  celle  des  Couleu- 
vres, & pendant  laquelle  la  vieille  peau 
de  l'animal  doit  fe  retourner  en  entier 
comme  un  gant , &:  ainfi  que  nous  l'avons 
vu  {a)\  fi  5 dans  cette  mue  générale,  le 
dépouillement  s'étend  jiifqu'aux  dernières 
vertèbres  de  la  queue  & emporte  la  pre- 


« avoir  vu  qui  avoient  depuis  vingt  jufqu^à 
99  trente  anneaux  , & qu’on  en  a tué  autrefois 
9»  qui  en  avoient  quarante-un  & plus.  La  deftruc- 
tion  que  ton  en  fait  !es  empêche  de  vieiilir.  y* 
Kâlm.  Mém.  de  V Acad,  de  Stockolm.  Coll.  Acad.  ^afU 
étrangère  ^ tom.  il,  pag,  93. 

Qi)  Article  de  la  Couleum  d*ECculap€^ 

Il  y 


zzS  JJifloîn  Naturelle 

iTiière  pièce  de  la  fonnette  , toutes  îef 
autres  pièces  doivent  être  avec  elles  fé- 
parées  du  corps  du  Reptile^  & dès-lors 
îes  fonnettes  ne  feroient  jamais  corn- 
pofées  que  de  pièces  toutes  produites^ 
dans  irntervalle  d’une  mue  générale  à 
îa  mue  générale  fiüvante. 

Toutes  les  parties  des  fonnettes  étant 
très-sèches;  pofées  lès  unes  aii-deflus  des 
autres  / & a^nt  aflez  de  jeu  pour  fe 
frotter  mutuellement  lorfqifelîes  font 
fecouées  , il  n'eft  pas  furprenant  qu^elles 
prodiiifent  un  bruit  aflez  fenfihle;  nous 
avons  éprouvé  > avec  plufieurs  fonnettes 
à-peii-près  de  la  grandeur  de  celle  dont 
nous  venons  de  rapporter  les  dimen- 
fions,  que  ce  bruit  , qiiireflembleà  celui 
du  parchemin  qu"on  froide , peut  être  en- 
tendu à plus  de  foixante  pieds  de  dif- 
tance.  Il  feroit  bien  à delîrer  qif  on  put 
Tentendre  de  plus  loin  encore , afin 
que  rapproche  du  Boiquira,  étant  moins 
imprévue  , fût  auffi  moins  dangereufe. 
Ce  Serpent  eft  , en  effet,  d'autant  plus 
à craindre  , que  fes  mouvemens  font 
fouvent  très-rapides.  En  un  ciimd'œil , 
il  fe  replie  en  cercle , s'appuie  fur  fa 


des  Serpens.  227 

quelle,  fe  précipite  comme  un  refîort 
qui  fe  débande , tombe  fur  fa  proie , 
la  blefî'e  & fe  retire  pour  échapper  à la 
vengeance  de  Ton  ennemi  ; auffi  les 
Mexiquains  le  défignent-iîs  par  le  noip 
d'Ecatoatl^  qui  lignifie  le  vent. 

Ce  funefte  Reptile  habite  prefqiie 
toutes  les  contrées  du  nouveau  Monde, 
depuis  la  terre  de  Magellan  jiîfqifau  lac 
Champîain  , vers  le  quarante-cinquième 
degré  de  latitude  feptentrionale.  II 
régnoit,  pour  ainfi  dire,  au  milieu  de 
ces  vaftes  contrées,  où  prefqif aucun  ani- 
mal n'ofoit  en  faire  fa  proie , Bc  où  les 
anciens  Américains , retenus  par  une 
crainte  fuperftitieiife  , redoutoient  de 
lui  donner  la  mort  {a)  , mais , encou* 
ragés  par  fexemple  des  Européens  y 
ils  ont  bientôt  cherché  à fe  délivrer 
de  cette  efpèce  terrible.  Chaque  jour 
les  arts  & les  travaux  purifiant  & fer- 
tiiifant  de  plus  en  plus  ces  terres  nou- 
velles 5 ont  diminué  le  nombre  des  Ser-^ 
pens  à fonnette,  & fefpace  fur  lequel 


(a)  Kahn , Mim-  </«  l’Àcad.  de  Stockolm. 

li  vj 


22  8 Hijloire  Naturelle 

ces  Reptiles  exerçoient  leur  fiinefte 
domination  5 fe  rétrécit  à mefiire  que 
Fempire  de  Fhomme  s'étend  par  la 
culture. 

Le  Boiquira  fe  nourrit  de  vers  (a) , 
de  grenouilles  & même  de  lièvres , il 
fait  aufli  fa  proie  d'oifeaux  & d'écu- 
reuils 5 car  il  monte  avec  facilité  fur  les 
arbres  , 8c  s y élance  avec  vivacité  de 
branche  en  branche,  ainfi  que  fur  les 
pointes  de  rochers  qu'il  habite,  & ce 
ifeft  que  dans  la  plaine  qu'il  court  avec 
difficulté  , & qu'il  eft  plus  aifé  d'éviter 
fa  pourfuite. 

Son  haleine  empeftée , qui  trouble 
quelquefois  les  petits  animaux  dont  il 
veut  fe  faifir , peut  aufli  empêcher  qu'ils 
ne  lui  échappent.  Les  Indiens  racontent 
qu'on  voit  fouvent  le  Serpent  à fou- 
tiette  entortillé  à l'cntciir  d'un  arbre, 
lançant  des  regards  terribles  contre  un 


(û)  M,  Tyfon  a trouvé  un  grand  nombre  de 
vers  du  genre  des  lombrics , dans  l'eftomac  & 
dans  les  inteftins  d’un  Boiquira  On  en  trouve 
aufif  quelquefois  dans  ceux  de  la  vipère  com- 
mune. Traiifuât,  philofoph,  iV.®  J 44. 


des  Serpem.  229 

écureuil  qui  ^ après  •avoir  manifefté  fa 
frayeur  par  fes  cris  & fon  agitation  ^ 
tombe  au  pied  de  Tarbre  ou  il  eft  dé- 
voré. M.  Vrofmaër  y qui  a fait  à la  Haye 
des  expériences  fur  les  effets  de  la  mor- 
fure  d'un  Beiquira  qu'il  avoit  en  vie , dit 
que  îes  oifeaux  & les  foiiris  qu'on  lui 
jetoit  dans  la  cage  où  il  étoit  renfermé, 
témoignoient  une  grande  terreur,  qu'ils 
cherchoient  d'abord  à fe  tapir  dans  un 
coin  , & qu'ils  coiiroient  enfuite,  comme 
faifis  de  douleurs  mortelles  à la  ren- 
contre de  leur  ennemi  qui  ne  cefToit  de 
fonner  de  fa  queue  (a)  mais  cet  effet 
d'une  vapeur  méphitique  & puante  , a 
été  exagérée  & dénaturée  au  point  de 
devenir  merveilleux.  On  a dit  que  le 
Boiquira  avoit,  pour  ainfi  dire,  la  . fa- 
culté d'enchanter  l'animal  qu'il  voiiloit 


(a)  i*  Lorfqu’il  a été  pris,  qu’iî  fe  voit  en- 
M fermé,  il  refufe  toute  nourriture,  & on  dit 
» qu^il  peut  vivre  fix  mok  de  cette  manière  : 
)»  il  eft  alors  très*irrité;  fi  on  lui  préfente  des 
31  animaux , il  les  tue  ^ mais  ne  les  mange  pas. 
Kcdm,  Mémoires  de  l' Acad-  de  Suède , Coll*  ac^dm^ 
tm-  Il  , P a^.  95. 


î 3 O Ui/loîre  Naturelle 

dévorer  que  , par  îa  puiflance  de  fou 
regard,  il  le  contraignoit  de  s'approcher 
peU‘à>peii  5 & à fe  précipiter  dans  fa 
gueule  *,  que  i'homme  ne  pouvoit  ré- 
lifter à la  force  magrque  de  fes  yeux 
ctrnceîans , & que  , plein  de  trouble , 
il  fe  préfentoit  à la  dent  enwnimée  du 
Boiquira , au  lieu  de  chercher  à Téviter, 
Pour  peu  que  les  Serpens  à fonnette 
euffent  été  plus  connus  , & qu"on  fe 
fût  occupé  de  leur  hiftoire  , on  auroit 
bientôt  fins  doute  ajouté  à ces  faits 
merveilleux , de  nouveaux  faits  plus 
merveilleux  encore.  Et  combien  de 
fables  n'auroit-on  pas  ftihftituées  au 
fimple  effet  dftine  haleine  fétide , qui 
même  n'a  jamais  été  ni  auffi  fréquent  , 
ni  auffi  fort  que  certains  Naturaliftes 
l'ont  penfé  ! L'on  doit  préfumer,  avec 
Kalm\,  que  le  plus  fouvent , lorfqu'on 
aura  vu  un  oifeau  , ou  un  écureuil  ou 
tout  autre  animal  fe  précipiter  j pour 
ainfi  dire,  du  haut  d'un  arbre  dans  la 
gueule  du  Serpent  à fonnette,  il  aura 
été  déjà  mordu  par  le  Serpent,  qu'il  fe 
fera  enfui  fur  l'arbre  , qifil  aura  expri- 
mé , par  fes  cris  & fon  agitation  , i'rik:- 


des  Serpens.  231 

tion  violente  du  poifon  laifTé  dans  fou 
fang  par  la  dent  du  Reptile  ; que  fes 
forces  fe feront  infenfiblemenLafforbiies; 
qifil  fe  fera  laiflé  aller  de  branche  en 
branché*  & qu'il  fera  tombé  enfin  auprès 
du  Serpent  ^ dont  les  yeux  enflammés 
êc  le  regard  avide  auront  fuivi  tous  fes 
mouvemens  5 & qui  fe  fera  de  nouveau 
élancé  fur  lui,  lorfquil  l'aura  vu  pref- 
que  fans  vie.  Plufieurs  obfervations  rap- 
portées par  les  Voyageurs , & par  tien- 
lièrément  un  fait  rapporté  par  Kalm  , 
paroiiîent  le  prouver  (^2). 

On  a écrit  que  la  pluie  augmentoit 
la  fureur  du  Boiquira,  mais  il  faut  que 
ce  foit  une  pluie  d'orage  , car  il  ne  craint 
point  d'aller  à l'eau.  C'eft  lorfque  le 
tonnerre  gronde  qu'il  efl:  le  plus  redou- 
table, on  frémit  lorfqu'on  penfe  à l'état 
affreux  & aux  angoifles  mrprtelies  qu'é- 
prouve celui  qui  , pourfuivi  par  un 
orage  terrible  , au  milieu  des  ténèbres 
épaiifes  qui  lui  dérobent  fa  route  ^ 
cherche  un  afyle  fous  quelque  roche 
avancée  , contre  les  flots  d'eau  qui 


(a)  Kalm , Ouvrage  déjà  cité* 


2 3 i Hijloire  Naturelle 

tombent  des  nues  , apperçoit  , au  mi- 
lieu de  l’obfcunté,  les  yeux  étincelans 
du  Serpent  à fonnctte  , & le  découvre 
à la  clarté  des  éclairs , agitant  fa  queue , 
& faifant  entendre  fon  liifïlement  fii- 
iiefte  {a). 

Un  animal  qui  ne  paroît  né  que  pour 
détruire , devroit  - il  donc  auffi  fentir 
les  feux  de  Tamour  ? Mais  la  même 
chaleur  qui  anime  tout  fon  être , qui 
exalte  fon  venin  , qui  ajoute  à fes 
forces  meurtrières  , doit  rendre  auflî 
plus  vif  le  fentiment  qui  le  porte  à fe 
reproduire. 

Il  ne  pond  qifun  aflez  petit  tionabre 
d'œufs;  mais,  comme  il  vit  plufieurs 
années  , l'efpèce  n'en  eft  que  trop  mul- 
tipliée. 


(a)  C’eft  pendant  le  temps  couvert  & pfu- 
99  'vieux  qu^iis  font  le  plus  à craindre  ; alors  H 
99  eft  rare  que  les^  Américains  voyagent  dans  les 
99  bois  : iesfonnettes  qui  font  beaucoup  de  bruit 
99  forique  le  foieil  luit,  n’en  font  pas  pendant 
99  la  pluie*  C^eft  peut-être  parce  que  tes  cartilages 
9*  mouillés  font  plus  mous  & moins  élaftiques. 

K dm  y Mén.oirei  de  V Âcad»  de  Suède  j Coll*  académ.  partit 
étrangère^  îiim^  il  , 93  fuw^ 


des  Serpehs.  233 

Pendant  Thiver  des  contrées  un  peu 
éloignées  de  ia  ligne,  les  Boiqiiira  fe 
retirent  en  grand  nombre  dans  des  ca- 
vernes ou  ils  font  prefque  engourdis  & 
dépourvus  de  force.  C'eft  alors  que  les 
Nègres  & les  Indiens  ofent  pénétrer 
dans  leurs  repaires  pour  les  détruire  , 
& même  s'en  nourrir  , car  ^ malgré 
le  dégoût  & riiorreur  que  ces  Reptiles 
infpirent , ils  en  mangent , dit-on  , la 
chair  {a)  , & elle  ne  les  incommode  pas  , 
pourvu  que  le  Serpent  ne  fe  foit  pas 
mordu  lui  - même.  Voilà  pourquoi  , 
a-t-on  ajouté , il  faut  tuer  prompte- 
ment le  Boiquira , lorfqifon  veut  le 
manger  , il  faut  lui  donner  la  mort 
avant  qu'il  ne  s'irrite , parce  qu'alors  il 
fc  mordroit  d^  rage.  Mais  , comment 
concilier  cette  aflertion  avec  le  témoi- 


Ifs  mangent  auffi  fa  graiffe , que  f^on  fait  fondre 
au  ibleif,  & dont  on  tire  une  huile,  dit-on  , contre 
les  meurtrilTures , & même  contre  les  effets  de  fa 
morfure.  Kalm^  On  a aufîî  employé  cette  grailfe  pour 
diffiper pîufieurs  douleurs,  & particulièrement  cel- 
les de  feiatique  , ainfi  que  pour  fondre  les  tumeurs* 
Hcruaud^lj  hifi*  naîurelkdu  Mexique  y liv,  9,  chap*.iq>^ 


2 54  Hijîoire  Naturelle 

gnage  de  ceux  qui  prétendent  qu^oîl. 
peut  manger  impunément  les  animaux 
que  fa  morfure  fait  périr,  de  même 
que  les  Sauvages  fe  nourrrffent  , fans 
aucun  inconvénient  , ciu  gibier  qifils 
ont  tué  avec  leurs  flèches  empoifonnées  ? 
Cette  dernière  opinion  paroît  d'autant 
plus  vraifemblable  que  le  Boiquira  fem- 
bleroit  devoir  fe  donner  la  mort  lui- 
même  , fi  la  chair  des  animaux  , percé 
par  fes  crochets  , devenoit  venimeufe 
par  une  fuite  de  fa  morfure. 

Les  .Nègres  faififlent  le  Boiquira  au- 
près dè  la  tête  , & il  ne  lui  refte  pas 
afléz  de  vigueur,  dans  le  temps  du  froid, 
pour  fe  défendre  ou  pour  leur  échapper, 
îl  devient  aufîî  la  proie  de  Couleuvres 
aflez  fortes  , qui  doivent  le  faifir  de  ma- 
nière à n'en  être  pas  mordues  {a) , & 
Ton  doit  fuppofer  la  même  adrefle  dans 
les  cochons  marrons ^ qui,  fuivant  Kaîm, 
fe  nourrifiènt , fans  inconvénient  , du 
Boiquira,  drefient  leurs  foies  dès  qu'ils 
peuvent  le  fentir  , fe  jettent  fur  lui 


(a).  Voyez  l’artide  de  la  Couleuvre  Lkfin 


des  Serpens.  235 

tvtC  avidité^  & font  garantis,  dans  cer* 
tailles  parties  de  ieur  corps  , du  danger 
de  fa  morfiire  , par  la  rudeffe  de  leur 
poil , la  dureté  de  leur  peau  , & l'épaif- 
feur  de  leur  graifle  (a), 

Lorfque  le  printemps  eft  arrivé  dans 
les  pays  élevés  en  latitude  , & ha- 
fcité  par  le  Boiquira , que  les  neiges 
font  fondues,  & que  Tair  eft  réchauffé, 
ils  fortent  pendant  le  jour  de  leurs  re- 
traites, pour  aller  s'expofer  aux  rayons 
du  foleil.  Ils  rentrent  pendant  la  nuit 
dans  leurs  afylcs  , & ce  n'eft  que  lorf- 
que les  gelées  ont  entièrement  cefTé, 


(a)  Le  Boîquîra  eft  très-vîvace,  ainft  que  les 
autres  Serpens;  M*  Tyfon  rapporte  que  celui 
qu'il  diflequa,  vécut  quelques  jours  après  que  fa 
peau  eut  été  déchirée  & qvVon  lui  eut  arraché 
la  plupart  de  fes  vifeères*  Pendant  ce  temps  fe$ 
poumons  qui^  vers  le  devant  du  corps,  étoient 
compofés  de  petites  cellules , comme  ceux  des 
grenouilles  , fe  terminoient  par  une  grande  veftiQ 
tranfparente  & forte,  & avoient  prés  de  trois 
pieds  de  longueur,  ne  fe  dilataient  & nç  fe  con^ 
tradèrent  point  aiternativement , mais  demeu- 
rèrent enfiés  &:  remplis  d-air  jufqiPau  moment  où, 
f animal  expira»  Tranf  /^hilof  N*'"  1^4, 


t^6  Hijîoire  Naturelle 

qu'îîs  abandonnent  leurs  cavernes  , fc 
/épandent  dans  les  campagnes , & pé- 
nètrent quelquefois  dans  les  maifons. 
On  ofe  obferver  le  temps  où  ces  ani- 
maux viennent  fe  chauffer  au  foleil  , 
pour  les  attaquer  & en  tuer  un  grand 
nombre  à-la-fois. 

Pendant  Tété  ^ ils  habitent  au  milieu 
des  montagnes  élevées  , compofées  de 
pierres  calcaires,  incultes  & couvertes 
de  bois  , telles  que  celles  qui  font  voi-^ 
fines  de  la  grande  chute  d^eau  de  Nia- 
gara. Ils  y choififfent  ordinairement  les 
expofitrons  les  plus  chaudes  & les  plus 
favorables  à leurs  chaffes  *,  ils  préfèrent 
ie  côté  méridional  d"une  montagne  , & 
îé  bord  d’une  fontaine  ou  d’un  ruiffeau , 
habités  par  des  grenouilles , & où  vien- 
nent boire  les  petits  animaux  , dont  ils 
font  leur  proie.  Ils  aiment  auffi  à fe 
mettre  de  temps-en-temps  à l’abri , fous 
un  vieux  arbre  renverfé , & voilà  pour- 
quoi, fuivant  Kalm,  les  Américains  qui 
voyagent  dans  les  forêts  infeftées  de 
Serpens  à fonnette , ne  franchiffent  point 
les  troncs  d’arbres  couchés  à terre , qui 
obftrucnt  qviclquefoislcpaflage  : ils  aiment 


des  Serpens.  z}j 

mieux  en  faire  le  tour,  & s'ils  font  obligés 
de  les  traverfcr , ils  fautent  fur  le  tronc 
du  plus  loin  qu'ils  peuvent,  Sc  s'élancent 
enfuite  au-delà. 

Le  Boiquira  nage  avec  la  plus  grande 
agilité , il  fillonne  la  furface  des  eaux 
avec  la  vîteffe  d'une  flèche.  Malheur 
à ceux  qui  naviguent  fur  de  petits  hâ- 
timens , auprès  des  plages  qu'il  fré- 
quente ! Il  s'élance  fur  les  ponts  peu 
élevés  (a)  *,  & quel  état  affreux  que  celui 
où  tout  efpoir  de  fuir  eft  interdit,  oii 
la  moindre  morfure  de  l'ennemi  que 
l'on  doit  combattre  donne  la  mort  la 
plus  prompte,  où  il  faut  vaincre  en  un 
inftant  j ou  périr  dans  des  toiirmens 
horribles. 

Le  premier  effet  du  poifon  eft  une 
enflure  générale  y bientôt  la  bouche^ 
s'enflamme  & ne  peut  plus  contenir  la 
langue  devenue  trop  gonflée  ^ une  foif 
dévorante  confume & fi  l'on  cherche 
à l'étancher,  on  ne  fait  que  redoubler 
les  tourmens  de  fon  agonie.  Les  cra* 


(0  Voyez,  h ce  fujet,  l’Ouvrage  déjà  cité* 


238  Tltjloife  Naturelle 

chats  font  enfanglantés -,  les  chairs  qui 
environnent  la  plaie  fe  corrompent  & 
fe  dilToivent  en  pourriture  , & fur-tout' 
fi  c"eft  pendant  Tardeur  de  la  cânicule_, 
on  meurt  quelquefois  dans  cinq  ou  dix 
minutes,  fuivant  la  partie  oii  ort  a été 
mordu  (a).  On  a écrit  que  les  Améri- 
cains fe  ferv oient,  contre  la  morfuré 
du  Boiquira , d'un  emplâtre  compofé 
avec  la  tête  même  du  Serpent  écrafé. 
On  a prétendu  auflî  qu'il  fuit  les  lieux 
où  croît  le  didame  de  Virginie , & l'on 
a effayé  dé  fe  fervir  de  ce  diébme 
comme  d'unremède  contre  fon  venin  (b)  y 
mais  il  paroît  que  le  véritable  antidote, 
que  lés  Américains  ne  vouloient  pas 
décoiivrir , & dont  le  fecret  leur  a été 


Voyez  M.  Laurent. 

{b)  On  fit  ^ dans  fesTranfaétioiis  phifofophîcitièi  ,*  • 
année  1665,  Virginie ^ en  1657,  moi*' 

de  Juillet  , on  attacha  au  bout  d'une  longue  ba-' 
guette  des- feuilles  de  diét-ame  que  l'on  avoit  un 
peu  broyées,  & qu'on  les  approcha  du  mtifeau 
d'un  Serpent  -à  fonnette,  qui  fe  tourna  & s'agita 
vivement  comm"é”p6uf  les  éviter,  mai*  qui" mourut 
avant^  une  demi-heure  , & .parut  n’expirçr  qut 
par  t'elfetdé  fédéur  dfefès  féuilhs* 


des  Serpens.  2, 3 9 

arraché  par  M.  Teinnint  , Médecin 
Ecoflois  , eft  le  poirgale  de  Virginie  , 
Sénéka  on  (poiygamaSenega)  [a). 

Cependant  il  arrive  quelquefois  que 
ceux  qui  ont  le  bonheur  de  guérir  , 
reffentent  périodiquement , pendant  une 
ou  deux  années  , des  douleurs  très- 
vives  5 accompagnées  d'enflure  quel- 
ques-uns même  portent  toute  leur  vie 
de  marques  de  leur  cruel  accident , & 
reftent  jaunes  ou  tachetés  d'autres  cou- 
leurs. 

Le  Capitaine  Hall  {b)  fit  , dans  la 
Caroline  5 plufieurs  expériences  toùchanf 
les  effets  de  la  morfure  du  Boiquira  fur 
divers  animaux  *,  il  fit  attacher  à un 
piquet  un  Serpent  à fonnette , long 
d'environ  quatre  pieds.  Trois  chiens  en 
furent  mordus , le  premier  mourut  en- 
quinze  fécondés  *5  le  fécond  , mordu  peu 
de  temps  après,  périt  au  bout  de  deux’ 
heures  dans  des  convulfions  5 le  troi- 
fième  , mordu  après  une  demi-heure , 


(a)  M*  Linné  ùf  M..  LauwiU 
Q}  TwifgSiims.fliibfopbigui^ 


Z 4 O Naturelle 

n’offrit  d'effets  vifîbles  du  venin , qu'au 
bout  de  trois  heures. 

Quatre  jours  après , un  chien  mourut 
en  une  demi-minute,  & un  autre  enfuite 
en  quatre  minutes;  un  chat  fut  trouvé 
mort  le  lendemain  de  Tcxpérience  ; on 
laiffa  écouler  trois  jours,  une-  gre- 
nouille mordue  , mourut  en  deux  mi- 
nutes, & un  poulet  de  trois  mois,  dans 
trois  minutes.  Quelques  temps  après  , 
on  mit  auprès  du  Boiquira  un  Serpent 
blanc  , fain  & vigoureux  : ils  fe  mor- 
dirent fun  l'autre  *,  le  ferpent  à fon- 
nette  répandit  même  quelques  gouttes 
de  fang;  il  ne  donna  cependant  aucun 
fîgne  de  maladie  , & le  Serpent  blanc 
mourut  en  moins  de  huit  minutes.  On 
agita  affez  le  Boiquira  pour  le  forcer 
à fe  mordre  lui-même  , & il  mourut 
en  douze  minutes  {a)  ; ainfî  ce  furieux 

(û)  « La  morfure  de  cet  animal  eft  tiès*dan- 
gereufe  dans  toutes  îes  parties  du  corps  : les 
» chevaux  & les  bœufs  en  meurent  prefque  à 
« Linfiant  : fes  chiens  îa  foutiennent  mieux; 

quelques-uns  ont  été  guéris  cinq  fois  : les 
w hommes  le  font  aulîi  lorfqu’on  y remédie  à 
n temps;  mais  quand  la  dent  meurtrière  a ouvert 
w un  gros  vaifiTeau  , an  ineurt  deux  ou  trois 

Reptile 


des  Serpens.  241 

Reptile  peut  tourner  contre  iui  fes 
armes  danger eufes,  & renger  fes  vidimes. 


>9  minutes#  Les  bottines  de  ctiîr  ne  font  pas  im 
w préfervatif  affiaré  ; ïa  dent  eft  fi  aiguë  ^ qu’elle 
9?  les  perce  facilement,  fur-tout  quand  la  bottine 
99  eft  jufte  à lajantbe  : on  prétend  qu’il  vaut  mieux 
» porter  de  grandes  culotte-s  de  matelot,  qui  def- 
» cendent  jufqu’aux  talons;  iorfque  le  Serpent 
99  y mord  , il  s’y  fait  des  plis  qui  s’oppofent  à 
99  l’efFort  de  la  dent  & des  mâchoires;  mais  i{ 
99  eft  peut-être  plus  fûr  de  porter  les  unes.&  les 
w autres.  »>.  Kahn  , Mém-  Suède , Colle&:.  acad^ 
tom,  1 1 ^ pag-  95. 

« Le  Serpent  à fonnette  n’eft  nulle  part  fi 
» commun  qu’au  Paraguay.  On  y obferve  quç 
» Iorfque  fes  gencives  font  trop  pleines  def venin, 
99  il  fouffre  beaucoup  ; que  , pour  s’en  déchar- 
99  ger  , il  attaque  tout  ce  qu’il  rencontre  ; & que, 
99  par  deux  crochets  creux  alTez  larges  à leur 
99  racine  & terminée  en  pointe,  il  inlinue,  dans 
99  la  partie  qu’il  faifit , l’humeur  qui  l’incomino-!- 
« doit.  L’effet  de  fa  morfure,  & de  celle  de 
9»  pîufieurs  autres  du  même  pays  , eft  fore 
99  prompt;  quelquefois  le  fang  fort  en  abondance 
» par  les  yeux  , les  narines  , les  oreilles , les 
•9  gencives  & les  jointures  des  ongles;  mais  les 
99  antidotes  ne  nianquent  point  contre  ce  poifot\.. 
99  On  y emploie  fur-tout  avec  fuccès , une  pierre 
99  qu’on  nomme  Saint-Paul  ; le  bézoard  de  i’aij^ 
» qu’on  applique  fur  la  ^ilaie  après  l’avoir  mâchà; 
99  la  tête  de  l’animal  même  & fon  foie  , q^’o^ 
99  mange  pour  purifier  le  fang,  ïiç  font  pas 

Strpens  j Tome  IV>,  L 


2 4.^  Hilaire  Naturelle 

Tranquilles  habitans  de  nos  contrées 
tempérées , que  nous  fommes  plus  heu- 
reux, loin  de  ces  plages  où  là  chaleur 
& rhuinidité  régnent  avec  tant  de  force!- 
Nous  ne  voyons  point  un  Serpent  in- 
feétcr  beau  au  milieu  de  laquelle  .il 
nage  avec  facilité  \ les  arbres  dont  il 
parcourt  îes  rameaux  avec  vîtefle , la 
terre  dont  il  peuple  les  cavernes  les 
bois  folitâlres , où  il  exerce  le  même 
çmpire  que  le  tigre  dans  fes  déferts 
brûlans,  & dont  robfcurité  livre  plus 
fûrement  fa  proie  à fa  morfure.  Ne 
regrettons  pas  les  beautés  naturelles  de 
ces  climats  plus  chauds  que  le  nôtre  , 
leurs  arbres  plus  touffus , leurs  feuillages 
plus  agréables , leurs  fleurs,  plus  fuaves , 
plus  belles  : ces  fleurs , ces  feuillages , 
ces  arbres  cachent  la  demeure  du  Ser- 
pent à fonnette. 


remède  moins  vanté  \ cependant  le  plus  fûr 
èit  de  commencer  par  faire  fur-le-champ  une 
« incifion  à fa  partie  piqvée,  & d’y  appliquer 
■?>r'du  ibu-fre  ; ce  quffufïit  même-quelquefois  pour 
M la  guérifon*  »*  Hijlobe  naturdU  du  Pérou  Ù des 
contrées  poifînesb  lîtR*  siénéral*  des  Voy,  édit*  in- 13  « 


^45 


des  Serpens, 


LE  MILLET  (a). 

Ci  Serpent  à fonnette  a été  obfervé 
dans  la  Caroline  par  MM.  Garden  & 
Catclby,  nous  allons  le  décrire  d'après 
un  individu  confervé  dans  le  Cabinet  du 
Roi.  Le  deffus  de  fon  corps  eft  gris , 
avec  trois  rangs  longitudinaux  de  taches 
noires  *,  celles  de  la  rangée  du  milieu 
font  rouges  dans  leur  centre  , & fépa- 
rées  Tune  de  l'autre  par  une  tache  rouge. 
Le  deffus  de  la  tête  eft  couvert  de  neuf 
écailles  plus  grandes  que  celles  du  dos, 
& difpofées  fur  quatrerangs  la  mâchoire 
fupérieure  eft  garnie  de  deux  crochets 
mobiles  & très-alongées  *,  écailles  qui 
revêtent  le  dos  font  ovales , & relevées 
par  une  arête.  Le  Millet  a ordinairement 
cent  trente-deux  grandes  plaques  fous  le 


(a)\aQ,  Miilet.  M,  d*Aubmton^  EticydopédU 
thoâiqu€> 

Crotalus  Miliarius.  Lînn.  ampliih»  Serp» 
Catesèy  ^ CaroL  2,  îué.  42. 

L ij 


Z 44  Hijîoire  Naturelle 

corps  , & trente-deux  fous  la  queue. 
L’individu , f^-it  partie  de  la  collec- 
tion du  Roi  , a quinze  pouces  dix 
lignes  (le  longueur  totale  , & fa  iqueue 
cft  longue  de  vingt  - deux  lignes , fa 
ibnnette  eft  compoîee  de  onze  pièces  , 
a une  ligne  de  largeur  dans  fon  plus 
grand  diamètre , & eft  féparée  des  gran- 
des plaques  par  ua  rang  de  petites 
içailles. 


LE  DRYINAS  (a). 

Presque  tous  les  Serpéns  à ronnetfe 
ont  les  mêmes  habitudes  naturelles  j 
nous  ne  répétons  pas  ici  ce  que  nous 
avons  dit  à l'article  du  Boiquira  , & 
nous  nous  contenterons  de  rapporter 
les  traits  principaux  de  la  conformatio» 
du  Dryinas. 

Ce  dernier  Reptile  eft  blanchâtre  ^ 
avec  quelques  taches  d'’un  jaune  plus 
ou  moins  clair  -,  il  a ordinairement 
cent  foixante-cinq  grandes  plaques  fous 
le  corps  , & trente  fous  la  queue  le 
delfus  de  fa  tête  préfente  deux  grandes 
écailles  , 8c  celles  qui  garniffent  foa 
dos  font  ovales , & relevées  par  une 
arête.  On  le  trouve  en  Amérique. 


faj  Le  Serpent  à fonnette-  M-'  d* Aubentait  f 
Miicycîofédie  méfdiod'tqûe» 

Crotal.  Dryinas.  Linn.  amphih^  Serp.- 
^mceîu  academ»  muf.  princ»  p,  578,  24. 

Caudifona  Dryinas,  2o6*  Caudifona  orieiîtalik^ 
à07«  Launntl  y Specimen  Medicum, 

SéUymuf  a , tai.  P5  yfig,  j,  6*  tak  96“,  fig.  r. 


J 4^  î^ifloire  Naturelle 


LE  DÜRISSÜS  (a). 

Ce  Serpent  a le  deffiis  du  corps  varié  de 
blanc  & de  jaune , avec  des  taches  rhom- 
boïdalcs , noires  & blanches  dans  leur 
centre.  Le  fommet  de  là  tête  eft  couvert 
de  lîx  grandes  écailles  placées  fur  trois 
rangs  •,  le  dos  eft  garni  d’écailles  ovales 
& relevées  par  une  arête.  " L'individu 
que  nous  avons  décrit , & que  nous 
avons  vu  au  Cabinet  du  Roi , n’avoit 
qu’une  pièce  à fa  fonnette  •,  fa  longueur 
totale  étoit  d’un  pied  cinq  pouces  lîx 
lignes,  & celle  de  fa  queue  d’un  pouce 
huit  lignes.  Il  avoit  des  crochets  à 
venin,  longs  de  quatre  lignes,  & dont 
l’extrémité  étoit  percée  par  une  fente 
d’une  ligne  de  longueur  •,  il  paroiffoit 


(a)  Le  Teuthlaco.  â*Juhenton  y Encydopédic 
méthodique* 

Crotai-  Durifîus.  Linn*  amphih,  Serpentt 
Caudilbna  Duriffus.  204  , Laurenti , Specimm 
AJeéicum* 

Séhû , muC-  2 J tüh,  fg*  2.  Teutlacotïowphi- 


des  s erpens.  I47 

que  lorfqae  l’animal  étoit  en  vie  , il 
pouvoit  faire  avancer,  au-delà  des  lè- 
vres , les  deux  os  de  la  mâchoire  in- 
férieure , qui  n’étoient  réunis  que  par 
des  membranes  , & que  l’on  voyoit 
armés  de  dents  tournées  en  arrière , Sc 
plus  grandes  vers  le  mufeau  que  vers  le 
gofier  {a). 


(fl)  Le  Duriffus  a ordinairement  cent  foixante*- 
douze  grandes  plaques  fous  le  corps,  6c  ^vingt  6c-une 
fous  ia  queue. 


L iy 


€ 4 § Hijîoire  Naturelle 


LE  PISCIVORE  (a). 


C'est  Catesby  qui  a parlé  le  premier  de 
la  conformation  & des  habitudes  de  ce 
Serpent  que  Ton  trouve  dans  la  Caroline, 
où  il  porte  le  nom  de  Serpent  à fonnette. 
Sa  queue  n'eft  cependant  pas  garnie  de 
pièces  mobiles  & un  peu  fonores  *,  mais 
elle  eft  terminée  par  unepointe  de  nature 
^écailîeufe  , longue  ordinairement  d'im 
demi-pouce  & dure  comme  de  la  corne. 
Cette  efpèce  d'arme  a donné  lieu  à plu- 
lieurs  fables.  On  a prétendu  qu'elle 
étoit  auîTi  dangereufe  que  les  dents 
de  l'animai , qu'elle  pouvoit  égalemeiit 
donner  la  mort,  & que  même,  iorf- 
qu'eile  perçoit  le  tronc  d'un  jeune 
arbre  dont  l'écorce  étoit  encore  ten- 
.dre  , les  fleurs  fe  fanoient  dans  le 
même  inftant  , la  verdure  fe  flétriflbit, 
l’arbre  fc  defléchoit  & mouroit.  La 
vérité , relativ^cment  aux  propriétés  du 
Pifeivore  , efl , (iiivant  Catelb/ , que 
fa  marfure  peut  être  très-funefte.  Sa 

(û)  The  Water  Viper.  Vipère  d'eau.  Catahy 
CawL  2 >^3^-  43  ? plàiiM  43;- 


des  Serpens,  24^ 

tête  eft  grofle , fon  cou  menu  , fa  mâ<- 
cÆioire  itipéricure , armée  de  grands 
Crochets  rhobiles.  Le  deflus  de  fon  corps, 
qui  a quelquefois  cinq  ou  fix  pieds  de 
longueur , préfente  une  couleur  brune  *, 
le  ventre  & les  côtés  du  cou  font  noirs  , 
avec  des  bandes  jaunes  , tranfverfaleï 
& irrégulières.  Il  eft  très-agile , & très- 
adroit  à prendre-  des  poiffoils  •,  on  le 
voit  fouvent  , pendant  l’été  , étendu 
autour  des  Branches  d’arbres  qui  pen- 
dent fur  les  rivières  •,  il  y faiftt , avec 
rapidité  ^ le  moment  de  furprendre  les 
oifeaüx  qui  viennent  fe  repofer  fur 
l’arbre ou  les  poiflons  qu’il  appetboit 
dans  l’ean -,  il  s’élance  fur.  ces  derniers, 
les  pourfuit  en  nageant  & eir  plongeant 
avec  beaucoup  de  vîteffe  , en  prend 
d’alTcz  gros  qu’il  entraîne  fur, le  rivage 
8c  qu’il  avale  avec  avidité  V & voilà 
pourquoi  nous  l’avons  nommé  Pifciyore. 
ïl  fe  précipite  auflî  quelquefois  , dit- 
Iraut  des  branches  où  il  fe  fufpend  , 
fur  la  tête  des- hommes  qu’il  voit  palier  ' 
au-defîbus  de  lui  dans  un  bateau  {a). 


L.'Vf 


(»)  Cttesivi  à l^tndmt  déjà  «,ff. 


2 JO  Hijiûire  Naturelle 


QUATRIÈME  GENRE. 


SERPENS 

Dont  le  dejfous  du  corps  & de 
la  queue  ejl  garni  d’écailles 
femblables  à celles  du  dos. 


A N G U I S. 

Les  Serpens  de  ce  genre  font  très- 
difFérens  des  autres,  par  leur  conforma- 
tion extérieure.  Au  lieu  d'avoir  au-deffous 
de  leur  corps  de  grandes  plaques , faites 
en  formes  de  bandes  tranfverfales , & 
une  ou  deux  rangées  de  ces  mêmes 


des  Serpetts,  z^i 

plaques  au-deflbus  de  îeur  qiîeue , ils 
font  couverts  par-tout  de  petites  écaiiles 
femblables  à celles  que  les  Couleuvres , 
les  Boa  , les  Serpens  à fonnette  , & la 
plupart  des  autres  Reptiles  ont  au- 
delfiis  du  dos.  Les  écailles  de  la  rangée 
du  milieu  du  deflous  du  corps  & de  la 
queue  font  cependant,,  dans  quelques 
Ânguis , un  peu  plus  grancfes  que  les 
autr^î  & c^eft  celles-là  qu'il  faut  alors 
compter  pour  reeennoître  plus  aifément 
i efpèce  de  -l’animal , de  même  que  l’on 
comptedans  les  Boa  & dans  IcsCouleuvres , 
les  grandes  pièces  qui  revêtent  le  deffous 
de  leiur  corps.  Ces  grandes  plaques  , 
couchées  les  unes  fous  les  autres  fôus 
le  ventre  & la  qu^ue  des  Couleuvres  & 
des  Boa,  le  redreffent  contre  le  terrain 
lorlque  ces  Serpens  veullent  aller  en 
arrière , 8c  leur  oppofcnt  alors  une  ré- 
liftance  plus  ou  moins  forte  j auffi  les 
Anguis , qui  n’ont  pas  de  grandes  pièces 
peuvent-ils  exécuter  des  mouvemens  en 
tout  fens  avec  plus  de  facilité  que  la 
plupart  des  autres  Reptiles  8c  c’eft  ce 
qui  leur  a fait  attribuer,  par  des  Voya- 
geurs , le  nom  d’Amphilbène  ou  de 


iyz  Mifloîre  Naturelle 

double  marcheur  {a)\  maïs  cette  déno-^ 
mrnation  nous  paroît  devoir  mieux  con- 
venir au  genre  des  Serpens  à anneaux 
auxquels^  en  effet,  M.  Linné  ba  attaché 
^xclufivcment.- 

Comme  Li  plupart  des  exprcflîons 
exagérées  ont  produit  affez  fouvent  des 
erreurs  groffières  ou  des  contes  ridicules,, 
on  na  pas  •dit  uniquement  que  les  Aiv 
guis  pouvoient  fe  mouvoir  en  arrière 
prefqaauffi  aifément  quen  avant*,  on  a 
prétendu  encore  qu'ils  pouvoient  fe  con- 
duire & courir  peiadant  long -temps 
dans  les  deux  fens  , avec  une  égale  faci- 
lité*,, qu'ils  avoient  des  yeux  à chaque 
extrémité  du  corps,  pour  difcerner  leur 
route  en  avant  & en  arrière*,  qu'ils  y 
aveient  même, une  tête  coniplctte  *,  qu'on 
s'expofoit  aux  mêmes  dangers  , en  les 
faiffflant  par  run  ou  l'autre  bout  y qu'ils 
étoîcnt  très~à.  craindre  poiu*.  les  petits 
animaux  dont  ils  le  nouir ifloient , parce 
que  jamais  le  fcnimcii  ne  les  empêchoit 


(a)  Plufieurs  Anguisont  été  envoyés  d^Amérique 
ou  d’ail!eurs>  au  Cabinet  du  Roi,  fous  le  nono; 
é^jimp/usùèse^. 


des  Serpens,  ^ 

de  s'appcrccvoir  du  voillnage  de  îeur 
proie  que  pendant  qu/uiie  tête  dormoit  j. 
rautreveilloit,  &g.  Mais  c'eft  aflez  rap^ 
porter  les  opinions  que  Ton  ne  doit  pas 
craindre  d^e  voir  fe  répandre , & que 
par  eonféquerrt  on  na  pas  befoiii  de  ^ 
combattre.  Nous  devons  même  convenir 
que  la  conformation  des  Anguis  eft  une 
des  plus  propres  à faire  naître  ces  er-- 
reurs  leur  queue  eft  , en  effet , très-- 
greffe  en  comparaifon  du  corps  , & 
fon  extrémité  arrondie  refîembîe  d'au- 
tant plus  à une  tête,  même  lorfqxron 
la  coiifidère  à une  petite  diftance  , que 
les  diverfes:  taches , qui  varient  ordi- 
nairement fa  coiiîeur,^  font  difpofées  de 
manière  à repréfenter  dès  yeux , des 
narines  & une  boucbe.D'ailleurs  les  yeux- 
des  Anguis  étant  très-petits,  on  a de  là 
peine  à les  diftingiier  à rendroit  ou  ils' 
font  réellement , & on  peut  plus  faci- 
ment  être  trompé  par  leur  apparence. 
C'eft  cette  petiteffe  des  yeux  des  Anguis, 
qui  les  a fait  nommer  Serpens  aveugles^ 
par  plulîeurs  Voyageurs^,  mais  cette  dé- 
nomination , qui  , à la  rigueur,  ne  con- 
vient à aucun  Serpent , ne  doit  pas  être 


254  Hijîoire  Naturelle 

du  moins  appliquée  aux  Anguis  , ni 
aux  Amphijbènes  ou  Serpens  à anneaux  ; 
nous  ne  l’emploierons  que  pour  défi- 
gner  les  dimenfîons  encore  plus  petites 
des  yeux  des  Serpens  que  M.  Linné  a 
nommé  Cœdlia  , & que  nous  nommons 
d’après  lui  Couiks- 


7hm.jr. 


F7  77U.Pa^.i 


DtJiut  Je  l veM/6 

^-LE  LOKVET.^.LB  ROUGE  2^.  ^ 

i 


des  Serpens. 


L’  OR  V E T (a). 

Ce  Serpent  eft  très-commun  en  beaucoup 
de  pays.  Il  fe  trouve  dans  prefque  toutes 
les  contrées  de  l’ancien  Continent , depuis 
la  Suède  jufqu’au  cap  de  Bonne-efpé- 
rance.  Il  reffemble  beaucoup  à un  Qua- 
drupède ovipare  dont  nous  avons  déjà 


(a)  Couleuvre  commune  , en  Picardie  & dans 
f lu  fleurs  autres  Provinces  de  France» 

Serpent  de  verre. 

Anvôye. 

Orvet.  M.  d^Auhenton^  EacychpéAk  métà&Hqae* 
Angujs  Fragiiis.  Limh  ampfub»  Serpem» 

Aldr,  Serp»  245.  Cœcilia  vuJgaris. 

Imperat,  nat.  916.  Cœcilia  Gefneri. 

quadrup»  289.  Cœcilia  Typhlus. 

Anguis  Fragiiis,  125,  taè,  fig.  2,  Laurmu , 
Spedmen  Medicum. 

Typhîops,  Cœcilia^  a Biind  Worm»  Scotia  ilkfl» 
îrata^  Autore  Roherto  SihhalâQ, 

Anguis  Fragiiis,  Biind  Worm.  Zoologie  JBritati-» 
mque^  voL  3,  p.^  33,  planche  25,  N.°  15. 

Anguis  Fragiiis,  Wulf^  Ichthyologia  cani  amphibiis 
ugni  Boruffici» 

Orvet  DiBiomaire  d^Hiftoire  naturelle  ^ par  M»  Fab» 
mont  de  Bomare, 


i 5 ô lîijioire  I^aturelle 

indiqué  les  rapports  avec  les  Anguis , & 
auquel  nous  avons  confervé  le  nom 
Seps*,  il  n'en  diffère  même  en  quelque 
forte  à Textérieur  , que  parce  qtfii  n'a 
pas  les  quatre  petites  pattes  dont  le  Seps 
cft  pourvu  *,  auffi  fes  habitudes  font- 
elles  d'autant  plus  analogues  à celles  de 
ce  lézard  ^ que  le  Seps  ayant  les  pattes 
extrêmement  courtes  5 rampe  plutôt  qu'il 
ne  marche  , & s'avance  par  un  méca- 
nifme  affez  femfalable  à celui  que  les' 
Anguis  emploient  pour  changer  de  place. 

La  partie  fupérieure  de  la  tête  eft  cou- 
verte de  neuf  écailles  drfpofées  fur  quatre' 
rangs,  mais  difFéremmentquellir  laplupart 
des  Couleuvres.  Le  premier  rang  pré- 
fente  une  écaille  ^ le  fécond  deux  ^ & 
les  deux  autTes  en  offrent  chacun  trois. 
Les  écailles  qui  garnîflent  le  defîus  & 
le  deffous  de  fon  corps  font  très-petites, 
plates  , exagones  , brillantes  , bordées 
d^lne  Gouleiir  blanchâtre  , & rouffes 
dans  leur  milieu  v ce  qui  produit  un 
grand  nombre  de  très-petites  taches  fur 
tout  le  corps  de  l'animal.  Deux  taches 
plus  grandes  paroiüent  l'une  au-deffus 
du  mufeau , & l'autre  fur  le  derrière 


des  Sefpens,  '' 

dfe  la  tête  5 & il  en  part  deux  raies 
îongitudiiiales  5 brunes  oiî  noires , qui 
s'étendent  jufqu  à la  queue , ainfi  que 
deux  autres  raies  d'un  brun  châtain  qui 
partent  des  yeux.  Le  ventre  eft  d'un 
brun  très-foncé  , & la  gorge  marbrée 
de  blanc  5 de  noir  & de  jruinâtre.  Toutes 
ces  couleurs  peuvent  varier  fuivant  le 
pays , & peut-être  fuivant  I âge  & le 
fexe.  Mais  ce  qui  peut  fervir  beaucoup 
à dîftinguer  l'Orvet  d'avec  pltifîeurs 
autres  Anguis  , c'eft  ia  longueur  de  fa 
qi^eue  qui  égale  & même  furpade'  quel- 
quefois ceiie  de  foif  corps  v l'ouverture 
de  fa  gueule  s'étend  iiîfqu'au-delà  des 
yeux  5 les  deux  os  de  la  mâchoire  infé- 
rieure ne  font  pas  féparés  l'un  de  Taiitre 
comme  dans  un  grand  nombre  de 
Serpens.  ^ & en  cela  FOrvet  reflemble 
encore  au  Seps  & aux  autres  lézards.  Ses 
dents  font  courtes,  menues  , chochues  ^ 
& tournées  vers  le  goder.  La  tangue 
eft  comme  échaiicrée  en  croilfant.  On  a 
écrit  que  fes  yeux  é toi  eut  (i  petits  qu'on 
avoit  peine  à les  dîftinguer*,  cependant^ 
quorquils  foient  moins  grands  à pro- 
portion que  ceux  de  beaucoup  d'autreà 


jt  j 8 I^ijloire  Naturelle 

Serpens , ils  font  très-vrfibles , & d’aü- 
îeurs  noirs  & très-brillans  {a).  Il  ne 
parvient  gnères  à plus  de  trois  pieds  de 
longueur.  On  a prétendu  que  fa  mor- 
fure  étoit  trè  s-danger eufe  {b)  ; mais  il 
n’a  point  de  crochets  mobiles,  & d’après 
cela  feul  on  auroit  dû  fuppofer  qu’il 
n’avoit  point  de  venin  i d’ailleurs  les 
expériences  de  M.  Laurent  l’ont  mis 
hors  de  doute  (c).  De  quelque  manière 
qu’on  irrite  cet  animal  , il  ne  mord 
point , mais  fe  contraéle  avec  force , 
& fe  roidit , dit  M.  Laurent , au  point 
d’avoir  alors  l’inflexibilité  du  bois.  Ce 
Naturalifte  fut  obligé  d’ouvrir  par  force 


(a)  Les  écailles,  qui  recouvrent  fes  lèvres,  ne 
font  pas  plus  grandes  que  celles  qui  revêtent  fon 
dos;  aucunes  de  celles  qui  garniffent  le  deflbus  de 
fon  corps , ne  font  plus  grandes  que  leurs  voilînes. 
H en  a ordinairement  cent  trente-cinq  rangs  fous 
le  corps.  & autant  fous  la  queue. 

(b)  Schwenckfeld , dans  fon  Hiftoire  des  Reptiles 
de  la  Siléfie , a écrit  que,  dans  cette  Province, 
on  regardoit  l’Orvet  comme  venimeux. 

(cj  M-  Laurent,  Ouvrage  déjà  cité,  p.  179.  Les 
Auteurs  de  la  Zoologie  Britannique  difent  qu’en 
Angleterre,  l’Orvet  n’eft  point  ragardé  comme 
dangereux* 


des  Serpens.  259 

ia  bouehe  d’iiil  Orvet,  & dy  intro- 
duire ia  peau  d"un  chien , que  les  dents 
de  l'animal  trop  courtes  & trop  menues 
ne  purent  percer  j.  de  petits  oifeaux  em- 
ployés à la  même  expérience  j & bieflés 
par  le  Reptile , ne  donnèrent  aucun 
ligne  de  venin  : la  chair  nue  d’un 
pigeon  fut  auffi  mife  fous  les  dents  de 
l’Orvet  qui  la  tint  ferrée  pendant  long- 
tems , & la  pénétra  de  la  liqueur  qui 
étoit  dans  fa  bouche  -,  le  pigeon  fut 
bientôt  guéri  de  fa  blelfure  , fans  donner 
aucun  indice  de  poifon. 

Lorfque  la  crainte  ou  la  colère  con- 
traignent l’Orvet , à tendre  ainlî  tous 
fcs  mufcles  , & à roidir  fon  corps , il 
n’cft  pas  furprenant  qu’on  puifle  aifé- 
ment , en  le  frappant  avec  un  bâton  ou 
même  une  fîmple  baguette  , le  divifer 
& le  calîer , pour  ainfi  dire  , en  plu- 
fîeurs  petites  parties.  Sa  fragilité  tient 
à cet  état  de  roideur  & de  contrac- 
tion, ainlî  que  l’a  penfé  M.  Laurent, 
qui  a très-bien  obfervé  cet  animai , & 
elle  eft  d’autant  moins  furprenante  que 
fes  vertèbres  font  très-calîantes  par  leur 
nature , comme  celles  de  prefque  tous 


ié®  Uijloin  Nâtanllé  | 

les  petits  Serpens  , & des  petits  lézards  'i  ^ 
& que  Tes  miifcles  font  compofés  de 
fibres  qui  peuvent  aifément  fe  féparer,' 
C'cft  cette  propriété  de  TOrvet  , qui 
Ta  fait  appeîler  par  M.  Linné  , Anguis  i 
fragile  , & qui  Ta  fait  nommer  par  i 
d'autres  Auteurs  Serpent  de  Verre.  | 

. On  vient  de  voir  que  TPrvet  (e  trouve  | 
en  Suède  : il  habite  aüflî  l^Ecofle  {a)  j i 
& 5 d'après  cela  , il  paroît  qu'ri  ne  craint  i 
pas  le  froid  autant  que  la  plupart  des,  ; 
Serpens  ^ quoiqu'il  foit  en  affez  grande 
nombre  dans  fa  plupart  des  contrées 
tempérées  & même  chaudes  de  l'Europe*, 
il  a pour  ennemis  ceux  des  autres  Ser- 
pens, & particulièrement  les  cicognes  {b) 
qui  en  font  leur  proie  cf autant  plus 
aifément,  qu’il  né  peut  leur  oppofer  ni 
venin  , ni  force  ni  même  un  volume 
Confidérable. 

Il  s'accouple  comme  les  autres  Rep--' 
tiles  *,  le  mâle  & la  femelle  s'entortillent 
l'un  autour  de  l'autre,  fe  ferrent  étroi- 
fementpar  plufîeurs  cantours  & pendant 

, 1,..  .1  .m  .Mf , ■ ,1  I U .lia 

{û)  Sihbali , Æ rendroit  déjà  cité, 

$çàmiickfeld  ^ Hifioirc  des  Reptiles  de  laSHéJïèf 


des  Serpens.  z6f 

fln  tenis  allez  long.  On  a vu  des  Orvets 
demeurer  ainfî  réunis  pendant  plus 
d’une  heure  (a).  Les  petits  Serpens  de 
cette  efpèce  n’éclofent  pas  hors  du  Centre 
de  lejur  mère  , comme  la  plupàrt  des 
Couleuvres  non  venimeufes  -,  mais  ils 
viennent  au  jour  tout  formés  (b).  Un 
très - bon  Obfervateur  (c)  ayant  ouvert 
deux  femelles,  trouva  dix  Serpens  dans 
une  qui  étoit  longue  de  treize  pouces , 
& fept  dans  l’autre  qui  n’avoit  qu’un 
pied  de  longueur.  Ces  petits  Serpens 
ctoient  parfaitement  formés.  Ils  ne  dif- 
féroient  de  leur  mère  que  par  leur  gran- 
deur, Sc  par  leurs  couleurs  qui  étoient 
plus  foihles  •,  les  plus  grands  avoient  vingt 
& une  lignes , îc  les  plus  petits  dix-huit 
lignes  de  longueur.  Le  temps  de  la  portée 
des  Orvets  eft  au  moins  d’un  mois  , & 
M.  de  Sept-Fontaincs,  que  nous  venons 
de  citer  > s’en  eft  alîuré  en  gardant  chez 


(a)  Notes  manufirites  communiquées  par  M-  de  Septf 
Fontaines^ 

(J)  Ray^  à l’endroit  déjà  cité}  & Notes  maiiupritti 
M.  de  Sept-Fontaines. 

Ç»)  M,  de  Seft-Fontgim* 


i6z  Hijloire  Naturelle 

lui , une  femelle  qui  ne  mit  bas  qti'un 
mois  après  avoir  été  prife  : elle  ne  parut 
pas  groflîr  pendant  fa  captivité  {a). 

C'eft  ordinairement  après  les  premiers 
jours  de  Juillet , que  l’Orvet  paroît 
revêtu  d’une  peau  nouvelle  dans  les  Pro- 
vinces feptentrionales  de  France.  Son 
dépouillement  s’opère  comme  celui  des 
Couleuvres  {b)  •,  il  quitte  fa  vieille  peau 
d’autant  plus  facilement , qu’il  trouve  à fa 
portée  plus  de  corps  contre  lefquels  il 
peut  fe  frotter  i il  arrive  feulement  quel- 
quefois que  la  vieille  peau  ne  fe  retourne 
.que  julqii’à  l’anus , & qu’alors  la  queue 
fort  de  l’enveloppe  deuéchée  qui  la  re- 
couvroit,  comme  une  lame  d’épée  fort 
de  fon  fourreau  (c). 

L’Orvet  fe  nourrit  de  vers , de  fea- 
rabées , de  grenouilles , de  petits  rats  & | 
même  de  crapauds  -,  il  les  avde  le  plus  i 
fouvent  fans  les  mâcher  -,  aulîî  arrive-t-ij 
quelquefois  que  de  petits  vers  viennent 


(a)  Lettre  de  M,  de  Sept-Fontaine$  à M.  U Comte 
it  la  Çepèie  , du  7 Décembre  ïySS*’ 

(i)  Voyez  l'article  de  la  .Couleuvre  d’Efculape* 
(cj  Notes  manuferites  M\  de  Se ft-Fomtaines* 


des  Serperfs, 

jufqu’à  fon  eftomac  , pleins  encore  de 
vie , & fans  avoir  reçu  aucune  blefliire. 
M.  de  Sept-Fontaines  a trouvé  dans  le 
corps  d’un  jeune  Orvet,  un  lombric  ou 
ver  de  terre  long  de  lîx  pouces,  & de 
la  groffeur  d’un  tuyau  de  plume  *,  le 
ver  étoit  encore  en  vie , & s’enfuit  en 
rampant. 

Malgré  leur  avidité  naturelle  , les 
Orvets  peuvent  demeurer  un  très-grand 
nombre  de  jours  fans  manger  , ainli  que 
les  autres  Serpeiis  , & M.  Desfontaincs 
en  a eu  chez  lui  qui  fe  font  laiffés 
mourir  au  bout  de  plus  de  cinquante 
jours  , plutôt  que  de  toucher  à la  nour- 
riture qu’on  avoit  raife  auprès  d’eux, 
Sc  qu’ils  auroient  dévorée  avec  préci- 
pitation s’ils  avoient  été  en  liberté. 

L’Orvet  habite  ordinairement  fous 
terre  dans  des  trous  qu’il  creufe  ou  qu’il 
agrandit  avec  fon  mufeau;  mais  comme 
il  a befoin  de  refpirer  l’air  extérieur  , 
il  quitte  fouvent  fa  retraite.  L’hiver  même, 
il  perce  quelquefois  la  neige  qui  couvre 
les  campagnes,  & élève  fon  mufeau  au- 
deflus  de  la  furface  , la  température  affez 
douce  des  trous  fouterrains  qu’il  choifit 


tîijîoin  Naturelle 

pour  afyïe  Tempêchant  ordinairement  de 
s’engourdir  complètement  pendant  le 
froid.  Lorfque  fes  chaleurs  font  revenues, 
il  paffe  une  grande  partie  du  jour  hors 
fie  fa  retraite  mais  le  plus  fouvent  il  s’en 
éloigne  peu  , & fe  tient  toujours  à portée 
de  s’y  mettre  en  sûreté. 

Il  fe  drefle  fréquemment  fur  fa  queue 
qu’il  roule  en  .fpirale  , qui  lui  fert  d^ 
point  d’appui  & il  demeure  quelquefois 
long-temps  dans  cette  fituation.  Ses  mou- 
vemens  font  rapides , mais  moins  que 
ceux  de  la  Couleuvre  à collier.  Il  ne 
répand  pas  communément  d’odeur  défar 
gréablc  {a), 


(a)  Perfonne  n’a  mieu?:  étudié  îes  habitudes  de 
POrvet  que  M.  dé  Sept  Fontaines^  à qui  nou€ 
-devons  la  connoiflance  de  la  plupart  des  détails 
.que  nous  venons  de  rapporte^ 


L’ÊRYX. 


dts  Serpetis* 


26  y 


L’  É R Y X (a). 

Cet  Anguis  a beaucoup  de  rapports, 
avec  l'Orvet  , dont  il  n'eft  peut-être 
qu’une  variété.  Il  a le  defliis  du  corps 
d’un  roux  cendré  avec  trois  raies  noires 
très  - étroites  qui  s’étendent  depuis  le 
derrière  de  la  tête , jufqu’à  l’extréraité 
de  la  queue.  Ses  yeux  font  à peine 
vidbles.  II.  a la  mâchoire  fupérieure 
un  peu  plus  avancée  que  l’inférieure. 
Ses  dents  font  allez  longues  relative- 
jnent  à fa  grandeur  , égaies  & un  peu 
courbées  vers  le  golier.  Ses  écailles 
font  arrondies  un  peu  convexes  , lui- 
fantes  8c  unies.  Sa  queue  eft  un  peu 
plus  longue  que  le  relie  du  corps.  Il 


(a)  Aberdeen  , dans phjieurs  endroits  de  V Augktene^ 
^ûTce  qH*on  U trouve  dans  Aberdeen  Shire, 

Eryx.  M*  d" Auhentoti  ^ Encyclopédie  méthodique^ 
Ang-  Eryx.  Linn»  amphih-  Serpent, 

Gronov.  muf  o.  , 35«>  N.®  9* 

Serpens , Torne  JV»  M 


Hijloire  Naturelle 

a cent  vingt-  (îx  rangs  d’écailles  aii- 
deflous  du  corps , & cent  trente-fîx  aur 
deflous  de  la  queue  -,  on  le  trouve  en 
Europe  , particulièrement  en  Angle- 
terre -,  & il  habite  auflî  plufîeurs  contrées 
de  l’Amérique. 


i6y 


des  Serpens. 


LA  PEINTADE  (aj. 

Nous  CONSERVONS  ce  nom  à un 
Anguis  qui  fe  trouve  dâns  les  Indes  •, 
if  a cent  foixante  - cinq  rangs  d’écaiHes 
fous  le  corps,  trente-deux  fous  la  queue, 
& le  deffus  du  corps  verdâtre  avec  plu- 
lîeurs  rangées  longitudinales  de  points 
noirs  ou  bruns- 

Il  nous  fembîe  qu’on  doit  regarder 
comme  une  variété  de  cette  efpèce  , un 
Anguis  que  M.  Pallas  a obfervé  fur  les 
bords  de  la  mer  Cafpienne  , & qui  a 
à-peu-près  la  longueur  d’un  pied  ; la 
groffeur  du  petit  doigt  -,  cent  foixante-dix 
rangs  d’écailles  fous  le  corps  -,  trente- 
deux  rangs  fous  la  queue  -,  la  tête  grife 


faj  La  Peintade.  d^Juhnton  , Encyclopédie 

méthodqua> 

Anguis  Meîeagris.  Linn*  amphih.  Serpent. 

A-ïiguis  Meîeagris,  124,  Lauruiti , Spedmen.  Me* 
êictwu 

Seba^  muf.  2 , tab*  21 , 4. 

M ij 


Hijloîre  Naturelle 

tachetée  de  noir  ; le  corps  noir  poini 
tillé  de  gris  fur  le  dos , & de  blan- 
châtre fur  les  côtés  *,  la  queue  longue 
de  deux  pouces  & variée  de  blanc  {a). 


.fa)  Anguîs  Miîiaris»  Voyagis  de  M»  Pallas  daHê 
diff'éreiius  Pminces  de  VBmflT&  de  RuJJU,  fupplémnt^-^ 


des  Strpens,  i 


LE  ROULEAU  (aj. 

Cet  AnguïS  fe  trouve  dans  îes  deux 
Continens.  II  eft  très-commUn  en  Amé'* 
rique,  ainfi  que  dans  les  grandes  Indes  j 
mais  c'eft  toujours  dans  les  pays  chauds 
qii’on  le  rencontre.  Sa  tête  Un  peu  con- 
vexe par-deflus , & convave  en  deflbits 
eft  à peine  diftinguée  du  refte  du  corps 
par  trois  écailles  plus  grandes  que  les 
autres  qui  la  Couvrent.  Ses  dents  font 
affez  noxnbreufes  ; & cornràe  elles  font 
toutes  égales  , & qifil  ixa  pas  de  cro- 
chets mobiles  J l’on  doit  préfumer  qu'il 
n'eft  point  venimeux.  Le  corps  & la 
queue  font  gArnis  par*deflus  & par- 
deffous  d'é  Ctiii  les  blanches  bordées  de 


f'aj  Le  Rouleau.  M»  i* Anlenton  y Encychp.à^ 
\Jnéthîd^qüe^ 

Anguis  Schytaîe.  Liniu  amphih.  Serpent* 

Mu f,  jid.  fr.  tah  6 ffig.  2. 

Granoviusy  mttf  2 , N.""  4.  Anguis. 

Séba^-muf.  2 , tab.  2 , fig.  1,  2,  3,4;  tab^  7.* 

47  taâ,  20  7 fig.  3. 

Anguis  Schytaîe*  Lm$ntiy  Syedmen  Meiiesm» 

Miij 


2 JO  Hijîoire  Naturelle 

roux  {a)  y & tout  îe  corps  eft  varié  par 
des  bandes  tranfverfales  , qui,  en  for- 
mant des  anneaux  de  couleur  , gardent 
leur  parallélifme  ou  fe  réuniiïent  avec 
plus  ou  moins  de  régularité.  L"on  ne 
lait  pas  précifément  à quelle  grandeur 
peut  parvenir  le  Serpent  Rouleau;  mais, 
d'après  îes  divers  individus  qui  ont  été 
décrits  par  îes  Naturaliftes  , & ceux 
qui  font  confervés  au  Cabinet  du  Roi, 
nous  préfumons  qu'elle  n'eft  jamais  très- 
confidérable  , que  le  diamètre  de  cet 
Anguis  n'eft  ordinairement  que  d'un 
demi-pouce,  & que  fa  longueur  n'excède 
guère  deux  ou  trois  pieds  {b). 

II  fe  nourrit  de  vers  , d'infeétes , & 
fur  - tout  de  fourmis , & voilà  tout  ce 
que  l'on  connoît  des  habitudes  de  ce 
Serpent. 


(a)  Le  Roufeau  a deux  cent  quarante  rangs 
d’écailles  fous  le  corps  , & treize  rangs  fous  ia 
queue- 

(b)  Sa  queue  eft  très-courte  en  proportion  du 
corps  ^ dont  fa  fongueur  eft  ie  plus  fouvent  trente 
fois  plus  confidèrable  que  celle  de  la  queue* 


des  Serpens. 


271 


LE  COLUBRIN  (^). 

M.  Hasselquist  a fait  connoître  cet 
Atiguis  que  l’on  trouve  en  Egypte  ; ce 
Serpent  a le  corps  varié  d’une  manière 
très-agréable,  de  brun  & d’une  couleur 
paie  -,  on  a compté  ceiat  quatre-vingt  rangs 
d’écaiiles  fous  fon  corps,  & dix-huit  fous 
fa  queue. 


(a)  Le  Colubrin.  M-  d’Juhenton  » Encyclopédie 
méthodiques 

Anguis  Coïubrina.  Ijinn»  ainphii%  Serp^ 
Hafèlquifip  iu  320,  iV,®  65. 


a 7»  Hifioire  Naturelle 


LE  TRAIT  (a). 

Cet  Anguis  habite  en  Egypte  , ainfî 
que  le  Colubrin , & c’eft  aulli  M.  Haf- 
felquift  qui  l’a  fait  connoître.  Ce  Serpent 
a cent  ^uatre-vingt-fix  rangs  d’écailles 
fous  le  corps , &:  vingt-trois  fous  la  queue- 
Celles  qui  garnilfent  fon  ventre  , font  un 
peu  plus  larges  que  celles  qui  recouvrent 
fon  dos. 


t'a)  Le  Tra’t.  M.  d’Aubenton,  Encydopéiit  mét 

ÜiodigifC,  , 

Angttis  Jacuîas*  Linn*  amphib,  Scvfcnf. 

U,  319  6^^ 


des  s erp'ens»  2 7 5 


LE  CORNU  (a). 

Cet  Anguis  a beaucoup  de  rapports 
avec  la  Couleuvre  Cérafte  -,  il  a ^ comme 
ce  dernier  Reptile  , deux  efpcces  de 
cornes  fur  la  tête*,  mais  nous  avons  va 
que  dans'le  Cérafte  , ces  éminences  tien- 
nent à li  peau,  & font  de  nature  écail- 
leufe , au 'lieu  que  , dans  le  Cornu  , ce 
font  déùx-  dents  qui  pèrcent  la  lèvre 
fupérieure , & redemblent  à deux  petites 
cornes.  On  trouve  cet  Anguis  en  Egypte 
où  il  a été  obfervé  par  M.  Haffelquift , 
&c  où  vit  auflî  le  Cérafte.  Le  Cornu  a 
deux  cens  rangs  d'écaiiles  fous  le  ventre , 
& quinze  fous  la  queue. 


Le  Cornu.  M,  d* Anhenton , MncyciopédU  mè^ 
Sltodiqaè, 

Anguis  Cerafies.  Lîmi^  ampkib.  Serpentes, 
it,  32©  j 66. 

M r 


2 74  HiJIoire  Naturelle 


LE  MIGUEL  (4 

Tel  est  le  nom  que  Ton  donne  à cet 
Angiiis  dans  le  Paraguay,  & dans*  plu- 
fieiirs  autres  contrées  de  TAmérique 
méridionale.  Les  écailles  cjiit  le  coirvrent 
font  brillantes  & unies.  Le  ^effus  de 
fon  corps  ed  jaune,  & préfente  une 
& quelquefois  trois  raies  . longitudi- 
nales brunes  avec  des  bandes  tranfver- 
fales  très-étroites,  & de  la  cou- 

leur. Le  Miguel  a deux,  cens  rangs 
d’écailies  fous  le  ventre  , & douze  foits 
la  queue  -,  on  voit  neuf  grandes  écailles 
fur  la  partie  fupér retire  de  fa  tête.  Un 
individu  de  cette  efpèce , confervé  au 
Cabinet  du  Roi,  a un  pied  de  longueur 
totale  , & fa  queue  eft  longue  de  trois 
lignes. 

(a)  Le  Miguel.  M.  d*Auheutou^  Encyc^  mé^hodiqut* 
Anguis  Macuiata.  Linn»  amphib.  S&rpenu 
Nluf.  Ad*  fr,  1 J P*  21  , tah^  21  , fi^.  3. 

Anguis  TeHellata.  142  , Laurenti , Spec»  Meilcam, 
Groiiov,  muf,  2./?.  53,  5* 

Miguel.  Di&*  d'HiJîmc  naturelle, par  M.  Kalmont 
de  Bomare* 

Sdèa,  mnj\  ^ tah*  2, 


des  Serpens. 


17$ 


LE  RÉSEAU  (a). 

Cet  Angetis  a les  éGailIes  qui  garniffent 
le  deffiis  de  fon  corps  brunes  & blan- 
ches dans  leur  centre , ce  qui  le  fait 
paroître  comme  couvert  dun  réfèaii 
brun.  On  le  trouve  en  Amérique.  Il  a 
cent  foixante-dix-fept  rangs  d'écailles 
fous  le  ventre , & trente-fept  fous  la 
queue  •,  le  defîus  de  fa  tête  eft  revêtu  de 
grandes  écailles. 


(a)  Le  Réfeau.  M»  i’^Aubenton  > Encyclopédh 
méthodique^ 

Anguis  Reticulata*  Lîim.  amphih.  Serpent. 

Anguis  Reticuia.  128.  Laurenti  j Specimen  Me^ 
ikum. 

Gronov.  muf.  2 , p*  7. 

Sc/ieuchier*  Phyfic*  Jacr>  747  j 4, 


2 7^  H^oire  Naturelle 


LE  JAUNE  ET  BRUN  (a). 

Gét  Anguis  Te  trouve  en  grand  nombre 
dans  ies  bois  de  ia  Caroline  & de  la 
Virginie  , où  il  a été  obfervé  par 
MM.  Catelb7  & Garden,  & où  on  ne 
.îe  regarde  pas  somme  dangereux.  II 
paroît  moins  fenlible  au  froid  que  les 
autres  Serpens  des  mêmes  pays,  puif- 
qu’il  fe  montre  beaucoup  plutôt  au 
printems  -,  il  eft  , pour  ainfl  dire  ^ 
auffi  fragile  que  l’Orvet  -,  ies  fibres 
qui  compofent  fcs  mufcles  , peuvent 
ie  réparer  très  - aifément  -,  pour  peu 
qu’on  le  frappe  , il  fe  partage  comme 
i’Orvét , en  piufieurs  portions  , & il  a 
été  appellé  Serpent  de  verre  , de  même 
que  ce  Reptile.  Sa  longueur  n’excède 


Le  Serpent  de  verre.  M.  i’Jubenm , En- 
cyclopéèie  jnéthodigue, 

Anguis  Ventralis.  Limu  emphd-  Serpent* 

The  Cjlafs  Snake.  Serpent  de  verre.  Cateshyy 
hifloire  naîiiTtlU  4^  h Carolm , poU  * j /.  59  ; 
plmch  S9* 


des  Serpens,  ijj 


guère  cîix-huit  pouces  •,  & fa  queue  eft 
trois  fois  aufll  longue  que  fon  corps. 
Son  ventre  eft  jaune,  & paroît  comme 
réuni  au  refte  du  corps  par  une  future. 
Le  dos  eft  d’un  vert  mêlé  de  brun  , avec 
un  grand  nombre  de  très-petites  taches 
jaunes  arrangées  très-régulièrement.  La 
defeription  de  M,  Linné  femble  indiquer 
que  les  écailles  qui  garnirent  le  deffus 
du  corps,  font  relevées  par  une  arête. 
La  langue  eft  échancrée  par  le  bout  , 
à-peu-près  comme  celle  de  l’Orvet.  Le 
Jaune  & Brun  a cent  vingt-fept  rangs 
d’écailles  fous  le  corps , & deux  cent 
vingt-trois  fous  la  queue. 


278  IJiJioire  Naturelle 


LA  QUEUE-LANCÉOLÉE  (à). 


v^£T  Anguïs  diffère  de  ceux  que  nous 
venons  de  décrire  par  la  forme  de  fa 
queue  qui  eft  comprimée  par  les  côtés*, 
cette  partie  fe  termine  d'aiiieurs  en 
pointe  5 elle  eft , ainfi  que  le  dos , 
d\ine  couleur  pâle  avec  des  bandes 
tranfverfaîes  brunes,  & cinquante  rangs 
d'écaiiles  en  garniffent  le  deffous.  On 
compte  deux  cens  rangs  d'écailles  fous 
ie  corps,  La  Queue-Lancéolée  fe  trouve 
à Surinam.  Il  fe  pourroit  qu'on  dût 
rapporter  à cette  efpèce  le  Serpent  à 
queue  aplatie  vu  par  M.  Bancks  près 
des  côtes  de  la  nouvelle  Hollande  , de 
la  nouvelle  Guinée  & de  la  Chine , 
nageant  & plongeant'  avec  facilité  pen- 
dant les  temps  calmes  , & décrit  par 
M.  Vorfmaër  (3). 

(a)  La  Queue - lancéolée.  d'  JubentOM,  En- 

cyclopédie méthodique 

i\nguis  Laticauda»  Linn,  amphib.  Serpent* 

Muf-  Jd.  fr.  ^2  . pag.  48, 

Laticauda  Imbiicata-  241,  Laureiiti^  Spec*  MeJic, 
(b  On  peut  confulter,  à ce  fiijet,  l^article  du 
Serpent  à large  queue , dans  le  Dictionnaire  d’Hifk)ire 
Eaturelie , par  M.  V almont  de  Bomar e. 


des  Serpens. 


27f 


LE  R O U G E. 

Cet  Anguis  a été  envoyé  de  Cayenne 
au  Cabinet  du  Roi , par  M.  de  la  Borde 
les  écailles  du  dos  font  d'un  beau  rouge, 
ce  qui  lui  a fait  donner  le  nom  de 
Serpent  de  corail  par  les  habitans  de  la 
Guiane*,  mais  nous  n^avons  pas  cru  de- 
voir lui  conferver  cette  déno*mination , 
de  peur  qu'on  ne  le  confondît  avec  la 
Couleuvre  le  Corallin  dont  nous  avons 
parlé.  Le  defîous  de  fon  corps  eft  d'un 
rouge  plus  clair , toutes  ces  écailles  font 
hexigones  & bordées  de  blanc*,  & il  eft 
d'ailleurs  diftingué  des  autres  Anguis 
par  des  bandes  tranfverfales  noirâtres 
qui  s'étendent  non  - feulement  fur  le 
defliis  , mais  encore  fur  le  deffous  du 
corps.  Lorfque  ce  Serpent  eft  en  vie  , fes 
couleurs  font  très-éclatantes*,  mais  autant 
fon  afpeét  eft  agréable,  autant  il  faut 
fuir  fon  approche.  Sa  morfure  eft  veni- 
meufe  & très-dangereufe  fuivant  M.  de 
la  Borde  : il  porte  le  nom  de  Vipère 


zîo  m/îoiré  Natiireïïe 

à la  Guiane,  & ce  qui  prouve  que  ce 
nom  doit  lui  appartenir , c’eft  que  i'oii 
a reçu  au  Cabinet  du  Roi,  avec  Tindi- 
Vîdu  que  nous  décrivons  , deux  ferpen- 
taux  de  la  même  efpèce  fortis  tout  formés 
du  ventre  de  leur  mere. 

Le  Rouge  a , ainfi  que  d^aiitres  An- 
guis  , la  rangée  du  milieu  du  deffus  du 
corps  & de  la  queue  compofée  d'écaillcs 
un  peu  plus  grandes  que  leurs  voifines. 
Nous  avons  compté  dans  cette  rangée 
deux  cent  quarante  pièces  au-deflous  du 
corps  5 & douze  feulement  au-defibus 
de  la  queue  qui  eft  très-courte  (û). 

Il  paroît  que  c"eft  le  même  animal 
que  celui  dont  It  P.  Gumilla  a parlé 
fous  le  nom  de  Serpent  coral , dans  Ton 
Hiftoire  Natiurelie  de  rOrenoque  , Sc 
pour  lequel  nous  renvoyons  à la  note 
Suivante 


fa)  L^individu  envoyé  aw  Cabinet  du  Roi  avoît 
un  pied  fix  pouces  de  longueur  totale,  & fa  queue 
defix  lignes. 

(b)  « Je  ne  puis  pafler  feus  filence  le  Serpent 
» Coral ^ qu^on  nomme  ainfi  à caufe  de  fa  cou- 
•»  leur  intamate,  & qui  cû  entremêlée  de  uebc? 


^es  Serpens, 


2Sî 


»5  noires,  grrfes,  bîanches  & jaunes*  Ce  Serpent 
w fiipporte  également  tous  les  climats , ce  qui 
î9  n^empêche  pas  que  fes  couleurs  ne  fe  refîentent 
» de  leur  variété;  mais  fon  venin  conferve  tou« 
n jours  la  même  force,  & il  n^y  en  a point,  fiPon 
^9  en  excepte  la  Couleuvre  Macaurel^  dont  la  mor- 
99  fure  füit  plus  dangereufe.  Parlons  maintenant 
99  des  remèdes  qu’on  a trouvés  contre  la  morfure 

99  de  ces  Reptiles On  peut  fe  fervir  de  la 

99  feuille  de  tabac,  qui  eft  un  remède  efficace  contre 
99  la  morfure  des  Couleuvres,  quelle  qu’enfoitl’ef- 

pèce;  il  fuffit  d’en  mâcher  une  certaine  quan- 
99  tité  , d’en  avaler  une  partie  , & d’appliquer 
w l’autre  fur  la  plaie  pendant  trois  ou  quatre  jours , 
li  pour  n’avoir  rien  à craindre.  J’en  ai  fait  l’elTai 
*>  piuf/eiirs  fois  fur  des  malades  de  même  fur  des 
15  Couleuvres  ; après  lès  avoir  étourdies  d’un  coup 
155  de  bâton,  je  leur  ai  faifi  la  tête  avec  une  petite 
55  fourche,  &leur  ayant  fait  ouvrir  la  bouche  en  la 
99  prelTant  ,j’ai  mis  dedans  du  tabac  mâché;  êc  auffi- 
99  tôt  elles  ont  été  faifiesd’un  tremblement  générai 
f*  qui  n’a  fini  qu’avec  leur  vie  ; Couleuvre  étant 
99  refîée  froide  & roide  comme  un  bâton. 

*9  Un  troifième  remède  dont  on  peut  fe  fervir, 
55  c’eft  la  pierre  orientale  ; çlle  n’eft  autre  chofe  qu’un 
M morceau  de  corne  de  cerf  qu’on  fait  calciner 
99  jufqu’h  ce  qu'il  ait  pris  la  couleur  du  charbon, 
^5  il  s’attache  de  lui-même  à la  plaie  & attire  tout 
55  le  venin  qui  eft  dedans,  mais  il  en  faut  quel- 
39  quefois  plus  de  fix  morceaux , & le  plus  fur  eft 
§9  de  mâcher  du  tabac  en  même-temps. 

55  Lorfquel’endroit  le  permetjon  appîiquefur  la 
99  plaie  quatre  ventoufes  sèches  dont  la  première 


2 S i Hijîoire  Naturelle 


m.  difpofe  les  chairs,  la  feconde  attire  une  Irqueur 
jaune,  la  troiüéme  une  pareille  liqueur  teinte 
99  de  fang  J & h quatrième  le  fang  tout  pur;  après 
99  quoi  ii  ne  relie  plus  de  venin  dans  la  plaie* 

..  99  V^oici  un  cinquième  remède  dont  on  a éprouvé 
99  TefFet  : il  confiûe  en  une  bonne  quantité  d^eau- 
99  de-vie  , dans  laquelle  on  a délayé  de  la  poudre  à 
99  canon,  & à la  troiféme  dofe  le  venrn  perd  toute 
99  fon  acftivité. . . « Hifi*  iiâtur»  de  rOnnoqutf 

Tmd»  franq*  Lyon , 1758  > tome  j j pêg,  89  & fu'ww 


àes  Serpens, 


2S5 


LE  LONG-NEZ  (a). 

C'est  M.  Weigel  , Naturaîifte  AÎIemand, 
qiH  a fait  connoître  cette  efpèee  cI'An- 
guis  5 remarquable  par  ralongement 
de  fon  mufeaii.  Ce  prolongement  eft 
très-fenfible  , la  lèvre  de  deiîoiis  étant 
beaucoup  moins  avancée  que  la  fupé- 
rieure  , contre  le  bord  inférieur  de 
iaquelîe  elle  s'applique,  & la  bouche 
étant  par-là  un  peu  fituée  au-deflbus 
du  mufeàu.  La  longueur  totale  de  i'in- 
dividu , décrit  par  M.  Weigel , étoit 
à-peu-près  d'un  pied , une  pointe  dure 
terminoit  la  queue  , la  couleur  du 
deffus  du  corps  de  cet  Anguis  étoit 
d'un  noir  plus  ou  moins  tirant  fur  le 
verdâtre  , on  voyoit  une  tache  jaune 
fur  le  bout  du  mufeau , & à l'extré- 
mité de  la  queue  , fur  laquelle  on  re** 


(a)  Anguis  Roftratus  , Languafige  , Schup- 
penfchlange , C- L.  Weigel.  Mew- i/es  Cumux  d&  la 
r^aiun  de  Berlin  vqU  3 , 190» 


284  U0oire  Natureîîe 

marquoît  deux  Bandes  obliques  de  la 
même  couleur,  qui  ètoit  auffi  celle  du 
ventre , & s’étendoit  même  dans  certains 
endroits  fur  les  côtés  du  corps.  Ce 
Serpent  avoit  deux  cent  dix-huit  rangs 
d’écailles  fous  le  corps , & douze  fous 
la  queue  ) il  avoit  été  apporté  de  Sli- 
rinatn. 


des  Serpens,  2 8 j 


LA  PLATURE  (a). 


Ce  Serpent  a beaucoup  de  reflembîance 
avec  ia  Queue-Lancéolée  5 il  a , comme 
ce  dernier  Angiiis  3 la  queue  compri- 
mée Sc  apktre  par  les  côtés  ; mars  celle 
de  la  Queue  - Lancéolée  fe  termine 
en  pointe au  lieu  que  la  queue  de 
!a  Plature  a fon  extrémité  arrondie. 
M.  Linné  a fait  conuoître  cette  efpèce 
de  Serpent , dont  un  individu  faifoit 
partie  de  la  colleétion  de  M.  Ziervogelj^ 
Apothicaire , à Copenhague» 

La  tête  de'  la  Plature  eft  alongée  -, 
fes  mâchoires  font  fans  dents  , cet  An- 
guis  a im  pied  & demi  de  longueur 
totale  3 & deux  pouces  depuis  raniis 
julquà  Fexirémité  de  la  queue  le 
deffiis  de  fon  corps  eft  noir,  le  def- 
fous  blanc  , & la  queue  variée  de 


faj  La  Queue-pîate*  M*  d'Auhentouy  Encydopéêit 
méthodique, 

Apguis  Platura.  Linn*  aniphik*  Ssrpent. 


z8(î  Hijioire  Naturelle 

blanc  & de  noir  \ les  écailles  , qui  re- 
couvrent ce  Serpent  ^ font  arrondies , 
ne  fe  recouvrent  pas  les  unes  les  au- 
tres, & font  fî  petites  qifon  ne  peut 
pas  les  compter. 


7û7?i/,  77^, 


Pl.  IX . P ^ 


DeScve  JcL  , 

y.  LE  LOMBIUC;^,  SERPENT  MONSTRUEUX  A DEUX  TETES./'^, 


des  Serpens.  i § 7 


LE  LOMBRIC  (æ). 


plus  d’attention  iorfqu’on  examine  le 
Lombric  , c’efl:  la  proportion  générale 
de  fon  corps,  moins  gros  vers  la  tçte 
,<ju’à  l’extrémité  oppofée , de  telle  forte, 
que  lî  on  ne  confidéroit  pas  la  poiition 
des  écailles  de  ces  Anguis  , on  feroit 
tenté  de  prendre  le  bout  de  fa  queue 
pour  fa  tête , d’autant  pliis  que  cette  der- 
nière partie  n’eft  pas  plus  grofle  que 
l’extrémité  du  corps  à laquelle  elle  tient, 
& que  les  yeux  ne  font  que  de  petits 


faj  Anilios , dans  Flfle  de  Chypre» 

Serpent  d'Oreille  , dans  L*Iiide» 

Le  Lombric.  iVf.  d*Auhenton  , Encyclopédie  mé^ 
4jkodlque, 

Anguis  Lumbricalis.  Linn»  amphih.  Serpent. 
Anguis  Lumbricalis^  144.  Laurenü , Specinien 
Medicum, 

Gronov.  muf  2,  p.  52,  3. 

Brown.  Jarn,  460,  tab»  44  j jig.  i,  Ampbisbæna 
Prr  " ' 


188  Hi/ioire  Naturelle 

points  très-peu  fenfibles,  & recouverte 
par  une  membrane  ainfi  que  ceux  des 
amphifbènes.  Le  mufeau  du  Lombric  eft 
très-arrondi  & percé  de  deux  petits 
trous  prefqu'invifibles  ^ qui  tiennent  lieu 
de  narines  "à  ranimai  -,  mais  il  ne  pré- 
fente d’ailleurs  aucune  ouverture  pour 
la  gueule.  Ce  n’eft  qu’au  - deflous  du 
mufeau , & à une  petite  diftance  de  cette 
e^^trémité  qu’on  apperçoit  une  petite 
bouche  dont  les  lèvres  n’ont  que  deux 
lignes  de  tour  , dans  le  plus  grand  in- 
dividu des  Lombrics  confQrvés  au  Ca- 
binet du  Rol  La  mâchoire  inférieure, 
plus  courte  que  celle  de  deffus , s’ap- 
plique fi  exactement  contre  cette  mâ- 
choire fiipérieure  , qu’il  faut  beaucoup 
d’attention  pour  reconnoître  la  place 
de  la  bouche  loiTquelie  eft  fermée. 
Nous  n’avons  pu  voir  des  dents  dans 
aucun  des  Lombrics  que  nous  avons 
examinés  (a) , mais  nous  avons  remar- . 


(a)  Le  Lombric  étort  regardé,  k la  Jamaïque, 
comme  venimtiix  : mais  Brown  dit  qu'ii  n^a  jamais 
pu  confrater  1 exiftence  du  venin  de  ce  Reptile^ 
Bifioirt  üütmtlU  de  Ick  Jamaïque  y Londr,  1 756 , p»  460. 

qué 


des  Serperis. 

qüé  dans  tous  une  petite  langue  ap- 
pliquée , & comme  collée  contre  ta 
mâchoire  fupérieure. 

Le  corps  entier  du  Lombric  eft  pref- 
que  cylindrique , excepté  à l’endroit  de 
la  tête  qui  eft  un  peu  aplati  par-deffus 
Sc  par-deffous.  Ce  Serpent  eft  entière- 
ment recouvert  de  très - petites  écailles 
très-unies  & trè%-îuifantes  , placées  les 
unes  au-deffus  des  autres  comme  les 
ardoifes  fur  les  toits,  toutes  de  même 
forme  Sc  de  même  grandeur  , tant 
fur  le  ventre  que  fur  la  queue  & fur 
le  dos  , & préfentant  par  - tout  une 
couleur  uniforme  d’un  blanc  livide , de 
telle  forte  que  le  delîous  du  corps  h’eft 
diftingué  du*deffus,  ni  par  la  forme,  n£ 
par  la  pofition  , ni  par  la  couleur  des 
écailles.  Le  mufeau  eft  couvert  par- 
deflus  de  trois  écailles  un  peu  plus 
grandes  que  celles  du  dos  , & plac4es  è 
coté  l’une  de  l’autre  ; & trois  .écailles 
femblables  en  revêtent  le  delTous  au- 
devant  de  l’ouverture  de  la  bouche. 

L’anijs  eft  fttué  très-près  de  l’extrémité 
du  corps  dont  il  n’eft  éloigné  que  d’une 
ligne  & demie  dans  un  des  individus  que 
Serpens)  TomelV^  N 


Hijloire  Naturelle 

îipus,  avons  déerits..  Cette  ouverture  ^ 
en  forme  de  fente  très  - étroite , 
n'avqit,  dans  cet  individu , qu’une  demi- 
.iigne  de  longueur,  &:  ne  pou  voit  être 
.^ipperçue,  que  lorfqu’on  plioit  le  corps 
de  l’animal:  du  côté  oppofé  à celui  où 
étcit  ranus.  La  très - courte  queue  du 
Lombric  eft  terminée  par  une  écaille 
pointue  & dure  ; la  manière  dont  nous 
lavons  vrie  repliée  dans  plufieiirs  Anguis 
de  cette  efpèce , & la  force  avec  laquelle 
elle  étoit  roidie , ainlî  que  le  refte  du 
eorps  5 prouvent  la  facilité  avec  laquelle 
Je  Lombric  peut  fe  tourner  & fe  plier 
en  différens  fens. 

ignorons  jufqu’à  quelle  gran- 
deur les  Lombrics  peuvent  parvenir 
Le.  plus  gt^uid  de  ceux  que  nous  avons 
yiis,y  avoit  huit  pouces  onze  lignes  dç 
ionguçur,  & deux  lignes  de  diamètre 
dans  l’endroit  le  plus  gros  du  corps.  Il 
avoit.  apporté  de  l’Ille  de  Chypre 
fous  le  non  d’Anilios,  mais  ce  n’eft  pas 
lèuIçiTient  dans  cette  Ifle  qu’il  habite 
on  lc  trouve  auiîî  aux  grandes  Indes  d’oii 
on  a envoyé  au  Cabinet  du  Roi  un 
très-petit  Serpent  long  de  quatre  pouces- 


d€s  Serpetif,  ift 

neuf  lignes,  & n’ayant  pas  une  ligne, 
de  diamètre , mais  qui  d’aiileurs  eft  eh--' 
tièrement  femblable  au  Lombric  , & qui 
évidemment  eft  un  J^eune  animal  de  I» 
même  efpèce^  II  eft  arrivé  fous  le  noitt 
de  Serpent  d’oreille  ; nous  ne  favon» 
pas  ce  qui  peut  avoir  donné  lieu  à cette 
dénomination. 

La  conformation  du  Lombric , la 
grande  facilité  qu’il  a de  le  replier 
plulieurs  fois  fur  lui  - même  & celle 
avec  laquelle  il  peut  s’infinuer  dans  le* 
plus  petites  cavités  , doivent  donner  à 
fa  manière  de  vivre  beaucoup  de  reC- 
femblance  avec  celle  de  l’Orvet  dont  il 
fe  rapproche  à beaucoup  d’égards  , 
ainli  qu’avec  celles  de  plulieurs  vers  pro- 
prement dits  que  l’efpèce  du  Lombric 
lie  , pour  ainli  dire,  à l’ordre  des  Ser- 
pens  par  de  nouveaux  rapports,  & par- 
ticulièrement par  la  petitelîe  de  fon  anus, 
âinli  que  par  la  polition  de  fa  bouche. 


Nij 


x^%  HiJIoirc  Naturelle 

CINQUIÈME  genre; 


S E R P E N S 


Vont  k corps  &*la  queue  font  entourés 
d’anneaux  écailleux. 


AMPHISBÊNES. 

VEN  FU  ME  (a). 

Il  est  très- facile  de  diftinguer  les 
Amphifbèncs  de  tous  les  Serpens  dont 
nous  ayons  déjà  parlç.  Non-feulement 
ils  n’ont  point  de  plaques  fous  le  corps , 


(a)  Ibijara,  par  Us  Brafîiiens. 

Bodty. 

Cega,  Cobre  Vega,  & Cobra  de  las  Cabecas^ 
k$  f^Qrîu^ais^ 


^des  Serpens.  195 

ni  fous  la  queue  •,  mais  les  écailles  qui 
les  revêtent  font  prefque  quarrées , plus 
ou  moins  régulières»  difpofées  tranf- 
verfalement  & réunies  Tune  à côté  de 
l'autre  de  manière  à former  des  an- 
neaux entiers,  qui  environnant  l’ani- 
ftial.  Le  defliis  & le  deflous  du  corps 
& de  la  queue  fe  refîemblent  il  fort 
dans  les  Amphilbènes , que,  îorfque 
leur  tête  & leur  anus  font  cachés , l'on 
ne  peut  favoir  s'ils  font  dans  leur  po- 
litio.n  naturelle  ou  renverfés  fur  le 
dos.  On  pourroit  même  dire  que  , 
-fans  la  poution  de  leur  tête , & celle 
de  leur  colonne  vertébrale , plus  voi- 
fine  du  deffus  que  du  deflous  du  corps  . 


L^Enfumé.  M.  â*  Juhenton , EncydopéâU  métho* 
iique, 

Amphisbœna  fuîiginofa.  Liuiu  amphih*  S^jpent^ 

Gronov,  muf  2,  p.  i,  Amphisbœna. 

Ray,  (juaimp^  289. 

Ÿfafgobane.  M.  Valmont  de  Bemctte. 

Sébâ^  muf.  I,  tah-  88,  3;  muf  2,  tah.  i, 

fg.  7,  tab.  18,  fig,  2,  tab-  22,  fig,  lytab,  73, 
fig*  4^  ef  tab.  100,  fig. 

Amphisbœna vuîgaris , 119.  Amphisbœna  varia, 
120,  Amphisbœna  magnifica,  121.  Amphisbœna 
fia  va,  122,  Lauretiîi  J Spécimen  Medicnm, 

N iij 


2p4  Hijîoire  Natur^le 

îls  troiiveroient  un  point  d’appui  auflî 
avantageux  dans  la  portion  fupérieure 
de  ces  anneau^  , que  dans 
rieure , & qu"Hs  poiirroient  également 
s'avancer  en  rampant  fur  leur  dos  & 
fur  leur  ventre..  Mais  s’ils  font  privés 
de  cette  double  manière  demarcher5.pa1: 
ïa  fituation  de  leur  tête  > & par  celle 
de  leur  colonne  vertébrale  , cette  forme 
d’anneaux  également  conftruits  au-deffus 
& au-deffous  de  leur  corps , leur  donne 
une  grande  facilité  pour  fe  retourner  ^ 
fe  replier  en  différens  fens  comme  les 
vers,  & exécuter  divers  mouvemens  in- 
terdits aux  autres  Serpens.  Trouvant 
d’aiileurs  dans  ces  anneaux  , la  même 
réliftance  5 loit  qifils  avancent  ou  qu’ils 
reculent , ils  peuvent'  ramper  preftjue 
avec  une  égaie  vîteffe  en  avant  & en 
arrière  -,  & de-Ià  vient  le  nom  de 
Double  Marcheurs  ou  à' Amphijbènes  qui 
leur  a été  donné.  Ay^ant  la  queue  tpès- 
grade. & terminée  par  un  bout  arrondi, 
portant  , louvent  en  arrière  cette  extré- 
mité grofle  & obtufe  , & lui  faifant 
faire  dès . mouvemens  que  la  tête  feule 
exécute  communément  dans  beaucoup 


des  S erp  eus,  29^ 

#autres  Reptiles , il  n’eft  pas  furprenant 
que  leur  manière  de  fe  mouvoir  ait 
donné  lieu  à une  erreur  femblable  à 
celle  que  les  Anguis  ont  fait  naître». 
On  a cru  qu’ils  avoient  deux  tête§ 
non  pas  placées  à côté  l’une  dé 
l’autre , comme  dans  certains  Serpens 
monftrueux,  mais  la  première  à unè 
extrémité  du  corps  , éc  la  lèconde  à 
i’aufte.  On  ne  s’eît  pas  même  contenté 
d’admettre  cette  conformation  extraor- 
dinaire-, on  a imaginé  des  fables  abfurdes 
que  nous  n’avons  pas  befoin  de  réfuter. 
On  a cru  & écrit  très-férieufement  què 
iorfqu’on  coupe  un  Amphifbène  en 
deux  par  le  milieu  du  corps , les  deitSc 
têtes  fe  cherchent  mutuellement;  que 
lorfqu’elles  fe  font  rencontrées,  elles  fe- 
rejoignent  par  les  extrémités  qui  ont 
été  coupées , le  fang  fervant  de  glu  pour 
les  réunir  ; que  fi  on  les  coupe  en  trois 
morceaux , chaque  tête  cherche  le  côté 
qui  lui  appartient , & que  lorfqu’elle 
sy  éft  attachée , le  Serpent  le  trouve 
dans  le  même  état  qu’avant  d’avoir  été 
divifé  -,  que  le  moyen  de  tuer  un  Am- 
philbène , eft  de  couper  les  deux  têtes 

Niv 


zp6  Hifloîre  Naturelle 

- j^vec  une  petite  partie  du  corps , & de 
îés  fufpendre  à un  arbre  avec  un  cor- 
deau j que  même  cette  manière  n’eft 
pas . très-fûre  ; que  lorfque  îes  oifeaux 
de  proie  ne  ies  mangent  point , & que 
le  cordeau  fe  pourrit , l’Amphilbène, 
defîéché  par  le  foleil , tombe  à terre  *, 
qu’à  4a  première  pluie  qui  furvient , 
il  renaît  par  le  fecours  de  l’humidité 
qui  le  pénètre  *,  que  , par  une  fui?l  de 
cette  propriété  , ce  Serpent  réduit  en 
poudre  eft  le  meilleur  Ipécifique  pour 
réunir  & fonder  les  os  caffés  {d)  , &c. 
Combien  d’idées  ridicules  le  défaut  de 
lumières  & le  befoin  du  merveilleux 
n’ont-ils  pas  fait  adopter  ! 

L’elpèce  de  ces  Amphilbènes  la  plus 
anciennement  . connue , eft  celle  de  l’En- 
fumé.  Le  nom  de  ce  Serpent  lui  vient 
de  fa  couleur  qui  eft  en  effet  très-foncée, 
prefque  noire  , & variée  de  blanc.  II 
parvient  communément  à la  longueur 
d’un  pied  ou  deux , mais  fa  queue  n’ex- 
cède prefque  jamais  celle  de  douze  ou 


(a)  Voyez  f’FIifioire  naturelle  de  l’Orenoque, 
traduction  françoife, Lyon,  1758, tome  3rp»86*^ 


des  Serpens.  297 

quinze  lignes  {a).  Ses  yeux  font  non- 
feulement  très-petits  , mais  encore  re- 
couverts , & comme  voilés  par  une  mem- 
brane', c’eft  cette  conformation  fingu-^, 
lière  qui  lui  a fait  donner  , ainfi  qu'aux 
Anguis , le  nom  de  Serpent  avenue , & 
qui  établit  un  nouveau  rapport  entre  ce 
Reptile  & les  Murènes  , les  congres 
& les  anguilles  qui  d'ailleurs  reffemblent 
à beaucoup  d’égards  aux  Serpens  , & 
que  l'on  a quelquefois  même  appellés 
Serpens  d’eau. 

L'Enfumé  habite  les  Indes  orientales  i 
particulièrement  l’Ifle  de  Ceyl*n,  On  le 
rencontre  aufli  en  Amérique  on  ignore 
uhe  grande  partie  de  les  habitudes  » 
mais  l’on  fait  qu'il  fe  nourrit  de  vers  de 
terre,  de  mollafîes,  de  diverfes  inféras,- 
de  cloportes , de  fcolopendres , &c.  Il 
fait  auflî  la  guerre  aux  fourmis  dont  il 
paroi t qu'il  aiiue  beaucoup  à fe  nourrir; 
bien  loin  de  chercher  à détruire  ou 
diminuer  fon  elpèce , en  devroit  donc 


(aj  On  compte  ordinairement  deux  cens  an* 
neaux  fur  le  corps  del’Enfumé,  & ueate  fur 
queue, 


2?  9^8  Hijîoke  Naturelle 

tâcher  de  îi  multiplier  dans  les  contrées 
torrides  fi  foiivent  dévaftées  par  des 
légions  innombrables  de  fourmis^  qui 
s'avançant  en  colonnes  preflées , & cou- 
vrant un  grand  elpace , laiffent  par-tout 
des  traces  funeftes  que  Ton  prendroit 
pour  celles  de  la  flamme  dévorante.. 
L'Enfumé  fait  aifément  fa  proie  de  ces 
fourmis  ainfi  que  des  vers  , des  larves 
d'infeéies  , & de  tous  les  petits  animaux 
qui  fe  cachent  fous  terre  , la  faculté 
qu'il  a de  reculer  ou  d'avancer  (ans  fe 
J3lefler  lui  donnant,  ainfi  que  fa  con- 
formatîofi  générale  , une  très - grande 
facilité  pour  pénétrer  dans  lés  retraites 
fouterraines  des  vers , des  fourmis,  Sc 
des  infeéles.  Il  peut  d'ailleurs  fouiller 
la  terre  plus  profondément  que  pliir 
fleurs  antres  Serpens  , fa  peau  étant 
très-dure,  & fes  imifcles  très- vigoureux. 
Quelques  Voyageurs  ont  écrit  qu'il  étoit 
venimeux*,  nous  avons  trouvé  cepen- 
dant que  fos  mâchoires  n'étoient  gar- 
nies çi^ucun  crochet  mobile.  Qn  voit 
au-deffus  de  fon;  anus  huit  petits  tu- 
bercules percés  à leur  extrémité , &. 
qui  conununiquent  avec  autant  de  per^ 


des  Serpens.  2:9  9 

tites  glandes  , ce  qui  lui  donne  un 
nouveau  rapport  avec  le  Bipède  Can- 
nelé [a) , ainîî  qu  avet^  plufîeurs  efpèees 
de  lézards  {b). 


(a)  Voye2t  l'article  du  Bipède  Cannelé,  à la  fuite 
deBhiftoire  naturellfe  des  Quadrupèdes  ovipares. 

(b)  L'Enfumé  a le  deffus  de  la  tête  garni  de  fix 
grandes  écaillés  placées  fur  trois  rangs. 


K Y| 


300 


Nijîoire  Naturelle 


LE  BLANCHET  (a). 

Cet  Amphisbêne  diffère  principalement 
de  celui  que  nous  venons  de  décrire  par 
ïe  nombre  de  fes  anneaux , & par  fa 
couleur  j il  eft  blanc , & fouvent  fans 
aucune  tache  •,  le  delTus  de  fa  tête  eft  cou- 
vert , ainfi  que  celle  de  l’Enfumé , par 
ïix  grandes  écailles  difpofées  fur  trois 
rangs , dont  chacun  eft  compofé  de 
deux  pièces.  On  compte  communé- 
ment deux  cent  vingt  - trois  anneàux 
autour  de  fon  corps , & feize  autour  de 
fa  queue.  On  voit  au-deflus  de  l’ouver- 
ture de  l’anus , huit  tubercules  fémblables 
à ceux  que  préfente  l’Enfumé  , mais 
moins  élevés  & moins  grands.  Un  Blan- 
chet  confervé  au  Cabinet  du  Roi,  a un 
pied  cinq  pouces  neuf  lignes  de  longueur 
totale , & fa  queue  n'eft  longue  que  d’un 
pouce  fix  lignes.  Nous  n’avons  pas  vu  de 
crochets  mobiles  dans  les  Blanchets  que 
nous  avons  examinés. 

(a)  Le  Blanchet.  M.  d*jiabenton , Encyclop,  méîhod, 
iimphisb.  Alba*  Làmu  amphih»  Serpent. 

Mttj.  Jd.ff.  Z)*  , tcL  4 J fig*  2- 

AmphisI).  Aiba-  n8  Laurenti^  Spulmeu  Midmvk 
$iba,  muf.  2 , tabu.  fig*  i. 


n,/r. 


3ûû 


~ jP'  Jûurcùtrit  J^cuZ^ 

LE  ELA]y[CHET.  ;2  , L IBIARE  • 


des  Serpens.  501 



SIXIÈME  GENRE. 


SERPENS 

# 

Dont  les  côtés  du  corps  préfintent  une 
rangée  longitudinale  de  plis. 


C (E  C I L E S. 


L’  1 B ï A R E (a). 

La  forme  de  ce  Serpent  eft  cylindriqnef 
un  individu  de  cette  efpèce,  décrit  par 


(a)  L’ibiare*  M.  d^Aubenton  , Encyckpidic  mh 
thoâique» 

Cœciiia  Tentacuîata.  Linn»  amfhib-  Serp* 

Jd*  /rmmiu  T , jP.  489,  tah-  17  , 2. 

Muf,  Ad>fr-  i^  p-  19  , tab.  5>  fig>  2« 

Gronoviüi  ^ muf  2,  p,  §2,  iV.®  I* 

Cœciiia  Teniacdata.  Ji6,  Laumtis  Spccimn 


301  Hijiaire  NatureUe 

M.  Linné  , avoit  un  pied  de  longueur, 
& étoit  épais  d'un  pouce.^  L'Ibiare  paroît 
n'être  couvert  d'aucune  écaille,  on  re- 
marque cependant  fur  fon  dos  ^ de  petits 
points  un  peu  faillants  dont  la  nature 
pourroit  approcher  de  celle  des  écailles* 
Le  miifeau  eft  un  peu  arrondi  *,  la  njiâ- 
chpire  fupérieure  plqs  avancée  que  l'in- 
férieure , eft  garnie  auprès  des  narines 
de  deux  petits  barhilions  ou  tentacules 
très-courts  , & à peine  lènfibles,  ce  qui 
donne,  à l'IMare  un  rapport  de  plus  avec 
plufieurs  efpèces  de  poiffons.  Ses  yeux 
iôftt  très- petits  5 & recouverts  par  une 
membrane  , comme  ceux  de  quelques 
autres  Serpens  , & de  plufieurs  poiflons 
de  mer  ou  d'eau  douce.  Sa  peau  eft  plifi- 
fëe  de  chaque  côté  du  corps , & y forme 
ccwnmunément  cent  trente-cinq  rides  ou 
plis  affez  fenfibles.  Sa  îjueue  eft  très- 
courte*,  elle  préfente  des  rides  annullaires 
comme  le  corps  des  vers  de  terre  ap- 
peliés  Lombrics,  On  le  trouve  en  Amé- 
rique. Il  eft  à defirer  que  les  Voyageturs 
©bfervent  fes  habitudes  naturelleSé 


des  Serpens. 


LE  VISQUEUX  (a). 

Cette  espèce  de  Gcecile  habite  les  Indes  j 
elle  a les  yeux  encore  plus  petits  que 
ribiare , & fes  côtés  préfentent  un  plus 
grand  nombre  de  plis.  On  en  compte  trois 
cent  quarante  le  long  du  corps , & dix  le; 
long  de  la  queue.  Sa  couleur  eft  brune  , 
avec  une  petite  raie  blanchâtre  fur  les- 
côtés. 


(aj.  Le  Vifqueux.  M.  i’Aubmton  , EncycloféâU 
méthodique» 

Cœcil.  Gîutinofa  L/V//2*  amphih»  Serp». 

Muf»  Jâ,  fr,  I , p.  19  , tal.  4 , ï* 

Cœcilia  Giutinofa.  ii7  > Laurrntip 
dicuai. 


304  Hijîoire  Naturelle 


-S» 

SEPTIÈME  GENRE. 


SERPENS 


Dont  le , dejjbus  du  corps  préfente  de 
grandes  plaques , fr  lefiueUes  on  voit 
enfuite  dés  anneaux  écailleux  ^ & dont 
l’extrémité  de  la  queue  ejî  garnie  par- 
defàus  de  très-petites  écailles. 

L A N G AHA. 

»>r-r;--rrgr>-.a^  "v 

L ANGAHA 

DE  MADAGASCAR  (û); 

M.  Brttgnière,  de  là’  Société  Royale 
de  Montpellier,  a pùMié  le  premier  la 


(a)  Extraîu  d'une  Lettre  de  M.  Bru^nière  à M,  Brouf* 
fonnet  de  V Académie  des  Sciences , (f  jfuiHée  dans  le 
Journal  de  Phyjique^  Février  1784. 


PI-  XI . Pa^  . . 


dive  

LAN  (lABAy  de^ ^a&^oé'car  - ^ • LA<CI1.0  CH  ORDE , de^  Java-J^a^.  Ùo3, 


.JF. 


des  Serpens.  305 

defcription  de  ce  Serpent  qu’il  a obfervé 
dans  rifle  de  Madagafcar.  Cette  efpèce 
réunit  trois  caradères  remarquables  , 
l’un  , des  Couleuvres  , le  fécond , des 
Amphilbènes , & le  troifième  , des  An- 
guis  v elle  a,  comme  les  Anguis  , une 
partie  du  deffous  de  la  queue  recou- 
verte de  petites  écailles  , des  anneaux 
écailleux  comme  les  Amphifbènes , 3c 
de  grandes  plaques  fous  le  corps  comme 
les  Couleuvres  -,  elle  appartient  dès-lors 
à un  genre  très-diftinéfc  & très-facile  à 
reconnoître , auquel  nous  avons  con- 
fervéle  «omdeLangaha  qu’on  lui  donnc^ 
à Madagafcar. 

L’individu  de  l’elpèce  du  Langaha'de 
Madagafcar  , décrit  par  M.  Brugnière  , 
avoit  deux  pieds  huit  pouces  de  lon- 
gueur totale  i 3c  fept  lignes  de  diamètre 
dans  la  partie  la  plus  grofle  de  fon 
corps.  Le  defîus  de  fa , tête  étoit  cou- 
vert de  fept  grandes  écailles , placées 
fur  deux  rangs  -,  la  rangée  la  plus  voi- 
fine  du  mufeau  préfentoil  trois  pièces^ 
& l’autre  rangée  en  préfentoit  quatre. 
Sa  mâchoire  fupérieure  étoit  terminée 
par  une  appendice  longue  de  neuflignesj^ 


Hijîoire  Natuulîe 

tendîneufe , flexible  , très  - pointue  Sc 
revêtue  de  très-petites  écailles  , ce  qui 
lui  donnoit'iin  nouveau  rapport  avec  la 
Couleuvre  Nafique*  Elle  avoit,  fuivant 
M.  Brugnière  , des  dents  de  même 
forme  & en  même  nombre  que  celles 
de  la  Vipère.  Les  écailles  , qui  revê- 
toient  le  dos  , étoicnt  rhomboïdales , 
rougeâtres  5 & ron  voyoit  à leur  'bafe, 
un  petit'cerde  gris  avec  un  point  jaiine^ 
On  comptoit  fur  la  partie  inférieure  du 
corps  5 cent  quatre-vingt  quatre  grandes 
plaques  blanchâtres  , luifantes  , d'autant 
pluslongues  qu'elles  étoientpîus  éloignées 
de  la  tête  , & qui  formoient  enfin  autour 
du  corps  5 des  anneaux  entiers  au  nombre 
de  quarante-deux.  Après  ces  anneaux  „ 
ou  plutôt  vers  le  milieu  de  Tendroit 
garni  par  ces  anneaux  écailleux,  com- 
niençoit  la  queue  apparente  que  recou- 
vroient  de  très-petites  écailles  mais  la 
véritable  queue  étoit  beaiicoup  plus 
îongue  5 puifquc  Tanus  étoit  placé  entre 
la  quatre-vingt-dixième  & la  qitatre-vingt- 
onzième  grande  plaque,  au  milieu  de 
quatre  pièces  écailieufes. 

M.  Brugnière  ayant  vu  trois  Langaha, 


des  Serptns.  507 

de  Madagafcar,  s"eft  afïuréque  le  nombre 
des  grandes  plaques  & des  anneaux  étoÎÉ 
variable  dans  cette  efpèce  : un  de  ces 
trois  individus  , au  lieu  de  préfenter  les 
couleurs  que  nous  venons  d'indiquer  j 
étoit  violet , avec  des  points  plus  foncés 
fur  le  dos. 

Les  habitans  de  Madagafcar  cfargnènt 
Beaucoup  le  Langaha  ; & en  effet , la. 
forme  de  fes  dents,  femblables  à celle  d« 
in  Vipère  , doit  faire  préfuraer  qui!  eâ 
venimeux. 


3 €>  8 H{//o  i re  N a tu  relie 


HUITIÈME  GENRE. 


SERPENS 

Qui  ont,  le  corps  & la  queue  garnis  de 
petits  tubercules. 


ACROCHORDES. 

»>r===rri=:r=====>^^:s==^ 1 ^4 

L’ ACROGHORDE 

DE  JAVA  (a). 

M.  Hornstedt  a obfervé  & décrit  gc 
Serpent  qii'ii  a cru  devoir  * placer  dans 
un  genre  particulier , & que  nous  fépa- 

(fl)  Mémoires  de  l*  Académie  des  Sciences  de  Stockolm  , 
an,  1787  y p.  306  ; & Journal  de  Phyfique,  an*  1788  > 

p,  284. 

La  peau  de  PAcrochorde  de  Java,  décrit  par 
M.Hornitedt,  a été  dépotée  dans  le  Cabinet  d'Hit- 
toire  naturelle  du  Roi  de  Suède. 


des  Serpens.  309 

ferons , avec  lui , des  genres  dont  nous  ve- 
nonsdeparler,  jufqu  ace  quede nouvelles 
obfervations  aient  fixé  la  véritable  place 
que  ce  Reptile  doit  occuper.  Le  corps 
& la  queue  de  ce  Serpent  font  garnis 
de  vernies  ou  tubercules  relevés  par  trois 
arêtes,  & qui  devant  refîembler  beau- 
coup à de  petites  écailles  , rapprochent 
l’Acrbchorde  de  Java , du  genre  des  An- 
guis  , & particulièrement  de  la  Plature 
dont  les  écailles  font  très-petites  & très- 
difficiles  à compter.  Mais  l’Acrochorde 
de  Java  eft  beaucoup  plus  grand  que  la 
plupart  des  Anguis  -,  fiadividu  décrit 
par  M.  Hornftedt  avoit  à-peu-près  huit 
pieds  trois  pouces  de  longueur  totale  -, 
fa  queue  étoit  longue  de  onze  pouces, 
& fon  plus  grand  diaiÿètre  excédoit  trois 
pouces.  Il  étoit  femelle  -,  & l’on  trouva 
dans  fon  ventjre  cinq  petjts  tout  formés , 
& longs  de  neuf  pouces.  ' ‘ 

L’Acrochorde  dé  Java  ale  defîus  du 
corps  noir  , le  deffous  blanchâtre,  les 
côtés  blanchâtres  tachetés  de  noir  -,  fes 
couleurs  ont  donc  beaucoup  de  rapports 
avec  celles  de  la  Plature.  Sa  tête  eft  aplatie 
§c  couverte  de  petites  «cailles  j l’ouverturç 


5 I © Hifioin  Naturelle 

de  fa  gueule  eft  petite  j il  n’a  point  de 
crochets  à venin  •,  mais  uu  double  rang  de 
dents  garnit  chaque  mâchoire  j l’endroit 
Je  pius  gros  du  corps  eil  auprès  de  l’anus 
dont  l’ouverture  eft  étroite,  II  a la  queue 
très-menue  -,  celle  de  l’individu  , décrit 
.par  M.  Hcrnftedt , n’avoit  que  fix  lignes 
de  diamètre  à fon  origine. 

G’eft  dans  une  vafte  forêt  de  poivriers,  i 
près  deSangafan,  dansl’llle  de  Java,  que 
cet  individu  fut  trouvé.  Des  Chinois  que 
M.  Hornftcdt  avoit  avec  lui , mangèrent 
la  chair  de  ce  Reptile , & la  trouvèrent 
excellente. 


dts  Serpent. 


311 


DES  S E R P E N S 

MONSTRUEUX. 

Nous  VENONS  de  préfentgr  la  defcription 
des  diverses  efpcces  dé  Serpens , que  les 
Naturaliftes  ou  îes  Voyageurs  ont  fart 
eonnoître  -,  de  mettre , fous  les  yeux  , 
les  traits  de  leur  conformation  extérieure , 
ainfî  que  les  principaux  points  de  leur 
organifation  interne  *,  de  donner , pour 
ainfî  dire,  du  mouvement  & de  la  vie 
à ces  repréfentations  inanimées , en  in- 
diquant les  grands  réfultats  de  forgani- 
fation  & de  la  forme  de  ces  Reptiles; 
de  comparer  avec  foin  leurs  propriétés 
& leurs  formes;  de  iaflembler  les  attri- 
buts communs  à toutes  les"  elpèces  com- 
prifes  dans  chaque  genre;  & d’en  for- 
mer les  caractères  diftin^tifs  de  chacun 
de  ces  groupes.  Nous  ' élevant  enfuite  à 
une  conlidération  plus  étendue , nous 
avons  elfayé  de  réunir  toutes  les  quali- 
tés, toutes  les  facultés , toutes  les  habi- 


3 I 2,  Hijîoire  Naturelle 

tildes,  toutes  les  formes  qui  nous  ont  paru 
appartenir  à tous  les  genres  de  Serpens , 
& d’en  compofer  le  tableau  général  de 
l'ordre  entier  de  ces  animaux  , que  nous 
avons  placé  au  commencement  de  notre 
examen  détaillé  de  leurs  efpèces  parti- 
culières. 

Nous  avons  recherché  dans  ces  formes  ; 
'dans  ces  habitudes , dans  ces  propriétés , 
celles  qui  font  conftantes  , & celles  qui 
font  variables.  Parcourant , à l’aide  de 
l’imagination , les  divers  points  du  globe, 
pour  Y reconnoître  les  différentes  ef- 
pèces de  Serpens  , nous  n’avons  jamais 
ceffé , lorfque  nous  avons  retrouvé  la 
même  efpèce  fous  différens  climats,  de 
marquer  , autant  qu’il  a été  en  nous, 
l’influence  de  la  température  & des  ac- 
cidens  de  ratmofphère  , fur  fi  confor- 
mation ou  fur  fes  moeurs^  Nous  avons 
toujours  voulu  diflinguer  les  facultés 
permanentes  qui  appartiennent  vérita- 
blement à l’efpèce , d’avec  les  propriétés 
paffagères  & relatives  produites  par  l’âge, 
par  les  circonftantes  des  lieux  ou  par  celles 
des  temps. 

Il  ne  nous  relie  plus , pour  donner 

de  l’ordre 


des  Serpens.  3 1 1 

iâe  l’ordre  des  Serpens , l’idée  la  plus  étem 
due  & ia  plus  exaéle  qu’il  foit  eu  notre 
pouvoir  de  faire  naître,  qu’à  mettre  ua 
moment , fous  les  yeux , les  grandes  varié- 
tés auxquelles  les  individus  peuvent  être' 
fournis,  les  écarts  apparens  dont  ils  peu- 
vent être  l’exemple , les  diverfes  monff 
trualités  qu’ils  peuvent  préfenter. 

'Qaelqu’ifolés  que  paroiffentces  objets  ; 
quelque  paffagers  , quelqu’éloignés  qu’ils 
foient  des  objets  ordinaires  de  l’étude 
du  Naturalifte  qui  ne  recherche  que  les 
chofes  conllantes  , ne  confidère  que  les 
eQaèces,  & compte-  pour  rien  les  indivi- 
dus, ils  répandront  une  nouvelle  lumière 
fur  l’enfemble  des  faits  permanens  8c 
généraux  que  nous  venons  de  comldérer. 

Au  premier  coup-d’œil,  une  monf' 
truohté  paroît  une  exception  aux  loix 
de  la  nature-, 'ce  n’eft  cepeiKiant  qu’une 
exception  aux  effets  qu’elles  produifent 
ordinairement.  Ces  loix  , toujours  im- 
mtiables  comme  l’effence  des  chofes  dont 
elles  dérivent,  ne  varient  ni  pour  les 
tems , ni  pour  les  lieux  -,  mais  , fuivant 
les  circonftances  dans  lefquelles  elles 
agiflent  , leurs  réfultats  fo-nt  accrus  ou 
Serpens  Tome  IV. ^ O 


3 I 4 Hiftoire  ^ Naturelle 

diiTiinués  *,  leurs  diverfes  aâiôns  fe  com^ 
binent  où  ïe  défunifleiit.  Lorfque  ces 
aârions  fe  joignent  rime  à iautre , les 
produits  qui  avoient  toujours  été  féparés 
fe  trouvent  réunis  , Sc  voilà  comment  fe 
forment  les  monftres  par  excès,  Lorfqirau 
contraire:  les  différens  effets  de  ces  loix 
confiantes  fe  féparent , pour  ainfi.  dire  , 
& ne  s’exécutent  plus  dans  le  même 
fujet,  les  réfiîltats  ordinaires  des  forces 
de  la  nature  font  diminués  ou  difparoif- 
fent,  & voilà  l’origine  des  monflres  par 
défaut. 

Les  monftres  .font  donc  des  effets 
d’une  compofition  oir  d’une  décompofî- 
tion  opérées  par  la  nature  , dans  fes 
propres  forces,  & qui /bien  fiipérieures 
à tout  ce  que  l’art  pourroit  tenter,  peu- 
vent nous  dévoiler , pour  ainfi  dire,  le 
fccret  de  ces  forces  puifTantes  & mer- 
vciileufes,  en  les  montrant  fous  de  nou- 
veaux points  de  vue*,  de  même  que,  par 
Il  fynthèfe  ou  l’analyfe  , nous  décou- 
vrons , dans  les  corps  que  nous  exami- 
nons, de  nouvelles  faces  ou  dç  noiN 
vclîes  propriétés,  . . . 

Letude  des  monftruolités,  fur-tout'de 


des  s erpens,  51^ 

teUes  qnl  font  les  plusfirappantes  & lespliis 
extraordînaires,  peut  donc  nous  condaîre 
quelquefois  à des  vérités  importantes  , 
en  nous  montrant  de  nouvelles  appli- 
cations des  forces  de  la  nature  ^ Sc  par 
conféquent  en  nous  découvrant  une  plus 
grande  étendue  de  fes  loix, 

Lorfque  ^ en  comparant  ia  durée  de , 
ces  réfiiîtâts  extraordinaires  avec  celle 
des  réfultats  les  plus  communs^  on  cher- 
chera combien  la  réunion  ou  le  défaut 
de  plu  (leurs  eau  fes  particulières  influe  3: 
non- feulement  fur  ia  grandeur  des  effets, 
mais  encore  fur  la  longueur  de  leur 
exiflence,  on  trouvera  prefqiie  toujours 
que  les  monftres  fubliftent  pendant  un 
temps  moins  long  que  les  êtres  ordi- 
naires avec  lefquels  ils  ont  le  plus  de 
rapports  5 parce  que  les  circonftances 
qui  occaiionneut  la  réunion  ou  la  fépa^ 
ration  des  diverfes  forces  dont  réfuite 
la monftruofité , n'agiffent  prefque  jamais 
également  & en  même  proportion  dans 
tous  les  points  de  Fêtre  monftriieux 
qif  elles  prodiiifent  *,  & dès-lors  fes  dif- 
férens  refîôrts  if ayant  plus  ehtrieiix  des 
apports  convenables  , comment  leur 

Oij 


)t  6 Mijïoire  Naturelle 

jeu  pourroit-il  durer  aufîi  long-temps  î 
Rien  ne  pouvant  garantir  les  Serpens 
de  l’influence  plus  ou  moins  grande -de 
toutes  les  caufes  qui  modifient  l'exiftence 
des  êtres  vivans,Ieursdlverles  efpèces  doi- 
vent préfenter  8c  préfentent,  en  eftet, 
comme  celles  des  autres  ordres , non- 
feulement  des  variétés  de  couleur,  conl- 
tantes  ou  paflagères , produites  par  la 
température  , les  accidens  de  l’atmof- 
phère  ou  d’autres  circonftances  particu- 
lières , mais  encore  des  monftruofités 
occafionnéespar  ce  qu’ils  éprouvent , foit 
avant  d’être  renfermés  dans  leur  œuf, 
& pendant  qu’ils  ne  font  encore  que 
d’informes  embryons , foit  pendant  qu’ils 
font  enveloppés  dans  ce  même  œuf  ou 
après  qu’ils  en  font  éclos,  & lorfqu’étant 
encore  trèsrjeunes,  leur  organifation  eft 
plus  tendre  & plus  fufceptible  d’être 
altérée.  Mais  , comme  ils  n’ont  ni  bras  ni 
jambes, ils  ne  peuvent  être  , àl’extérieur, 
monftrucux  par  excès  ou  par  défaut  que 
dans  leur  tête  ou  dans  leur  queue  -,  & voilà 
pourquoi , tout  égal  d’ailleurs , on  doit 
moins  trouver  de  Serpens  monflrueux 
■que  de  quadrupèdçs  s de  poif: 

fons,  &e. 


des  Serpens, 

fl  arrive  cependant  afiez  fouvent  que  5’ 
îorfque  les  Sei*pens  ont  eu  leur  queue 
partagée  en  long  par  quelque  accident,' 
Une  portion  de  cette  queue  fe  recouvre 
de  peau , demeure  féparée  5 & forme 
Une  fécondé  queue  quelquefois  con- 
formée en  apparence  auffi  bien  que  la 
première  , quoiqu’une  feule  de  ces  deux 
queues  renferme  des  vertèbres , ainfî 
que  nous  l’avons  vu  pour  les  lézards# 
Mais  cette  efpèce  de  monftruofité , pro* 
duîte  par  une  divifion  accidentelle  , eft 
moins  remarquable  que  celle  que  Ton  a 
obfervée  dans  quelques  Serpens  nés 
avec  deux  têtes.  L’exemple  d’une  monl^ 
triiofité  femblable  , reconnue  dans  pref- 
que  tous  les  ordres  d’animaux , empê- 
cher oit  feul  qu^on  ne  révoquât  en  doute 
î’exiftence  de  pareils  Serpens.  A la  vérité, 
plufieurs  Voyageurs  ont  voulu  parler  de 
ces  Serpens  à deux  têtes  , comme  d’une 
efpèce  confiante,  induits  peut-être  en 
erreur  par  ce  qu’on  a dit  des  Serpens 
nommés  Amphifbènes  , auxquels  on  a 
attribué  , pendant  long-. temps  , deu  x 
têtes,  une  à chaque  extrémité  du  corps  , 
& dans  lefquels  on  a fuppofé  la  facultç 


îîîfloirQ  Naturelle 

de  fe  fcrvir  indifféremment  de  Tuné  ôlï 
de  l'autre  [a)  , ils  ont  confondu  , avec 
ces  Amphîfbènes  ^ les  Serpens  à deux 
têtes  placées  toutes  les  deux  à la  mênic 
extrémité  du  corps , & qui  ne  font  que 
des  monftruofités  paffagères.  Plufieurs 
-perfonnes  , arrivées  de  la  Louiliane  , 
m'ont  afîuré  que  ces  Serpens  à deux 
têtes  y formoient  une  efpèce  très-perma- 
nente , & qui  fe  multiplioit  par  la  gé- 
nération, ain{i  que  les  autres  efpèces  de 
Serpens.  Mais  , indépendamment  de 
toutes  les  raifons  d'analogie  qui  doivent 
empêcher  d'admettre  cette  opinion  , 
aucun  de  ces  Voyageurs  n'a  dit  avoir  vu 
:iin  de  ces  Serpens  femèle  mettre  bas 
des  petits  pourvus  de  deux  têtes  commç 
Jeui'  mère,  ou  pondre  des  œufs  dont  Ic^ 
.fœtus  préfentaffent  la  même  conforma^» 
lion  extraordinaire  ^ ces  Serpens  à 
deux  têtes  ne  doivent  jamais  être  re- 
gardés que  comme  des  monftruofités 
accidentelles , ainfi  que  les  chiens,  les 
chats,  les  cochons,  les  veaux,  & le$ 

PII  ■ ■mil  !>■«.  I ■■■■■>■  Il  mil 

(a)  4a 


des  Serpe  ns.  jip 

âutfes  animaux  , que  Ton  a égaiement 
vus  avec  deux  têtes  très-diftmctes.  Il 
peut  fe  faire  que  des  circonftances  par- 
ticulières , relatives  au  climat  , rendent 
ces  monftres  plus , communs  dans  cer- 
tains pays  que  dans  d'autres  , . & des 
Obfervateurs  peu  difficiles  . n'auront  eu 
befoin  que  d'appercevoir  deux  ou  trois 
individus  à deux  têtes  dans  la  mêpie 
GQntrée  , quoiqu'à  des  époques  . très- 
éloignées,  pour  accréditer  tous  les  contes, 
répandus  au  fujet  de  ces  Reptiles  , d'au- 
tant plus  que,  lorfqivii  s'agit  de  Serpeas 
ou  d'autres  animaux  qui  demeurent  pen- 
dant long-tems  renfermés  dans  leurs 
retraites  5 qui  fe  cachent  à la  vue  de. 
l'homme  , & quil  eft^par  conféquent 
afîez  difficile  de*  rencontrer  , deux  oii 
trois  individus  ont  faflî  qaelquefois  ^ 
certains  Voyageurs  pour  admettre  une 
erpèce  nouYelIe..5f  peuvent  5 en  effet., 
fuHire  lorlqu  il  nè  s'agit  pas  d'une  coa^ 
formation  des  plus  extraordiiaaires. 

Les  Anciens,  ainfî  que  les  Modernes  J 
ont  parlé  de  l'exiftence  de  ces  Reptiles 
monftrueux , & . à deux  tê-tes.  Ariftota 
$n  fait  mentiQUi  Ælieu  dit  que , de  fort 

^Oiy 


3’ 2 O Hijïoîre  NatüreUe 

temps  5 on  en  voyoit  aflez  foiiVent  dans 
ïe  pays  arrofé  par  ie'fleitvê  Areas  -,  qiviîs 
étoient  longs  de  trois  oii  qaati^  coudées',' 
que  la  couîeur  de  ieiir  corps  étoit 
noire  , & celle  de  leurs  têtes  blanchâtre. 
'Aîdrovande  avoit  dans  fon  Cabinet  ^ 
à Bologne,  un  de  ces  Serpens  à deux 
têtes.  Jofeph  Lanzoni  , & d’autres  ob- 
fervatcurs  en  ont  vu  (^.),  & i^on  eia 
conferve  maintenant  un  dans  le  Cabinet 
du  Rof.  V 

Ce  dernier  Reptile  a , de  îongnewr 
vtotale,  dix  pouces  deux  lignes*,  fa  queue 
eft  longue  d’un  pouce  fix  lignes,  & fa 
4pirconfâ*ence  eft  d’un  pouce  une  ligne, 
îdans  l’endroit  le  plus  gros  du  corps., 
îles  écailles  , qui  revêtent  fon  dos , 
ibnt  ovales  , & relevées  par  une  arête-, 
il  n’a.  qu'un  feul  cou,  mais  deux  têtes 
«égales  , & longues  chacune  de  huit 
îign'es.  Les  écailles  qui  en  garniflent 


' {a)  Mélange  des  Curieux  de  Id  Nature  de  Vienne.^ 
fonr  Vamüe  1690,  /;•  318. 

Voyez  hmIR  ies  Tranfadîons  philofcphiqnes  , 
içs  Obfervatiqns  de  François  Rédi  fur  les  animau3| 
vîvans  renfermés  dans  les  animaux  vivàns , 6cc/ 


àes  S’ifpens,  3 i i 

fa  partie  fupérieure,  font  fembîables  à 
celles  du  dos  -,  une  grande  écaille  re- 
couvre chaque  œil  les  deux  bouches 
renferment  une  langue  fourchue,  aînfi 
que  des  crochets  creux  & mobiles.  Les 
deux  têtes  font  réunies  de  manière  à 
former  un  angle  de  plus  de  cent  cin- 
quante degrés , & , lorfque  les  deux 
bouches  font  ouvertes , on  peut  voir  le 
jour  au  travers  de  ces  deux  boiiches^ 
èc  des  deux  gotiers  joints  enfemble. 

On  peut  obferver,  un  peu  au-defrous 
du  cou,  un  pli  affez  confidérable  que 
fait  le  corps  , &:  qui  eft  produit  par  la 
peau  du  côté  gauche^  plus  courte  ^ 
daps  cette  partie  ,,  que  la  peau  du 
côté  droit, 

La  couleur  dii  deffus  dii  corps  a été 
altérée  par  fefprit-de-vin  j elle  paroît 
é\m  brun  plus  ou  moins  foncé  , & le 
deffous  du  corps  eft  blanchâtre  j noua 
avons  compté  deuxcentvingt-fix  grandes 
plaques  & foixante  paires  de  petites^ 
Ce  reptile  monftriieux  appartient  évi- 
demment  au  genre  des  Couleun'es;  il 
doit  être  piacé  parmi  les  venimeufes,  êc 
peut-être  étoit- il. de  fepèce  de  la  Vipèjrr 


5 2 2 Hiftoire  Naturelle 

''Ferde-Lance.  Nous  ignorons  d'où  il  $ 
été  apporté  au  Cabinet  de  Sa  Majefté, 
Mais  ce  n'eft  pas  feulement  dans  letirs 
collerions  , que  les  Naturaliftes  ont  vu 
ries  Serpens  à deux  tctes.  Rédi  en  a ob- 
iervé  un  vivant.  II  bavoit  trouvé  , au 
mois  de  Janvier,  aux  environs  de  Pife , 

6 étendu  au  foleil , iur  les  bords  de 
TArno'  (a).  Ce  Reptile  étoit  mâle  , fa 
ongueur  de  deux  palmes,  & fa  gro fleur 
égaioit  celle  du  petit  doigt.  Sa  couleur 
approchoit  de  celle  de  la  rouille , il 
avoit  fur  le  dos  & fur  le  ventre  des 
taches  noires  , moins  foncées  au-deflotis 
du  corps  *5  une  bande  blanche  formoit 
une  lorte  de  collier  autour  de  fes  deux 
cous  5 & une  bande  de  la  même  cou- 
leur entouroit  Textrémité  de  la  queue, 
qui  étoit  parfeméc  de  taches  blanches» 
Chaque  cou  étoit  long  de  deux  travers 
de  doigts  *,  les  deux  cous  Sc  les  deux 
têtes  étoient  entièrement  femblables  & 
très-bien  conformés  *,  chaque  guçule 


(^a)  Ohferpations  dê  François  Rédi  fur  les  animaux 
vivons  trouvés  dans  Us  animaux  vivons^  ColUétion  aca-i 
démique , partie  étrangère , voh  4 ^ 464» 


des  Serpeiu.  325 

'fÉïnfermoit  une  langue  fourchue  à fon 
extrémité,  maïs  ne  préfentoit  point  dè 
crochets  mobiles  & à venin  (^î).  Rédi 


. faj  Hous  donnons , dans  cette  note,  un  extrair 
de  la  delcription  des  parties^  intérieures  de  ce 
Reptile , faite  par  Rédi.  ( Voy  ez  dans  îa  collec- 
tion académique  , rarticle  que  nous  venons  de 
citer..)  a Ce  Serpent  avait  deux  trachées-artères^. 
99  '&  par  conféqueht  deux  poumons,  lefquels 
99  étoicnt  tout-à-fait  féparés  l'un  de  Pautre  , i© 
poumon  droit  paroifidit  évidemment  plus  gros 
99  que  le  gauche;  la  figure  en  étoit  fembiabie  % 
99  celle  des  poumons  des  Vipères  ,&  dès  autres 
99  Serpens  ; cMtoit  une  efpèce  de  fac  mem- 
99  braneux  fort  long,  dont  la  furface  intérieure 
99  étoit  femée  de  petites  éminences  répandues  fans 
99  ordre;  il  étoit  manifeltement  compofé  de  deux 
99  différentes  fubftances,  & tout-à-fait  fembiabie 
99  au  poumon  du  Serpent  décrit  par  Gérard 
99  Bîaflus.  . 

H fe  trouva  deux  cœurs  enveloppés  chacun 
99  de  leur  péricarde^  & ayant  chacun  leurs  vaif- 
99  féaux  fanguins  ; ces  deux  cœurs  différgient  en 
99  cela  feul  que  le  droit  , étoit  plus  gros  que  le 
M gauche-  ; 

»>  Il  y avoit  deux  œfophages  & deux  eûomacs 
99  afiez  longs,  comme  dans  tous  les  Serpens-  Ces 
99  eftomacs  s'uniflbieUt  dans  un.  feul  inteftin  qui 
99  leur  etoit  commiin  ; h l’endroit  de  leur  'réunion 
99  Pon  appe,rcevqit  fur  la  furface  interne  de  chacun  , 
99  un  petit  amas  pircuiaixe  de  glandes  ou  mamelons^ 


J 24  Hi/ïoire  Naturelle 

éprouva  les  effets  de  la  morfure  de  ce 
Reptile , fur  divers  animaux  qui  n'en 


•y  très-petits , aigus  & rougeâtres , fembîabîes  à 
3}  ceux  qui,  dans  les  volatiles,  tapiffent  le 
dedans  de  la  partie  inférieure  de  l’œfophage;- . . 
r»  Une  tlle  de  mameions  femblaàies  , mais  beau- 
#9  coup  plus  petits  & qu^on  ne  pouvoit  diitinguet 
•?  qu^'à  l'aide  du  microfeope  ^ régnoie^t  fur  touta- 
♦J  la  longueur  du  canal  qui  compofoir  iés  deux; 
41»  œfophages  & les  deux  eâomacs.. 

»»  Uinteftin  , après  fes  circonvolutions  ordi- 
naires  > allok  s^ouvrir  dans  le  cloaque  de  Panus^* 
î*»  Les  eftomacs  étoient  totalement  vuides  ; il  y' 
p9  avoir  feulement , dans  k canal  des  intefîins  > 
quelques  petits  rekes  d^excrémens  & un  peu 
de  matière  muqueufe , dans  laqueife  étoient 
^ engagés  & , pour  aink  dire , embourbés  un  grand 
99  nombre  de  vers  très-perics  , lés  uns  d’un  béait 
99  blanc,,  les  autres  rougeâtres  & fou&  pleins  d®- 
è».  vie.  J’avois  cependant  gardé  ce  Serpent  en** 
P»  fermé  pendant  trois  femaines  dans  un  vaifîeau 
3^9  de  verre  ^ où  il  ne^toulut  prendre  aucune  forte- 
>?  de  nourriture,  comme  c’eft  fa  coutume  de 
M.  pluüeurs  Serpent.  Celui-ci  uVoit  deux  foies 
J99  dans  le  droit,  qui  étoit  plus  grand  que  le 
.39  gauebe  , il  fe  trouva  cinq  petites  véficules 
ï»î  rondes  & diftertdues,.  dont  chacune  renfermoit 
99  un  ver  de  même  efpèce  que  ceux  qui  étoient 
B»  dans  là  cavité  des  inteftins. 

99  Chacun  desdêiiX  foies  av  oit  fa  veine  propre  quf 
©♦s  régîiioit  f'ür  toute  fa  longueur*,  & comrne  il  y aVoït 
» deji:^foiesyilyaYoitauffideu;^  véücules  du  bd. 


àes  Serpens.  3 î | 

fefrÊntireiit  aucun  effet  flcKeitx.  Ce 
Serpent  ne  vécut  que  jufqu’au  com- 


tï  Ces  véfîcuIesn’etoieBt  point  infixées  ou  incruitées^ 
n dans  le  foie , au  contraire , elles  en  étoient  féparéeS’ 
& même  un  peu  éloignées,  comme  c^elt-  l’ordi- 
» naire  dans  les  Vipères  d:  dans  les  autres  Sepens*- 
Dans  le  Serpent  h deux  têtes  que  je  décris 
99  la  véiicule  du  fie!  étoit  beaucoup  plus  grande 
>9  dans  le  foie  droit  que  dans  le  gauche  : eller 
n communiqiioit  par  un  petit  conduit  au  lobe 
droit  du  foie*  Le  canal  cyfiique  fortoit-du  mi^ 
99  lieu  de  cette  véiicule  ou  à-peu-près,  6c  alloitî 
99  verfer  la  bile  dans  les  intefîins.  Du  bord  d\M 
9s  foie  droit  naiifoic  un  autre  petit  conduit  biliaire 
99  qu’on  nomme  hépatique;  H étoit  ifolé,  &.  fana 
99  S'approcher  de  la  véiicule^  il  alloit  déboucher 
99  dans  les  intefîins  à quelque  diltance  du  canal 
99  cyftique*  Ce  fécond  conduit  biliaire  ou  conduk. 
99  hépatique  manquoit  au  foie  gauche , du  moins 
99  je  ne  pus  Py  apercevoir.  Ce  foie  avok  feule-* 
99  ment  une  véhcule  du  fiel  d’cù  partoit  un  canal 
r»  cyftique  qui  abouciffbit  dans  i’inteftin  6c  y avok 
99  Ton  infertion  féparément  des  deux  autres  con-t 
99  duits  : L^embouchure  de  ceiii-ci  étoît  marquée 
99  dans  lâ  cavité  intéfk  ure  de  iinteûin  par  un  ma- 
99  melon  fort  gonflé. 

. 99  Tous  les  males  de  Pefpèce  des  Serpens  6c  de5 
99  lézards  ont  deux;  verges  6c  deux  teiicules  il 
5)  fembioit  donc  que  ce  Serpent  qui  avoit  deux^. 
99  têtes , .&i  dont  les  vifeères  étoient  doubles , dûi; 
99  avoir  quatre  verges  6c  qu  tre  tefiicules;  . 

» pendant  il  n'avoit  que  deu2^.  tefticules^  6c. 


3 2(j  Uijhire  Naturelle 

mancement  de  Février  5 & ce  qu'il  f 
a d'ciflez  remarquable , c'eft  que  la  tête 
droite  parut  mourir  fept  heures  avant  la 
gauche. 


verges.  Les  tefticuies  étoient  bfancs , comme  à 
99  {’ordinaire,  un  peu  aiongés;  ils  avoient  tous 
99  leurs  arppendices  & fe  trouvoient  placés  comme 
99  ils  ont  coutume  d’être  , non  pas  à coté  l’un 
99  de  l’autre,  mais  l’un  un  peu  plus  haut,  c’eft-îi- 
99  dire , plus  près  de  la  tête  que  l’autre.  Les 
99  deux  verges  , conformées  à l’ordinaire,  avoient 
>9  leur  pofitîon  accoutumée  dans  la  queue  ; elles 
99  étoient  hérififées  de  pointes  à leur  extrémité, 

*9  comme  elles  le  font  dans  les  Vipères  & dans  les 
99  autres  Serpens  qui  fe  traînent  fur  le  ventre. 

: 99  En  prenant  les  deux  verges  de  ce  Serpent  à 
99  deux  têtes,  j’en  fis  fortîr  la  liqueur  féminale 
99  ordinaire,  dont  l’odeur  eft  forte  & défagréable* * 
99  J’ai  eu  occafion  d’obferver  deux  Serpens  à 
99  deux  queues,  5e  je  ne  leur  ai  trouvé  non  plus 
99  qtte  deux  verges,  & non  pas  quatre  , 'de  même 
99  qu’aux  le'zards  verts  & aux  lézards  à deux 
99  queues. 

99  Les  deux  cerveaux  contenus  dans  les  deux 
99  têtes  étoient  femblables  entr’eux,  tant  pour  le 
99  volume  que  pour  la  conformation.  Les  deux 
99  moelles  épinières  , après  avoir  traverfé  ref- 
w peérivement  les  vertèbres  des  deux  cous , fe 
99  réuniflüient  à fa  naifiance  du  dos  en  un  feul 
n çronc  qui  régnoit  jufqu’h  l’extrémité  de  h 

quevvev;^  < 


ies'Serpens, 


ADDITIONS 

A L’HISTOIRE  NATURELLE 


DES 

QUADRUPÈDES  OVIPARES; 

N ous  CROYONS  devoir  placer  ici  les 
articles  fuivans,  relatifs  à quelques  ef- 
pèces  de  Quadrupèdes  ovipares,  dont  les 
individus  ou  les  defcriptions  ne  nous 
étoient  pas  parvenus  lorfque  nous  avons 
publié  le  volume  qui  précède  celui-ci, 
ou  fur  Icfquelles  nous  attendions  des 
détails  plus  étendus» 


3 2 8 Hïjîoire  NatureUe 


VARIÉTÉ 

DE  LA  TORTUE  GRECQUE. 

M.  Arthaud,  Secrétaire-perpétuel  du 
cercle  des  Phiiadelphes , a bien  voulu 
m'envoyer  de  Saint  - Domingue  une 
grande  Tortue  terreftre  , entièrement 
îembiable  à celle  que  j'ai  décrite  fous 
le  nom  de  Tortue  grecque  , à rcs:cep- 
tion  des  écailles  qui  garnifloient  fa  teté  ^ 
fes  jambes  & fa  queue,  •&  dont  le  plus- 
grand  nombre  ^^étoit  d'un  rouge  afle3&. 


des  Se  fpens. 


5 


LA  TORTUE  A BOITE  (a): 

M.  Bloch  a fait  connoître  cette 
efpèce  de  Tortue  au  fiijet  de  laquelle 
nous  avons  reçu  des  renreignemens  de 
M.  - Camper  (^).  Elle  habite  rAmériqiie 
feptentrionaîe  5 elle  eft  longue  de  quatre 
pouces  trois  lignes,  & large  de  trois 
pouces.  Le  dilqiie  de  fa  carapace  eft 
garni  de  quatorze  pièces  ou  écailles  ^ 
placées  fur  trois  rangs  longitudinaux*,  la 
rangée  du  milieu  préfente  lix  pièces , & 
chacune  des  deux  autres  rangées  en 
préfente  quatre.  Les  bords  de  la  cara-t 
pace  font  revêtus  de  vingt-cinq  pièces* 
La  carapace  eft  très-bombée  , ainfi  que 
nous  bayons  vue  dans  la  plupart  des 
Tortues  de  terre  *,  elle  eft  auffi  échan- 
crée  par-devant,  pour  donner  plus  de 
liberté  a’iix  inouvemens  de  la  tête  de 

{aj  Mémnies  des  Curieux  de  la  Nature  de  Berlin 
iom^^yparu  i , aru  ^,p.  13 1,  1786. 

(b)  Lettre  de  M*  Camper^  Membre  des  Etats-Géné^ 
Taux,  Ajp)cié  étranger  de  B Académie  des  Sciences  ds 
Paris , a JVf.  le  Comte  de  la  Cepède  , 6*  datée  d& 
%^,eenw(irdej^  eu  Frife  , le  QQobre  X787, 


^3  3 0 HiJIoire  Naturelle 

i animal  5 & par-derrière  ^ en  deux 
droits  ÿ pour  faciliter  la  fortie  & le  mol^ 
véiïïent  des  jambes.  ' 

Le  plaftron  n’oHre  aucune  échan> 
criire,  mais  fa  partie  antérieure  & fa 
partie  poftérieure  forment  comme  deux 
battans  qui  jouent  fur  une  efpèce  de 
charnière  cartilagineufe,  couverte  d'une 
peau  très-élaffiique  , & placée  à rendroit 
où  le  plaflron  fe  réunit  à ia  carapace* 
La  Tortue  peut  ouvrir  à volonté  ces 
deux  battans  ou  les. fermer,  en  les  appli- 
quant'contre  les  bords  de  la  carapace,  de 
manière  à être  , alors  renfermée  comme 
dans  une  boîte  , & de-là  vient  le  noiil 
‘de  Tortue  à boîte,  qui  lui  a été  donné 
par  M.  Bloçh. 

Le  battant  de  devant  eft  plus  pettf 
que  celui  de  derrière.  M.  l^îoch  n'a 
point  vu  l'animal*,  la  couleur  de  la  ca- 
rapace eû  brune  & jaune*,  celle  duplaf- 
tron  d'un  jaune  pâle,  tacheté  de.  noi- 
râtre. Ces  couleurs,  ainii  que  la  forme 
de  la  Tortue  à boîte,  lui  donnent  beau-» 
coup  de  rapports  avec  Celle  que  nous 
avons  nommée  la  Bombée  , & dont  le 
plaftron  eft  auffifans  échancrure , coiTÇiaiO 
celui  de  la  Tçrtue  à boite* 


■des  Serpens.  3 3 ï 


ADDITION 

A L’ARTICLE  DU  LÉZARD  GRIS. 

M.de  Sept-Font  AINES  3 que  nous 
avons  déjà  cité  piiifieurs  fois  , & qui  ne 
cefle  de  concourir  à l'avancement  de 
THiftoire  naturciie  , nous  a commu- 
niqué robfervation  fuivante , relative- 
ment à la  reproduéiion  des  lézards  gris. 
Le  dix-fept  Juillet  1783  , il  partagea  im 
de  ces  animaux  avec  un  infiniment  dp 
fer  *,  c'étoit  une  femelle  , & à i'inftant 
il  fortit  de  Ion  corps  fept  jeunes  lézards^, 
longs  depuis  onze  jufqu  à treize  lignes  3. 
entipi'ement  formés  , & qui  coururent 
avec  autant  d'agilité  que  les  lézards 
adultes.  La  portée  étoit  de  douze-,  mais 
cinq  petits  lézards  avoient  été  Méfiés  par 
rinftrument  de  fer,  & ne  donnèrent  que 
de  légers  figues  de  vie. 

M.  de  Sept- Fontaines  avoit  bien, 
voulu  joindre  à fa  lettre  un  lézard  de 
i'efpççe  de  la  femèle  fur  laquelle  il  ayoil 


Hijfoire  Naturelle 

fait  fou  obfervation  ,,  & cet  individu  trù 
différoit  en  rien  des  lézards  gri§  que 
nous  avons  décrits. 

On  peut  donc  croire  qu^il  en  eft  des 
lézards  gris  comme  des  Salamandres  ter- 
reftres*,  que  quelquefois  les  femèles  pon- 
dent leurs  œufs  ^ & les  dépofent  dans  des 
endroits  abrités  ^ ainli  que  Vont  écrit  plu- 
fleurs  NaturalifteSj  & que  d'autres  fois 
ies  petits  éciofèiit  dâirf  U Vêtttre  de  1$ 
Jiière. 


LE  LÉZARD  CORNU. 

'Ce  Lézard  , qui  fe  trouve  à Sainte 
Domingue,  a ies  plus  gralids  rapports 
avec  llguane  ; il  lui  rciflemble  par  la 
grandeur^  par  ies  proportions  du  corps  , 
des  pattes  8c  de  la  queue  , par  la  foiliie 
des  écailles , par  celle  des  grandes  pièces 
écâilieufes  , qui  forment  fur  fon  dos  & 
fur  la  partie  fupérieure  de  fa  queue , 
une  crête  femblable  à celle  de  llguane. 
Sa  tête  eft  conformée  comme  celle  de  ce 
dernier  Lézard  *,  elle  montre  également 
fur  les  côtés  des  tubercules  très-gros  ^ 
très-faiilants  5 & finiffant  en  pointe  (a). 
Les  dents  ont  leurs  bords  divifés  en 
plufieurs  petites  pointes  , comme  celle 
des  Iguanes  un  peu  gros.  Mais  le  Lézard 
Cornu  diffère  de  flguane  , en  ce  qifil 
if  a pas  fous  la  gorge  une  grande  poche 
garnie  d'une  membrane  , & d'une  forte 


(a)  J’ai  vu  deux  Lézards  cornus;  Pun  de  ces 
dieux  individus  n'avoit  pas  dç  gros  tubercules 
les  côtés  de  h tête* 


^34  HiJIoire  j^atunlle 

de  crête  écailleiife.  D'ailleurs  la  partie 
fiipérieure  de  fa  tête  préfente , entre  les 
narines  & les.  yeux,  quatre  tubercules  de 
nature  écaiileufe  , allez  gros  & placés 
au-devant  d'une  corne  olTeufe,  conique, 
& revêtue  d'une  écaille  d'une  feule 
pièce  {a).  L'Amateur  diftingué  qui  a bien 
voulu  nous  donner  un  Lézard  de  cette 
efpèce  ou  variété  , nous  a alluré  qifon 
îa  trouvoit  en  très  - grand  nombre  a 
Saint-Domingue.  Nous  avons  nommé 
ce  Lézard  le  Cornu , jufqii'à  ce  que 
de  nouvelles  obfervâtionis  aient  prouvé 
qu'il  forme  une  efpèce  diftinébe,  ou  qu'il 
ji'eft  qu'une  variété  de  l'Iguane.  M.  l'Abbé 
Bonnaterre,  qui  nous  a le  premier  in- 
diqué ce  Lézard  , fe  propofe  d'en  pu- 
blier la  figure  &•  la  defcription  dans 
l'Encyclopédie  méthodique  {b). 


(a)  L\in  des  deux  Lézards  cornus  que  j’ai  exa^ 
minés  & qui  font  maintenant  partie  de  ia  coiiecftion 
du  Roi,  a trois  pieds  fept  pouces  de  longueur  totale  , 
& fa  corne  eft  haute  de  fix  lignes- 

(b)  Si  le  Lézard  cornu  forint  une  efpèce  dif- 

il  faudra  le  placer  dans  la  troifiéme  divi- 
^on  du  genre  des  lézards , à la  luite  de  l’iguaa^ 


LA  TÈTE -ROUGE  (a). 

Cette  -ESPÈCE  de  îézatd  fe  trouve  dans 
rille  de  Saint  - Chriftophe  ^ & c’eft 
M.,  Badier  qui  a bien  voulu  nous  en 
communiquer  la  defcriptionj  la  Tête*r 
Rouge  a cinq  doigts  à chaque  pied, 
ê;:  le  deflous  du  ventre  garni  de  demi- 
anneaux  écailleux  / & par  conféquent 
elle  doit  être  comprife  dans  la  troifième 
divifion  du  genre  des  lézards  (^).  Elle 
eft  d'un  vert  très- foncé  & mêlé  debruii  jles 
côtés  & une  partie  du  delîus  de  la  tête 
font  rouges^  ainfi  que  les  côtés  du  cou;, 
la  gorge  eft  blanche*,  la  poitrine  noire  j 
le  dos  préfente  pliîfieurs  raies  noires 
tranfverrales  & ondées,,  fur  les  côtés  du 


(a)  Pilori  l Téta-rougCf , : ' ' • i ' 

Jnolis  de  terre.  Ce  nom  d’AnoIis  a e'té  donné, 
en  Amérique,  à plufieiirs  Lézards,,  ainfi  que  nous 
Pavons  vu  dans  PHiftoire  naturelle  des  Quadru- 
pèdes ovipares. 

(èj  Voyez  notre  Table  méthodique  des  Qua^* 
drupèdes  ovipares» 


53^  "Hiflotre  Natureîtc 

corps  s’étend  une  bande  longitudinaîe 
compofée  de  pliifîeurs  lignes  noires  trant 
verfales.  Le  ventre  eft  coloré  par  bandes 
longitudinales  en  noir,  en  Jbleu  & en 
blanchâtre. 

Le  defliis  de  la  tête  eft  couvert  d’écailles 
plus  grandes  que  celles  qui  garnifîent 
le  dos*,  on  voit,  fous  les  cuifles,  une 
rangée  de  petits  tubercules  comme  fur  le 
lézard  gris  , & plufieurs  autres  lézards. 

L’individu , décrit  par  M.  Badier , avoit 
un  pouce  de  diamètre  dans  l’endroit  le  plus 
gros  du  corps  , & un  piedun  pouce  onze 
lignés  de  longueur  totale*,  la  queue  étoit 
entourée  d’anneaux  écailleux , & longue 
de  fept  pouces  huit  lignes  *,  les  jambes 
de  derrière  mefurées  jufqu’au  premier 
article  des  doigts , avoient  vieux  pouces 
une  ligne  de  longueur. 

Suivant  M.  Badier  , la  Tête- Rouge 
parvient  à une  grandeur  trois  fois  plus 
Gonfidérable  ^ elle  fe  nourrit  d'^inledes. 


LE  LEZARD 


êis  SerpenSt  13^ 

i,t 

LE  LÉZARD  QUETZ-PALEO4 

Xei,  est  lé  nom  que  porte  au  BréiSî 
cette  efpèce  de  Lézard  , dont  M.  TAbbé 
Nélliii  , Directeur  des  Pépinières  du 
Roi , a bien  voulu  m’envoyer  un  indi- 
vidu. Ce  Quadrupède  ovipare  eft  repré-a 
fenté  dans  Séba(yo/.  l, planche 
& M.  Laurent  en  a fait  mention  fous  le 
nom  de  Cordyle  du  Bréjil{pag.  ^a);  mais 
nous  n’avons  pas  voulu  en  parler  avant 
d’en  avoir  vu  un  individu , & d’avoir 
pu  déterminer  nous-mêmes  s’il  formoit 
une  efpèce  ou  une  variété  diftinéle  du 
Cordyle , avec  lequel  il  a beaucoup  de 
•rapports,  particulièrement  par  la  con-; 
formation  de  fa  queue.  Nous  fommes 
afliirés  maintenant  qu’il  appartient  à un© 
efpèce  très-différente  de  celle  du  Cor^ 
dyle  •,  il  n’a  point  le  dos  garni  d’écailles 
grandes  & carrées,  comme  le  Cordyle,’ 
ni  le  veritre  couvert  de  demi-anneaux 
écailleux  •,  il  doit  donc  être  compris  danà 
la  quatrième  divifion  des  Lézards , tan-^ 
dis  que  l’efpèce  de  Cordyle  fait  partie 
Serpens,  Tom%  JVf  P 


3 5 ? Hijiùire  Naturelle 

de  la  troificme.  Sa  tête  eft  aplatie  pac^ 
deflus  , comprimée  par  les  côtés , d’une 
forme  un  pieu  triangulaire , & revêtue 
de  petites  écailles  {a)  •,  celles  du  dos 
& du  deflus  des  jambes  font  encore 
plus  petites , & comme  elles  font  pla- 
cées à côté  les  unes  des  autres , elles 
font  paroître  la  peau  chagrinée.  Le 
ventre  & le  deflous  des  pattes  préfen- 
tent  des  écailles  un  peu  plus  grandes  , 
mais  placées  de  la  même  manière  & 
allez  dures.  Plus  de  quinze  tubercules 
percés  à leur  extrémité  garnilîent  le 
deflous  des  cuiflcs  -,  d’autres  tubercules 
plus  élevés  , très-forts  , très-pointus  & 
de  grandeurs  très-inégales  , font  répan- 
dus fiir  la  face  extérieure  des  jambes 
de  derrière  •,  on  en  voit  auflî  quelques- 
uns  très-durs , mais  moins  hauts , le  long 
des  reins  de  l’animal  & fur  les  jambes 
de  devant  auprès  des  pieds. 

La  queue  de  ce  Lézard  eft  revêtue  de 


(a)  Les  dents  du  Quetz-Paléo  font  plus  petites 
J mefure  qu’elles  font  plus  près  du  mufeau  ; j’ea 
ai  compté  plus  de  trente  à chaque  mâchoire  j elle» 
(bnt  affez  ferrées. 


des  Serpens.  35^ 


jkls  - grandes  écailles  relevées  par  une 
àrête , très-pointues  , très-piquantes  , & 
difpofées  en  anneaux  larges  & très-difw 
tinéts  les  uns  des  autres.  Cette  forme 
qui  lui  eft  commune  avec  le  Cordyle 
jointe  à celle  des  écailles  qui  revêtenfc 
fe  deffus  & le  deflbus  de  fon  corps 
fufEfent  pour  le  faire  diftinguer  d’avec 
îes  autres  Lézards  déjà  connus.  L’indi- 
vidu que  M.  l’Abbé  Nollin  m’a  fait 
parvenir  avoit  plus  d’un  pied  cinq 
pouces  de  longueur  totale , & la  queue 
étoit  longue  de  plus  de  huit  pouces; 
Le  delTus  de  fon  corps  étoit  gris  -,  le 
delîous  blanchâtre , & la  queue  d’vu]^ 
brun  très-foncé. 


5.40  Hijioire  Naturelle 


ADDITION  A L’ARTICLE 

DE  LA 

SALAMANDRE  TERRESTRE. 

Nous  PLAÇONS  ici  un  extrait  d’un© 
lettre  qui  nous  a été  adreffée  par  Dom 
Saintjulien , Bénédictin  de  la  Congré- 
gation de  Cluni.  On  y trouvera  des  ob- 
fervations  intéreflantes  relativement  à là 
jaaanière  dont  les  Salamandres  Terreftres 
viennent  au  jour. 

et  Je  trouvai  à la  fin  du  printemps  de 
I»  l’année  dernière  1787  une  fuperbe 
»j  Salamandre  Terreftre  (de  l’efpèce  ap'- 
»j  pellée  Scorpion  dans  la  baffe  Guienne 
IJ  & qu’on  y confond  même  quelquefois 
IJ  avec  cet  infeéle). , . . Elle  avoit  un 
IJ  peu  ^lus  de  huit  pouces  depuis  le 
JJ  bout  du  muleaii  jufqu’à  l’extrémité 
JJ  de  la  queue.  La  groffeur  de  fon  ventre 
JJ  me  fit  efpérer  de  trouver  quelque 
«J  éclairciffemeiit  fur  la  génération  d@ 


diiS  Strpens*  ^41 

Sj  ce  Reptile -,  en  conféquence,  je  pro» 
ï5  cédai  à fa  diiïeétion  , que  je  com- 
îj  mençâi  par  l’anus.  Dès  que  j’eus  fait 
»}  une  ouverture  d’environ  un  demi-, 
îî  pouce,  je  vis  fortir  une  efpèce  de  fac,' 
»j  que  je  pris  d’abord  pour  un- boyau, 
jî  mais  j’apperçus  bientôt  un  mouve- 
ment  très  - fenlible  dans  l’intérieur  ; 
ÎJ  je  vis  même  à travers  la  membrane 
ÎJ  fort  luince , de  petits  corps  mouvâns  s 
ÎJ  je  ne  doutai  point  alors  que  ce  ne 
•ÎJ  fût  des  êtres  animés,  en  un  mot  les 
ÎJ  petits  de  l’animal.  Je  continuai  à faire 
ÎJ  fortir  cette  poche  , jufqu’à  Ce  que 
ÎJ  je  trouvai  un  étranglement  ^ alors 
ÎJ  j’ouvris  la  membrane  dans  le  fcns  de 
ÎJ  fa  longueur  *,  je  la  trouvai  plciîae 
ÎJ  d’une  efpèce  de  fanie  dans  laquelle 
îî  les  petits  étoient  pliés  en  double , pré» 
ÎJ  cifémerit  dans  la  forme  que  M.  l’Abbé 
ÎJ  Spallanzani  attribue  aux  petits  de  la 
ÎJ  Salamandre  aquatique,  lorfqu’ils  font 
ÎJ  encore  renfermés  dans  l’amnios.  Bien» 
ÎJ  tôt  cette  fanie  fe  répandit,  les  petits 
ÎJ  s’alongèrent , lâutèrent  fur  la  table  êc 
ÎJ  parurent  animés  d’un  mouvement  très- 
îî  vif.  Ils  étoient  au  nombre  de  fept  oi| 


4 1 Mijloîre  NatureUt 

»3  huit.  Je  les  examinai  à ïa  vue  fimpléj 
& un  avec  le  fecours  de  la  loupe*, 
99  & je  leur  reconnus  trcs-hien  la  forme 
T9  de  petits  poiflbnâ  avec  deux  fortes 
99  de  nageoires  aflez  longues  du  coté 
99  de  la  tête  , qui  étoit  groffe  par  rap- 
99  port  au  corps , & dont  les  yeux  ; 
99  qui  paroifloient  très-vifs , étoient  très- 
99  faillans*,  il  n'y  avoit  rien  à la  place  des 
99  pieds  de  derrière.  Comme  la  mère 
99  avoit  été  prife  dans  Teau  & paroif* 
99  foït  très-proche  de  fon  terme , je 
99  penfai  que  l'eau  étoit  Télément  qui 
99  convenoit  à ces  nouveaux-nés , ce  qui 
35  d'ailieurs  fe  trouvoit  confirmé  par 
99  leur  état  pifciforme  , c'eft  pourquoi 
55  je  me  prefiai  de  les  faire  tomber 
55  dans  une  jatte  pleine  d'eau  , où  iis 
55  nagèrent  très-bien.  J'agrandis  encore 
53  Touverture  de  la  mère , & je  fis  fortir 
99  une  fécondé  & puis  une  troifièmc 
55  poches  femblables  à la  première , & 
55  réparées  par  des  étranglemens.  Ces 
35  poches  ouvertes  me  donnèrent  des 
X9  êtres  femblables  aux  premiers  & 
15  à-peu-près  auflî  bien  formés*,  ils  s'y 
P trouy oient  renfermés  par  huit  ou  di^ç 


des  Serpens.  543 

« en  pelotons,  fans  aucune  réparation 
IJ  ou  diaphragme,  au  moins  fenhble, 
IJ  Une  quatrième  poche  pareille  me 
IJ  donna  des  êtres  de  la  même  nature , 
*j  mais  moins  formés  •,  ils  étoient  pref- 
j J que  tous  chargés  fur  le  côté  droit , 
sî  vers  le  milieu  du  corps  , d'une  efpèce 
ïj  de  tumeur  ou  protubérance  d'un  jaune 
IJ  foncé  paroilîant  un  peu  fanguinolent; 
5j  ils  avoient  néanmoins  leurs  mouve- 
îj  mens  libres , pas  aflez  pour  fauter 
JJ  d’eux-mêmes',  il  fallut  les  retirée  de 
JJ  leurs  bourfes  avec  des  pinces.  Enfin 
JJ  une  cinquième  poche  pareille  me 
Jj  fournit  des  êtres  femblables , dont  il 
«J  ne  paroilioit  que  la  moitié  du  corps 
JJ  depuis  le  milieu  jurqu’aii  bout  de  la 
*j  queue*,  l'autre  partie  confiftoit  feule-* 
JJ  ment  en  un  fegment  de  cette  ma- 
jj  ticre  jaune  dont  je  viens  de  parler  i 
JJ  la  partie  formée  avoit  un  mouve- 
jj  ment  fcnfible.  Je  retirai  ainfi  vingt- 
jj  huit  ou  trente  petits  tout  formés  qui 
93  nagèrent  dans  l’eau , & qui  y vécu- 
jj  rent  dans  mon  appai'tement , pendant 
JJ  vingt  - quatre  heures.  Les  avortons 
M informes  fe  précipitèrent  au  fond , 

P iy. 


3 44  HiJIoire  Naturelle 

i>  & ne  donnèrent  plus  aucun  figne  dé 
ï>  vie.  La  mère  vivoit  encore  après  que 
w j’en  eus  tiré  tous  fes  petits , formes 
JJ  ou  informes.  J’achevai  de  l’ouvrir  ; 
»î  & à fuite  de  cette  efpèce  de  ma- 
>3  trice  , qui  paroifloit  n’être  qu’im 
»3  boyau  étranglé  de  diftance  en  diftance , 
33  je  trouvai  deux  grappes  d’œufs  de 
?3  forme  fenfîblement  fphérique  , d’en- 
33  viron  une  ligne  de  diamètre , & d’une 
»3  matière  femblable  à celle  que  j’avois 
33  vue  adhérente  aux  deux  différentes 
33  efpèces  d’avortons.  Je  ne  comptai 
33  pas  le  nombre  de  ces  œufs  , mais 
^3  j’appelle  leurs  colleébions , grappes 
’33  paree  que  réellement  elles  repréfen- 
33  toient  une  grappe  de  raifîn.  Leur  tige 
33  étoit  attachée  à l’épine  dorfale,  der* 
33  rière  une  bourfe  flottante  fîtuée  un 
33  peu  au-deffous  du  bras , de  couleur 
33  brune  foncée  : je  reconnus  cette 
33  bourfe  pour  l’eftomac  du  Reptile» 
33  parce  que  l’ayant  ouverte,  j’y  trouvai 
•3  de  petits  limaçons , quelques  fearaj 
t3.  bées  J ÔC  du  fable  noirâtre,  aj 


des  Serpens.  545 


LAGRENOUILLE 

ECAILLEUSE  {a). 

On  DOIT  à M.  Wâllbaum  ia  defcriptioii 
de  cette  efpèce  de  Grenouüie.  Il  ell 
d’autant  plus  intéreflant  de  la  connoître , 
quelle  eft  un  exemple  de  ces  confor- 
mations remarquables  qui  lient  de  très- 
près  les  divers  genres  d’animaux.  Nous 
avons  vu  en  effet,  dans  i’Hiftoire  Natu- 
relle des  Quadrupèdes  ovipares  , que 
prefque  toutes  les  efpèces  de  lézards 
étoient  couvertes  d’écailles  plus  ou  moins 
feniîbles , & nous  n’avons  trouvé  dans 
les  Grenouilles  , les  Crapauds  , ni  les 
Raines  , aucune  efpèce  qui  préfentât 
quelque  apparence  de  ces  mêmes  écailles  » 
nous  n’avons  vu  que  des  verrues  ou  des 
tubercules  fur  la  peau  des  Quadrupède^ 
ovipares  fans  queue.  Voici  maintenant 


(a)  Rana  Squamigera-  M-  tVallbaum^  Mdmokes 
des  Curieux  de  k Nuturt  de  Berlin  j aU’  1784,  tom. 
fUg-  231. 


^4^ 


Hijîoîre  Naturelle 


une  fpèce  de  Grenouilie  dont  une  piif« 
tie  du  corps  eft  revêtue  d'écailleS  , àinfi 
que  celui  des  lézards  & pendant  que  , 
d'un  côté  5 la  plupart  des  Salamandres  > 
qui  toutes  ont  une  queue  comme  ces 
mêmes  lézards  , & appartiennent  au 
même  genre  que  ces  animaux , fe  rap- 
prochent des  Quadrupèdes  ovipares  fans 
queue,  non- feulement  par  leur  confor- 
mation intérieure  & par  leurs  habitudes  ^ 
mais  encore  par  leur  peau  dénuée  d'é- 
cailles  fenfibles  , nous  voyons  , d'un 
autre  côté  , la  Grenouille  décrite  par 
M.  Wallbaum  ^ établir  un  grand  rapport 
'entre  fbn  genre  & celui  des  lézards  par 
ies  écailles  quelle  a fur  le  dos.  M. Wall- 
baiim  n^a  vu  qu'un  individu  de  cette 
efpèce  fingiilière  qu'il  a trouvé  dans  un 
Cabinet  d'Hiftoire  Naturelle  , & qui  y 
ctoit  confervé  dans  de  l'efprit-de-vin.  II 
n'a  pas  fu  d'où  il  avoit  été  apporté,  II 
feroit  intéreflant  qu'on  pût  obferver 
encore  des  individus  de  cette  efpèce  ^ 
comparer  fes  habitudes  avec  celles  des 
Lézards^  & des  Grenouilles , & voir  k 
ïiaifon  qui  fe  trouve  entre  fa  manière  de 
yivre  & k confermation  particulière^ 


des  Serpens,  347 

Xa  Grenouille  écaiiieufe  eft  à-peu 
près  de  la  groXieur  & de  forme  de 
la  Grenouilfe  commune  v là  peau  eft 
comme  pliflée  fur  les  côtes  8c  fous  la 
gorge  j les  pieds  de  devant  ont  quatre 
doigts  à demi-réunis  par  une  memtranc, 
& les  pieds  de  derrière  cinq  doigts  en- 
tièrement palmés  v ies  ongles  font  aplatis  i 
mais  ce  qu’il  faut  fur-tout  remarquer  j, 
c’eft  une  bande  écaiiieufe,  qui  partant 
de  l’endroit  des  reins  & s^étendant  obli- 
quement de  chaque  côté  au-deffus  des 
épaules,  entoure  pardevant  îè  dos  de 
l’animal.  Cette  bande  eft  compofée 
de  très-petites  écailles  à ,demi-tranfpa- 
rentes  , préftntant  chacune  un  petit 
‘ fillon  longitudinal  , placées  fur  quatre 
rangs  .,  & fe  recouvrant  les  'unes  les 
autres  , comme  les  ardoifes  des  toits.  II 
•eft  évident , par  cette  forme  & cette 
pofition,  que  ces  pièces  font  de  ^véri- 
tables  écailles  ferabtables  à celles  des 
lézards 8c  qu’elles  ne  peuvent  pas  être 
confondues  avec  les  verrues  ou  tuber- 
cules , que  l’on  a obfervés  lur  le  dos 
des  Quadrupèdes  ovipares  fans  queue. 
'M.  Waïïbaum  a vu  aulE  iixr  Ia|  patte 


348  Hijloire  Naturelle  y &c. 

gauche  de  derrière,  quelques  portions 
gauches  garnies  de  petites  écailles  dont 
îa  forme!  étoit  d’un  quarré  long-,  & ce 
Naturaliftè  conjeébure  avec  raifon  qu’il 
en  auroit  trouvé  également  fur  la  patte 
droite  , fi  l’animal  n’avoit  pas  été  altéré 
par  l’efprit-dé-vin.  Le  defîôus  du  ventre 
étoit  garni  de'  petites  verrues  très-rap- 
prochées.  L’individu  décrit  par  M.  Wall- 
Daum  avoît  deux  pouces  neuf  lignes  dé 
longueur  depuis  le  bout  du  mufeau  juf^ 
qu’à  l’anus  -,  fa  çp.uleur  étoit  grife , mar- 
brée, tachetée  & pointillée  en  divers 
endroits  de  brun  & de  mâtron  plus  ou 
moins  foncé  -,  lés  taches  étôient  difpoféés 
en  lignes  tortueüfes  fiir  certaines  places  | 
comme,  par  exemple',  fur  le  dos. 


? m 


TABLE  ALPHABÉTHIQUE 


Z)es  divers  Noms  donnés  aux  Sefj 
pens , & dont  il  ejl  fait  mention 
dans  cet  Ouvrage. 

A. 

, Voyci  Erix.  * 


Adder , 

> 

Æfping, 

Ak-Dskilan  ^ 

Alp  , 

Amiudutüs , 
Amphijbcena  , 
Ampkijhœna  alha  , 
Amphijhcenaflava, 
Ampk»  fuliginofa , 
Amph.  magnifie  a y 
Ampkijhœna  prima  fub* 
argente  a y 
'Amphijb.  varia  y 
Amph,  vulgaris  , 
Anguille  de  haie  y 
Anguille  des  haies  y 
Anguis  Æ fculapii  y 
Anguis  boa  y 
Anguis  calapnazia  y 
Anguis  çerafiesj^ 


Vipère  communâif 
Cérafte. 

Cherfea. 

C.  Dione. 

Cérafte. 
Ammodyte. 
Amphiib.  enfumée 
Blanchet. 

Amphifb.  enfumé, 
Amphifb.  enfumé» 
Amphiib.  enfumé* 
Lombric, 

Amphifb.  enfumé. 
Amphifb.  enfumé# 
Coul.  à collier. 

C.  verte  & jaune;» 
Coul.  d’Efculape^ 
Devin. 

Calmar. 

Anguis  cornai 


350  TABLE 


Anguis  colubrina , Voyez  Anguis  eolubrin* 

Anguis  crotalopkorus  , 

Boiquka. 

Anguis  flagelli’formis  J 

FiL 

Anguis  fragilis  , 

Orvet. 

Anguis  jaculus  , 

Trait. 

A^'énis  laticmida  , 

Queu  e -1  an  eéolée^ 

Anguis  lumh  rie  ali  s^ 

Fornbric. 

Anguis  maculata  , ' 

Miguel. 

Anguis  mcleagns  , 

Pdntade. 

Anguis  reticulata  > 

Héfeau. 

Anguis  rojkatus  , 

Anguis  long-wz^ 

Angah  fckytale  ^ 

Rouleau. 

Anguis  tejjellata  > 

MigueL 

Anguis  ventfaîis  j 

A.  Jaune  & brun. 

Anilios  , 

Lombric. 

Anvoy  t ; 

Orvet. 

Apac/iycoatî  ^ 

C.  Péralaife. 

A/pic  , 

Vipère  d’Égypte. 

Afpide  dcl  como 

Ammodyte, 

Ajpis  Chopatrœ  , 

Vipère  d’Égypte* 

Afph  colore  ferrugineo. 

, Cherféa. 

Afpis  cornu* 

Ammodyte. 

Ayug. 

Boiquira* 

IBaliSalan-Botkit  ^ 

Bali. 

Blind  Worm  j 

Orvet. 

Boa  3 

Devin. 

Boa  aurantiaca  j 

Bojobi. 

Boa  xanina  , - 

Bojobi. 

Boa  conflriâor  ^ 

De-vin. 

Btid  cqmortrdx  ^ 

Groicj* 

jiLPHABÈTiqUE.  35 1 


"Boa  txîgua^  Hipnale, 

Boa  hortulana^ 

Broderie. 

Boa  murina  , 

Boa  Rativorc. 

Boa  ' thalaj^na  ^ 

Bojobi. 

Bodly, 

Amphill).  enftiîîîé^ 

Boicininga  , 

Boîquira. 

Boicinininga , 

Boiquira. 

Boiguacu  J 

Devim 

C 

CacAdûrA  1 

DÊvm. 

Cœ cilla  gefneri , 

Orvet. 

Cœcilia  glutinofa  , 

Cœcilo  vifqiieiix; 

Ccecïl,  ttntaculatay 

ibiare- 

Cœcilia  typhlus  , 

Orvet. 

Cœcilia  vulgaris  , 

Orvet. 

Carbon  , 

Coul.  à collier* 

Carbonaiio  ^ 

Coul.  à collier* 

Cafcavel  , 

Boiquira. 

Cafca  vcla  , 

Boiquira. 

Caudifona  dryinas. 

Dryinas* 

Càudifona  durij[fuSy 

Duriffus. 

Caudifona  orientalis 

^ Dryinas. 

Caudifona  tefrïfca^ 

Boiquira. 

Cega  , 

Amphifb.  etifumli 

Ccnclioa  , 

Cenco. 

Ccnchria  , 

Cenchris. 

Ccnchrias  ^ 

Animodyte; 

Ccnchris  , 

Devin. 

Ccnchris  tardigrada  ma-  DevilU 

jor  luttai. i maculis 
mi^ris  notât  a ^ 


^^52  TABLE 


Cencoail } fécondé  ef-  Voy*  Cenco# 


pèce , 

Ce  rafle  s agilis  , 

Cerafles  aurora  , 
Cerafles  Candi  dus  , 
Cerafles  cohella , 
Cerafles  laBeus  , 
Cerafles  Mexicanus  , 
Cerafles  nehalatus  , 
Cerafles  ^licatilis  , 
Cerafles  rhombeatus  j 
Cerafles  feverus^ 

Cerc arias  , 

Ceriflalis  j 
Chaffeiir^ 

Chain  Snake  y 
Chayquarona  , 
Coack-whip-Snake  y 
Cobra  atropos  y 
Cobra  de  las  'cabecas  y 
Cobra  de  cabelo  , 
Cobra  de  capello  y 
Cobra  de  corais  y 
Cobra  de  veado  y 
Coire  vega  y 
Collier^ 

Col,  œfcülapii  y 
Col,  œflivus  y 
Col,  agilis  y 
Col,  ahatulla  I 
Col,  albus  y 
CqL  alidras  y 


C,  agile. 

Aurore. 

C très-blanche; 
Cobel. 

Laélé. 

C.  pétai  aire. 

C.  nébuleüfe# 

Bali. 

C.  rhomboïdale# 

C.  Hébraïque. 

Artimodyte. 

Cérafte. 

Devin. 

Chaîne. 

Chayque. 

Fil. 

Atropos. 

Amphifb.  enfumé# 
Naja. 

Naja. 

Ibiboca. 

Devin. 

Ainphilb.  enfumé# 
Demi-collier. 

C.  bande  noire. 
Coul.  verdâtre, 

C.  agile. 

Boiga. 

C.  blanche. 

Alidre. 


-ALPHAB  ÉTIQUE.  353 


CùL  ammodytes  , Voyei  Ammodyte. 
Col,  mgulatus  ^ C,  anguleufe. 


Col,  annulatus  ^ 
Col,  atrox  y 
Col,  aulieus  j 
Col,  herus  y 
Col,  buccatus  y 
Col,  carinatus  y 
Col.  calamarius  y 
Col,  candidus  % 
Col.  canus  y 
Col,  cobclla  y 
Col,  carulefcens  > 
Col.  cœruUus , 
Col.  ceraftes , 

Col,  cinereus  , 

Col,  conflriâor^ 
Col.  corallinus  > 
Col.  cornutus  y 
Col,  cyaneus  ^ 
Col.  dipfas  y 
Col.  doliaius  y 
Col.  domefiicus  y 
Col,  domiccllay 
Col,  exoletus  y 
Col.fafciatus  y , 
Col.  filiformis  y 
Col.  fulvus  y 
Col.  fufcUS  y 

Col.  getulus  y 
Col.  guttatus  y 
ÇoUguttatus^^  . 


C.  blanche  &bruae; 
CouL  atroce. 
Laphiati. 

Vipère  commuaci 
C.  jouflue. 

C.  carenée. 

Calmar. 

C.  blanchâtre*, 
Grifon, 

Cobel.  ^ 

C.  bleuâtre# 

Bluef. 

Cérafte. 

Coul.  cendré^; 
Lien. 

CoralUn. 

Cérafte. 

C.  verte  & bleu«*; 
Dipfe. 

C.  anneliée. 

C.  domeflique^ 

C.  des  dameSt 
C.  décolorée# 
Vampum. 

Fil. 

C.  noire  & fauv^ 
C.  fombre. 

Chaîne. 

Tyrie.  , 

C.  mouchetéil 


154 


TABLE 


CoL  hydrus  , 

Hydre. 

CoU  jaculatrix  , 

Dard.  . 

C.  jugularisy 

Rouge-gorge. 

CoL  laâcus , 

uaé. 

CoLlati-caudatus^ 

C.  queue-plate. 

CoL  Icbctinus  , 

Lébetin. 

CoL 

C.  galonnée. 

CoL  lincatuSf 

C.  rayée. 

CoL  maurus , 

G.  maure# 

CoL  melanocephalus  ^ 

Tête-noire. 

CoL  mïlians y 

C.  miliaire. 

CoL  mexicanus  j 

C.  mexicaine. 

CoL  mimrvæ  , 

C.  de  minerve. 

Col.  molurus  y 

Molure. 

C.  moniüsy 

Demi-collier. 

CoL  mucofus  y 

C.  muqueufe. 

CoL  my3eri[ans  y 

C.  nafique. 

Coluhcr  natrix  y 

Coul.  à collier. 

CoL  nebulatus  y 

C.  nébuleufe. 

CoL  niveus , 

C.  très-blanche^ 

Col.  ordinatus  y 

Ibibe. 

CoL  üvivonis y 

C.  ovivore. 

CoL  padtra  y 

Padère. 

Col,  pallidus  y 

C.  pâle. 

CoLpeliasy 

Pélie. 

CoL  pctalariuSy 

C.  Pétalairc. 

CoL  petoia  y 

Pétole. 

CoLplicatilis  , 

Bail. 

CoLprefleVy 

Vipère  noire. 

CoL  pullatuy  y 

C.  minime. 

f^L  puiiSatus 

G.  ponâuée. 

"AL  PHASE  TIQUE.  35  j| 

Co/.  reptile  , Voye^  Régine. 

Col»  rhomheatut  % C.  rhomboïdale* 


Col,  faturninus  j 
Col,  fauritd  ^ 

Col,  Jcabefy 
Col,  fchytcL  > 

Col.  fcutatus  J 
CoL  feverus  y 
Col,  fîbilans  , 

CoL  jïmus  y 
Col,  jîrtalis  > 

CoLJîtula  y 
Col,  ftolatas  y 
CoLfiriatulus  y 
Col,  trifcalis  j 
Col,  typhius  y 
Col,  tyriay 
Col,  vipera  y 
CoL  vipera  angîorumy 
Col,  virîdiffimus , 

Col,  vittatus  y 
Colübro  nero  y 
CoaflriSor  aufpexy 
ConftriSor  diviniloquuSy 
Confiridor  formojïjjz-^ 

mus  y 

Conjiriâor  rex  Jcrpen» 

tUm  y 

Copper-helly  fnake  y 
Coronella  aufiriacuy 
Coronella  petoluy 
Ççul*  ckajf€ufe  ^ 


C.  faturnine. 
Saurite. 

C.  rude. 

Couleuvre  fckyte,, 
C.  cuiradée. 

C.  hébraïque, 
Malpole. 

C.  camufe. 

C.  iirtale, 

Situle. 

Chayqu€c; 

C.  flriëe, 

Trifcale^ 

Typhie, 

Tyrie. 

Vipère  d’Egypttl 
Vipère  noire. 

C.  verte. 

C.  rubannée. 
Coul.  à collier* 
Devin. 

Devin, 

Devin, 

Devin, 

C.  ftriéc, 

Coul.  liffe,^ 
î^étole. 

Deviiî, 


■5s6  ta 

Cmleuv,  commune  y Voyi 
Couleuv»  commune  y 
Couleuv,  commune^ 
Couleuv,  communcy 
Couleuv.  commune^ 
Couleuvre  jaune  , 
Couleuvre  roujfe  y 
Couleuv.  vulgaire^ 
Courerejfe , 

Crotalus  horriduSy 
Crotalus  miliaris  y 
Cmtalus  mutus  y 
Cynchrias  y 


BLE 

:i  Couleuv.  à collieft 
Coul.  d’Ëfculape, 
Orvet, 

Quatre-raies. 
Coul.v€rte&  jaune 
Fer- de-lance. 
Fer-de-lance. 

Coui.  Suifl'e. 
Coureffe. 

Boiquira. 

Miller. 

Boa  muet. 
Ammodyte.' 


Bétot^s  y 

Dipfade  y ^ 

JDi^fin  dica  i 
Bouble-marckcur  y 
JDraco  y 
Draco  ferpens  y 
jDruinus  , 


Z>. 

Devin. 

Vipère  noire. 
Coui.  atroce , 

Ainijhifb.  enfuméi 

Devin. 

Devin. 

Atnmodyte, 


JScacoatz^ 

Embammaj 
"Empereur  y 
Enydris  > 


E- 

Boiquira. 

Vipère  commune  fe» 
ruelle. 

V i père  commune  mâle  • 
Devin. 

^ Devin. 

Enydre. 


iiLPHÂBÉ  TTQUE. 

‘ _F. 

FEDAGOsa } Voyei  Devin. 

G. 

Devin. 


Gehbnds  , Voyei 
Giarende , 

Giboya  , 

Gla^  Snake  ^ 
Gorende , 

Grand  hydre  y 
Grand  ferp,  d\eau. 
Grande  Couleuvre* 
Green  Snake , 
Guimpe  y 
Guinpuaguara  y 


Hog-nqfe  Snake  y 
Hydrus  , 


Devin. 

Devin. 

Anguis  jaune  & brun# 
Devin. 

Devin. 

Devin. 

Devin. 

Couleuv.  verdâtrei 
C.  ovivore. 

C.  ovivore» 


IL 


Groin. 

Couleuv,  à collierj 


JSIBÙCA  J 
J.bijara  j 


Jacvlu's  y 
Jiboya  y 
Jurucucu  y 


Ibihe. 

Amphift,  enfuinli 

7. 

Aurore, 

Devin. 

Devin. 

Kr 

Çérafte.' 


-358  T'A  B L IÉ. 

^Kokura^  "Voyei 

Detni-collieK} 

y 

Lébetin. 

£. 

ZamAnda i 

Devin. 

Langnafige  , 

Atoguis  long-neR 

Zaticauda  imhricatd 

, Queue-lancéoléei 

Laticauda  fcutaia  , 

Queue-plate. 

Zemnifque  j 

C.  Galonnée^ 

Zofange , 

Laphiati. 

M- 

MAZTOZOTf  ^ 

C.  Afiatique^ 

Malpolon , 

Malpole* 

Mamballa  , 

Devin. 

Mangé ur  de  chenilles 

C.  agile. 

Mère  de  Veau  , 

Devin. 

Miliaiis  , 

Ammodyte. 

Minia , 

Devin. 

Moqueur  J 

C.  rubannée. 

• 

JV. 

Naja  Brajilienfs  , 

Serpent  \ lunettes 
Pérou. 

Naja  fafeiata  , 

Naja. 

Naja  liitejcens  , 

Naja. 

Naj  amaculata  y 

Naja. 

Naja  non  naj  a ^ 

Naja. 

Naja  fl  amen fh  y 

Naja. 

Nalle  pawbou  y 

Naja. 

Nei  retroujféy 

C.^nafique; 

r 


’AtPHABÊTIQUE.  35^ 


TJ^aêri^  œfculapii , 
Natr/x  ahætulla  > 
Natrix  aulica  y 
Natrix  cœrulefcens , 
Natrix  exoleta  y 
Natrix  fili  formis  , 
Natrix  flagelli  formis 
Natrix  hippocrepis 
Natrix  lemnifcatay 
Natrix  mucofa  , 
Natrix  longijjïma  y 
Natrix  myâeriians 
Natrix  fatumina  , 
Natrix  tor quata  , 
Natrix  vittata , 
Natrix  vulgarisy 

Bande  noires 
Boiga., 

LaphiatL 

C.  bleuâtre. 

C.  décoloréei 

Fil. 

> C.  nafique*. 

Fer- à-cheval; 

C.  galonnée. 

C.  muqueufe. 
Couleuv.  à colKef} 
C.  nafique. 

C.  faturnine. 
Couleuv.  à collier; 
C.  rubannée. 
Couleuw  à (ÿUieri 

O- 

OPRRiAy 

Oular  Sawa  > 

fldtpeiA  ^ 

Ophrïe. 

C.  jaune  & bleue; 
Coul.  d’Efculapei 

p. 

PjRTEJiRE  i 
Polonga  y 

Polpogs  y 

Broderie^ 

Devin. 

Devin, 

P. 

Rattle  Snake  ; 
Regina  ferpentum  y 
Rme  dtsjcrpcnsy 

Boîqniraî 

Boiquira. 

Devin.  . 

^60  , TABIB 

Ringed  Snake  , Voyei  Couleuv.  à collî^' 
Rpi  des  ferpeas  > Devin» 

S’ 

Schuppen-Scktange^  Anguis  loMg-neaS 

Serpe  nero  ^ Goiileuv.àCollicîi 

Serpetis  aquatilis , Devin. 

Serpens  domefticus  ni^  Coijileuv.  à collier; 
gricans  carhonarius^ 


Serpens  indiens  coro' 
natus  .y 

Serpens  indiens  y gra^ 
cilis  y viridis , 
Serpens  palujîris , 
Serpens  peregrinus;y 
Serp,  âpre  ^ 

Serpent  aveugle  y 
Serpent  bai-rougCy 
Serpent  de  bled  y 
Setpent  h chaîne  y 
Sefpent  a chapelet* 
Serpenta  chap  eron  > 
Serpent  à collier  y 
Serpent  cotai  y 
Serpent  cornu  y 
Serpent  cornu  , 
Serpent  couronné  y 
Serpent  des  dames , 
Serpent  fétiche , 
Serpent  idole , 

Serpent  impérial^ 


Naj3. 

Boiga. 

Devin; 

Devin. 

C.  rude* 

Amphifb.  enfuméi 
C.bianche  & bruiifl^ 
C.  tachetée. 
Chaîne. 

C.  mouchetée. 
Naja. 

Couleuv.  à collier; 
Anguis  rouge* 
Ammodyte* 
Cérafte. 

Naja. 

• C.  des  dames; 
Daboie. 

Daboie. 

Devin. 


ALPHABÉTIQUE.  361 


Serpent  h large  queue  , 
Serpent  large^  queue 
Serpent  à lunettes , 
Serpent  mangeur  de  rats^ 
Serpent  nageur. 
Serpent  d'oreille , 
Serpent  à queue-plat^  > 
Serpent  fans  tache. 
Sapent  a fonnette , 
Serpent  tigré  , 

Serpent  a ventre  coU‘^ 
leur  de  cuivre  , 
Serpent  de  verre  , 
Serpent  de  verre  , 
Sipedon , 


"'oyei  Queue  lancéolée# 
Queue-plate. 

Naja. 

Boarativore. 

Couleuv.  à collier# 
Lombric. 

Plature. 

C.  très-bianche. 
Dryinas. 

Afpic. 

C.  Striée. 

Anguîs  jaune  Si  brun# 
Orvet. 

Sipède. 


Tæ  œbén  , 

Tain  ïcuiflalhiii  lia  > 
Tangedor, 
Tetraucho  zlttleoa  , 
Teuthlacû,  . 
Teuthlaco  ^^aukqui, 
Teuthlaco  %puphy  , 
T chu  a , 

Tleoa , : 

Trajgobane , 
Triangle  , 
Typhlops  , 


Tyrie. 

Devin. 

Boiquira. 

Bojobi. 

Duriffiï^.. 

Boiquira. 

Duriffus. 

Broderie, 
Broderie. 
Amphifb.  enfumé. 
C.  Jouflue. 

Orvet. 

F-. 


WaterStiake,  Couleuv.  à collier. 

Serpens , Tome  IV,  Q 


362 


TABLE,  êcc. 


Jfater  viper,  Voyei  Serpent  à fonnette  pii- 
cir  ore. 


Vi'per , 

Vipère  commune. 

Viper  a argile  a nigri^ 

V ipère  noire. 

cans  . 

Viper  a braJiUœ  caudi^ 

Boiqnira. 

Joli  a ^ 

Vipera  caudifona , 

Boiquira. 

Vipera  indica^  vittata 

Naja. 

gejücularia  , 

Vipera  maculata  , 

Afpîc. 

Vipera  mojis  , 

Vipère  commune. 

Vipera  pile  ata  y 

Naja. 

Vipera  ver  a India 

Vipère  commune. 

orientalU  y ■ 

Vipère  cornue , 

Vipère  cornue  d^Jlly-^ 

Cérafte. 

Ammodyte. 

ne  y 

Vipère  d'eau  y 

Serpent  à fonnette  piC- 

civore. 

Vipère  du  Japon  y 

C.  Hébraïque. 

Vipère  jaune  de  la 

Fer-de- lance. 

Martinique , 

X 

Xalxalhua  y 

Devin. 

Xaxathua , 

Devin.  ^ * 

Xequipiles  ^ 

Dard.  ^ 

r. 

Yncu-mama  , 

Devin. 

Yellow^Snake  y 

Devin, 

3^3 


TABLE 

DES  MATIÈRES. 


A 

j^ccouPLEMENT,  Manière  dont  s’opère Paccou- 
plement  des  ferpens,  Vol.  III,  pag»  29.  Temps  de 
l’accouplement  des  vipères  communes , p.  45. 
Fables  répandues  à ce  fujet , p» 

Acrochorâe.  ( defcription  de  i’  ) de  Java , Vol.  IV  , 
pag-  309. 

Adt'ivité  intérieure^  Les  ferpens  ne  cèdent  en  ac- 
tivité intérieure  qu’aux 'quadrupèdes  vivipares  & 
aux  oileaux , VoL  III , pag,  41* 

Agile  ( la  Couleuvre  ) fe  trouve  dans  l’Ifle  de 
Ceylan,  VoL  III,  pag^  388.  Sa  defcription,/?.  387. 

Air»  Les  ferpens  ont  befoin  de  refpirer  de  temp$ 
en  temps  Pair  de  Patmofphère,  VoL  111, /?j^. 
10.  Ils  donnent  cependant  quelques  lignes  de  vie^ 
après  avoir  été  privés  pendant  long  temps,  &prel^ 
que  entièrement , de  Pair  qui  leur  eû  nécelîaixe 
pour  refpirer, 68.  . 


3(^4  Table 

Aüirt.  Sa  defcription  , VoL  lll^^pag  401.  lî  a 
Î3)s‘aucoup  de  rapport  avec  ia  Couleuvre  biauche, 
Jdem,  H fe  trouve  dans  les  Indes , pa^.  402. 

Jlimens  (les)  de  plulieurs  efpèces  de  ferpens, 
fe  corrompent  dans  leurs  intelîins,  & répandent 
une  odeur  très-forte  qui  pénètre  le  corps  de  l'ani- 
mal, Vol.  lll^pag  56.  Manière  dont  les  ferpens 
avaient  des  aümens  très- volumineux,  59. 

Amérique»  Tout  ce  qui  appartient  aux  contrées 
d'Amérique,  voitines  des  Tropiques,  attirera  tou- 
jours Tattention,  VoL  W ^pag.  8i- 

Ammodyte»  Pays  où  Pon  rencontre  cette  vipère, 
VolAlijpag-  236.  Sa  defcription,  pa^-  237.  Re- 
mèdes contre  fa  moïÇuïe  ^pag*  238.  Ses  habitudes , 
pag»  240  £5*  fuiv. 

Amphishènes,  Caraétères  diftinétifs  de  cesferpens, 
yoL  IV  , png»  292.  Fables  auxquelles  ils  ont  don- 
né lieu,  pag.  295. 

Angiiis»  Caracftéres  diftinétifs  du  genre  desanguis , 
Ko/*  iV  , pag»  250.  Contes  ridicules  répandus  au 
iVjet  des  anguis  , pag.  252. 

Anguleufi.  (Couleuvre)  C'eft  de  PAûe  que  cette 
Couleuvre  a été  apportée  en  Europe  , Ko/.  III  , 
pag.  403.  Sa  defcription , /de/». 

Aunellée.  Defcription  de  la  Couleuvre  annellée , 

yoLiVypag.  »i* 

Arbres.  Manière  dont  les  ferpens  peuvent  grimper 
fur  les  arbres  , Vol.  III , pag.  i8* 

Argus.  Caracftéres  diftincftifs  de  ce  ferpent  d'A- 
fijque,  Ko/*  IV  ^pag.  44.  . 


DES  Matières. 

Jrrihe-faix  ( efpèce  ) attaché  au  corps  des 
vipereaux,  Vol.  UVpag.  206. 

Afiatique-  ^defcription  delà  Couleuvre^  i^o/.  IV  j 

25- 

Afplc.  Defcription  de  ce  ferpent  venimeux, 
Vol  lli  , pa^*  221.  Pays  on  le  trouve,  Ibid* 

Âtroce»  Defcription  de  la  Couleuvre  atroce. 
Vol  111 , pa^.  292.  Elle  eft  venimeufe  , Ibid, 

Atropos.  ©efcription  de  cette  Couleuvre  veni- 
meufequife  trouve  en  Amérique,  Vol,  318* 

Aurore.  Couleurs  de  cette  Couleuvre,  Vol. 
pa^.  84.  Pays  qu^elle  habite , lbid> 

A\urie*  ( Couleuvre  ) Elle  fe  trouvre  aux  envi- 
rons du  Cap-vert,  W IV,  pag.  59*  Defcription 
d’un  individu  de  cette  efpèce , confervé  au  cabinet 
du  Roi,  Ibid* 

B 

Bætæn.  Courte  defcription  de  cette  Couleuvre 
qui  eft  très-venimeufe , Vol  IV  ^ pug.  56, 

Bdi.  (le)  Pays  où  on  fe  trouve.  Vol,  fil, 
37l.Sa  defcription.  Idem.  Dimenlions  du 
pag.  373. 

Baude  noire,  Defcription  de  cette  Couleuvre  , 
Vol  111,  pag,  385*  Elle  eft  très-commune  au 
Chili,  pag.  386. 

Blanchâtre»  ( Couleuvre)  Sa  defcription  , Vol  III, 
pag*  394.  Defcription  d’une  Couleuvre  qui  a de 
très-grands  rapports  avec  la  blanchâtre  Idem* 

Q iij 


}66  Table 

Blanche  ^la  Coufeuvre ) habite  les  grandes  Indes , 
f"oL  ni,  pag>  380.  Sa  defcription  , Ibid. 

• Blanche  & hruné  ( îa  Couleuvre  ) habite  l’Ame'ri- 
que,  y^Ql>  IV,  pag^  IC7.  Sa  defcription  , 108. 

Blanchet*  (\q)  Caracftèfes  dîftincftifs  de  cet  am^ 
phrcbène , VeU  IV  , pag.  300* 

Bleuâtre.  ^Couîeuvre^  Son  nom  dédgne  fa  cou- 
leur, VoUlY  ^ pag*  12.  Onia  trouve  dans  les  Indes, 
P*  13- 

, Bluet.  Defcription  de  cette  Couleuvre  d'Améri- 
que , Vol.  IV  ^pag.  75. 

Boa  /'les  grands^  font  les  plus  grands  & lesplu^ 
forts  des  ferpens.  Vol.  IV  ,p.  142. 

Boiga.  Que  l’on  fe  repréfente  les  couleurs  les  plus 
riches  & les  plus  agréablement  variées  dont  la  na- 
ture ait  décoré  fes  ouvrages,  &:  l’on  n’aura  peut- 
être  pas  une  idée  exagérée  de  la  beauté  du  Tloiga, 
Vol.  III,  png.  425. Defcription  de  cette  Couleuvre, 
Ihid.  y fuiv.  Habitudes  de  cette  Couleuvre , p.  429* 
On  a voulu  donner  le  nom  de  chant, au  fifflement 
du  Boiga,  430*  Familiarité  de  ce  ferpent> 

43Î* 

Boiquîra.  Frayeur  que  doit  înfpirer  !e  Boîquira, 
Vol.  IV , pag.  209  y fiiiv.  Dimenlîons  de  ce  fer- 
pent  à fon nettes, 21 1»  Sa  defcription  ,j[?.  212 
y fuiv.  Contrées  qu’il  habite  , pag.  227.  Ses  habi- 
tudes, pag.  228.  Temps  que  les  Nègres  & les  In- 
diens choiiiflent  pour  fui  donner  la  chaOe,;?.  233 
y ftiip.  Ennemis  de  ce  ferpent , pag*  23^*  Il  nage 
avec  facilité,  237.  Effets  de  fon  venin,  Ibid, 
y fuiv. 


des  Matières.  367 

Bojohl,  Ce  ferpent  fe  trouve  dans  îes  deux  con-- 
tinens , Vol  ^pag  19 1*  Beauté  de  fes  couieurs’, 
193»  Dififérences  des  Bojobi  de  P Amérique  avec 
ceux  de  l'ancien  continent,  194*  Habitudes  de  ce 
ferpent  , Ibid» 

Brafilimie^  ^defcription  de  la  Couleuvre^  VoU 
m, 299. 

Broderie,  (h ) Belles  couleurs  de  ce  Boa,  VoU  IV  5 
pag.  198.  Il  fe  trouve  au  Paraguay  ,199* 

c 

C^^uciTÉ.  L’on  ne  rencontre  prefque  jamais  dV 
lîimaî  fauvage,  avec  les  fgnesdela  caducité,  Vol. 

1 54* 

Cœciles,  /^caraétères  diftinétifs  des  J Vol.  IV., 
pag- 301. 

Calmar.  (\q  ) Defcription  de  cette  Couleuvre 
d^Amérique,  ^0/ IV,;?*  115^ 

Camufe.  (\^)  Cette  Couleuvre  habite  la  Caroline 
VoU  IV  7 1 , Sa  defcription  , Uid. 

CaraBères  difcindifs  des  diverfes  efpèces  de  fer- 
pens  ; nombre  & permanence  de  ces  caraétères, 
VoU  III , pag.  916’  fuip»  C^eft  uniquement  d’après 
ia  réunion  de  plufieurs  caraétères , que  Pon  doit  pref- 
que toujours  fe  décider  fur  Pefpèee  d’un  ferpent, 
pag.  103. 

Carénée.  ^ la  Couleuvre ) Pays  où  on  la  trouve, 
VoU  IV  , pag.  4.  Sa  defcription,  Ibid. 

Cavernes.  Manière  dont  les  ferpens  font  entre- 
lacés dans  les  cavernes  où  ils  fe  retirent  en  grand 
nombre,  VoU  lll  ^ pag.  ^^3. 

Q iv 


568  Table 

Cenchrîs  f'h)  fe  trouve  à Surinam  3 Vel,  IV  ^ 
pcg,  203.  Couleurs  de  ce  Boa,  Ibid, 

Cerjchrus»  Ce  ferpent  fe  trouve  en  Afie,  FbA  IV, 
pag,  24»  Sa  defcription,  Ibid. 

Cencof'lejfe  trouve  en  i^mérique,  Fb/,  IV , 
pag»  Il 2.  Sa  defcription,  Ibid* 

Cendrée , f couleurs  de  la  Couleuvre  ) Voh  IV , 
p.  10.  Elle  habite  les  grandes  Indes , Ibid* 

Cerafte.  Pays  où  on  trouve  cette  vipère,  T^o/.IÎI  , 
p.  242.  Les  Egyptiens  ont  employé  fa  figure  dans 
leurs. hiéroglyphes ,p.  243.  Sa  defcription, p. 244. 
fy fulv»  Nature  & forme  de  fes  cornes, p.  245  6^ 
fuip*  Ses  habitudes , p,  249- 

Cercle*  Quelquefois  on  voit  de  loin,  les  très- 
grands  ferpens  repliés  fur  eux-mêmes,  & formant 
ainfi  un  cercle  allez  vafte  & affez  élevé,  Vol*  III, 
p.  64  & 65. 

Chaîne  (\?L  Couleuvre^  a été  obfervée  k la  Caroline, 
par  Catesby  ik  M.  Garden , Vol*  IV , p.  89.  Sa 
defcription,  Ibid* 

Chaleur.  Diffère nce  des  effets  de  !a  chaleur  du 
printemps  & de  ceux  de  la  chaleur  de  l’automnei 
lur  les  .ferpens,  Ko/*  III , p- 45. 

Chapelet.  H ne  faut  pas  confondre  cette  Couleu- 
vre, avec  celle  que  Catesby  a nommée  de  même, 
VcUW  , p.  21.  Sa  defcription,  Ibid.  Ce  ferpent 
n’eft  pas  venimeux,  p.  22.  Dimenfions  d^un  indi- 
vidu de  cette  efpèce , confervé  au  cabinet  du 
RoijiW. 

Chatoyante  ( la.  Couleuvre ) fe  trouve  en  Suiife  ^ 
VoU  IV  3 p.  I2i«  Sa  defcription,  Ibid* 


î)Es  Matières.  3(39 

jfdefcription  du  ^ Vol-  IIÎ  , p,  286.  Il 
cft  venimeux  & fe  trouve  en  Aüe , Ihid.^ 

Cherfea.  Contrées  où  i^on  trouve  cette  vipère  ^ 
Vol-  111,  p.  217.  Sa  defcripdon  5 Uid,  Remèdes 
Contre  fon  venin  , JP.  218  6*  flûp. 

Cigognes  fhsj  font  ennemies  des  ferpens , Voè* 
IV , P-  94. 

Ceèel.  L^i  Couleuvre  Cobel  fe  trouve  en  Améri- 
que, Vol-  IV  , pag-  78.  Sa  defcription,  Ibid-  ^ 
fuiv- 

Collier  ( fa  Couleuvre  à ) fe  trouve  en  très-grand 
nombre  dans  plufieurs  provinces  de  France, 
Vol.  in , p-  335.  EHe  eft  très -douce,  Ibid,  Sa 
defcription,  p-  336.  Ses  habitudes  , jp.  338  Cf 
fniv-  Sa  familiarité  forfqidelfe  eft  dans  une  forte 
d^état  de  domefticité , Ibid-  Ennemis  qu^elle  a à 
craindre,  p,  343»  Son  goût  pour  le  lait,  jp.  346.  On 
alfure  qu^elle  tette  quelquefois  les  vaches,  Ibid.  On’ 
a prétendu  qu’elle  entroit  quelquefois  par  la  bou- 
che dansie  corps  de  ceux  quidormoientfurPherbe, 
347.  On  a employé  fa  chair  en  médecine  , p-  348» 

Colubrin  , ( defcription  de  l’An  guis  ) VoL  IV  , 
j?.  271. 

Colubro  Uccellatore-  Nom  donné  à une  Couleuvre 
de  Sardaigne  , qui  peut-être  eft  de  i’efpèce  de'  la 
verte  & jaune,  VoLlU^p-  334. 

Conformation-  Defcription  de  la  conformation  in"* 
térieure  des  ferpens  , Vol-  III p.  6 & fniv- 

Continents.  Les  ferpens  paroiflent  à-peii-prés  éga- 
lement répandus  dans  les  deux  continens  en  raifoa 
de  la  chaleur^,  de  l’humidité  de  i’efpace  libre  ^ 
VoLlll,  p.  23. 


570  T ^ B L B 

Contrées  équatoriales  ( ce  n’eft  qu’aux  environs 
des^  qu’on  rencontre  ces  énormes  reptiles,  l’effroi 
des  Voyageurs, 'Ko/.  III  , p.  28. 

Corallin^  defcription  du ) VoL  III 290.  Il  fe 
Irouve  dans  les  Indes  , p»  291, 

Cmm  ^ rAnguis ) fe  trouve  en  Egypte , Ko/.  IV ^ 
f-  273.  Ses  caradtères  diftindifs , 

Cornus ( ferpens  delà  Côte  d’or.^  Il  paroît  qu’on 
doit  les  rapporter  à l’efpèce  de  l’ammodyte  , KoA 
III, j7.  240* 

ro«/ez/rs.  Nous  n’einployons  qu’avec  réferve  les 
caradèrcs  tirés  des  couleurs , pour  faire  reeonnoître 
les  différentes  efpéces  de  ferpens  , Ko/,  lü  , p*  97* 

CoureJJè,  Le  nom  de  cette  Couleuvre  vient  de  fa 
lapidité  avec  laquelle  elle  s’enfuit  , lorfqu’elfe 
apperçoit  quelqu’un,  Ko/.  IV, 66.  Sa  defcrip- 
lion , Ibid^  Pays  où  on  la  trouve , Uid, 

Cryjcaux*  C’eft  dans  les  campagnesde  l’Inde,  où 
les  cryftaux  & les  pierres  dures  préfentent  les 
îiuances  les  plus  vives,  que  la  nature  a réuni  fur 
fa  robe  du  Boiga,une  image  fidèle  de  ces  riches  or* 
nemens,  Ko/.  III,  j:^.  428. 

Cuira ffee*  Rapports  de  la  Couleuvre  cuiraffée 
avec  la  Couleuvre  à collier,  VoL  IV , p^  37.  Sa 
dêfcription,  Ibid*  Pays  où  on  la  trouve  > Ibid* 

D 

DAnoTE.  Ce  ferpent  eft  la  divinité  dti  ropume 
de  luida,  Ko/.  IV,  31.  Sa  defcription  , 

Ses  habitudes,  j.  33-  ii  détruit  les  ferpens  vcnw 


DES  Matières.  3:7 i 

aïeux,  Ihid.  Origine  du  cuîte  qu’on  lui  rend, 
p,  34.  On  lui  confacre  des  temples , de  riches  of- 
frandes & de  jeunes  Négrefîes,  p.  36  ô"  fuiuantes» 

Dames»  ( Couleuvre  des ) Sa  defcription , VoL 
in,  j?.  374«  Ses  habitudes,/,  375*  Sa  familiarité , 
P»  376  y fuip. 

Dard,  Ce  ferpent  fe  trouve  à Surinam , Vol  IV , 
/.  85.  Sa  defcription  , Ihld» 

Décolorée»  Defcription  de  la  Couleuvre  décolorée. 
Vol»  IV,/.  5.  On  la  trouve  dans  les  Indes  , Ibid^ 

Demi-<oUier»  Defcription  de  cette  Couleuvre, 
Fb/.  III,  P»  368-  Elle  fe  trouve  non- feulement 
au  Japon,  mais  encore  en  Amérique  , p»  369. 

Dents  crochues  mobiles  venin  de  la  vipère 
commune;  leur  defcription.  Vol.  lïl  , /.  1646^ 
fuiv»  Lorfque  fanimal  les  perd,  elles  font  fouvent 
remplacées  par  d’autres , p,  176.  Grandeur  des 
dents  du  devin  , VoL  IV  , p»  151. 

Dépouille  d’un  ferpent  ; fa  defcription  , Vol»  III  ^ 
/•  363  y fnîp» 

Dépouillement  ( temps  du  ) de  la  vipère  com- 
mune, FoU  III,/*  198.  Les  ferpens  fe  dépouil- 
lent chaque  année  comme  les  quadrupèdes  ovi- 
pares, p&g,  47*  Manière  dont  s’opère  le  dépouil- 
lement des  ferpens  , pag»  363  6*  fuin»  Cette  ma- 
nière a beaucoup  de  rapports  avec  celle  dont  les 
Salamandres  à queue  plate  quittent. leur  peau, 

p>  365- 

Développement  fie)  des  ferpens  a dû  fe  faire  en 
longueur  plutôt  qu’en groffeur , Fb/.  XII,/.  20, 

Devin  (le J eû  parmi  les  ferpens  comme  rélét 

Q^j 


3 7 i Table 

phant,  ou  îe  îion-'parmi  îes  quadrupèdes,  Vol^  lY  f 
p,  143. Ses  dimenllons,  1 44 S*.  149.  Sa  defcription  , 

150.  Ses  eouleurs, /?.  i53.'Sa  force, 156.0114 
lui  a rendu ïe^  honneurs  divins  en  Afrique,  & en 
Amérique  & peut-être  en- Aiie^j?- 157  6*  fiTw.  Pays 
qu"if  habite  , p.  160.  Il  paroît  que  c’eft  dans  les 
défe rts  de  {^Afrique  ; qu'ii  parvient  à la  longueur' 
îa  plus  coniidérabfe , p.  164.  Moyen  d’arrêter  fa 
pourfuite^  p.  165.  Il  nage  avec  facilité  i66-  it 
îe  roule  avec  promptitude  jufqu’au  fommet  des 
arbres  les  plus  élevés  , p,  167.  Manière  dont  il  s’é- 
lance d’un  arbre  fur  un  autre,  ou  fur  la  proie  , Ibid. 
Un  coup  de  fa  queue  peut  renverfer  un  animal 
affez  gros,  p.  16g»  Il  dévore  de  grands  animaux, 
tels  que  des  cerfs , des  taureaux  , &c.  Ibid^  Ma- 
nière dont  il  attaque  fes  viétimes^  p.  170.  Il  les 
écrafe  & les  prépare  pour  ainfi  dire,  avant  de  les 
avaler  ,j?.  171  & fuiu»  11  eft  un  peu  engourdi,  lorf*^ 
qu’il  a dévoré  une  proie  un  peu  confidérable  , 
j7.  172.  Lorsqu’il  eft  afibupi,  il  eft  pris  quelque- 
fois pour  un  tronc  d’arbre.,  Ibid*  On  choifit 
le  tems  de  fa  torpeur  pour  lui  donner  la  mort , 
p.  177,  Les  Nègres  & quelques  Indiens  mangent 
fa  chair  ,p-  1 80.  On  a fait  ufage  de  fa  peau  j p.  1 8 r. 
Temps  de  fon  dépouiilemeijt , p.  183,  Sailun  de 
fes  amours,  Ibid*  Il  eft  très-vivace , p.  187. 

Dhara  (h  J habite  l’Arabie  heureufe , Fb/. 
IV  ,p.  53.  Sa  defcription  , Ibid* 

Dig^ftion,  Dans  la  plupart  des  ferpens,  la  dî- 
geftion  eft  très  longue  , Fol.  III , p.  56. 

Dioiie.  Defcription  de  cctte  Couleuvre,  VoU 
IV,  p.  iÇ*  Ses  couleurs  font  très-élégantes 
^Ses  habitudes  font  très-douecs,  Ihïi*  Pays  où  on 
la  tvOuve,p.  20, 


DES  Matières.  575 

Dipfs,,  Gn  rencontre  en  Amérique  ce  ferpent 
venimeux,  Voi>  III,;?.  317*  Sa  defcription , 

«Nous  aurions  defiré  de  pouvoir  fermer 
deux  fous  diVîlions  dans  la  divifion  des  Coülea-, 
Vres  ovipares  , VoU  JII , 91. 

Domejlkité.  Quelques  ferpens  ont  été  réduits  à 
une  vraie  domeiticité,  Vol  III,  p,  42. 

Domefligua,  ( Couleuvre ) Habitudes  de  ce  fer-t 
pent,  & les  caradères  diftinétifs,  Vol  IV, p.  47, 

Douhk-raie*  ( Couleuvre ) Defcription  de  ce  fer-» 
pent  , Vol  III,  422.  Ses dimeniions,;?. 423. 

Douhk-tache>  Les  Couleurs  de  cette  Couleuvre 
fontauffi  agréables  que  fes  proportions  font  légères  ^ 
Vol  III,;?.  424.  Sa  defcription,  Ibid. 

Dry  mas.  Defcription  de  ce  ferpent  à fonnette 
qui  habite  PAmérique  , VuL  IV,  p.  245. 

DutïJJus.  Caractères  diftinétifs  de  ce  ferpent  à 
fonnette,  VollV  ^ p.  246. 

E 

üx.  Les  grands  ferpens  attendent  leur  proie 
fur  le  bord  des  eaux  , Vol,  III , p.  65. 

Écailles^  Diverfes  formes  des  écailles  des  ferpens  5 
Vol.  III  ,p.  5 & fuiv.  & p^  95- 

Ecrivains  facrés.  Le  ferpent  employé  comme  fym-- 
bole  par  les  écrivains  facrés,  Vol  111,^.78. 

Egypte.  ^ Vipère  d’  Cette  Vipère  paroît  être 
celle  qui  donna  la  mort  à Cléopâtre,  Ko/.  III, 
p,  232.  Sa  defcription  , p,  233.  Effets  de  fon  ' 
venin  fuivant  les  Anciens,  On  peut  croire  quç 


374  TABtM 

èe  ferpent  eft  l'afpic  dont  Püne  a peint  Rattache- 
ment pour  fa  femelle,;?.  235. 

EgvptUns,  Opinions  des  Egyptiens  relativement 
âux  (erpens,  Ko/.  III,  ;?.  71  àf  fuiv> 

Elaflicité  des  diverfes  portions  du  corps  deâ 
ferpens  , Foi  III,  /?.  16. 

Ele&rique  (Iqïqw  J elt  un  des  grands  agens  dont 
fe  fert  la  nature  pour  animer  les  êtres  vivans,  VoU 
III,  jp.  47.  Son  abondance  augmente  les  effets  delai 
chaleur  fur  les  ferpens , Ibid- 

Emblème  de  la  candeur  & de  la  confiance, 
imaginé  par  les  Anciens,  FoL  III, 

Enfumé.  fV  ) Defcription  de  cette  amphisbène. 
Fol*  IV  y p-  296.  Ses  habitudes,  2^7.  Son  utilité 

En^uT.diffkment,  Les  ferpens  éprouvent  pendant 
l’hiver  des  latitudes  élevées,  un  engourdifferaent 
plus  où  moins  profond  , FoL  III,  p,  45- 

Enydre,  Le  boa  Enydre  habite  RAmérique, 
Fol,  IV , 206.  Sa  defcription , Ihii, 

Eryx,  Defcription  de  cet  Anguis  qui  a beaucoup 
de"  rapports  avec  ROfvet,  Fol.  IV  , p.  264. 

Efiulape.  Defcription  de  la  Couleuvre  d^Efcu- 
îape,7^o/-  III,  p.  358.  Pays  où  on  la  trouve, 
p.  359.  Ses  habitudes , 360»  Les  charlatans  fa  mon- 
trent fouvent  au  peuple  auquel  ils  cherchent  de 
perfüader  qu’elle  eft  très-venimeufe,  359- 

Ejpèces*  Nombre  des  efpèces  de  ferpens , FoL 
III,  p.  5.  Les  grandes  efpèces  de  ferpens  appar- 
tiennent à un  plus  grand  nombre  de  contrées 
dilféréutes  que  les  petites,  /.  24. 


nEs  Matières.  37^ 

Eternités  Pourquoi  îes  Anciens  ont  regardé  îe 
ferpent  comme  le  fymbole  de  Péternké^  ÉoL  111  y 

F- 

' F 

JFEit-yê^cHErAL  (\q ^ habite PAmérîque,  Vol  IV, 
p,  1 1 7-  Sa  defcription , 1 1 8, 

Fer-de-Unce,  Pays  où  l'on  a obfervé  la  vipère 
Fer-de-lance , Fol*  III,  301.  Sa  defcription  5 
pi  %02  & y^/V.  Variété  de  cette  efpèce  ,7?*  305. 
Habitudes  de  cette  Vipère,;?.  307.  Durée  de' 
fa  geftation , j[7.  309..  On  a trouvé  fa  chair  un  mets 
agréable,  p.  312.  Activité  de  fon  venin,  id*  ^ 
fui;» 

Fil(\Q)  habite  les  Indes  orientales  & occiden-- 
taîes,  JFqL,  IV , ;?-  7.  Sa  defcription  , 8. 

Fluide  éhâriqm  (.  le  } répandu  en  abondance 
dans  Patmolphère  paroît  être  favorable  ^ même 
néceflaire  aux  ferpens , Vol  III,  ;?.^28- 

Force.  Origine  de  la  force  des  très-grands  fer^ 
pena,  VoL  III,  67. 

G 

G^J-onnee^  f Coideuvre  ) Defcription  de  cette 
belle  Couleuvre  ^ Vo  L \\l,  p^  399.  Pays  où  on  la 
trouve,/?.  4G0,  . 

Gaielles  ( les  ) font  fouvent  la  proie  des  très- 
grands  ferpens,  Vol  III,/?; 

^ Genres*  Nous  avons  réuni  en  huit  genres  îes- 
diverfes  efpèces  de  ferpens , VbUlll  ^p*  %2  & 

Gîmdcs,  Dans  plufieurs  efpèces  de  ferpens  >vd^ 


Tabès 


376 

glandes  particulières  exhalent  une  odeur  très* 
?3rte  , FoU  III , 56. 

Goût(^  le  ) des  ferpens  peut  être  aflez  aèlif, 
Vol-  III,  39. 

GraiJJè.  On  trouve  fouvent  une  matière  graif^ 
feufe  au-deffbuâ  de  la  peau  du  ventre  des  fer- 
pens, Vol-  III,/?-  9» 

Grandeur  des  ferpens , Vol.  III,  p.  19  ^ fuiu* 

Grecs-  Opinions  des  Grecs  relativement  aux 
ferpens,  Vol-  III,  /?•  71  ^ fuiv- 

Gtenouilk  écailleufe.  Defcrîption  de  cette  efpèce, 
Vol.  IV,  p.  345. 

Grifon.  Sa  defcrîption.  Vol.  III, /?  390.  II  fe 
trouve  dans  les  Indes , Ibid- 

Groiii.  ("le J Origine  du  nom  de  ce  Boa,  Vol- 
IV,/?.  196.  Sa  defcription , Ibid.  Pays  où  on  le 
trouve,  Ibid. 

Gronouius.  Le  ferpent  décrit  par  ce  Naturalifte, 
f Nv®  22  J 2i  beaucoup  de  lapports  avec  la  Couleu- 
vre lifle , Vol-  III , p-  353.  Piufieurs  Couleuvres 
décrites  par  cet  Auteur,  Vol-  IV  , p. 

Grofjk-tête-  Cette  Couleuvre  fe  trouve  en  Amé^ 
rique.  Vol-  IV  , p-  6^-  Defcription  d^un  indivi- 
du de  cette  efpéce , qui  fait  partie  de  la  collec- 
tion de  Sa  Majefté,  Ibid. 

H 

Uæmjchate,  Defcription  de  ce  ferpent  veni- 
meux, Vol-  III  , 294. 

Haje-  Cette  Couleuvre  habile  PEgypte , Vol-  IV  ^ 


UES  Matières.  377 

49*  Sa  defcription  > On  trouve  en  Egypte 
une  autre  efpèce  de  Couleuvre  , qui  eft  veni- 
meufe  , & qui  fe  nomme  aufli  Hnje,  Ihid» 

Hànnarch  Æfu<ed.  Defcription  de  cette  Couleu- 
vre ^ J^ol*  IV , /.  57*  Conte  des  Arabes  au  fujet 
de  ce  ferpent , Ibid^ 

■'  Hébraïque  ( la  Gouîetivre  ) eft  venimeufe , VoU 
III,  p.  284.  Elle  fe  trouve  en  Afie,  Ibid,  Sa 
, defcription  , 

Hipnale,  Ce  Boa  fe  trouve  dans  le  royaume  de 
Siam,  Fol.  IV,  p.  i88.  Sa  defcription  , Ibid. 

' llooiin.  Efpèce  de  faifan,  ennemie  des  ferpensî 
Fo/.  IV,  j;.  93. 

Hofleik.  Cette  Couleuvre  fe  trouve  en  Arabie  , 
Vol.  IV , p.  56.  Courte  defcription  de  ce  fex- 
pent , Ibid. 

" Humidité. ^Uhumidité  combinée  avec  îa  chaleur 
paroît  très-favorabîe  aux  ferpens,  Vol.  III,p.  28’*. 

Hydre*  Defcription  de  cette  Couleuvre  que 
M.  Pallas  a obfervée  dans  les  environs  de  là  mei 
Cafpienne  , Vol  IV  ^ p*  14. 

J 

Ibi^re.  Defcription  de  ce  Cœciîe^  Vol.  IV, p»  301. 

/y^/oe.  Sa  defcription , ^0/.  IV  ,p.  1 19.  Ses  ha- 
bitudes, p.  120. 

Ibiboca.  Cette  Couleuvre  fe  trouve  au  Brélil , 
Vol  IV  , p.  126.  Sa  defcription , 

Ihh  (\t^)  font  ennemis  des  ferpens , Vol  IV  ^ 

/•93- 


V 


XI 


57?  T A 3 L 

Indiens»  Dès  les  temps  les  plus  reculés  , ïe  fer- 
pent  a été  regardé  par  les  Indiens,  comme  le 
fymbole  de  la  divinité  & de  la  fageffe  éternelle , 
yoU  III , note  de  la  p.  76. 

Tnfe&es.  C^eft  précifément  dans  les  contrée® 
brûlantes  où  pullulent  des  légions  innombrable® 
d^infedtes  de  vers  que  la  nature  a placé  le 
plus  grand  nombre  de  ferpens,  VoL  lll,/?.  412. 

lnflin&.  Force  de  Finftinét  des  ferpens , Fb/.III, 

37  8*  fuip^ 

Intelligence»  VmtelWgence  humaine  a doublé, 
pour  ainli  dire,  la  vie  que  la  nature  avoit  accordée 
à l’homme , Fol»  III , p»  54. 

/ 

J AU  N B ET  Bleue,  ("h  J Defcrîptîon  de  cette 
belle  Couleuvre  de  Java,  Fifl.  IV  ^ p.  66- Elle 
n’eft  pas  venimeufe, 

Jaune  ^ Brun  ("PAnguisJl  jfe  trouve  dans  l'A- 
mérique feptemrionale,  Fol.  IV  ^p.  276.  Sa  def- 
cripçion,/?.  277. 

Jouflue»  ( Couleuvre^  Defcrîptîon  de  cette  Cou- 
leuvre des  grandes  Indes , FoU  III  , p.  379. 

Jupiter»  Lesfcrpens  confacrés , fuivant  Hérodote  ^ 
à Jupiter,  ou  pour  mieux  dire  à la  divinité  Egyp- 
tienne qui  repréfentoit  le  Jupiter  des  Grecs , 
étoient  peut-être  de  Fefpèce  du  Cérafte , Fol»  III, 
P-  254. 

L 

IjActL  Couleurs  du  Laété , Fol  III,  p»  288.  Sa 
defcription^  J?.  289. 


DES  Matières.  379 

Langaka,  Caraâères  diftindifs  desLanga^a , Ko/. 
IV^p»  305*  Defcript.  du  Langaha  de  ÎV!adagafcar> 
Uid,  On  peut  préfumer  qu^iieé  venimeux ^ p»  307. 

Langue  (forme  de  !a)  des  ferpênS;  Vol*  III, 
note  de  la  39*  Defcription  de  la  langue  de  la 
Vipère  commune,  p*  193. 

Laphkîl*  Defcription  de  cette  Couleuvre  du- 
Bréfil,  VoL  IV,  p.  86. 

Large  •tète.  Origine  du  nom  de  la  Couleuvre 
Lar^e-tête,  Vol*  IV , j:?*  137.  Sa  defcription, 
Ihfd,  & faïp, 

Léheris^  ( defcription  du  ) Vol*  III,  p,  320* 
Il  le  trouve  au  Canada,  Ibid* 

Lèhemu  Defcription  de  ce  ferpent  venimeux^ 
Vol*  III,  p.  283.  Pays  où  on  le  trouve,  Ibid* 

Làiard  cornu,  Defcription  de  cette  efpèce  & fes 
rapports  avec  Piguane  , Vol*  IV,  p,  335. 

Léiard  gtis  (le J donne  le  jour  quelquefois  k 
des  petits  tout  formés,  Vol*  IV , p,  331. 

Lien*  La  Couleuvre  Lien  habite  la  Caroline  & 
la  Virginie,  Vol*  IV,  p*  103.  Sadefcription, 

Ses  habitudes,  Ibid*  é*  fuip. 

Lijfe*  Defcription  de  la  Couleuvre  Lifîe  qui  fe 
trouve  dans  pîuiîeurs  contrées  de  PEurope , Vol*  III, 
/•  349*  ^ Ses  habitudes,/?.  352. 

Lom/r/c. (le^ Defcription  de  cetAnguis,  VoUlVf 
p*  287. 

Long-nex.  (le  ^Defcription  de  cet  Anguis,de 
Surinam,  Vol*  IV,  p,  283- 

Longueur,  Le  rapport  de  la  longueur  du  corps  ^ 


380  Table 

à celle  de  îa  queue,  eft  affez  conftant  dans  pîti- 
fîeurs  efpèces  de  reptiles , VoU  III , mtt  de  la 
p‘  100.  Utilité  de  la  ccnnoilTance  de  ce  rap- 
port pour  diftinguer  les  efpèces  de  ferpens, 
léid. 

Lunettes  ( le  ferpent  à ) ou  le  Naja  fe  trouve 
dans  les  Indes  orientales,  VoU  III , 255.  Sa 

defcription,  p.  257.  DeCcription  de  la  femelle, 
p.  2’^3.  Habitudes  du  Naja,  p,  264.  Manière  dont 
les  charlatans  Indiens  le  domptent,  & le  font  fer- 
vir  à amufer  le  peuple,  p.  265.  Remède  contre 
fa  morfure,j7.  270.  Refped  religieux  de  plufieurs 
peuples  de  l^Inde  pour  ce  reptile,  p*  271. 

Lunettes  ( ferpent  à ^ du  Pérou,  Sa  defcription, 
VoL  III , p,  279. 

Lunettes  ( ferpent  à J du  Bréfil.  Sa  defcription  ^ 
Vol  III,  p^  281. 

Lutrix.  Defcription  de  ce  ferpent , Vol  III  , 
P*  370.  Il  fe  trouve  dans  les  Indes , 

M 

Jld^CHOTRES.  Manière  dont  les  mâchoires  des 
ferpens  font  articulées.  Vol  III,  p,  58.  Defcrip- 
tion  des  mâchoires  delà  Vipère  commune  ,p.  194* 

Malpole^  ( defcript.  du ) Vol  III , /•  418  , Pays 
où  on  le  trouve  , p.  419. 

Maure  ( la  Couleuvre  ) fe  trouve  aux  environs 
d’Alger,  Vol  IV,;?.  51.  Ses  caractères  diftindifs, 
Ibid. 

Mélanis,  Cette  Couîeuvie  venimeufe  fe  trouve 


DES  matières.  381 

fur  ïes  bords  du  Voîga  , FoL  111  j p.  228.  Sa  def- 
cription,  Ibid. 

Mexicaine  (h  Couleuvre  ) fe  trouve  en  Améri» 
que,  Ko/.  IV,p.  93-  Sa^defcription  ,p.  94. 

Mexicains,  Le  ferpent  employé  comme  emblème 
par  les  anciens  Mexicains,  Vol,  III, p.  73* 

Miguel  (\q)  habite  PAmérique,  Voi  IV,  p. 
274.  Ses  caractères  diftinCtifs,  Ibid, 

Miliaire,  ^defcription  de  la  Couleuvre  ) VoU 
III,  p,  41 1.  On  la  trouve  dans  les  Indes , Ibid, 

Milieu  Befcrîption  de  ce  ferpent  à fonnette, 
quePon  trouve  da^s  la  Caroline  , Vol,  IV,  p»  243. 

Minime,  ( Couleuvre ) Defcription  & dimenfions 
de  ce  ferpent.  Ko/.  111,^*409.  Pays  où  on  le  trouve, 
Idem, 

Mineri^e,  ( Couleuvre  de  ) Defcription  de  ce 
ferpent  qui  fe  trouve  dans  lesindes  ^ VoL  111 , p.  405. 

Mohire,  La  tête  de  cette  Couleuvre  reflemble 
beaucoup  à celle  dés  Boa , Ko/.  III , p.  420.  Def- 
cription de  ce  ferpent , Ibid^  Il  fe  trouve  dans  les 
Indes, p.  421. 

Monflruofités,  De  la  nature  des  monftruofités , 
Vol,  iV,  p.  314.  Leur  étude  peut  conduire  quel- 
quefois à des  vérités  importantes,  Ibid, 

Mouchetée,  Les  habitudes  de  cette  Couleuvre  font 
très  - dfFérentes  de  celles  du  Boiga  & d'auties  Cou- 
leuvres, Vol,  IV,  p.  68.  Pays  qu’elle  habite,  Ih* 
Sa  defcription,  p.  69. 

Mueu  Rapports  du  ferpent  muet  avec  les  fer- 
pens  à fonnette  , Ko/.  IV^  p.  207.  Sa  defcription, 
Ibid, 


Table 


382 

Muqueufe.  ^îa)  Defcription  de  cette  Couîeuvrè 
que  M.  Linné  a fait  connoître,  VoU  lY  ^p,  11- 

N 

Nageur-  Nom  d’un  ferpent  de  Sardaigne  qui 
eft  peut-être  de  Pefpècede  la  Couleuvre  à collier, 
^oL  III , P-  348. 

Nafique-  ( Couleuvre  J Defcription  de  cette 
Couleuvre,  VoL  IV  ^ p-  6o«  Forme  de  fon  mu- 
feau,  61.  Origine  des  noms  qu’on  lui  a donnés ^ 
Ibid*  Il  paroit  qu’file  n’eft  pas  venimeule , Son 
corps  eft  très-délié , j[7.  63.  Ses  habitudes,  Ibid» 
Pays  où  on  la  trouve , Ibid- 

Nébuleüfe  ^la  Couleuvre  ^habite  PAmérique , 
VoL  IV, jp.  99»  Sa  defcription  ^ Ibid.  Elle  s’entortille 
autour  des  jam^s  de  ceux  qui  paffent  trop  près 
d’elle,  p.  100. 

Noire  ( la  Vipère ) fe  trouve  en  Europe  , VoL 
ni,  p-  224  Sa  defcription,  Ibid,  Qualité  de  fon 
p,  227»  venin , Ses  habitudes , Ibid* 

Noire  & Faiwt  ^la  Couleuvre^  a été  obfcrvée 
à la  Caroline,  VoL  IV , /?.  88.  Defcription  defes 
couleurs,  Ibid-  Nombre  de  fes  plaques , 

^ Nourriturt.  Les  très-grands  ferpens  ont  befoîii 
d’entretenir  leurs  forces  par  une  grande  quantité 
de  nourriture  fubftantielle , VoL  55*  Les 

ferpens  peuvent  palfer  pluûeurs  mois  fans  manger 

i>-  68- 

Odorat.  L’odorat  des  ferpens  ne  doit  pas  être 
très-fin,  Vol*  III, 38, 


DES  'M  ATI  È R ES,  385 

Œttf.  Tous  les  ferpeos  viennent  d’un  Oeuf,  Foi^ 
lîl , P*  3p*  L’on  doit  admettre  deux  fortes  d^œuf, 
ffofe  de  la  P* 

Œufs.  Nombre  des  œufs  de  la  Vipère  commune, 
Fol  llî , P»  206.  L-e  nombre  des  œufs  doit  varier 
dans  les  ferpens,  fuivant  les  efpèces , 32*  On 

ignore  s’il  ^ diminue  à proportion  de  la  grandeur 
des  reptiles  , Ibid,  Dans  quelques  efpèces  les  œufs 
ne  fartent  pas  immédiatement  l’un  après  l’autre, 
P»  34  L’on  ne-fait  pas  combien  de  jours  s’écoulent 
dans  les  diverfes  efpèces,  entre  la  ponte  & le  mcn 
ment  où  le  ferpent  vient  à la  lumière , p»  35,  Les 
femelles  des  ferpens  ne  couvent  pas  leurs  œufs, 
p,  36.  Endroits  ou  elles  les  dépolent  , Ilndf  & 
fuiv^  Manière  dont  les  ferpenteaux  font  ' pla'  és 
dans  l’œuf , p,  37.  Il  fe  pdurroit  que  les  œufs  dess 
Céraftes  n’éclolenf  pas  toujours  dans  le  ventt-e  de 
la  mère,  p,  252.  Defeription  des  œufs  de  la  Cour 
ïeuvre  à collier,  p,  341*  L’ignorance  les  a quel- 
quefois regardés  comme  des  œufs  de  coq,/^i^/.Nom-p 
bre  de  ces  œufs,  j:;.  343,  Grande  différence  entre 
la  grofîeur  des  œufs  du  ferpent  devin,  & la  longueur 
àlaqueileil  parvient,  Fol»  J V.  p»  185*  Ces  œufs  ne 
font  pas  couvés,/.  186,  Le  nombre  des  œufs  du 
Boiquira  eft  peu  confidérable, /.  232» 

Orages  ( les  ) paroiffent  augmenter  l’aétivité  d[u 
Boiquira,  FoL  IV.  /•  231. 

Ordrt  (V  ) des  ferpens  eft  très  ^ nombreux, 
fol.  m,  p.  Si. 

Orpet,  Pays  où  on  lie  trouve.  Fol,  IV,  p.  255. 
Bes  rapports  avec  le  feps , 256.  Sa  defeription, 
/^ref.lln’eft  point  venimeuXj/,  258,  Ses  os  font  très* 


384  Table 

caflTans,  & il  eft  très-aifé  de  divifer  fon  corps  en 
plufieurs  parties,  p,  259.  Ses  ennemis^ /?.  260. 
Manière  dont  il  s^accouple , Ihid*  Il  met  au  jour 
des  petits  tout  formés,  /?.  261.  Tems  de  fa  por- 
tée, Son  dépouillement,  262.  Ses  habi- 
tudes, P*  263- 

Ophrie-  Defcriptîon  du  Boa  Ophrie,  Vol*  IV  f 
p.  105. 

Onie*  Le*  fens  de  Pouïe  doit  être  très-obtus  dans 
îes  ferpens.  Vol-  III,  j?*  38.  On  a cru  voir  dans 
la  Vipère  Fer -de -lance,  des  ouvertures  exté- 
rieures pour  Porgane  de  l’ouïe , p.  303. 

Oi^/pare.  Propriété  que  cette  exprefiion  défigne, 
Ko/- III,  vote  delà  p-  31.  Animaux  auxquels  cette 
épithète  convient,  Ibid,  Trois  manières -dont  les 
animaux  viennent  au  jour  , note  de  la 3 3 ,Les  deux 
dernières  manières  font  les  mêmes  quant  au  fond, 
ihid.  Les  animaux  qui  viennent^  au  jour  de  la  fe-; 
coude  & de  la  troifiéme  manièie,  font  de  vyais 
ovipares , Les  autres  font  les  vivipares  pro-? 
|)remèiit  dits^  ^ ; 

Qviÿore  ( la  Couleuvre  J fe  trouve  en  Amérique  , 
Ko/.  iV' ,“  /•  1 13.  iSPombre  dé  fes  plaques  , p*  1 12. 

r,  P . . 

'P yiDÈRE-  Defcriptioh  de  bette  Coùléuvre  des 
Indes  orieiitales  / Ko/,  irr,  389-  i 

Pale , ( defcription  de  la  Couleuvre  ) Vol  III  \ 
où'ort  là  trôiPVer;'kfii6.  ; 

Parues  fexuelles  C defcription  des  ) d’une.Couleu-* 
vfe  Ibiboca  mâle , ‘ Ko/,  iv , ^ 


Pcintade. 


DES  MaTI  E S,  5“§'5i 

Pïmtaâe--  (\i}  Câràfiiêr^s  dîrtinftifs'  dè  cét  A^- 
guis  des  grandes  Indes  ^ J^oL  IV  j p-  267^ 

Pélk  ({^  J fe  trouve  dans  les  Indes  , Fol*  IV  * 
/.  6.  Sa  defcnpxiôn, 

Pétalaire*  ( Couleuvre  ) Sa  defcrlption  ^ FoU’ 
ill,  ;z.  407.  On  la  trouva  éiï  Aüe  & en  Amérique  , 
P*  408* 

Pe'ro/e*  Caradères  dJliîndtrfs  de  cettç  Couleuvre' 
d’Afrique  ',' Fô/.  IV  ^ 45. 

Pijfiïvere-  {iej  Caradères  diftiqdifs  & habitudes  ' 
de  ce  ferpent.  Vol.  IV , /?•  248. 

Planches.  1[  eft  impolî^le  de  dohhèr  dans  déc 

f>1anches  noires , une  idée  de  toutes  les  couleursfaril- 
antés  des  ferpens , Fo/.  III  , note  de  la  p.  i©2« , 
Difficulté  de  faire  des  planches  enluminées  dcexac-^ 
tes  des  divérs  reptile^ , Ibid.  Les  planches  ne  peu- 
vent pas  toujours  indiquer  la  vraie  forme  des  écail- 
les, & préfentent  quelquefois  une  diftribution  de 
couleurs , différente  de  ceile  .que  les  delcriptions  ^ 
indiquent , 103- 

P/flfwre.  f la/ Defcription  de  cef:^  Anguis  qui  a 
beaucoup  de  rapport  avec  la  queue  Lancéolée, 
Fb/.1V,  p.  285. 

Pondtuée  (\?i  Couleuvre  J habite  la  Caroline , VoU 
IV,  p-  74‘  Sa  defcription  , Ihïd^ 

Poflf/«o«5  , /grandeur  des^  dans  pfulieurs  efpéces 
de  ferpens  , Fb/.  dll  jp.  n, 

Pmii  Manière'  dont  les  très-grands  ferpensbrifent 
les  très-grands  animaux  dont  ils  font  leur  proie, 
VolvWi  y p.  59.  Les  cris  des  animaux  de  proie  ne 
font  que  des  bruits  de  guerre  ,/•  65. 

Scipens , Tome  IV.  B 


^36  Table 

prunelle  ( forme  de  !aj  des  ferpens,  Fc/.  lU 

p- 39*  . . > 

Pfylles^  C’eft  principalement  des  Céraftes  que 
îes  Lybiens , connus  fous  le|nom  de  PJylles  , pré- 
tendoient  maîtrifer  ia  force  & le  poifqn,  Fb/-  III  ^ 

n ^ 

%^u^LiTés*  De  tous  les  temps,  on  a reconnu  Tes 
^aiités  principales  des  ferpens  , Fo/.  III , p.  'ji. 

Quatrè-rales,  f hj  Defcriptiqn  de  cette  Cou- 
îeuvre  de  Provence  , Fb/.  111,^.  355. 

Queti-Paléo.  Defcription  de  ce  Lézard , Fô/.  IV  , 
jP-  337-  . 

Queue- Lancéolée*  (h)  Caradtères  dîftîndtifs  de  cet 
Angüis,  Fé)/«  IV, p.  278. 

Queue-plate*  Sa  defcription.  Vol*  III,  p*  391  6* 
^ Conformation  finguiière  de  fa  queue  , Idem, 

R 

jR^r/roÆ JS*  Defcription  de  ce  Boa  qui  fe  trouve 
en  Amérique,  P'ol*  IV  , p*  196. 

^JRayée.  ( Couleuvre  J Defcrigtion  de  cette  Cou- 
leuvre , Fol*  III,  p.  417.  On  la  trouve  en  Alie  ,■ 
Ibid. 

Reflets*  Beauté  des  reflets  du  Boiga , Fol*  III , 
p*  428. 

Remèdes  employés  contre  îes  fuites  de  la  morfure 
des  Vipères  communes,  FoLlll,p,  184. 

Répiue.  Defcription  de  cette  Couleuvre  des 
grandes  Indes , Fb/.  384, 

Reptile  (\t  nom  de  J nous  a paru  appartenir  prin^ 
cipalemcnt  au  ferment , Vol*  III  > p*  4* 


VES  T lè  RE  s.  587 

Jlefplratioti.  Manière  dont  s^opère  Ja  refpiration 
dès  ferpens  ^ Kô/*  IH  * p*  n* 

Réfeau.  (h)  Caruâères  djftindtifs  de  cet  A ng ail 
d’Amérique  > f^oLiV  9 F*  275* 

Réticulaiiefh  Couleuvre  J relTembîe  beaucoup 
à ribiboca,  Ko/.  IV,  F*  13'^-  Ses  caractères  dif- 
tindifs , Elle  habite  la  Louifiane  ^ Ibid. 

RhmhoUaU.  Couleuvre^  C’eft  dans  les  Indes 
qu’elle  fe  trouve , ^o/.  111 , 412.  Sa  defcriptîon^  . 

p.  4TJ. 

Rouge.  (\q ) Defcription  de  cet  Anguis  Vipère^& 
venimeux  qui  fe trouve  aux  environs  de  Cayenne, 
VoL  IV  , P*  279* 

'Rouge 'gorge.  Defcripdon’  de  cette  Couleuvre, 
Vol.  IV , P*  58.  Elle  fe  trouve  en  Egypte  ^Ibid.  n 
Rouleau,  f le  J Cet  Anguis  fe  trouve  dans  les 
deux  continehs.  Ses  caraCtëres  diftiaCtifs,  iToL  ^ 
IV  , p.  269. 

Rouffe.  La.  Couleuvre  roulTe  n’eft  pointvenr- 
meufe , Fb/.  IV,  p,  136.  Delcription  de  ce  fer- 
pent,  Ibid. 

Rubannée.  Defcription  de  la  Couleuvre  rubannéé , 
yol.  IV,  p.  91.  Sa  tête  reflTembie  à celle  de  plu^- 
fieurs  Boa  , 92..  Elle  fait  entendre  un  fifflement 
alfez  fort , Ibid,  Pays  où  onia  trouve  , Ibid. 

Rude.  ( Couleuvre  ) Pays  où  on  la  trouve , Ko/!, 

III,  j;.  396.  S^  defcription , /dcw. 

S 

SjSLyiMANDRES  UfTeJlrcs,  Obfervatîons  relatives 
à la  manière  dont  elles  viennent  au  jour, 

IV , p.  340* 


T yîf-  B Z E 

&>  moiivè-ment  du  fang  :dàns  îes 
-ferpeus,  FoL  ill,  /?.  9 & fub, 

Scftûrnifie,  Der<iriptiori  de  îa  Couleuvre  Satur-r. 
nîne , Vol.  IV , p.  3.  Pays  où  ou  la  trouve  , Ibid»  - 

lyawrixe. -Ce  .ferpent  de da  Caraline  a beaucoup,, 
de  rapports  avec  les  lézards , , Kü4  IV  ,,  p,  10 1,  Sa 
defçription  , Ibid» 

SckoJiari^  Lieux  «ù  on  trouve  cette  Couleuvre, 
Vol.  IV',  p.  55.  Sa  defexiption  , Ibid. 

/le  ^ doit  parvenir  à une  grandeur  con- 
iidérable  ; Ko/.  IV  , j».  204..  Deferiptioft  de  ce  * 
Boa  d^Amérlque , Ibid. 

Schytti'  Dèfctiptîon  de  la  Couleuvre  Schyl» 
que  trouve  en  * Sibérie , Ko/- 1 1 1 >/?,  230* 

'Sèn&é  Force  des  fens  dont  les  ferpens  ont  été 
pourvus V Ko4  m , fv  38- 

Senfibilité.  Supériorité  de  celle  des  ferpens , fur 
celie de  toüsies ‘^animaux,  excepté  les  oifeaùx  & 
les  quadrapèder  vivipares,  Ko/.*  III,  ^.  421^ 

Sefpmtir^  pierre  de^^  & pierre  de  ferp ent  a cha- 
preton.  Nature  de^  cette  produétion  artiftcieîlé,  <& -. 
farfesiprôpriétés  qu^on.  lui  a attribuées Ko/*  III  , 
p.  274  & fuivit 

Aé^o^c/le^iifuet^e^platie,  vu  par  M.  Baneks 
près  des  côtes  de  la  nouvelle  M^lande  ',  étoi|  ^ 
peut-être  de  la  même  efpèce  quePAnguis  àqueuç^ 
lancéolée,  Ko/. IV,/-  278. 

SerpMt  menftrHeus  ( defcrîptîph  tPûn  ) à deux  - 
tê^s\  VoVVT  i /•  319-  Defeription  d^un  ntOûftre 
femblable , vu  en  vie  par  Rédi , /,  322*‘ 


DES  MATii-iîES, 

Serpeus*Les  ariittauüfe  qui  côii^pofe^t  î^ordrede^ 
ferpens  , paroîiTent  privés  de  tout  moyen  de  4e 
mouvoir  y VoL  ill , p.  i*  Feu  d^anirnafâX^-eepen- 
■ dant  fe^tranfportent;  avec  autant  vîte?/e;q^e  îes 
ferpens ,/?.  2.  Rapports  des  ferpent  avec  feSiqua- 
drupèdes  ovipares '■&  les^  poiiTonS  y 2 & fiiv. 
Caracftères  dîftmôifs.  des  ferpens  5 /?.  3.  Defcription 
, généraie  des  ferpens,  p\  g.Diverfes  manières  dont  îe^ 

' ferpens  peuvent  fbmou  voir  fuiv.  Quelques 

efpèces  de  ferpens paroiflCent  jouir  de  la  faculté  de  fe 
s^ouvoir  prefqu’aüfli  aifément  en  arriére  qif en 
avantjp.  î 7.Manière  dont  les  ferpens  peuvent  sf’élan- 
• .cerà  dWez.grandesdlüaocesy pi  .ÎL>es fer- 

pens habitent  de  puscfêrence'ies.coîntrées  eh  au, de  s 1& 
tempérées,  p-  2%,  Il  en  oft  des  ferpens,  comme 
de  pju,iîeurs  autres  ordres  d’animaux  ceux  qui 
font  très-grands font  rarement  pludeurs  enfemble  y 
f-43- 

, *5’e,/'772?/s  à /o// //erres.  Explieation  de  îa  manière 
donc  ils  paroifiènt  contraindre  les- petits  animaux 
, qu’ils  veulent  dévorer^,  à fe  précipiter  dans  leur 
gueule,  Toi  IV , /•  22:8'.' 

SeTpentatix.  Lorfque  les  petits  ferpens  font  éclos 
ou  qu’ils  font  fortis  tout  formés  du  ventre  de  leur 
mère,  ils  traînent  feuls  leur  frêle  exiftence,  Toi 
ÏII,  p.  g?. 

Siheu,  Ce  ferpent  a été  ainli  nommé  par  les 
Hottentots  , VoL  \V  y p.  52,  Ses  cara(^ères  dii- 
tinctifs , Ibid. 

Sifflemens.  Les  grands  ferpens  préludent  aux 
combats  qu’ils  livrent,  par  des  AfSernefis  plus  ou 
moins  forts,  TgL  III,  p»  62.  Les  liSïemens  des 

R üj 


35(0  T A B L s 

très-grands  ferpens  font  bien  moins  forts  que  îes 
jügiilemeRS  des  grands  quadrupèdes  carnalïiers  & 
des  oifeaux  de  proie , 64. 

Sipède,  Defcription  de  cette  Couleuvre  d^Amé- 
lique,  FoL  IV  , p,  96. 

Sirtale,  Ce  ferpent  a été  obfervédans  le  Cariada , 
yol.  IV  , p,  106.  Sa  defcription  , Ihîd, 

•Si/w/e.  Defcription  de  ce  ferpent  d^Égypte  ^ Fb/. 
IV , p.  41. 

SociéPé»  Efpèce  de  fociété  , dont  ies  ferpens  font 
fufceptibles , Foi  IH,  p-  44. 

Sombre,  Coideur  de  la  Couleuvre  fombre  . Fol* 
IV  J p-  !•  Ses  rapports  avec  le  Boiga,  Ibid» 

Sommeil»  Les  ferpens  fortenc  de  leur  foinmeiî  an- 
nuel, lorfque  les  premiers  jours  chauds  du  prin-, 
temps  fe  font  fentir  , Foi  lïl , p»  45. 

Sonnette»  Defcription  de  la  fonnette  du  Boiquira, 
& d'autres  ferpens  à fonnette.  Fol»  IV  , p.  217 
6*  fnin»  Manière  dont  les  pièces  de  la  fonnette  du 
Boiquira  ,font  emboitéesBune  dans  Tautre  , p,2i%» 
Ias  diifèrentes  pièces  de  la  fonnette  n'ont  été 
formées  que  fucceilivement , p,  221.  Egalité  ou 
inégalité  des  pièces  de  la  fonnette,  fuivanc  que 
l'animai  n'a  pas  grandi  ou  a cru  dans  les  inter- 
valles de  la  formation  de  l’une  à la  formation  de 
l’autre  , p»  222.  Rapport  du  nombre  des  pièces 
avec  celui  des  inues  particulières  opérées  à l'extré- 
mité de  la  queue  du  ferpent,  p 223.  Les  pièces 
des  fonnettes  font  très-fragiles , /?.  225*  Accidens 
qui  peuvent  diminuer  la  longueur  desfonnettes > 
p»  226.  Diltaiice  à laquelle  on  peut  les  entendre, 
Ibid. 


DE  s Mat I h RE  s.  591 

Striéei  ( la  Couleuvre  J Sa  defcrîption  , Vol  I 
p.  72.  Pays  où  on  la  trouve,  Ibid*  Gn  doit  peut- 
être  rapporter  à cette  efpèce  un  ferpent  de  la 
Caroline  figuré  dans  Catesby^  ( V&l*  ^^pL  46^^. 
73.  Defcription  de  ce  ferpent,  Ihïd* 

Snijjl  ( la  Couleuvre  ) fe  trouve'  aux  environs 
du  Mont-Jorat,  p.  defcription, 

P*  124. 

Symminique-  ( Couleuvre ) elle  n’eft  pas  veni- 
meufe,  Vol*  IV ^ p*  26.  Ses  caractères  diftinc-* 
tifs,  Ibid. 

T 

mèthodiquè*  Elle  ne  devoît  pas  prèfenter 
les  diverfes  efpèces  de  ferpens,  dans  le  même 
ordre  que  celui  dans  lequel  on  a expofé  les  traits 
de  leur  hiftoire,  VoL  lîl , p,  97.  Explication  des 
dix  colonnes  qu^eile  renferme,  p.  99. 

Tachetée  ('h  Couleuvre  J fe  trouve  h laLoui- 
fiane,  Val  W , p*  128.  Elle  n^eft  point  veni- 
meufe,  Uid,  Sa  defcription  , îbid. 

Tète*  Manière  dont  les  ferpens  portent  leur 
tête  lorfqifiis  changent  de  place,  Vol  UI  ,-/•  15- 

Tête- noire*  Defcription  des  couleurs  de  cette 
Couleuvre,  Vol.  IV‘,p.  80.  Forme  de fes écailles, 
Ibid*  Ce  ferpent  fe  trouve  en  Amérique,  Ibid* 

Tête -rouge.  ^lézard  J Sa  defcription , Vol  IV, 
P-  3T5- 

Tète- triangulaire.  Defcrîption  de  cette  vipère  de 
Fille  S.  Euftache,  Vol  III,  p.  315. 

Riv 


. T ui  B L E 

r Tlgt^ée,  /^dçfçription  de  !a  Couleuvre ) , VoL  111  $ 

'T’/^/^^.  Gomfcats^  des  tigres  contre  les  très-grands 
t^ferpeiis  III  , j7.  66- 

Tortue  à boîte.  Sa  delcripdon  y VoU  W y p»  3^9. 

Tortue  grecque^  Indication  d^gne  variété  de  cette 
„«fpèce , envoyée  de  Saint- Dorningue,  FoU  W y 
p,  328. 

Tû//c,W(  .îe  ) des  ferpens  doit  être  alftz  fort^ 
^.fV.QUl\iyp./^0. 

Trachée-artère.  Politiou  de  Couverture  de  la  tra- 
chée-artère, dans  les  ferpens,  VoU  III,  p.  61. 

Trait  ( îe  habite  l’Egypte,  Vol*  IV,  p,  272* 

• Caractères  dihinciifs  de  cec^Anguis,  Ibid» 

Traita  [ divers  ) fous  lefqueis  les  ferpens  ont 
été  montrés  dans  tous  les  tems  y.  Vol.  111,  p.  79. 

Très- blanche  ia  Couleuvre  ) 'fe  trouve  en  Ly- 
bie  , Vol.  \\\,  p,  297*  Sa  defcription  / 

Triangle  C ia  Couleuvre  ) habite  l’Amérique, 
Vol  IV,  p.  130.  Origine  de  fon  nom,  Ibid-  Sa 
defcription  , Uid. 

Triple- rangé  Defcription  delà  Couleuvre  triple- 
tang,  VoU  IV,  p.  131*  Elle  fe  trouve  en  Amé- 
rique , Ibid,  , 

Trifcale.  Cette  ' Couleuvre  fe  trouve  dans  les 
Indes  orientales  &. occidentales  , VoL  lllyp^  397. 
Defcription  de  ce  beau  ferpent, /dew. 

Trois  - raies  ( la  ) fe  trouve  en  Afrique  y VoU  IV  y, 
p*  30*  Caractères  diftinCtifs  de  ce  ferpent,  Ibid* 


UES  M^TJÈRES.^^J^ 

'^uhercuhi*  On  < voi  t au-dèlUis  de  i’an uS' de  Pam-  - 
phisbène  enfuroé , plufieurs;  petits  itufeercuje^çi- 
blables  à ceux  que  l’on  voit  auprès  de  l’anus  de 
“plüfieurs" lézards  & du  bipède  eannèlé  5 ü. ^ IV , 

P-  300. 

J kyfUé  (.\^)  h abiteles  Indes  orienta!^  Fçk  HI , 

'p,  382.  Sa  dêlcription , Hid-  Defçriptio.n  -d’.uç 
Gouleuvre  de  la  colledlon  cju  Roi  , qui  a beau- 
jceup  de  rapports  avec  le  'l^yphic,  Uid,  383. 

: Tyrk  ( le  ) i habite  REgypte , FüUi  IV ^ p.  42. 
'Dôleription  de  ce  ferpent,  Ikd. 

r 

W^^MPUM,  Origine  du  nom  dé  cette  Couîeuvreç 
Vol.  iV  y P*  76*  Sa  defçriprion , £5’ ////V. 

Variété  des  ferpens  tant  par  leurs  dimenSons^^ 
que,  par  fa  forme  & la  place  de. leurs  éçailies^' 
les  nuances  & la-  diftributÎQn  de.  leurs  • couieurSj 
Vol.  Llly.p.  22. 

Vtmn  ( le  ) des  ferpens  ne,  ré-panKf  pîîefqtie;;|a^ 
mais  d’odeur  fen fibie , . Vi)l.  III , p,-  £«58 •t'E’oî-dre’ 
'v^es  ferpens^ paroit>êue  celui rqui  ^enfenmeie  plus 
d’efpèces  venirneufes,  jn  155.  Véficuies  danslif- 
>quei{es  elt  contenu  Je  .venin  de  la,  vipèfe  com- 
•‘<T)vine,-,  p.  ,:|.8r.  Nature,  de  ce  yenÎA  , §es 

effets,  J?.  182.  Manière  il  agit 
.farce  du  venin,  des  ferpens,  dépend  beaucoup 
de  l’état  de  i’animà!  ,.  des  faifons,  & de  divetfeg 
autres  caufes  ioçafcs'&  accidentéllesj.pi  190^ 

R 


55)4  Table 

Verdâtre,  ( îa)  Defcriptîon  de  cette  Couleuvre  y 
Voh  IV  J p-  109.  Ses  habitudes^  iio-. 

Verte*  Couleuvre  ) Caraâères  diftirKfnfs  de 
cette  efpèce,  VoL  lV^  p.iii* 

Verte  ô*  bleue  ( la  Couleuvre  ) fe  trouve  en 
i^mérique  , Vol*  IV,  p.  97.  Sa  defcriptîon,  IhU* 

Verte  & Jaune  ( !a  Couleuvre  J eft  très- com- 
mune dans  pîufieurs  provinces  méridionales  de 
France,  Vol.  III,  p,  325-  Sa  defcriptîon,  p*  326 
£y  fuiv*  Ses  habitudes  ,77.  328.  Sadouceur,p«  330.. 
Les  Charlatans  s^en  lervent  pour  amufer  le  peu- 
ple , Ibid.  Ardeur  du  mâle  pour  la  femelle , p.  332* 

Vie,  On  ignore  quelle  eft  îa  longueur  de  la 
vie  desferpens,,  Vcl.  III , 50-  Cn  peut  préfu- 

mer qu'elle  comprend  un  grand  nombre  d'années, 
p.  51.  Il  eft  difficile  d'ôter  la  vie  auxfeipens^ 
p,  67. 

Vieillejjfc*  Làvïe  des  ferpens  ,^aînfi  que  celle  de 
prefque  tous  les  animaux  fauvages,  feroit  bfen 
plus  longue  qu'elle  ne  Peft , s'ils  pouvoient  paf- 
fer  par  le  véritable  état  de  vieilielTe  ySc  fi  le  com- 
mencement de  leur  dépéiiflément  n'écoit  pas  pref- 
que toujours  ie  terme  de  leur^^vie , /^oMII,  p 52 
^^  53'  . 

^Violette*  ^Couleuvre^  Sa  defcriptîon,  Vol.lll, 
p*  368.  Pays  où  on  îa  trouve,  j?.  369*  Elle  n'éft 
point  venimeufe,  Ibid* 

Vipera  difecco,  Nom  d'une  Couleuvre  de  Sar- 
daigne qui  a de  très- grands  rapports  avec  la  Cour 
Icuvreiifle,  VoL  III;  p.  3^3, 


f)£s  Mat  là  RES.  395 


Vipère  f ïa  ) commune  eft  une  de^  efpèce?  de 
ferpent , les  plus  anciennement  & les  mieux  con- 
nues, VoL  HT,/.  158.  Sa  défcription  ^ 159  ^ 

fuip.  Défcription  de  la  conformation  intérieure 
de  ce  ferpent , note  de  la  p»  162.  Animaux  donc 
elle  ie  nourrit,  195  Contes  imaginéai  relative- 
ux  foins  naturels  de  la  vipère  commune# 


'^Vlpère-d'eau»  Nom  d’un  ferpent  de  Sardaigne, 
qui  appartient  peut-être  à l’efpèce  de  la  Couleu- 
vre k collier  , Vol.  lîl  , p.  348- 

Vipère  commune.  Pays  qu'elle  habite , Vol*  III , 
j7*2o8-  Utilité  de  fes  fucs,/;.  209.  Elle  s’engourdie 
pendant  l’hiver  des  contrées  un  peu  froides , p*  210. 
IVIanière  de  ramper  de  ce  ferpent  21 1.  Manière 
dont  on  prend  la  vipère  commune.  Durée 

de  fa  vie,  p,  212.  Elle*  eft  très» vivace  ,,213  & faiv. 
Huiles  qui  lui  font  funeftes,  ainfi  que  le  tabac  en 
poudre 216. 

Vipères.  Différence  des  vipères  aux  vivipares 
proprement  dits,  Ko/.  III,  p.  31.  Caractères  exté- 
rieurs qui  paroiffent  diftinguer  les  vipères  d’avec 
les  ferpens  ovipares, 86  è* /üiV. 

Vipères  communes  (\q%)  peuvent  paffer  pîufîeurs 
mois  fans  manger , Ko/.  III,;;.  196.  Elles  paroif-n 
fent  fe  rechercher  mutuellement , ji?.  197. 

Vifeères  , ( des  ferpens  J Ko/.  III  , p»  12  6*  fuiv* 

Vifqueux*  (fe^  Caractères  diftinétifs  de  ce  Cæcile# 
VoLlV , p.  303. 


Vue  fhj  des  ferpens  eft  très-perçante^  Ko/,HI^ 


Rvj 


S a b l EySic. 

/^îa  Çpulèiivre  à/.n’çjft  pas.venim^vife^ 

.i,3,5..:§a.cj«Jcrjptioiv„i>.,J34? 


Fin  de  la  Wàble  Aés  üdatières 
des  Volumes  III  (k  IV> 


DU  C OMTE  DE  BUFFQN. 


Je  PtRiiE  AR.,ois  ce  nouveau  .volume 
entrepris  ..pour  compléter  VHifioirc' 
mturdle.,  publiée  avec  tant  de  iuccès 
par  le  grand  homme  gui  fatlbitun  des^ 
.plus  beaux  ornemens  de  la  (France 
lorfgu’il.aterminé  fàgloricuiè  carrière. 
Routes  les  contrées  .éclairées  par  la 
dp  noière  ; des . fcièn  qes  , après  avoi  r re- 
tenti pendant  dà  vie  des  applaudiilè'' 

; mens  donnés  à dès  triomphes,,  ont 
répété  plus  haut  encore  après  jpi  nîorty^ 
les  accens  .de  r-àdmiratipn  , auxquels  fe 
.Jont, mêlés  çeriX'des.rçgrçts  & la  pol- 
térité  a commencé  J jpour  ainfi  dire, 
i-de  couronner  là  dïatue.  ^Au  milieu  , de 
tous  les  hommages  rendus  à.  fa  me* 
moire  , vgne  .ne  jpujsde.^ire  entendre ■ 
une  voix  éloquente  qui  redife  fon  éloge 
jdans  le  fànjâuaice  imême  çonlacré  par 


39^  L'  L O C Ë 

Lorfque  Platon  quitta  fa  dépouille 
mortelle  pour  s’élever  à f immortalité  , 
fes  difciples  en  pleurs  fè  raflTemblèrent 
fur  le  promontoire  fameux  {a) , voifîn 
de  la  célèbre  Athènes , où  ils  avoient  fî 
fouvent  entendu  cette  voix  impofante 
& enchantereffe  ; ils  répétèrent  leurs 
tendres  plaintes  fur  ce  même  rocher 
antique  contre  lequel  venoient  le  brifer 
les  flots  de  la  mer  agitée  , 8c  où  leur 
maître  alfis  comme  le  maître  des  dieux 
fur  le  fommet  du  Mont-Olympe,  leur 
âvoit  fî  fouvent  dévoilé  les  fecrets  de  la 
fcience  8c  ceux  de  la  vertu.  Ils  confacrè- 
rent  ce  Mont  à leur  père  chéri  ; ils  en 
firent , pour  ainfî  dire , un  lieu  faint  : 
8c  pour  charmer  leur  peine,  diminuer 
leur  perte , 8c  fe  retracer  avec  plus  de 
forcéles  vérités  fubümes  qu’il  leur  avoit 
montrées,  ils  chantèrent  un  hymne 
funèbre,  8c  peignirent  dans  leurs  chants 
trilles  8c  lugubres  8c  fon  génie  8c  leur 
douleur. 

Que  ne  pouvons  - nous  aulïî , nous 


( û ) Le  Promontoire  de  Sunium.  Il  eft  décrit  & 
jrepréfenté  da»s  ie  Voyage  du  jeun^  Anacharfisi 


DE  B U F F O N.  5^ 
tous  qui  Gonfacrés  à i’étudc  ds  THii- 
toire  naturelle,  avons  reçu  les  leçons, 
avons  entendu  la  voix  du  Platon  moder- 
ne, chanter  en  Ton  honneur  un  hymne 
funéraire!  Raüemblés  des  divers  points 
du  globe  où  chacun  de  nous  a con- 
lèrvé  cet  amour  de  la  nature  qu’il 
favoic  infpirer  fî  vivement  à fes  difci- 
ples  , que  ne  pouvons  - nous  péné- 
trer tous  enlèmble  jufqu’au  milieu 
des  plus  anciens  monumens  élevés  par 
cette  nature  puiflante,  porter  nos  pas 
vers  CCS  Monts  fourcilleux  dontles  cimes 
toujours  couvertes  de  neiges  & de  fri- 
mats , dominent  fur  les  nuées  & fem- 
blent  réunir  le  ciel  avec  la  terre!  C’eft 
fur  ces  malTes  énormes,  fur  ces  blocs 
immenfes  de  granits,  que  les  fîèclesont 
attaqués  en  vain  & qui  ièuls  paroiiïbient 
avoir  réfîfté  aux  combats  des  élémens, 
& à toutes  les  révolutions  éprouvées 
par  le  globe  de  la  terre , c’efl:  fur  ces 
tables  refpeétées  par  le  tems  que  nous 
irions  graver  le  nom  de  BufFon  : c’eft 
à ces  antiques  témoins  des  antiques 
bouleverfemens  de  notre  planète,  quê 
nous  irions  confier  le  Ibuvenir  de  nos 


jÊ  L O G E 

regrets  & de  notre  admiration  ; totiir 
autre  monument  fèroit  trop  périiïàble 
pour  une  aufïi  longue  renommée. 

Élevons-nous  du  moins  par  la  penfée 
au-deflus  de  ces  rocs  efcarpés,- avan- 
çons fur  le  bord  des  profonds  abîmes 
cjiii  les  entourent,  & parvenons  jufqif  au 
fommet  de  ces-  monts  entafles’  fur 
d’autres  monts.  La  nuit -règne  encore  v 
au-eun  -nuage  ne  nous  -dérobé  le  firma- 
ment; 1-atmofpbère  la  plus  pure  lailTe 
■refplendir  les.  étoiles  à nos  yeux;  nous 
voyons  ees  aftres  fixes-  briller  des  feux 
'■qui  leur  font  -propres , & les . affres  er- 
•ransnons  renvoyer  une  doucélumière  ; 
-ravis -d'admiration  4 plongés  dans  une 
•méditation;  profor^  , nous  eroyons 
•voir  le  génie,de  \la  nature  dans  la  content' 
flatiort  de.Vumv^rs  {a)  ,•  tout  nous  rap- 
pelle -ces  vives  images  prodiguées  par 
«lïfTon  avec  -tant  de  magnificence , -et 
■t-àbleau- mobile  des  deux  , que  dans  ia 
moble  audâee,'ü:a-traeé'avec  tant  de 


r(a)'»Vayezr}a.  ÿlanôhoqui/ert.  de  frondipiee  à 


DE  BUFFON.  40 1 
grandeur  (a) , & debout  fur  les  lieux 
les  plus  élevés  du  globe,  nous  enton- 
nons un  hymne  en  fon  honneur. 

Nous  te  faluons  y ô Ba^on  , peintre 
Juhlime  M ee  Jpeclacle  augujîe  ; toi  dont 
le  ginie  hardi  J non  tonte nt  de  parcourir 
Vimmenfité  des  deux  , & de  chercher  les 
limites  de  l’ejpace  ^ a voulu  remonter  juj- 
ques  à celles  du  temps  {b). 

Tu  as  demandé  à la  matière  par  quelle 
force  pénétrante  ees  ajîres  immobiles  , ces 
pivots  embrafés  de  l’univers , brûlent  des 
feux  dont  ils  refplendijjent. 

Tu  as  demandé  aux  fiée' es  , par  quel 
moteur puijjant^es  autres  aJlres  errans,  qui 
brillentd' une  lumiè re  étrangère ^ & circulent 
en  ejelaves  Joumis  autour  des  Joie  ils  qui 
les  maitrifént , furent  placés  Jur  la  route 
célcjle  qui  leur  a été  prejerite  ^ & reçun  nt 
Le  mouvement  dont  ils  paroifènt  animés- 
Nous  te  Jaluons ,ô  chantre  immortel,  des 
deux  ; que  le  Jîrmament  femé  d’étoiles 


(fl)  JfitrQdii&ioii  c rHiJIoLre  des  Minéraux  y par 
M*  de  Buffon^ 

( ^ ) Article  de  la  formation  des  Planètes  ; première  & 
féconde  Vues  de  la  Nature,,  par  M*  deBuffou*- 


E L O' G E 

que  toutes  les  clartés  répandues  dans  t es- 
pace y que  tout  ce  magnifique  cortège  de  ta 
nuit  rappelle  â jamais  ta  gloire! 

Cependant  les  premiers  feux  du  jour 
dorent  l’Orient  ; Taftre  de  la  lumière 
le  montre  dans  toute  fa  majeftë  ; il 
rougit  les  cimes  ifolées  qui  s’élancent 
dans  les  airs,  & étincellè,  pour  ainli 
dire,  contre  les  immenfes  glaciers  qui 
inveftiffent  les  Monts.  Une  vapeur 
épaifle  remplit  encore  le  fond  des 
vallées  J & dérobe  les  collines  à nos 
yeux.  Une  vafte  mer  paroît  avoir  en- 
vahi le  globe;  quelques  pics  couverts  de 
glaces  refplendi liantes  fe  montrent 
feulement  au-delfus  de  cette  mer  im- 
menfe  dont  les  flots  légers,  agités  par 
le  vent,  roulent  en  grands  volumes, 
s’élèvent  en  tourbillons , & menacent 
de  furmonter  les  roches  les  plus  hautes. 
Nous  croyons  voir  avec  Buffon , la 
terre  encore  couverte  par  les  eaux  de 
l’Océan^,  & recevant  au  milieu  des 
ondes , la  forme , fes  inégalités , fes 
montagnes  ^ fes  vallées  ;•  6c  notre 
hymne  continue. 

Nous  tt  faluons  J ô Bufibn,  toi  dont 


DE  BUFFON.  403 

le  génie  après  avoir  parcouru  îimmenfitê 
de  L’efpace  & du  tems  , a plané  au~dejfus 
de  notre  ^obe  & de  fis  âges  {a}'. 

Tu  as  vu  la  terre  Jfortant  du  fiin  des 
eaux  pies  montagnes  fecondaires  s’élevant 
par  les  efforts  accumulés  des  courans  du 
vajle  Océan  ; les  vallons  xreufés  par  fis 
ondes  rapides  ; les  végétaux  développant 
leurs  cimes  verdoyantes  Jur  les  premières 
hauteurs  abandonnées  parles  eaux;cés  bois 
touffus  livrant  leurs  dépouilles  aux  flots 
agités;  les  abîmes  de  l'Océan  recevant  ces 
dépôts  précieux  comme  autant  de  Jources 
de  chaleur  & de  feu  pour  les  flècles  à 
venir  , & les  plaines  fi  la  mer  peuplées 
d'animaux  dont  les  débris  forment  de 
nouveaux  rivages  ou  exhauffent  les 
anciens. 

Tu  as  vu  le  feu  jailliffant  avec  violence 
des  entrailles  fi  la  terre , fur  le  bord  des 
ondes  qui  fi  retiroient , élevant  par  fin 
effort  de  nouvelles  montagnes , ébranlant 
les  anciennes  ^ couvrant  les  plaines  de 
totrens  ernflammés  ; & les  tonnerres  re- 


(û)  Thiom  de  la  tStre  ô*  Efoqim  de  la  Nature,  par 
M*  de  Bujfoih 


^414  JÈiL  0 G E 

tentijfhns  , les  foudres  rapides  ^ les  otages 
des  airs  mêlant  leur  piâjfatice  à celle  des 
orages  intérieurs  de  la  terre  ^ ^ des 
■-.tempêtes  de  la  men 

vMous  te  Jaluons , toi  dont  les  chants 
i ont  -célébré  ces  grands  objets  : que  le  feu 
. des  volcans  , ^ue  les  ondes  agitées  , que 
les  tonnerres  des  airs  rappellent  à jamais 
■ ta  gloire  ! 

Mais  la  vapeur  épaiflTe  le  diftîpe , & 

. nous  laiflè  voir  des  gaines  immenfes , 
■;  des  côteaux  fertiles,  des  champs  fleuris.r 
des  retraites  tranquilles  ; ô Nature , tu 
te  montres  dans  toute  ta  beauté  ! Les 
habitans  des  airs  voltigeant  au  milieu 
des  bocages,  faluent  par  leur  chant 
rallie  bienfaifant  lotTrcedela  chaleur  *, 
l’aigle  altier  vole  Jurqu’au-delTus  des 
plus  hautes  cimes  ( a)  v le  cheval  belli- 
queux relevant  là  mobile  crinière 
s’élance  dans  les  vertes  prairies  vies  di- 
ve'  s animaux  qui  embellilTent  lé  globe, 

(û)  Voyez  particulièremenc,  dans  i’ÏTiftoire 
des  Quadrupèdes  & des  Oifeaux,  par  M.  deBuffon, 
Jes  articles  du  Cheval  » du  Ti^re , du  Lion  , du  Cha^ 
u fiiecu^  ds  Eléphant , du  Cùflor , des  Singes , de  V Aigle , 
des  Perroquets  J de  VOifeau  Mouche^  du  Kamichi, 


DEBUFFOiN..  405 
paroifiTcnt  en  quelque  force  à nos  yeùXé 
Saifîs  d’un  noble  enrhouliafrae , en- 
traînés par  l’efpèce  de  délire  qui  s’em- 
pare de  nos  fens , nous  croyons  nous 
ûécacher,  pourainfî  dire  , delà  terre, 
df-voiri;ie  gJobef  roitlanc  fous  nos  pkds 
nous  préfenter  fucceffiveroent  toute  & ' 
furface.  LeTigre'féroce  , le  Lion  terrible  * 
régnant  avec  empire  dans  Ies_  iôlitüdes  ■ 
embrafées  de  l’Afrique  , le  Chameau 
fupportant  la  foif  au  milieu  des  fables 
brûlans  de  l’Arabie  , l’Éléphant  des 
grandes  Indes , étonnant  l’intelligence 
humaine  par  l’étendue  de  foa  inllinc^, 
le  Caûor  du  Canada  j montrant  par- 
fbninduilrie  ce  que  peuvent  le  nombre 
& le  concert,  les  Singes  des  deux  mon- 
des, imitateurs  pétulans  des  mouve- 
mens  dé  l’homme,  les  Perroquets  ri- 
chement colorés  des  contrées  voifînes 
dê  réquateur  , le  brillant  Oifeau-mou- 
che  & le  Colibri  doré  du  ncniveau  ^ 
continent,  le  îÇamichi  des  côtes  àdemi-^ 
noyées  de  la  Guiane,  tous  paiïèntfoui? 
nos  yeux.  Rien  ne  peut  nous  dérober 
ancun  de  ces  objets  que BufTôn  a revêtus 
de  fes  couleurs  éclatantes-,  au  milieu 


406  ELOGE 

des  fujets  de  fes  magnifiques  tableaux , 
nous  voyons  fur  tous  les  points  de  la 
terre  habitable , le  chef-d’œuvre  de  la 
force  produ<Strice , l’homme  qui  par  la 
penfée,  a conquis  le  fceptre  de  la  na- 
ture, dompté  les  élémens , fertilifé  la 
terje,  embelli  fon  afile,  ôc  créé  le  bon- 
heur par  l’amour  & par  la  vertu.  De- 
puis le  Pôle  fur  lequel  brille  l’Ourfe, 
depuis  les  bornes  du  vafte  Empire  de 
la  fouverain?  de  la  Néva  {a) y & cette 
contrée  fertile  en  héros , où  Reinlberg 
( b ) voit,  les  arts  cultivés  par  des  mains 
viéforieufes , j ufques  aux  plages  ardentes 


(a)  C'eft  principaîement  de  la  Ruffie  , aînfi  que 
de  l'Amérique  feptentrionafe  & méridionale  , que 
l^oB  s'eft  emprefré  d'offrir  à M.  de  Buffon,  les 
divers  objets  d'Hiftûire  Naturelle  qui  pouvoient 
î'intérçfl^r ; il  en  a reçu  de  plulieurs  Souverains, 
& fur^tout  de  l'Impératrice  de  toutes  les  Ruüies, 
Château  du  Brandebourg,  appartenant  au 
Prince-Penri  de  Pruffe.  Avec  quel  plaifir  M.  de 
Buffon  neparloit-il  pas  de  fon  dévouement  pour 

«Prince  1 Combien  ne  fe  plaifoit-ilpas  à rappeiler 
1 marques  d'attachement  qu'il  en  avoit  reçues , 
ainfi  qu'à  s'entretenir  de  l'amitié  que  lui  a toujours 
téjmoignée  la  digne  Compagne  d'un  grand  ^ célè*** 
|)re  Miniitre  du  meilleur  des  ^ois  ! 


DE  BUFFON-.  , 407 

da  Mexique  , ,&  aüx  fommets  du  Po- 
tofi,  quelle  partie  du  globe  ne  nous 
rappelle  pas  des  tributs  ofîerts  au  génie 
de  Buffon  ? 

Nous  voyons  au  milieu  de  l’Athènes 
moderne  , ces  lieux  lameux  confacrés  à 
la  fcience  ou  aux  arts  fublimes  de  l’é- 
lôquence  & de  la  poéfie , ces  Temples  de 
la  Renommée  qui  parleront  à jamais , 
de  la  gloire  de  Buffon , où  il  a laiffé 
des  amis , des  compagnons  de  fes  tra- 
vaux , un  fur-tout , qui , né  fous  le 
même  ciel,  & réuni  avec  lui  dès  fa 
plus  tendre  jeunelfe , a partagé  fa  gloire 
& fes  couronnes.  Nous  croyons  enten- 
dre leurs  voix  & ce  concert  de  louanges 
du  génie  & de  l’amitié , retentiifant 
jufques  au  fond  de  nos  cœurs,  nous 
nous  écrions  de  nouveau  : 

Nous  te  faluons , 6 Buffon  , toi  qui 
as  chanté  les  œuvres  de  la  création  Jür 
ta  lyre  harmonieufe  ; toi  qui  d’une  main 
habile  as  gravé  Jur  un  monument  plus 
durable  que  le  bronze , les  traits  augujles 
du  roi  de  la  nature  ; qui  l’as  fuivi  d’urt 
œil  attentif  fous  tous  les  climats  , depuis 
le  moment  de  fa  riaiffance  jufques  à celui 


ELOGE  DE  BÜFFON. 
il  dij^aroît  de’  deffüs  Id’tdtre  : à ta  v^ix  ld< 
nüturé  a vqfftmhlt  fis  diffétentes  produc- 
tions; les  diiférs  dnimàtix fi ’fititiéunii 
devant  toi  : ta  leur  as  ajjîgné  leur  forme , 
leur  phyfiortomié  , leurs  habitudes;,  leur 
caraÈère  ; leur  pays  i leUr  rtotn>:  que  par- 
tout tes  chants  fiktte  répétés- ; que  tout 
parie  de  toi  j Pdétè  fublime  , tù  as  céUbfé  ' 
é*'  tous  Us,  ims  & tàus  leP  temps»